Culpabilité

Culpabilité

Chapitre 1

Un Nouveau Projet

C'était une journée de printemps ordinaire pour le jeune homme qui marchait seul dans une rue d'un quartier résidentiel aux alentours de Londres. Il marchait la tête basse, songeur aux événements qui l'avait entrainé jusqu'ici. Il était anxieux. Il avait affronté une multitude de dangers et d'aventures mais là, c'était différent. Il ne se sentait pas à l'aise au milieu de toutes ces maisons qui ignoraient la guerre qui s'était fini il y a moins de trois ans. Il repensait chaque jour à toutes les horreurs qu'il avait vécu, à toutes ces personnes tombées pendant « l'année des ténèbres ». Il avait perdu beaucoup dans cette maudite guerre, des amis, un frère, mais aussi une partie de lui-même éteinte pendant cette triste période.

Il arriva enfin devant son but : une petite maison typique de banlieue anglaise avec un jardin d'entrée et une longue cour extérieure dissimulée derrière la maison parallèle aux jardins voisins. La toiture était d'ardoise et la façade propre avec aucune décoration exubérante. En jetant un regard aux maisons voisines, le jeune homme remarqua que toutes ces maisons étaient sensiblement les mêmes d'une rigueur froide.

Il frissonna une fois arrivée devant la porte. Ses yeux d'un bleu profond s'attardèrent sur le nom des propriétaires. Granger. D'un coup, il se rappela le pourquoi de sa visite et frissonna davantage. Il pensait depuis longtemps à sa décision. Depuis près d'un mois, son esprit était uniquement tourné à son nouveau projet. Son doigt glissa le long du nom de famille puis il soupira longuement. A tout instant son corps menaçait de renoncer s'il ne se décidait point à franchir le pas.

Cela faisait au moins quinze minutes qu'il se tenait devant cette porte. Il fixait à présent ce bouton qui servait à prévenir les hôtes de l'arrivée de leurs visiteurs. Mais là, ce jeune homme roux ne se décidait toujours pas à franchir le pas. Il redoutait ce qui se trouverait derrière cette porte.

Il regardait encore une fois ce pavillon résidentiel où toute forme de magie était ignorée. Un enfant traversait en le regardant d'un air distrait. A première vu, le jeune homme roux paraissait absent, préoccupé et bizarre avec ses habits dépareillés. Le petit garçon accéléra le pas à sa vue.

Après une grande bouchée d'air, il sonna.
Un homme d'un âge relativement avancé lui ouvrit la porte :
« - Bonjour Monsieur Granger » salua le jeune homme dégingandé.

« - Ronald Weasley ? Entre mon garçon » invita Mr Granger avec un air surpris.

Le dénommé Ronald Weasley entra et s'avachit dans le fauteuil qu'on lui indiqua. A sa rentrée, l'épouse Granger lui proposa un thé qu'il accepta poliment.

« - Que me vaut ta visite Ronald » engagea Mr Granger.

« - A vrai dire, je suis venu afin de vous dire quelque chose d'important »
Devant le regard inquiet du jeune homme, Mr Granger se raidit tout à coup :

« - C'est à propos de ma fille ? Il s'est passé quelque chose de grave ? »
En entendant l'intonation de la voix de son mari, Mme Granger accouru vers le salon en oubliant le thé.

« - Oui… enfin non… En fait … » bafouilla maladroitement Ronald Weasley, apparemment très gêné. « - C'est à propos d'Hermione mais il ne lui ait rien arrivé ne vous inquiétez pas. »

Mme Granger repensa au thé et tout à coup se redirigea vers la cuisine avec hâte.

« - Que nous vaut ta visite alors ? » répondu Mr Granger d'un ton qui se voulait plus agressif.

« - Calme toi chéri et laisse le dire ce pourquoi il est venu. Tu vois bien qu'il semble embarrassé, ne lui compliques pas la tâche ! » Apaisa Mme Granger en revenant avec une tasse de thé apparemment trop chaude qu'elle servit devant le jeune homme terrorisé et très anxieux qui la remercia fébrilement.

« - Excuse-moi Ronald. Nous t'écoutons. » Se reprit Mr Granger.

« - Bien. Ca va bientôt faire trois ans que je sors avec votre fille et je dois vous avouer que je l'aime plus que tout. »

« - Attends, ma petite est enceinte ? » s'affola Mr Granger.

« - Non ! »

« - Tu vas t'arrêter non ? » Ronald esquissa un léger sourire en voyant l'expression du visage de Mme Granger. C'était exactement la même qu'employait son « amie » lors de leurs disputes. « Continue Ronald ».

Après de s'être brulé avec le thé de Mme Granger, Ronald ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire en repensant au talent des femmes Granger quand il s'agit de cuisine.

« - Avec votre fille, nous avons vécu beaucoup de choses et nous nous aimons. Aujourd'hui, la guerre est terminée. J'ai un travail qui nous permet de vivre raisonnablement, même si ce n'est pas le grand luxe. Et … » Baragouina Ronald.

« - Où veux-tu en venir Ronald ? » Le coupa une fois de plus Mr Granger.

« - Je veux demander votre fille en mariage ! » Balança le jeune homme de but en blanc, surpris de sa propre audace et il se reprit en voyant le regard surpris que lui adressa le couple Granger devant son exclamation soudaine.

« - Comment ça ? » demanda le père. « Tu veux mon autorisation pour épouser ma fille ? ». Continua-t-il en insistant sur le déterminant possessif.

