Et voilà la suite de Protège-Moi :D (danse)

J'espère que vous vous éclatez autant à lire que je m'éclate à traduire, lol...

Titre de la fic: «Long Road to Ruin», Foo Fighters.

Titre du chapitre: «Wake Up», Lostprophets.

Elle se noyait. De l'eau pesait sur elle, et elle ne pouvait pas s'en libérer, ni atteindre la surface, parce qu'elle venait de réaliser qu'elle ne savait pas nager. Personne ne lui avait jamais appris, et elle le payait à présent. Ses bras et ses jambes refusaient de bouger comme elle le voulait, et elle ne pouvait pas crier au secours, parce qu'elle ne pouvait pas émettre un son. Ni se débarrasser du poids de fer qui lui pesait sur la poitrine, ni aspirer une bouffée d'air pour respirer...

Narcissa se réveilla avec un cri.

Il y eut un fracas sonore, et quelqu'un jura. Cissy s'assit, se libérant des couvertures en lin raides, haletante. Tandis qu'elle luttait pour retrouver son souffle, elle réalisa que tout ce qu'elle voyait, c'était du blanc. Des murs blancs et des draps blancs et des rideaux blancs... elle était à l'infirmerie. Elle se regarda. Elle portait une chemise de nuit d'hôpital blanche, et elle avait froid, mais il n'y avait apparemment rien d'autre d'anormal chez elle.

- Salut, Cissy.

Narcissa sursauta. Bellatrix était assise à son chevet, occupée à tracer un motif sur un bout de parchemin et l'air complètement à l'aise, ses longues jambées croisées et un fin sourire jouant sur ses lèvres. Narcissa n'était pas tout à fait sûre d'aimer ce sourire. Elle fronça les sourcils, baissant les yeux vers le sol. Lucius Malefoy y était étalé, tout comme la moitié du contenu de sa table de chevet. On aurait dit qu'il était tombé. Après un instant, il s'éclaircit la gorge.

- Salut, Narcissa, dit-il avec raideur tout en se levant et en époussetant sa robe, l'air plutôt mécontent.

Il la dévisageait avec appréhension, comme si elle était une grenade susceptible d'exploser d'une minute à l'autre.

- J'espère que tu te sens, ahem... bien?

L'impression de son visage suggérait qu'il la croyait folle. Narcissa rougit. Pourquoi avait-il fallu qu'elle crie comme ça? Et pourquoi, oh, pourquoi avait-il fallu que Lucius Malefoy, entre tous, en soit témoin?

- Je vais bien, marmonna-t-elle, avec une légère grimace devant son air dubitatif. J'ai fait un mauvais rêve, expliqua-t-elle.

- Oh. Je vois.

Il continua de la dévisager. Si Narcissa n'avait pas été aussi occupée à se sentir atrocement embarrassée, elle aurait peut-être vu une expression semblable à de l'inquiétude passer brièvement sur ses traits. Mais elle n'en vit rien, et Lucius repoussa le sentiment étrange, incongru, avant qu'il ne puisse vraiment se manifester. Après tout, la «pitié» ou «l'inquiétude» et les choses de ce genre n'étaient pas vraiment des concepts familiers pour Lucius.

- Bella?

- Mmm?

Sa soeur ajouta une nouvelle fioriture à ce qu'elle était actuellement en train d'embellir, quoi que cela puisse être.

- Pourquoi est-ce que je suis là?

Narcissa posa la question évidente, et sa soeur leva enfin les yeux.

- Oh! Tu ne t'en souviens pas? Tu as eu un accident, expliqua Bella devant le regard vide de sa soeur. Tu t'es cassé la jambe.

- J'ai quoi?

Narcissa fixa ses jambes, paniquée, mais elles semblaient toutes les deux indemnes et en parfait état de marche. Il était clair qu'elles avaient été guéries. Mais elle ne se souvenait réellement pas de s'être cassé la jambe... Elle remonta dans sa mémoire, essayant de se secouer pour atténuer l'effet de ce qu'ils lui avaient donné pour la faire dormir, quoi que cela puisse être, et pour oublier la sensation de panique écrasante qui avait accompagné son rêve de noyade. Bella affichait toujours le même sourire déstabilisant, et il sembla stimuler quelque chose dans les souvenirs de Cissy. Salut, Cissy... Elle secoua la tête, s'efforçant de chasser son sentiment de malaise, sûrement irrationnel.

