Les petites notes de l'auteur : La base, c'est Supernatural. Je ne fais aucun profit avec cette histoire, les personnages tirés de la série ne sont pas à moi.
Ceci n'est qu'un prologue. Il n'a pas, en apparence, grand-chose à voir avec la série en elle-même, mais je vous laisse découvrir. Sinon, que dire si ce n'est bonne lecture ?
PROLOGUE
L'air est lourd, pesant. Il colle à la peau à la façon d'une substance visqueuse et sucrée, vaguement sirupeuse, un peu comme de la mélasse. La chaleur étouffante se faufile par le moindre interstice, pousse les gens à ouvrir grand les fenêtres dans l'espoir d'attirer un peu de ce vent salvateur pour apaiser leur peau brûlante. Espoir vain ; aucun souffle ne fait bouger les feuilles des arbres, jaunies par l'agressivité du soleil. Le moindre geste trop prononcé fait naître une couche poisseuse de sueur sur les corps.
La canicule sévit à Concarneau comme partout ailleurs en France. Août s'est installé en amenant avec lui cette chaleur assommante et certains Bretons pure souche songent de plus en plus à cette rumeur, celle qui dit qu'il pleut sur la région approximativement trois cent soixante-cinq jours par an. Et ils aimeraient qu'elle soient vraie, parfois, même s'ils s'en défendent avec virulence dans d'autres cas.
Sur la branche d'un imposant châtaigner, lequel dispense une ombre bienfaisante sur la cour arrière d'une petite maison, un moineau frissonne et ébouriffe son plumage. Enfin, le volatile ressemble à un moineau, mais sa couleur – un magnifique aigue-marine presque aveuglant sous la lumière blessante du soleil – le désigne comme étant autre. Il semblait veiller sur la cour vide jusqu'à cet étrange frisson qui l'a transformé en une boule de plumes hérissées.
Quelques secondes plus tard, une silhouette humaine purement féminine s'engouffre à l'intérieur. Petite, mince et plutôt plate pour tout dire, elle a le menton pointu et semble d'une banalité absolument passe-partout. Ni vraiment laide, ni vraiment belle, mais certains détails de sa physionomie attirent l'attention – le premier est sa chevelure coupée très courte qui auréole son visage d'une couronne de mèches étonnamment colorées d'un bleu très vif ; le deuxième est son regard, la couleur particulière de ses iris, un caramel à l'éclat doré.
Elle a du charme, cette petite, un charme qui lui est particulier. Même si pour le moment, ses traits sont déformés par ses sourcils froncés et ses lèvres pincées. Toutefois, une drôle d'étincelle anime son regard, un mélange d'émotions contradictoires. Un mélange de joie face à quelque chose de cher qu'on retrouve après l'avoir perdu depuis longtemps, une terreur vive aussi, et une gravité sans commune mesure. Elle semble hésiter un moment, finit par prendre une longue inspiration. Sa main se pose sur la poignée de la porte d'entrée qu'elle finit par ouvrir.
Ses premiers pas sur l'asphalte du trottoir sont incertains. Enfin, elle lève la tête et le soleil caresse la peau pâle de son visage. Un étrange sourire s'épanouit sur ses lèvres.
Elle doit fuir. Elle est libre.
L'air se trouble un instant autour de sa silhouette puis, le temps d'un battement de cœur, elle disparaît.
Seul subsiste l'oiseau aigue-marine qui plane dans le ciel trop bleu, droit vers l'ouest.