« - En réalité non. Je ne pense pas qu'Hermione soit enchantée de cette initiative. C'est une femme libre et à fort caractère. Si elle apprend que je vous ai demandé la permission de l'épouser, elle refusera par simple esprit de pro … »
En voyant que le jeune homme s'embrouillait par des explications brumeuses, Mr Granger reprit :
« - Pourquoi viens-tu alors Ronald ? Tu ne crois pas que c'est à elle que tu lui dois toutes tes explications ? »

« - Si, en effet. Mais je souhaitais vous mettre au courant avant. Je voulais aussi connaître votre point de vue. Même si je lui accorderais une grande importance, votre opinion ne me fera pas changer d'avis. J'ai mûrement réfléchi ma décision et je m'y tiendrais. J'aime votre fille et je vous promets de la rendre heureuse et de tout faire pour la protéger si le cas le nécessiterait. »

Ronald finit sa tasse de thé avec difficulté. Il fallait dire qu'il était encore pire que celui que faisait Hermione habituellement.

Il en suivit un long moment de silence où chacun, ne savant que faire, regarda l'autre. Mr Granger était dérouté par la déclaration du rouquin. Il cherchait un soutien dans le regard de sa femme. Elle, regardait Ronald. Elle semblait émue par les propos tenus. Ronald Weasley se voulait extérieurement sûr de lui, mais devant la non réaction du chef de famille Granger. Il essayait de scruter son visage, guettant le moindre signe trahissant ses sentiments.

Ce fut Mme Granger qui brisa en premier la glace :
« - Ronald, je suis touchée de ta démarche. Je n'ai jamais vu ma fille plus heureuse que durant ces trois dernières années. Même si l'idée de ce mariage marque encore plus l'éloignement de notre fille, je suis heureuse qu'elle t'ait choisi. »

« - Merci, Mme Granger. » Répondit Ronald, tout aussi ému.

« - Voyons, appelle moi Jane désormais. »

Ensuite, le regard de Ron se posa sur Mr Granger qui avait suivi cet échange sans y prendre part. Il regarda Ronald dans les yeux en gardant une posture sévère sur son canapé, en face du fauteuil qu'occupait son peut-être futur gendre. Il prit une longue inspiration, puis se leva, imité peu de temps après par Ronald. Il fixa le jeune homme dans les yeux pendant de longues secondes qui parurent une éternité pour le rouquin.

Puis il s'exclama :
« - Je suppose que ça devait arriver un jour. Je la revois dans son berceau lorsqu'elle est née. Lors de ses premiers pas. La première fois qu'elle m'a appelé « papa ». Lorsqu'elle était toute petite avec ses livres alors que tous ses camarades de classes joués dehors. Je n'ai jamais su lui faire fuir ces satanés bouquins. Pour moi, c'était hier. »

« - Si je peux vous rassurer, je ne suis toujours pas arrivé à la détacher de ces maudits bouquins. » Ria Ronald.

« - Et puis, il y a son onzième anniversaire et l'entrée dans sa vie de la magie. J'ai toujours su qu'elle était différente mais se fut au-delà de tout consentement. »

« - Même pour moi, elle est différente au-delà de tout consentement. Cela n'a rien avoir avec la magie. »

« - A partir de ce jour-là, tout a changé. On a fini par se voir uniquement pendant certaines périodes de vacances scolaires lorsqu'elle n'était plus avec vous. Je ne te cacherai pas que j'en étais jaloux et furieux de la voir s'éloigner. Et puis, … »

« - Et puis, il y a eu la guerre. »

« - Et puis, il ya eu la guerre. » Répéta Mr Granger dans un souffle las. « C'est à ce moment que j'ai compris qu'elle n'était plus ma petite fille mais bien une femme que je ne pouvais plus protéger. »

A ce moment, la voix de Mr Granger s'affaiblit, Jane se leva et se mit à coté de son mari en lui tenant la main. Des larmes apparurent dans les yeux de celle-ci. Son mari se tenait toujours droit mais une nouvelle étincelle était visible dans ses yeux. Ronald ne savait pas ce que c'était exactement. En tout cas, c'était bien la première fois qu'il se sentait aussi proche de ses « beaux-parents ».

« - Je te fais confiance comme je t'ai fait confiance avec Harry pendant la guerre. Cependant sache que c'est notre fille unique. On ne s'en remettra pas s'il lui arriver quelque chose. » Reprit Mr Granger d'une voix plus fragile mais toujours aussi sérieuse.

« - Je vous jure que tous mes actes auront pour but sa sécurité et son bonheur. Je ne ferais jamais rien allant à l'encontre d'Hermione. Je vous le jure. »

« - Je te crois Ronald. »

Après un nouveau silence inconfortable, Ronald entreprit de rentrer chez lui. Ses hôtes le raccompagnèrent jusqu'au seuil de leur demeure. Il jeta un rapide coup d'œil dans les environs avant de reporter une dernière fois son attention sur le couple Granger.

« - Merci Mr Granger » Dit-il en serrant chaleureusement la main de celui-ci. « Mme … » Risqua Ronald.

« - Jane, Ronald … Jane. » Corrigea-t-elle.

« - A une seule condition : que vous arrêter de m'appeler Ronald. » Répondit-il devant le sourire amusé de Jane.

« - Au revoir Jane. » Lui souffla Ronald pendant une courte étreinte où il entendit un « au revoir Ron » qui lui esquissa un sourire. « Au revoir Mr Granger. » Dit-il en lui empoignant une nouvelle fois virilement la main.

« - Au revoir Ronald » Répondit-il.

Puis, le rouquin s'en alla à la recherche d'un coin reculé afin de pouvoir transplaner sous le regard attendri et ému des époux Granger.