- Qu'est-ce qui s'est passé? demanda-t-elle prudemment.

Bella arqua un sourcil.

- Tu ne t'en rappelles pas? Bon... je suppose que c'est normal. Tu as eu une sorte de dispute avec Sirius Black, continua-t-elle. Il t'a frappée.

Narcissa hocha lentement la tête. Elle se rappelait bel et bien de ça...

- En tout cas, on dirait bien que tu t'es cogné la tête contre le mur et t'es fait une commotion cérébrale. Un accident, j'en suis sûre... On t'a trouvée en bas des escaliers avec une jambe cassée. On dirait que tu as trébuché. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi tu n'es pas allée directement à l'infirmerie...

- Mais... je...

Narcissa ouvrit la bouche, puis la referma. Elle ne parvenait pas à se débarrasser de l'impression qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Pour se distraire de cette sensation déconcertante, elle fixa le sol, évitant le regard dur de Bella. Ses yeux tombèrent alors sur le désordre sur le sol, ce que Lucius avait fait tomber par terre: son sac de cours, et tout son contenu. Tout lui revint d'un seul coup. Bien sûr! Elle avait suivi son cartable, en bas du couloir et dans les toilettes de Mimi Geignarde, et c'était là qu'elle avait vu... Bella. Narcissa prit une brusque inspiration, à la fois stupéfaite et confuse. Qu'est-ce que Bella était venue faire à l'école, pour commencer? Et pourquoi mentirait-elle à ce sujet? Les mots échappèrent à Narcissa avant qu'elle ne puisse se contenir.

- Mais je croyais que tu étais en France! s'exclama-t-elle, de manière rétrospectivement assez absurde. Qu'est-ce que tu faisais là?

Bella cligna des yeux, et pendant un instant, Narcissa crut être parvenue à la prendre par surprise. Mais ensuite elle se reprit, si rapidement que Cissy se retrouva à se demander si elle avait tout imaginé.

- On est revenus, dit sa soeur d'un ton uni, sans paraître le moins du monde alarmée par la suspicion de Narcissa. On ne s'amusait pas tellement en France, de toute façon, continua-t-elle. Lucius est tombé malade, alors je me suis retrouvée à jouer les baby-sitters la majorité du temps (elle roula des yeux) et puis j'ai eu, euh, une sorte de prise de bec avec les gens du coin.

Elle fit la grimace et Lucius la regarda en fronçant les sourcils. Apparemment, il venait de l'apprendre.

- Mais bon (un sourire illumina soudainement le visage de Bella), il y a eu quelques bons moments, je suppose...

Son regard se perdit dans le vague un moment; elle souriait toujours. Narcissa n'était pas sûre d'aimer ce sourire-là, non plus. C'était un genre de sourire qu'elle n'avait jamais vu aux lèvres de Bella auparavant, et il avait quelque chose qui lui redonna un sentiment de malaise. Il était sombre et plein d'excitation en même temps, et il y avait aussi quelque chose d'autre... elle frissonna. Quoi que cela puisse être, Narcissa avait l'intuition que cela n'annonçait rien de bon.

- Mais je t'ai vue.

- Quoi?

Bella redescendit sur terre, se renfrognant.

- De quoi tu parles?

- Je t'ai vue, insista Narcissa. Dans les toilettes. Dans les toilettes de Mimi Geignarde. Tu es venue vers moi et tu as dit...

Elle fronça les sourcils, luttant pour se souvenir de quoi que ce soit de ce qui avait pu suivre.

Bella la fusilla du regard.

- Ne sois pas ridicule, dit-elle froidement. Qu'est-ce que tu insinues?

Narcissa s'empourpra. Pour dire la vérité, elle ne savait pas. Mais elle n'était pas stupide, ou du moins elle ne croyait pas être entièrement stupide. Elle connaissait sa soeur depuis assez longtemps pour savoir quand elle mijotait quelque chose.

- Quoi que tu t'apprêtes à suggérer, continua Bella d'un ton franchement glacial, j'y réfléchirais à deux fois, si j'étais toi. Après tout, si tu insinues que j'ai quelque chose à voir avec tout ça...

Elle s'interrompit.

- Non! Ce n'est pas ce que je voulais dire, bien sûr que non...

Narcissa céda, une vague de tristesse l'envahissant. Bella la faisait se sentir idiote, se demander si elle était folle. Et Lucius dévisageait les deux soeurs l'une après l'autre, l'air extrêmement gêné. Prête à tout pour qu'il ne la croie pas folle, elle fit une dernière faible tentative pour se défendre.

