Le train siffla son arrivée en gare en ce 10 aout 1903. Les roues crissèrent et la locomotive stoppa au bout du quai.

Un couple descendit du train, main dans la main, chacun portant une valise.

La jeune femme ajusta son chapeau pour tenter de se cacher des rayons du soleil qui perçaient le ciel en cette chaude après midi d'été.

Le couple s'arrêta un moment pour admirer la vue. Paris était tel qu'ils se l'étaient imaginés majestueuse et bruyante. Les Parisiens se hâtaient dans les rues de la capitale évitant les calèches au passage.

-Oh William j'ai tellement hâte de voir la Tour Eiffel de mes propres yeux

L'inspecteur William Murdoch ne se lassait pas de regarder son épouse qui s'émerveillait devant chaque petite chose qu'elle voyait.

Il la trouvait encore plus belle sous ce soleil d'été. Ses joues étaient encore plus rosées qu'à l'habitude et ses yeux pétillaient de bonheur.

William se félicitait d'avoir eu l'idée d'organiser ces vacances. Julia et lui étaient arrivés à un point de leur vie où ils ne se voyaient que rarement, accaparés par leur travail respectif.

Les soirées passées ensemble se faisaient trop rares.

Un matin, alors que William arrivait au poste de police appelé en urgence par l'agent Crabtree, il repensa avec tristesse qu'il n'avait même pas eu le temps d'embrasser Julia avant de partir. Il ne pouvait plus supporter ces longues journées passées sans elle. Il n'arrivait que très tard le soir lorsque Julia dormait déjà. Il se contentait alors de déposer un baiser sur son front et de lui murmurer « je t'aime » avant qu'il ne tombe de fatigue lui aussi.

Julia comprenait et ne se plaignait jamais. Mais pourtant il pouvait entendre la déception dans sa voix lorsqu'il l'appelait pour lui annoncer qu'il ne serait pas là pour le dîner.

Une fois l'enquête bouclée après plusieurs jours d'investigation, William était allée tout droit chez son supérieur bien déterminé à ne plus laisser le travail l'éloigner de sa femme.

-Monsieur, je prends des congés à partir de ce soir. Vous me répétez depuis des années qu'il serait temps que je parte en vacances et c'est ce que je compte faire.

Brackenried avait simplement approuvé avec un petit sourire en coin.

William était rentré tard ce soir là. Il avait du faire un petit détour. Mais contrairement à d'habitude, il entreprit de réveiller Julia en déposant plusieurs baisers sur son visage, son cou et ses lèvres. Julia se réveilla avec un sourire aux lèvres lorsqu'elle vit William penché vers elle.

-Que dirais tu d'un voyage en France juste toi et moi ?

Julia écarquilla les yeux puis se mit assise dans le lit. Elle voulait s'assurer d'être bien éveillée. William continuait de lui sourire. Il avait l'air parfaitement sérieux.

-William ?

Il se leva du lit et fouilla dans la poche de son pantalon. Il en sortit deux billets qu'il tendit à Julia.

-Il ne manque plus que ton accord et nous pouvons partir

Julia ne cessait de lire les billets pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Les billets indiquaient la destination de Paris. L'émotion la gagna rapidement. Elle avait toujours rêvé de visiter Paris aux bras de William. Chassant ses larmes d'une main, elle se leva précipitamment et se jeta dans les bras de son époux. William la fit tournoyer dans les airs, bien trop heureux de sa réaction.

Les pieds de nouveau à terre, Julia embrassa William avec tant de passion qu'ils tombèrent tous les deux sur le lit. Elle se releva un peu pour le regarder. Les mots n'étaient pas nécessaires.

Profitant de l'avoir contre lui, il la redressa et lui enleva sa chemise de nuit. Il ne l'avait pas vu nue depuis des semaines. Seuls ses souvenirs lui permettaient de tenir le coup.

Il la regarda dans les moindres détails puis sa main suivit le chemin parcourut par ses yeux. Il s'attarda sur des endroits qu'il savait sensibles. Julia ferma les yeux en soupirant. Les lèvres de William prirent le même chemin laissant Julia tremblante de désir.

Elle le déshabilla à son tour et ils firent l'amour sans interruption jusqu'au petit matin.

Trois jours plus tard les valises étaient bouclées. Julia avait fait le nécessaire pour décaler ses rendez vous.

-Allons prendre une calèche. Je suis impatient de me rendre à l'hôtel et de prendre un bain

Julia s'approcha de lui avec un regard séducteur.

