Un petit texte âgé de quelques années, que j'ai un peu dépoussiéré.


Je vivais au rythme des saisons, guettant la prochaine, qui me rapprocherait un peu plus de l'été.

L'automne, l'hiver, et le printemps, semblaient s'écouler avec une lenteur exagérée, alors que je me languissais de l'été. Je rêvassais souvent, en me demandant ce que tu faisais. A l'école, mes yeux étaient souvent tournés vers une fenêtre, parcourant sans cesse le ciel, peut-être à la recherche d'un signe quelconque, qui me ferait sentir plus proche de toi.

Je me sentais comme en léthargie, mes pensées constamment tournées ailleurs que vers la réalité. Ton visage se substituait souvent à celui de mes amis, et le désir de te revoir n'en devenait que plus ardent.

Fidèle à moi-même, je souriais, je jouais, et j'avais l'air pleine de vie, pourtant, ce n'était que lors des chaudes journées d'été, dans la forêt mystérieuse de Yamagami que je me sentais pleinement vivre. A tes côtés.

Ma vie ne s'articulait qu'autour de l'été. Ma vie ne s'articule plus du tout.

Au fond de moi, j'ai toujours su. Au moment où tu me l'as dit, je savais que tu finirais par disparaître. Mais je pensais sincèrement que ce serait moi qui en serais la cause.

Paradoxalement, ta disparition était la plus belle chose qu'il m'avait été donné de voir.

Un bref instant, j'ai été heureuse. Ton contact m'a fait prendre conscience à quel point je t'aimais. A quel point je t'aime. A tel point que j'ai cru que mon cœur allait exploser.

Il s'est finalement déchiré, alors que tu n'étais plus que lumières insaisissables.

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Ta disparition a laissé un grand vide.

Tu étais mes meilleurs souvenirs, tu étais aussi mes aspirations. Mon univers tout entier. Je rêvais de passer chaque jour à tes côtés.

Tu es toujours mon univers. Un univers empli du vide que tu as laissé.

Je n'ai plus d'aspiration, seulement des souvenirs. Et des craintes.

A l'époque, je craignais de grandir, de vieillir. Je me demandais si tu conserverais toujours cette apparence. Si un jour je deviendrais une vieille dame tandis que tu resterais un beau jeune homme.

Maintenant, peu m'importe mon apparence. J'ai seulement peur que le temps efface ton visage, que mon esprit oublie ton souvenir.

Le monde est resté le même, il continue de tourner, tandis que la forêt conserve sa beauté. Ton existence ainsi que ta disparition sont insignifiantes. Cela me parait tellement cruel. Je me demande parfois comment dois-je exister dans ce monde où tu n'es plus.

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« Rêveuse ». « Perdue dans ses pensées ». « Dans la lune, ou les nuages ». Quoique je fasse, où que je sois, mes pensées m'emmènent dans la forêt de Yamagami.

Pourrais-je un jour aimer sans que chacune de mes pensées ne soient tournées vers toi ? Je me demande si je pourrais avoir la vie que l'on attend de moi. Fonder une famille apporterait peut-être d'autres nuances à ma vie. Pourtant, être seule me convient. J'aime me consacrer à ton souvenir.

J'apprécie la chaleur des rayons de soleil, le chant des cigales, le bruissement des feuilles ou les brises légères, qui me rappellent nos moments partagés ces beaux jours d'été. Ma vie à présent n'est remplie que de ces petits riens.

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Je guette l'été, mais je ne l'attends plus.

J'attendrais patiemment le jour où tu me rappelleras à toi. Alors, tout comme tu l'as toujours fait, toi aussi, quelque part, attends-moi.

Enfin, le dernier été est venu. « Allons-y ».