- C'est juste que... Bella, je t'ai vue, protesta-t-elle.

Il n'y avait plus le moindre sourire sur le visage de sa soeur.

- Ne sois pas stupide, Cissy, dit-elle d'un ton menaçant.

Elle se redressa un peu, et une lueur belliqueuse brilla dans son regard.

- Ca me rappelle, d'ailleurs... il faut qu'on aie une petite discussion, toi et moi.

Narcissa blêmit. Cela ne lui disait vraiment rien qui vaille.

- A... à quel sujet? balbutia-t-elle.

Bella haussa un sourcil et jeta un coup d'oeil à Lucius.

- Plus tard, décida-t-elle.

Narcissa fronça les sourcils, ne sachant pas si elle devait se sentir soulagée ou emplie d'appréhension.

- En attendant...

Sa soeur ajouta une dernière fioriture à son dessin, quel qu'il soit, et puis elle plia le morceau de parchemin en deux et, sans prévenir, le présenta à Narcissa.

- Joyeux anniversaire.

- Jo...joyeux anniversaire? répéta Narcissa en écho, désorientée.

Bellatrix roula des yeux.

- Oui, espèce d'idiote. Joyeux anniversaire. C'est ton anniversaire, tu sais.

Cissy fronça les sourcils, effarée. C'était son anniversaire? Oh, oui, c'était le cas. Cela lui semblait évident à présent, et elle se demanda comment elle pouvait l'avoir oublié. Apparemment, Bellatrix avait les mêmes pensées.

- Par Merlin, Cissy, tu as oublié ton propre anniversaire? Qu'est-ce que tu as fichu? demanda-t-elle d'un ton suspicieux.

Narcissa rougit. Cherchant un moyen de changer de sujet, elle ramassa la carte que Bella lui avait jetée sur les genoux. La calligraphie parfaite de Bella avait tracé les mots Joyeux anniversaire en haut, et en-dessous il y avait le croquis d'une rose, chaque pétale tournoyant parfaitement dessiné. Lové sur le côté de la page, pour une raison qui lui échappait, il y avait un serpent. Bella avait ensorcelé le parchemin, et Narcissa regarda le serpent se tortiller et s'enrouler sur lui-même, perplexe. Elle ne voyait pas ce qu'un serpent venait faire sur sa carte d'anniversaire. Elle finit par décider que cela devait être une référence indirecte à son identité de Serpentard. Lucius Malefoy fixait le serpent lui aussi, un léger pli lui creusant le front. Narcissa plaça rapidement la carte sur sa table de chevet, appuyée contre sa carafe d'eau.

- Merci.

Bella haussa les épaules.

- De rien, dit-elle d'un ton indifférent, ignorant le regard bizarre que lui jetait à présent Lucius.

Il se tourna vers Narcissa.

- C'est ton anniversaire? demanda-t-il.

Elle acquiesça. Elle n'était pas sûre de pouvoir parler correctement, pas quand il s'adressait directement à elle.

- Oh. Je ne savais pas. J'aurais dû te faire un cadeau, je suppose...

Il fronça les sourcils, alors que Narcissa avait envie de disparaître sous terre.

- Ce n'est pas grave, dit-elle vivement, retrouvant enfin sa voix. Je n'ai besoin de rien, franchement...

Mais Lucius écarta ses protestations d'un geste. Au lieu de l'écouter, il tira sa baguette de sa poche et en donna un petit coup. Une fleur en jaillit et tomba sur les genoux de Narcissa. Une rose blanche. Elle la fixa.

Bella eut un rire cruel.

- Une fleur? dit-elle d'un ton dédaigneux. C'est tout ce que tu peux trouver?

Lucius roula des yeux.

- Que tu le croies ou non, Bellatrix, je n'ai pas l'habitude de faire des cadeaux à des filles de treize ans. Comment saurais-je quoi lui offrir?

Narcissa l'interrompit.

- Je l'aime beaucoup, dit-elle, et Lucius inclina brièvement la tête, en réponse à ses remerciements.

