Chapitre 1 : Une brillante idée.
« Sèche tes larmes, tu dois arrêter de pleurer. S'il s'en rend compte, ça va l'inquiéter encore plus et le rendre triste ! »
Robin se regarda dans le miroir. Ses yeux rougis par des larmes qui n'arrêtaient pas de couler depuis dix minutes trahissaient sa détresse. Soudain, il réalisa à quel point il avait l'air fatigué, voire vieilli : ses traits étaient tirés, sa barbe qu'il avait oublié d'entretenir devenait trop épaisse, quant à ses yeux, ils étaient soulignés de profondes cernes. Il ouvrit le robinet du lavabo et plongea son visage sous l'eau glacée. Etrangement la morsure du froid lui fit beaucoup de bien. Il attrapa une serviette, tamponna son visage et affronta à nouveau son reflet.
« C'est déjà mieux, mes yeux ont dégonflés et sont moins rouges. Aller mon vieux ! Tu n'as plus qu'à te composer un beau sourire et tu pourras sortir de cette salle de bain. »
Il se força donc à sourire de la façon la plus convaincante qu'il put, puis il ouvrit la porte de la salle d'eau et retourna dans cette chambre d'hôpital qu'il haïssait tant.
« Tu en as mis du temps Papa ! Tu viens de rater un passage super important du film ! Heureusement que c'est la pub, comme ça je peux te raconter. » cria Roland.
Son fils était toujours surexcité devant les films de super héros. Lorsqu'il regardait Spiderman ou les X-men, il redevenait le temps d'un film le petit garçon insouciant et souriant qu'il avait été, avant sa maladie. Du coup Robin se débrouillait pour ramener chaque soir un nouveau film de super héros à son fils. Ce soir là, les Avengers étaient diffusé à la télévision, c'était la première fois que Roland le voyait. Il s'en voulait d'avoir craqué et d'avoir prétexté un besoin pressant d'aller aux WC pour ne pas s'effondrer devant lui. Il ne voulait pour rien au monde rater ces moments de bonheur. Qui sait combien de temps ils allaient encore durer ?
Comme chaque soir, ils finirent de regarder le film dans la petite chambre immaculée tout en mangeant le repas fournit par l'hôpital, puis Robin couvrit son fils unique de câlins avant de s'allonger sur le matelas posé au pied du lit.
...
« Holala Roland ! Arrête de gesticuler, tu vas finir par arracher la perfusion ! » s'exclama l'infirmière.
Tous les matins c'était le même bazar qui recommençait. Le petit garçon détestait les piqures, et malheureusement pour lui, il devait en subir chaque matin. Ainsi Roland menait la vie dure aux infirmières qui perdaient beaucoup de temps à essayer de maintenir en place son petit bras tremblotant.
« Soit courageux fiston » lui dit Robin d'une voix douce « et dit toi que plus vite les soins sont fait, plus vite tu peux aller à la salle de jeux. »
« Oui Papa. » répondit le petit garçon.
C'est à ce moment qu'un homme de forte corpulence apparu sur le seuil de la chambre. Il était vêtu d'une veste marron sur laquelle retombaient ses cheveux ondulés, et d'un jean qui n'était pas de prime jeunesse. Il souriait de toutes ses dents, et tentait de dissimuler un paquet cadeau coloré.
« Salut la compagnie ! » lança-t-il à la cantonade, sous le regard désapprobateur de l'infirmière.
« Monsieur, les visites ne sont pas autorisées pendant les soins, sauf pour les proches parents de l'enfant. » expliqua-t-elle d'un ton sec.
« Mais je suis un parent proche ! Je suis son parrain ! » puis, en se tournant vers Roland, un grand sourire sur les lèvres « Son parrain adoré qui lui a apporté une surprise ! »
Il tendit à son filleul le paquet cadeau que l'enfant s'empressa de déballer malgré les protestations de l'infirmière. Le jeune homme semblait presque aussi excité que le petit garçon, il était sur que son cadeau allait l'émerveiller !
« Waaaou ! Une figurine Spiderman ! Merci Tonton Jean ! Tu es le plus génial de tous les tontons du monde ! » s'exclama Roland, en passant ses petits bras autour du cou de son parrain.
Robin ne put s'empêcher d'exploser de rire : même si son frère dérangeait le bon déroulement des soins et irritait une fois de plus l'infirmière, il apportait toujours avec lui des cadeaux qui ravissaient son fils. Et surtout il emmenait avec lui son incroyable bonne humeur. Petit Jean, comme le surnommait Robin, était un vrai rayon de soleil.
