Chapitre 1
Je pris ma dernière valise et la déposa dans le coffre de la voiture. Ma voiture!! Je n'en revenais toujours pas. Ma voiture! C'était pour moi une toute nouvelle aventure. J'étais réellement ravi. Mais inutile de préciser que j'appréhendais. Ce qui était normal.
« Tu es sûre que tu ne veux pas de moi pour t'accompagner? Me questionna ma maman. »
Je me mis à fronçais légèrement les sourcils, et posa mes mains sur mes hanches. La formulation ne me plaisait pas. C'était comme ci je la rejetais totalement. La réalité était tout autre. Une nouvelle étape m'attendait. Celle qui annonçait mon entière indépendance. Il est donc important pour moi d'être seule lorsque je franchirais cette ultime étape. Je serais une femme maintenant, avec des responsabilités, un boulot, un logement dont je dois m'occuper et bien sûr l'université. Oui, je serais étudiante, mais je n'en serais pas moins une femme. L'un n'empêche pas l'autre n'est-ce pas? Tout du moins je ne pense pas.
« Maman! Grognais-je.»
Elle leva alors les mains, en signe de paix. Elle savait pertinemment ce que je pensais de cela. Mais c'était plus fort qu'elle, toujours là, à croire que je la rejette. Ce qui est absolument faux. Tant de fois je le lui ai répété, j'avais osé espérer qu'elle me comprenne un jour ou l'autre. Cependant ma mère, contrairement à moi, déteste la solitude plus que tout et mon choix de vouloir à tout prix rester seule l'exaspère autant qu'elle semble dans la totale incompréhension.
« D'accord, j'ai compris, me rassura t-elle. Bonne route ma chérie. »
Elle m'adressa un large sourire avant de me prendre dans ses bras. Chaque fois j'étais fascinée. Lorsqu'elle souriait, ma mère semblait soudainement plus jeune. D'au moins cinq ans. Déjà qu'elle ne paraissait guère âgé. Seule quelques petites mèches grises parsemées dans sa longue crinière auburn trahissait son âge avancé.
«Merci.»
Je me dégageais doucement de son étreinte et lui caressait doucement ses bras frêles comme pour la réchauffer, ce qui ne servait à rien avec cette chaleur. Je tentais juste de lui montrer un peu de mon affection dans se gestes. Je jetais un dernier regard vers notre petite maison. Son toit n'était pas rouge... Mais orange. Un orange pimpant qu'on remarque de très très loin. ... Une bizarrerie de ma mère. La porte et les volets étaient d'un jaune pâle. Si pâle qu'on les penserait presque blanc. Pour ce qui est du mur, il était réellement blanc. Un blanc presque immaculé. Presque seulement. Il avait cette petite teinte grise dû à la poussière ou bien encore à la crasse. L'allée de pierre était large. Ce qui donne un drôle de contraste avec la taille de la bâtisse. Je soupirais et refermais le coffre de mon véhicule. Même si j'en avais eu bon nombre de fois honte, mon chez moi allait me manquer. Enfin... maintenant mon chez moi se trouvait à Jecks. Une petite bourgade bien tranquille de ce qu'on m'en a dit. On verra bien de toute façon.. Je dis une dernière fois au-revoir à ma mère et pris mon boulet dans mes bras. Mon boulet, il est petit, mon boulet pleure, il a huit ans et il va terriblement me manquer. Mon boulet s'appelle Samuel et c'est mon frère. J'avais un réel pincement au cœur de le voir ainsi. Ce n'est surement pas dans mon nouvel appartement que je verrais des petites crottes de nez étalé sur la porte de ma chambre. Fini les soirs où je trouverais un petit gâteau posé sur ma table de chevet, avec bien sûr le verre de lait pour accompagner ça. Je me dégageais de sa petite étreinte avant que je ne me mette moi aussi à pleurer.
«'Voir Sushi, murmura t-il.»
Malgré les larmes qui coulait le long de ses petites joues rouges, je me mis à lui sourire. Sushi... Il m'appelait toujours comme ça, n'arrivant pas à prononcer mon prénom correctement. Pourtant, il n'est pas si compliqué à prononcer, c'est tout bêtement «Sunshine.» Je me mis accroupi pour atteindre son niveau, essuyant ses petites larmes avec mon pouce. Ses grands yeux ressemblait à d'énorme bille bleu pâle. J'en avais jamais vu d'aussi magnifique. En même temps c'était mon frère. Je savais très bien que je n'étais pas objective. Il aurait pu être le plus vilain des petits canards il aurait toujours été le plus beau pour moi. Je déposais un rapide bisous sur le sommet de son crâne avant d'ébouriffer le peu de cheveux qu'il possède.
