Tragédie en quintette

Avant-propos :

Après la rédaction de quelques fics R, j'ai eu envie de me changer un peu les idées et de mettre un peu de poésie dans ce que j'écrivais. Et voici le résultat : Une courte pièce, très librement inspirée de l'Andromaque de Racine, où Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector (qui n'a plus le loisir d'aimer puisqu'il est mort). Ici, rappelons-le, Ron aime Hermione qui aime Rogue qui aime Lupin qui aime Harry. La pièce comprendra trois actes de quatre scènes chacun. Chaque chapitre comprendra deux scènes, l'une en vers (qui respecte à grands traits les règles de la métrique classique) et l'autre en prose. Bien sûr tout se terminera très mal dans un bain de sang (c'est une tragédie après tout) alors faites l'effort de me lire jusqu'à la fin. Evidemment ce premier chapitre expose un peu l'intrigue, alors ce n'est certainement pas le plus intéressant. Oh et puis je vous suggère de lire les vers lentement et à haute voix. Voilà, et si ça vous plait (ou déplait), faites le moi savoir.

Acte 1

Scène 1 - Dans la grande salle de Poudlard. Tous les personnages sont présents. La rentrée a eu lieu deux jours auparavant mais le professeur Dumbledore, qui n'a pu assister à la cérémonie de Répartition, entame le discours rituel de début d'année.


DUMBLEDORE :

Désormais attablé, je prie les étudiants,

Vous mes enfants assis sous des flambeaux d'argent

Qui jettent dans le ciel leurs reflets économes

Tout aussi faussement que dans l'esprit des hommes,

D'éviter la forêt de jour comme de nuit.

Depuis toujours le mal tel une flamme y luit.

Mais c'est une lueur capable de vous battre,

D'effacer la magie par son éclat jaunâtre.

Méfiez-vous des morts non moins que des vivants

Plus enclins que tout autre à répandre le sang.

Aussi de vous j'exige aimable obéissance

Et je devrais crier que la fête commence.

Ron, Harry. Plus tard dans la soirée.

HARRY:

Comprends moi mon ami, je ne sais que penser

Ni non plus désormais à quel saint me vouer.

Depuis déjà des mois d'un paisible sommeil

Je dormais à ce point que rien ne me réveille.

Cette nuit cependant connut comme repos

Seulement bruits, froids, vent, crissements de sabot,

Et si par le souci d'une gloire posthume,

Mon esprit n'était pas enveloppé de brumes,

J'aurais alors juré, entrecoupés de mots,

Avoir entendu moult hurlements de chevaux.

J'ai grande peine à croire à ce que je raconte,

Non qu'en y repensant ce récit me fait honte,

Mais Hermione m'a dit que tu fus toi aussi

Témoin d'événements qui te causent soucis.

RON :

Au milieu de la nuit, il est vrai que moi-même

Alors que souffrais de ce fameux dilemme

Duquel il serait vain pour l'heure de parler,

Il m'a semblé entendre un bruissement suspect.

Je me suis rendu vite au bord de la fenêtre.

La surprise affolée que je laissais paraître

Durcissait mon visage aux traits pourtant si doux

Lorsque je vis soudain le pelage d'un loup

Dont le cri parvenait à percer le silence

Plus amer qu'une flèche empennée d'arrogance.

L'animal semblait fort mais sans méchanceté,

Beau comme un Apollon que sa malignité

Aurait appris à vivre en animal sauvage,

Réputé comme on sait coupable de carnages.

Mais voilà qu'un bruit sourd résonne jusqu'ici,

La porte s'ouvre en grand, quelqu'un sort de la nuit.

Les professeurs aussi fixent d'un regard noir,

D'un air hostile auquel j'ai grande peine à croire

Ce nouveau professeur qui à peine arrivé

Fait valoir sa présence avec solennité.

Il claque derrière lui la porte de la salle,

S'avance dans l'allée monté sur un cheval.

Vraiment qui peut oser ainsi fouler ces lieux

Que des siècles d'histoire ont rendu prestigieux ?

Déjà d'opprobres vifs le vieux Rusard accable

Chaque coup de sabot sur son sol impeccable.

Mais l'inconnu n'est pas tourmenté pour autant

Son regard dur et froid terrifie les enfants.

Quel affront éhonté devant le directeur

Qu'étaler sa superbe et montrer sa splendeur !

Monsieur Rogue est furieux, silence il va parler.


ROGUE :

Je m'étonne, Monsieur, de vous voir arriver

De cette façon-là, ce n'est point dans les mœurs

Des gens ici présents, et tous les professeurs

S'assemblent dans l'espoir sans doute un peu trop prompt

De vous voir sur-le-champ demander leur pardon.


LUPIN :

Si je vous ai choqué, j'implore vos excuses

Mon cheval, ma fierté, j'admets que tout m'accuse.

Voyez-moi déparé de toute vanité,

Offert à cette école avec humilité.

DUMBLEDORE :

Voici, mes chers enfants, un ancien professeur

Libéré du verdict de ses accusateurs.

Reconnaissez en lui Monsieur Rémus Lupin

Revenu cette année enseigner le latin.

Mais foin de courtoisie, venez donc vous asseoir

Pendant que les enfants regagnent leur dortoir.

Scène 2 - Hermione, Ron. Dans la salle comnune de Gryffondor.

HERMIONE : Ah, pauvre de moi ! Par quelle flamme cruelle mon cœur se consume-t-il ? Quel est ce nouveau trouble à qui je dois des plaintes si vivaces ?

RON : Que signifie cette soudaine détresse, mon amie ?

HERMIONE : Un mal que je ne connaissais point s'est attaqué à moi. Hélas, rongée par la honte, je ne puis que me taire, à moins que…

RON : Allons, parle sans crainte. Il se peut que nos cœurs subissent les mêmes tourments.

HERMIONE : Ecoute, donc. Alors que je sortais de ce cachot froid et sombre ou l'on nous donne les cours de potion et que, le corps frissonnant de cette brume épaisse qu'apporte chaque matin l'Aurore aux doigts de rose, je songeais à la douceur d'un feu de cheminée, je fus rattrapée par le professeur Rogue, cet homme même que j'ai toujours maudit et que parfois je souhaitais voir mourir. Il effleura ma main en passant près de moi, et ce contact fut si doux, si tendre, qu'à tout jamais le miel, fût-ce le plus délicat, me paraîtra privé de toute sa saveur. Depuis cet instant qu'il me coûte grandement d'évoquer en paroles, je supplie, j'implore les dieux immortels qu'ils m'affranchissent de ce sentiment qui causa la perte des plus grands.

RON : Hélas, ma douce amie, la passion qui m'étreint n'est ni moins folle ni plus avouable.

HERMIONE : Je t'ai fait part, moi, de mon trouble. Allons, ne me fais point languir et rétablis de vive voix l'équilibre du discours.

RON : Eh bien je crains d'être moi-même la proie d'une coupable passion. Depuis toujours, me semble-t-il, l'image d'une femme se glisse dans mes nuits autant que dans mes jours. Son fantôme me poursuit où me portent mes pas. Et où que je sois, je ne puis, malgré mes durs efforts de volonté, m'en départir un peu. Et je rougis de l'avouer sans honte car ce spectre lancinant te prit pour modèle, toi, Hermione, ma meilleure amie, ma sœur, avec qui je partage mes rires et mes larmes. Mais détourne ton regard de moi, qui suis à jamais sali par le vice et souillé par la fange. Mais oh mon dieu, Voici Harry qui vient. Je t'en prie, oublie les mots que l'on vient d'échanger. Je mourrais de le savoir dans la confidence.

A suivre...