« Dit donc frérot et si on laissait Roland aller montrer son Spiderman à ses amis et qu'on allait papoter un peu dehors ? »
La proposition de Jean laissa Robin perplexe, ça ne lui ressemblait pas vraiment : quand il venait à l'hôpital, il insistait toujours pour passer le plus de temps possible avec son filleul. Néanmoins il suivit son frère jusque dans le jardin de l'hôpital. Le jardin était plutôt grand et entouré d'arbres dont les feuilles orangées commençaient à tomber. Petit Jean s'arrêta près d'un banc et fit volte face. Il avait perdu son air jovial et semblait désormais très sérieux. Beaucoup trop sérieux.
« Je sais que la banque t'a refusé le prêt pour l'opération de Roland. Si tu ne trouves pas de l'argent très rapidement, Roland mourra. » lâcha-t-il.
Robin se pétrifia. Son frère l'aurait violemment frappé au visage que la douleur n'aurait pas été plus intense. Petit Jean avait raison, son fils était condamné car il n'avait pas les moyens de lui offrir l'opération qui pourrait le sauver. Mais il n'avait pas le droit de lui balancer cette vérité comme ça dans la figure ! En prenant son air sérieux en plus ! Lui qui n'avait jamais été capable de l'être. Pour la première fois de sa vie, Robin était pris d'une irrépressible envie de frapper son frère.
« Robin, je… je suis désolé… » la voix de Petit Jean était chevrotante, son grand corps était pris de tremblements qui trahissaient son émotion « je ne voulais pas te parler comme ça… tu sais que j'adore Roland. C'est juste que j'ai une solution pour le sauver… mais ça va pas te plaire… » ajouta-t-il dans un souffle.
« C'est quoi ta solution ? » demanda Robin d'une voie blanche.
« Un dernier cambriolage. Je sais qu'on avait dit qu'on n'en ferait plus mais là on n'a pas le choix ! Et c'est toujours pour une bonne cause… Je veux pas qu'il meurt… » murmura le jeune homme, les yeux remplis de larmes.
« Jean… qu'est ce que tu imagines ! J'y ai pensé aussi, mais c'est trop risqué ! Tu imagines si on se fait prendre ? On ira tous les deux en prison et Roland se retrouvera seul à l'hôpital ! Il n'a déjà plus de mère, il ne peut pas en plus perdre son père ! » explosa-t-il.
Même si ça le touchait de voir son frère chercher des solutions pour sauver son fils, il avait promis à sa femme d'arrêter les cambriolages lors de la naissance de Roland. Mais d'un autre côté, il ne pouvait pas ignorer que Marianne aimait son fils plus que tout au monde et ne l'aurait pas laissé mourir sans se battre…
« Ne parle pas si fort Robin ! On pourrait nous entendre… » Petit Jean regarda d'une façon qui se voulait discrète autour d'eux, mais ils étaient seuls dans le jardin. Le vent froid qui soufflait sur la ville depuis le début de la semaine devant rebuter les patients de l'hôpital qui préféraient surement ne pas attraper un rhume en plus de leurs problèmes de santé actuels. Rassuré, il reprit :
« J'y ai déjà réfléchit. La maison de l'adjoint au maire a eu un court circuit électrique il y a deux jours, le système anti cambriolage ne fonctionne plus correctement. C'est du gâteau ce coup ! En plus c'est un cartier tranquille, on ne risque pas de tomber sur des flics. » Les yeux de Petit Jean brillaient. Il n'oserait jamais l'avouer, mais le temps où il volait avec son frère avec comme idéal «voler aux riches pour donner aux pauvres » lui manquait énormément. Depuis l'arrêt de leur activité, sa vie lui semblait bien fade. Il ajouta, doucement « tu sais, je la connaissais bien et je suis sure qu'elle aurait fait tout son possible pour le sauver… »
« L'adjoint au maire tu dis ? C'est pas cette femme qui était contre le projet des associations de payer les opérations vitales aux enfants gravement malades sous prétexte que ça couterait trop cher à la ville ? » demanda Robin, en essayant de ne pas avoir l'air trop intéressé.
« Si ! Une vraie sans cœur bourrée de fric ! »
« Et elle s'appelle comment ? »
Cette fois Jean en était sûr, même s'il ne voulait pas encore l'admettre, son frère était partant. Il répondit, son grand sourire de retour sur son visage :
« Regina Mills. »
….