-Peut-être que nous pourrions prendre ce bain ensemble ?

William déposa un baiser sur sa main avant de la mener vers plusieurs calèches qui attendaient les clients. Une fois à l'intérieur, il l'embrassa avec passion.

-Je serai ravie de prendre ce bain avec vous madame Murdoch

Enlacés dans le grand lit à baldaquin, William caressait le dos nu de Julia. Il la tenait fermement contre elle malgré la chaleur et leurs peaux moites.

-Je suis dans une ville fabuleuse et pourtant je n'ai pas envie de quitter ce lit. Tu m'as tellement manqué William

Ils décidèrent finalement de profiter de la fin de journée et de la fraicheur pour flâner dans les rues de Paris. Julia s'arrêta devant une boutique. Elle entraina un William très embarrassé avec elle.

-J'ai besoin de toi comme traducteur..et comme conseiller

-Bonjour Madame

Julia avait appris quelques rudiments de français dans le train grâce à William mais elle était toujours incapable de tenir une conversation.

Mort de honte, William s'adressa à la vendeuse en lui montrant les articles que Julia avait sélectionné.

La vendeuse fit un clin d'oeil à Julia ce qui la fit rire, tandis que William se dandinait sur ses pieds pour cacher son malaise.

Julia prit les trois corsets que la vendeuse lui apporta et se dirigea vers une cabine d'essayage. Elle fit asseoir William sur une banquette puis tira le rideau.

Julia essaya chaque corset s'amusant de la réaction de son mari quand elle se tenait devant lui. Les corsets étaient bien plus affriolants que ceux qu'elle avait l'habitude de porter. William devenait rouge mais ses yeux ne pouvaient s'empêcher de la dévorer du regard. Les différents corsets épousaient parfaitement sa taille gracile et ses courbes voluptueuses. Lorsque Julia lui demanda de l'aider un faire un choix, William lui prit les trois corsets des mains et se dirigea sans ménagement vers la caisse. Pourtant son regard s'arrêta sur un négligé en soie blanche, transparent par endroit et orné de petits rubans roses. Il croisa le regard de Julia puis s'adressa à la vendeuse.

-Nous allons prendre celui là aussi s'il vous plait

A la sortie du magasin, Julia le retint par le bras.

-William c'est de la folie ! Tu viens de dépenser une fortune

-Je veux te gâter pendant ces vacances pour m'excuser d'avoir été absent et de t'avoir négligée pendant ces trois semaines

Il déposa un baiser sur ses lèvres avant qu'elle n'ait le temps de répondre et l'entraina vers la bouche de métro.

Ils avaient parcouru à peine 100 mètres lorsqu'ils virent une épaisse fumée noire s'échapper de la bouche. Une scène digne de l'apocalypse était en train de se jouer devant eux. Des agents de police tentaient d'écarter les personnes qui voulaient s'approcher de la station tandis que les lances flammes combattaient le feu.

William et Julia se regardèrent terrifiés puis William se dirigea vers un agent de police. Il lui expliqua brièvement qu'il était inspecteur de police et que sa femme était médecin. L'agent de police leur expliqua la situation. Un début d'incendie s'était déclaré sur une rame à la station Barbès. Une rame remplit de voyageurs avaient du être évacuée mais l'épaisse fumée noire dut à l'incendie, rendait le sauvetage difficile. Certaines personnes avaient réussi à sortir mais beaucoup étaient encore bloquées dans le tunnel.

Julia s'adressa à l'agent avec un français approximatif.

-Moi pouvoir vous aider. Je suis médecin

L'agent hocha la tête et lui indiqua l'endroit où se trouvaient les blessés. Julia se dirigea vers la tente de fortune mais William la retint par la main.

-Je t'en prie Julia fais attention à toi !

La peur pouvait se lire sur son visage. Il ne pouvait pas l'empêcher d'aider ces pauvres gens mais il aurait tellement souhaité pouvoir la garder près de lui.

Elle lui caressa la joue doucement tout en lui souriant tendrement.

-Il semblerait que les problèmes nous suivent partout où nous allons

Il la serra contre lui un moment avant de l'écarter lentement.

-N'oublie pas que tu dois défiler pour moi dans les nouveaux sous-vêtements

Julia rit de bon cœur avant de l'embrasser. William la regarda partir la peur au ventre puis se mit à disposition pour venir en aide aux agents de police.