«Pleure pas mon petit boulet. Je viendrais souvent vous voir. Tu le sais hein?»
Courageux comme il est, il ravala ses larmes et hocha doucement la tête. Lentement, je me redressais et passa de nouveau ma main dans sa petite touffe capillaire pour tout mettre en bazar. Satisfaite de sa petite moue faussement boudeur, je montais enfin dans ma voiture. Un dernier coucou de la main et je démarrais. Un horrible sentiment de culpabilité me rongeais alors que leurs silhouette disparaissaient petit à petit jusqu'à ne plus les voir. Je me mordillais la lèvre inférieur, me répétant que je pouvais toujours faire marche arrière. Mais je n'en fis rien. Je poursuivais ma route me concentrant sur ma conduite. Je n'abandonnais personne, il fallait que sa rentre dans ma tête. Tout le monde part un jour prendre son envol. Moi également, et Samuel aussi partira... un jour. Alors je n'ai pas à culpabiliser n'est-ce pas? Mon conflit intérieur s'extériorisait par un signe nerveux fréquent chez moi. Je me mordait la lèvre jusqu'à se que ça saigne ou que la douleur commence à réellement se faire ressentir. Cette fois, je m'étais stoppée lorsque je sentis un petit goût amer et rouillée se déposer sur ma langue. Je me mis alors à réfléchir sur mon moyen de transport. J'aurais pu prendre l'avion pour aller bien plus vite. Oui.. j'aurais pu. Mais j'avais une trouille monstre de ces trucs en acier. Franchement... Comment peut-on être rassuré alors qu'on est suspendu dans les airs. Un problème et c'est le drame: tout le monde se crash. Donc non, même si mon trajet en voiture était incroyablement plus long, il demeurait pour moi un moyen de transport bien plus sûr. Voilà maintenant une heure que je roulais. On était toujours en matinée. Le ciel était bleu clair . Mais, pas uniquement bleu, non, il était teinté de différentes couleurs. Un peu de gris se mêlait au tableau et un nuage trônait. Imposant et dominant. Il ne ressemblait à rien, seulement à un amas blanc, gris et noir. La chaleur était étouffante, même avec ma vitre baissée. Cependant, ce qui m'agaçait le plus, c'était tous ces embouteillages! Merde à la fin!! Il était pourtant que neuf heures du matin.. Je tapotais nerveusement le volant, prenant mon mal en patience. Dix heures de trajets encore... Si on oublie les embouteillages bien sûr. Heureusement que j'étais de nature patiente.
La nuit descend à peine que je sens déjà mes paupières s'alourdirent. J'ai roulé toute la sainte journée, pratiquement sans jamais m'arrêter. Je me demande encore comment j'ai fait pour ne pas provoquer d'accident. En y pensant, je devrais probablement me poser quelques part. Un motel, ou bien encore un parking. Dormir dans ma voiture ne me dérange pas. Ce ne serais que pour quelques heures. D'un autre côté, je n'en avais plus pour beaucoup. Deux heures grands maximum. Au loin je voyais l'enseigne d'un motel clignoter. Le «Black Cat». En y repensant, ce nom me disait quelques chose. Ma meilleure amie m'avait confié que c'était souvent là ou dans les alentours que de drôle de meurtres avaient eu lieu. Personnellement, j'en avais jamais eu vent. Selon elle, les affaires étaient souvent étouffées. La plupart des victimes étant des péripatéticiennes, tout le monde s'en fichait. Je ne suis pas du tout d'accord avec cette façon de penser. Pourquoi la mort de ces jeunes femme ne serait-elle pas importante? Si elles exerçaient un tel métier, c'était parce qu'il y avait des clients n'est-ce pas? Dans ce cas, pouvez-vous me dire qui est le plus amoral et abject entre le consommateur et ces jeunes femmes? Enfin bref, meurtre étrange ou non, je m'engageais sur le parking, puis de toute façon cette affaires daté d'au moins vingt ans. L'enseigne n'était autre qu'un chat. Logique n'est-ce pas? Les contours clignotait de couleurs multiples. Passant du rose, au vert puis au jaune. Il n'y a pas de doute, on ne remarque que ça, bien que l'obscurité ne se faisait pas encore totale. Dans un dernier bâillement je sortis de mon véhicule claquant sèchement la porte. Vu