Regina versa son café brulant dans un mug thermos, elle emportait toujours son propre café à son travail, celui de la mairie étant insipide. Elle s'apprêtait à ouvrir la porte du frigo quand elle suspendit son geste. Une photo qu'elle n'avait jamais vue y était placardée. C'était une photo de l'anniversaire de son fils Henry, qui avait eu lieu la semaine dernière. Le garçon était assis devant son gâteau, entouré de ses amis, prêt à souffler ses bougies. Et derrière le groupe d'enfants se tenaient deux femmes souriantes : les deux mamans d'Henry. Le cœur de Regina fit un bond dans sa poitrine. Il y a six mois de ça, elle n'aurait jamais cru qu'elle pourrait passer un moment heureux en compagnie d'Emma Swann. Et encore moins qu'elle n'entrerait pas dans une rage folle à la simple vue d'une photo de la jolie blonde sur son frigo.
« On a vraiment tous l'air heureux sur cette photo, comme une famille. » pensa-t-elle.
Elle avait encore du mal à l'admettre, mais elle commençait à apprécier cette situation. Plus de coups bas, plus d'insultes, plus de crises d'angoisses en pleine nuit. Lorsque la mère biologique de son fils avait fait irruption dans leur vie du jour au lendemain, elle avait ressentit un sentiment qu'elle n'aurait jamais pensé connaitre. La terreur. Elle, Regina Mills, la personnalité politique la plus influente et la plus redoutée de toute la région était terrorisée par la présence de cette jeune femme. Elle avait tellement peur qu'Emma souhaite récupérer la garde de son fils et qu'Henry lui retire son amour, qu'elle n'en dormait plus la nuit. Et puis un jour Swann avait prononcé les mots juges, tribunaux et droit de garde. Elle voulait Henry pour elle toute seule. Regina en avait perdu la raison et avait commis une erreur qui aurait pu lui être fatale : elle avait essayé d'utiliser son influence d'adjoint au maire pour renvoyer Emma en prison...
« Tout ça c'est du passé, ça ne sert à rien de le ressasser. Emma et moi nous nous sommes pardonnées mutuellement, et aujourd'hui tout va bien. Ce que j'ai fait est malhonnête et indigne d'une femme politique, mais rien ne pourra changer ça. Tout ce que je peux faire c'est travailler dur pour le bien être des habitants de la ville. Et tout faire pour le bonheur d'Henry. Et je suppose qu'il a mis la photo sur le frigo car il est heureux qu'on fasse des choses tous les trois ensemble. »
Il y avait peu de chances pour qu'Emma et elle deviennent les meilleures amies du monde, mais petit à petit les deux femmes apprenaient à s'apprécier et en arrivaient même à se découvrir des points communs.
« Bon arrête de rêvasser ! Tu dois te concentrer sur ton discours. Aujourd'hui est un grand jour ! » s'exclama-t-elle.
Et pour cause ! Le maire actuel ayant décidé de prendre sa retraite, Regina allait proposer sa candidature. Elle était déjà pressentie pour devenir le nouveau maire de la ville et arrivait en tête des sondages, mais rien n'était encore gagné ! Notamment à cause de quelques associations qui menaient une campagne à son encontre. Ils voulaient que la ville finance les opérations des enfants gravement malades dont les parents sont trop pauvres pour les payer. Malheureusement, Regina avait été contrainte de s'opposer à cette loi. Elle ne l'avait pas fait de gaité de cœur, en tant que mère elle trouvait ça terrible que des enfants décèdent faute de moyens, mais en tant qu'adjoint au maire, elle savait pertinemment qu'une telle loi couterait beaucoup trop cher aux citoyens et mènerait à de nombreuses dérives.
« Et dire qu'ils me traitent de méchante reine et de sorcière ! Ils ne sont pas à ma place, ils ne comprennent pas à quel point diriger une ville est compliqué ! Peu importe leur campagne de diffamation, je vais devenir le nouveau maire de la ville ! »
Lorsqu'elle ferma la porte de sa grande demeure blanche, Regina commençait déjà à ressentir ce sentiment d'excitation et de puissance qui l'envahissait à chaque fois qu'elle devait faire un discours à la mairie. Regina était une femme importante, et elle aimait ça. Dans son exaltation, elle ne fit pas attention à la vieille camionnette qui était stationnée sur le trottoir à quelques mètres de chez elle depuis plusieurs heures. En temps normal, sa méfiance habituelle l'aurai poussée à signaler le véhicule, quitte à s'être inquiétée pour rien, mais ce jour là, elle était tellement obnubilée par son discours qu'elle se contenta de penser qu'il devait s'agir d'ouvriers travaillant dans le cartier.
….
