Cet OS a été écrit dans le cadre de la 46e Nuit du Fof, sur le thème « théorie ».


Les lois de l'univers

S'il y avait bien un domaine dans lequel Toshiko Sato était à l'aise, c'était la théorie.

Théorie informatique, bien sûr. Ecrire des lignes de code pour obtenir un résultat avait toujours été pour elle comme un jeu. Quelque chose de presque enfantin, évident, facile. On entrait quelques commandes au début, on traficotait et corrigeait ce qui n'allait pas, et on obtenait à la fin le résultat voulu. Quel qu'il soit. C'était simple. Mathématique. Evident.

Les mathématiques, pareil, évidemment. Un plus un égal deux. Là-dessus, tout se construisait logiquement, jusqu'aux matrices, aux lettres grecques, et aux formules de Bernouilli. Ca avait un sens.

Même quand la théorie prenait la tangente et se révélait fausse, ce n'était jamais qu'en partie. La physique obéissait à des lois, simplement, l'homme ne les avait pas encore toutes comprises. Et chaque nouvelle découverte confirmait cet état de fait, faisant entrer les lois précédentes dans des lois plus larges, exprimées de façon un peu plus complexes. C'était tout. Les lois d'Einstein n'invalidaient pas celles de Newton, elles se contentaient d'en poser les limites, en les englobant. C'était simple. Mathématique. Evident. Il suffisait, après tout, de se concentrer un peu.

La biologie elle-même obéissait à des théories. Il y avait quelques grandes lois, et les exceptions et dérèglements avaient des conséquences généralement assez néfastes. Sur l'environnement comme sur l'être vivant.

On pouvait même sortir des sciences dites dures, et trouver des théories, de la logique, des raisonnements qui s'imbriquaient, partaient d'un point A vers un point B dans une suite logique généralement indémontable. Le hasard n'avait rien à voir là-dedans, il était simplement synonyme de l'ignorance humaine.

Le droit obéissait à des règles. Quelqu'un commet un meurtre, il est puni. Il peut bénéficier de circonstances atténuantes, mais il est puni. Parce que tuer est mal, que la société dans son ensemble en a décidé ainsi.

L'économie a des lois également. Que l'homme n'ait pas complètement saisi les cycles et leurs causes et les interactions des éléments entre eux n'empêchaient ni la théorie ni l'existence de grandes lois, qui se moquaient des courants libéraux ou keynésiens. Il y avait des règles, point.

On pourrait croire que rejoindre Torchwood aurait bouleversé les certitudes de Tosh. Mais pas du tout. Elle s'était au contraire persuadé des limites de la connaissance humaine, et tentait de les repousser. Il y avait des lois, une théorie globale qui régissait la Faille et les troubles temporels, elle en était persuadée. Les trouver n'était qu'une question de temps, d'études et de compétences. Si elle n'y arrivait pas, d'autres viendraient après elle, pourraient peut-être utiliser ses notes, et répondre enfin aux questions qui torturaient ceux-qui-savaient. Mais il y avait une théorie. Des lois. Des règles. Des raisons. Un point A et plusieurs points B, chacun correspondant à un chemin particulier. Il y avait une théorie. Une raison. Un objectif.

Le monde obéissait à une théorie. Ou des théories. À des lois.

Sauf Owen. Sauf les réactions humaines. Sauf sa mort. A lui, à elle, là, dans le labo d'Owen, pendant que Jack était occupé à ne pas les sauver et que lui hurlait, prêt à mourir pour la deuxième fois, dans une centrale nucléaire. Ça, ça n'obéissait à aucune théorie. C'était la réalité brute, et ce n'était pas juste.


Ahem. Oups. Pour un retour, c'est... déprimant et introspectif. Oups ? :D

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