mon état de fatigue, je n'étais pas en mesure de faire dans la finesse et la délicatesse. D'un pas lourd et trainant je me dirigeais vers l'accueil. La porte était en grande parti constitué d'une vitre encadrais par du bois sombre, surement noir. J'aurais bien voulu vous dire que c'était nickel, qu'on pouvait voir notre reflet sur cette superbe vitre, seulement se serait vous mentir. Une immonde crasse la recouvré. Beurk... Je doute qu'une femme de ménage soit employé ici. Mais bon, j'en avais strictement rien à faire. Je voulais me pieuter et c'était tout. Une fois à l'accueil, un homme me rejoignit. Il était à peine plus grand que moi, pourtant j'étais petite. Ses cheveux brun étaient long... Long et crasseux. Raide comme des baguettes de pains. Ses yeux quant à eux, était gris teinté de vert je crois. Tout chez lui était terne, la couleur de ses cheveux, de ses yeux et même le ton de sa voix me semblait fade. Le pauvre, il n'avait décidément rien pour lui. Sauf peut-être ses dents qui, pour une raison qui m'échappe, était incroyablement belle et blanche. Mais cela ne faisait strictement pas l'affaire face à ses habits crado puant la sueur et le tabac. Mon Dieu... Je n'osais même pas imaginer l'état de la chambre.
Tout en longeant le couloir étroit et poussiéreux, je croisais les doigts pour un minimum de confort, ou ne serais-ce un minimum d'hygiène dans ma chambre. Après tout, certaines chose sont repoussantes de l'extérieur pour un intérieur des plus surprenant. Mais je me rendis compte d'une chose se soir là, croiser les doigts ne suffit pas, bien malheureusement. La pièce minuscule ne comportait qu'un lit, une table de nuit et un meuble tellement petit qu'on pourrait le confondre avec la table de nuit. Pour ce qui est des draps, ils étaient gris mais je les soupçonnais d'être blanc à l'origine. L'endroit poussiéreux sentait le renfermé. C'était tout bonnement insupportable. La fenêtre aux vitres graisseuse faisait face à la porte. Je ne fis que cinq à six pas avant d'atteindre cette dite fenêtre. Je l'ouvris en grand et aspira goulument l'air frais qui venait de s'engouffrait. Malheureusement l'odeur de renfermé laissé place à une odeur de moisissure. Je comprenais mieux pourquoi le tarif d'une chambre était si bas. La nuit sera longue, bien plus longue que je ne le pensais. Super! Je jetais un regard perplexe sur le lit, me grattant légèrement le sourcil. Allais-je vraiment dormir dans ce nid à poussière? Probablement. La fatigue avait raison de moi, et je devais donc m'y résoudre. Au moment ou j'allais retirer mon haut, un courant d'air balaya l'endroit et ma porte de chambre s'ouvrit à la volé. Un frisson glissa tout le long de ma colonne vertébrale allant même jusqu'à me picoter la nuque. Ce n'était pas du au froid, mais plutôt à la peur. Cet endroit n'était réellement pas sûr. A pas lent je me dirigeais vers cette satané porte. Ce qui m'agaçait c'était le craquement du planché sous mon poids. Je n'étais pourtant pas lourde. Loin de là, j'étais aussi légère et fragile qu'une brindille. La main sur la poignet, je jetais un coup d'œil rapide dans le couloir, par pur curiosité. Je remarquais alors la silhouette d'un homme de grande taille s'aventurer vers le fond. Je ne voyais pas son visage, il était de dos, puis habillé tout de noir, l'obscurité l'engloutissait et je ne distinguais de ce fait que des mouvements fluides et gracieux. L'homme se retourna, mon cœur se mit alors à battre la chamade. Je fus choquée par ses yeux, son regard... Pendant quelques seconde j'avais cessé de respirer. Ses yeux rouge et sauvage me fixèrent une bonne minute. Une minute qui me paru interminable. Étais-je sotte pour soutenir ainsi son regard? Aucune idée. Mais une fois la porte refermé je mis un certain temps avant de reprendre un rythme cardiaque normal et de me raisonner. L'homme en question devait surement porter des lentilles de couleurs. Quoi d'autre? Le sommeil m'étais alors venu difficilement, et même dans mon rêve, ses yeux continuèrent à me fixer.
Jecks