« Alors c'est elle la future maire ? » s'écria Robin, son cœur tambourinant dans sa poitrine.
« Non mais ça va pas de brailler comme ça ? » chuchota Petit Jean en lui mettant une tape derrière la tête « au cas où tu l'aurais oublié, je te rappelle qu'un cambriolage c'est censé être discret et sans bruit ! »
« Je sais, je sais. »
Depuis qu'il avait arrêté de voler les riches, Robin avait cessé de s'intéresser aux personnalités politiques. Tout ce qu'il savait sur l'adjoint au maire, c'était ce que lui avait dit un représentant de l'association pour les enfants hospitalisés. Autrement dit, des choses pas très flatteuses. Il s'était alors imaginé que la politicienne ressemblait à une sorte de vieille sorcière renfrognée, au regard vicieux de surcroit ! Et voilà qu'au lieu de ça il se retrouvait à observer une jeune femme aux cheveux sombres, élégamment vêtue d'un long manteau gris et d'une robe rouge parfaitement ajustés, et dont les yeux bruns étincelaient. Bref, une très belle femme…
« Si tu continues de la regarder comme ça tu vas finir par baver ! » la voix ironique de son frère le tira de ses pensées « non mais qu'est ce qui t'arrive Robin ! Ca faits à peine huit ans qu'on a arrêté les cambriolages et j'ai l'impression que tu as tout oublié ! On ne mate pas sa victime, même si elle est super sexy ! »
« Désolé je suis un peu rouillé… Et j'ai été surpris de la voir, je ne l'imaginais pas du tout comme ça… Mais c'est bon, je suis d'attaque ! » déclara-t-il, enjoué.
« Bon je te rappelle le plan : tu sors tranquillement avec la mallette à outils, comme si tu étais un ouvrier qui va travailler dans la maison de son client. Tu vas dans le jardin et tu ouvres la porte de derrière. Je pense que tu n'as pas dû oublier comment faire vu que c'est un talent naturel chez toi, et qu'à à peine dix ans tu te débrouillais pour entrer dans ma chambre et me piquer mes jouets… » Petit Jean ne put pas finir sa phrase, Robin, hilare se moqua :
« Oh mon Dieu ! J'avais complètement oublié ! Je me souviens la tête que tu faisais que tu te rendais compte que j'avais quand même réussi à entrer dans ta chambre et que tes jouets avaient disparus ! La première fois maman avait même cru qu'on s'était fait cambrioler ! »
« Bien. Quand Monsieur Robin prince des voleurs aura fini de rigoler comme une baleine, on pourra peut être passer aux choses sérieuses. » Petit Jean tentait tant bien que mal de faire la morale à son frère, mais il savait pertinemment que celui-ci ne se laissait pas berner par son air autoritaire. Et puis ça le rendait profondément heureux de voir son frère rire. Ça n'était plus arrivé depuis le début de la maladie de Roland… Une fois que Robin se fût calmé, il reprit en sortant un plan de la boite à gants :
« Comme tu peux le voir, ça te fait arriver par la cuisine. Le mieux c'est que tu en sortes : tu prends le grand escalier et tu vas directement dans son bureau. Normalement, il y a un coffre caché quelque part. Comme il est relié au système de sécurité et que celui-ci est défectueux, tu ne devrais pas avoir de mal à l'ouvrir. Ensuite tu fouilles la chambre et la salle de bain, tu y trouveras des bijoux de valeur. Ensuite tu redescends et tu fais un détour par le salon. Il parait qu'elle a quelques tableaux et sculptures qui valent cher. Enfin, chez elle tout vaut cher ! Alors tu prends le max, tout ce que tu peux ! Quand tu as fini, tu m'appelles, de toute façon on reste connecté avec les portables, et moi j'arrive avec la camionnette pour tout charger. C'est bon pour toi ? »
« Oui. Juste une question : tu es sure qu'elle ne risque pas de revenir avant plusieurs heures ? »
« T'inquiète frérot ! La sorcière doit faire son discours pour se présenter aux élections, il y aura tous les journalistes et bien sur toutes les personnalités de la ville. Elle est pas prête de rentrer ! » lui assura-t-il.
Robin sortit de la camionnette, vêtu d'un bleu de travail et tenant à la main une caisse à outils. Il prit un aire nonchalant, sifflotant un air entendu à la radio, et se dirigea tranquillement vers la somptueuse villa qui se dressait devant lui.
Voila, c'est la fin de mon premier chapitre. J'espère qu'il vous a plus ! N'hésitez pas à me laisser des commentaires, ça me ferai plaisir d'avoir des retours
