Dans cette ruelle sombre, une jeune femme, 1m75 environ, marchait, tête baissée, la main droite recroquevillée et placée en plein milieu de son torse, deux de ses doigts caressait le lieu où la balle était entrée, où elle avait commis tous ses ravages, elle avait transpercé son poumon, puis avait arrêté sa course dans la veine cave de son cœur. Pas d'orifice de sortie, il avait fallu opérer pendant 4 heures sans relâche pour retirer la balle et suturer la plaie et ainsi sauver la vie de ce jeune lieutenant de police. Mais plusieurs mois avaient passé depuis ce jour là. Elle était revenue à la vie, mais son cœur souffrait encore. Aujourd'hui encore, elle avait failli mourir. Mais elle s'en moquait, tout ce qui comptait à présent c'était lui. Lorsque son collègue et ami Ryan a saisi sa main à l'instant même où ses forces l'ont lâchée, elle a été raccrochée à la vie, pour la seconde fois en moins d'un an. C'était trop, beaucoup trop, elle n'en avait encore pas vraiment eu conscience, mais lorsqu'elle avait reposé les deux pieds sur le sol, elle avait compris, l'illumination venait d'avoir lieu. Elle était vivante, elle ne pouvait plus gâcher ce qu'il y avait ou ce qu'il pourrait y avoir entre elle et son fidèle écrivain. Elle ne savait pas ce qui lui passait par la tête depuis un mois, mais il était différent, et elle n'aimait pas l'homme qu'il était en train de devenir, il était froid, sans aucun sourire, il n'apportait plus son café et ses yeux n'avaient plus cette lueur malicieuse qu'ils prenaient lorsqu'il la taquinait ou la flattait.

Elle lui avait pourtant dit, qu'il fallait qu'il soit patient, que le mur s'effondrerait brique par brique, il avait dit qu'il attendrait, mais il avait changé d'avis, attendre ne lui convenait plus, elle l'avait compris le jour où elle l'avait vu arriver sur cette scène de crime dans sa Ferrari rouge au bras de cette hôtesse de l'air, l'ancien Castle était revenu. Mais Beckett ne voulait pas de lui, elle voulait l'autre, celui qui avait su être son ami, celui qui lui avait réappris à sourire, à rire même. Celui pour qui elle se levait le matin. En reposant les pieds sur le toit, elle comprit tout ça, elle avait trop tardé et elle devait se rattraper, et maintenant, ça ne pouvait plus attendre, elle ne devait pas arriver trop tard.

Elle avait voulu fuir, aller le retrouver tout de suite, mais Gates, lui était tombée dessus, elle l'avait convoquée dans son bureau, lui avait soufflé ses 4 vérités en pleine tête, mais elle ne l'écoutait pas, elle était ailleurs, elle était déjà en train de se demander ce qu'elle ferait pour retrouver le Castle qu'elle aimait. Parce que oui elle l'aimait … Elle avait longtemps lutté contre ses sentiments, mais lutter ça revenait à perdre la nouvelle Kate celle qu'elle était devenue à son contact, et se perdre à nouveau, ce n'était pas acceptable, ce n'était pas possible. Alors que Gates lui expliquait qu'elle avait mis en danger la vie de son coéquipier Esposito, elle reprit pied dans la réalité, elle posa sa plaque sur le bureau de sa chef, retira son pistolet de son étui et quitta la pièce sans un mot. Elle allait la mettre à pied de toute manière, ou même la virer, elle allait lui économiser quelques formalités, Kate Beckett venait de démissionner. Elle était entrée dans la police pour de mauvaises raisons, depuis 5 ans, elle résolvait de nombreuses enquêtes, presque toutes celles qui lui passaient entre les mains et encore plus depuis que Castle était arrivé dans sa vie, mais ça il ne fallait surtout pas qu'il le sache, il serait trop heureux. Elle résolvait toutes les enquêtes, sauf celle qui lui tenait vraiment à cœur. Sa mère avait été assassinée par une froide nuit de novembre dans une ruelle sombre, elle est morte suite à trois coups de couteaux dans l'abdomen. Alors que son père et elle l'attendait dans un restaurant du coin de la rue. Elle avait fait de cette enquête une priorité, laissant sa vie de côté, ses amis et manquant même sa propre romance. Sa mère n'aurait pas voulu ça, elle aurait voulu qu'elle vive sa vie, Castle lui avait fait remarquer à de nombreuses reprises, mais elle était bien trop fière pour s'avouer qu'il avait raison. Mais maintenant, tout cela s'était fini. Elle avait été trop loin, elle devait se rattraper.

Elle marchait donc dans cette ruelle, parce que sa voiture avait refusé de démarrer et qu'aucun taxi ne s'était arrêté pour la prendre en chemin. Elle était déterminée et rien ne l'arrêterait, même la pluie qui tombait drue depuis quelques minutes. Elle sentait l'eau dégouliner dans les manches de sa veste en cuir marron alors que sa main droite se tenait toujours à l'endroit exact ou l'impact de la balle avait eu lieu. Elle arriva devant son immeuble et pénétra dans le hall. Le concierge fidèle à lui-même, esquissa un sourire en la voyant entrer, le vieil homme était perspicace et il savait pourquoi elle était là, sa détermination se lisait dans ses yeux.

Elle enfonça le bouton de l'ascenseur et attendit que les portes s'ouvrent. Ses cheveux dégoulinaient le long de sa veste jusqu'à atterrir en fine gouttelettes sur le sol. Elle se retourna une fois dans l'ascenseur et s'excusa auprès du vieux monsieur pour le désagrément, il continuait à lui sourire. L'ascenseur ne montait pas assez vite à son gout, mais lorsque les portes s'ouvrirent au troisième étage, elle hésita une imperceptible seconde avant de sortir. Plantée devant sa porte, elle leva son bras gauche et déposa sa main sur la porte, l'instant serait décisif. Elle frappa trois fois comme il aimait le faire. C'était leur signe.

Castle ouvrit la porte et détailla son visage, voir Beckett les cheveux trempé et collant à son visage ne devait pas être la meilleure vision de sa vie, et pourtant ça l'était. Il resta stupéfait quelques secondes avant de se reprendre. Il ne voulait pas la laisser entrer, elle ne devait plus pénétrer dans son antre et se sentir comme chez elle. Comme si elle était la bienvenue, elle ne l'était pas. Elle ne l'était plus. Elle avait eut son cœur, et elle l'aurait surement toujours, mais il ne devait plus lui montrer. Alors il se détacha de sa contemplation, plongea son regard azur dans celui émeraude de sa coéquipière et lâcha « Beckett, what do you want ? ». Elle ne perdit pas une seconde pour répondre et un simple « you » quitta ses lèvres délicate. Son cœur battait contre sa poitrine, contre la plaie, mais elle n'en avait que faire, sa souffrance était occultée par le moment si suspendu dans le temps. Elle pénétra dans l'appartement sans en avoir eut l'autorisation et posa ses mains dans le cou de Castle avant de glisser ses lèvres humides contre les siennes.