Puis Bella et lui se remirent à se chamailler, l'ignorant, comme d'habitude. Elle déglutit. Allez savoir pourquoi, elle avait une boule dans la gorge. Elle serra très étroitement la tige de la rose blanche, et ses yeux se mouillèrent quand les épines s'enfoncèrent dans sa paume. Horrifiée de sa propre réaction, elle se hâta de cligner des yeux pour dissiper ses larmes, consciente d'à quel point elle aurait l'air ridicule si elle se mettait à pleurer maintenant, sans aucune raison apparente. Elle posa la rose sur la table, près de sa carte, et s'essuya les yeux aussi discrètement qu'elle put. Et puis elle le vit.

- Tu portes un foulard!

Bella se figea en plein milieu d'une réplique cinglante sur les goûts de Lucius en matière de robes.

- Quoi?

- Tu portes un foulard, répéta Narcissa.

C'était vrai. Un foulard de soie noire était enroulé autour du cou de sa soeur, bien que ce soit une journée chaude du début du mois de mai.

Bella se renfrogna.

- Et alors? Porter un foulard n'est pas un crime. Du moins, pas quand la personne qui le porte est une femme.

Elle adressa un petit sourire narquois à Lucius, qui lui lança un regard mauvais.

- Il n'y a pas de mal à... commença-t-il avec feu, mais Narcissa l'interrompit.

- Tu as des bleus, Bella, s'obstina-t-elle. Sur le cou. Je les ai vus, dans les toilettes de Mimi Geignarde.

- Je n'ai jamais été dans les toilettes de Mimi Geignarde! Bon sang! s'exclama Bellatrix.

Mais Lucius l'interrompit cette fois-ci, fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce qu'elle veut dire, des bleus? demanda-t-il d'un ton suspicieux.

Bella serra les poings, un signe évident qu'elle était en train de se mettre en colère.

- Rien, insista-t-elle, ses yeux lançant des éclairs en direction de Narcissa. Il n'y a pas de bleus. Cissy, arrête de raconter des histoires.

Narcissa rougit, virant au rose vif. C'était tellement injuste! Bella lui donnait l'air d'une malade mentale! Alors pour une fois, elle tint bon.

- Enlève-le, alors, exigea-t-elle. S'il n'y a pas de bleus, enlève-le et prouve-le.

Bella resta bouche bée.

- Tu... que... je veux dire... tu ne peux pas... m'ordonner comme ça... bégaya-t-elle de manière incohérente.

Lucius, lui, saisit l'opportunité pour répéter «Quels bleus?», une lueur plutôt dangereuse dans le regard.

Bellatrix l'ignora, se reprenant et fixant sa soeur d'un regard si meurtrier qu'il aurait pu réduire du verre en poudre.

- Il n'y a pas de bleus, répéta-t-elle froidement.

- Alors prouve-le!

- Comment oses-tu! Je n'ai rien à te prouver, espèce de petite insolente... de petite ingrate...

- Tout ce que je te demande, c'est d'enlever ce foulard, raisonna Narcissa. Si tu n'as rien à cacher, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas tout simplement...

- C'est une question de principe! explosa Bellatrix. Je n'ai rien à te prouver! Et il n'est pas question que je cède à ton imagination morbide, Cissy...

Lucius, à la grande surprise de Narcissa, prit sa défense.

- Je ne vois toujours pas pourquoi tu ne l'enlèves pas, tout simplement, si tu n'as vraiment rien à cacher, dit-il.

Bellatrix poussa un cri aigu.

- Oh, ferme-la, Lucius! Qu'est-ce que tu sais de tout ça?

Puis elle se tourna de nouveau vers Narcissa, les yeux flamboyants.

- Et quant à toi! Si tu ne laisses pas tomber, je te jure que je...

Narcissa ne sut jamais ce que Bella lui aurait fait, car à cet instant, les portes de l'infirmerie s'ouvrirent en grand, et la seule stupéfaction bâillonna sa soeur aussi efficacement qu'un sort aurait pu le faire. Debout dans l'embrasure de la porte, fixant Bellatrix d'un air furieux, se tenaient leurs parents.

Et si quelqu'un se demande pourquoi Bella n'a pas guéri ses bleus, la réponse, c'est tout simplement qu'elle n'est pas bonne en sortilèges de guérison. Elle les considère comme moins importants que les maléfices, alors elle n'a jamais pris le temps d'en apprendre, tout comme elle ne s'est jamais pris la tête avec la divination, par exemple. C'est un peu comme les gangsters qui n'apprennent jamais les techniques de premiers secours, même s'ils ont de grandes chances de se faire tirer dessus... (le parallèle vient de l'auteure ^^)