Tous les personnages, comme les lieux, l'univers, de cette histoire sont à cette femme merveilleuse qu'est J.K Rowling. Je m'excuse auprès d'elle de n'avoir rien d'autre à faire de ma vie que d'écrire de stupides fanfictions comme celle qui suit sur ses idées et le monde qu'elle a bâtit. Je la remercie de nous avoir fait rêver pendant de longues années.

Chapitre 1 : La lettre

Harry Potter dormait profondément, affalé dans un des fauteuils de la salle commune de Gryffondor. Il s'était assoupi sur son livre de potions et un long parchemin fripé se déroulait à ses pieds, couvert d'une écriture en pattes de mouches. Sa main droite était crispée autour d'une baguette magique imaginaire.

Quelques flocons de neige purs tombaient en une pluie légère sur le tapis sous la fenêtre entrouverte mais l'air glacé qui s'écoulait de l'extérieur ne semblait pas gêner le dormeur. Néanmoins, une étrange forme de tourbillon fonçait à travers la nuit sombre et s'il avait été réveillé, Harry aurait fermé la vitre, par peur qu'une tempête inonde la pièce.

Mais il dormait toujours et c'était tant mieux, car ce n'était pas une tempête qui s'approchait. C'était un immense hibou entièrement blanc, avec de gros yeux jaunes. Il était si grand qu'il dût s'arrêter d'abord sur le rebord, pour pousser le battant de son bec avant d'entrer dans la pièce.

Il tenait entre ses serres une lettre qui changerait la vie d'Harry Potter.

Il voleta quelques instants autour du fauteuil avant de fondre sur le jeune homme, ses grandes ailes lui battant le visage. Les lunettes d'Harry volèrent à travers la pièce et le son du verre brisé en plus de l'agitation autour de lui le réveilla. Il sauta sur ses pieds, renversant toutes ses affaires et piétinant son devoir sur « Les poisons les plus rares et leurs constituants ».

En voyant les deux yeux jaunes en face des siens, Harry pensa tout de suite et très stupidement au Basilic.

- Avada Kedavra ! s'écria-t-il en pointant sa baguette vers l'animal.

Celui-ci s'écarta légèrement mais ne succomba pas au sortilège de mort. Surpris, Harry regarda sa main. Elle était vide.

- Merde, marmonna Harry et il se mit à plisser les paupières pour identifier la bête.

Harry avait une très mauvaise vue et il lui fallut plusieurs minutes pour être certain que c'était bien un hibou, cette grosse masse blanche en face de lui, et non une boule de neige ensorcelée surdimensionnée. Il tendit les mains à tâtons et parvint finalement à agripper les serres de l'oiseau. Celui-ci ne fit pas de difficultés et lâcha la lettre sans rechigner. Harry voulut lui gratter le sommet du crâne mais le hibou s'écarta et repartit en battant de ses ailes immaculées par la fenêtre.

Le jeune homme courut derrière lui jusqu'aux vitres pour essayer d'apercevoir le vol majestueux de l'oiseau. Cependant, il avait déjà disparu dans le brouillard.

Harry reporta donc son attention sur l'enveloppe qu'il tenait. Il se dit alors que pour la lire, il lui faudrait ses lunettes et il se mit à les chercher.

Il les retrouva sous une vieille armoire. Il prit sa baguette dans sa poche, la pointa dessus et pensa très fort « Réparo ». Aussitôt, les morceaux transparents qui jonchaient le sol s'élevèrent pour reformer des verres comme neufs. Harry les chaussa et retourna s'asseoir dans son fauteuil.

Il enroula son devoir auquel il manquait encore quarante centimètres, le posa sur la table avec un soupir. En triturant la lettre, son regard tomba sur sa montre. Il était à peine cinq heures du matin. Il se demanda pourquoi l'oiseau était venu le trouver à une heure si matinale, plutôt que d'attendre à la volière le petit-déjeuner dans la Grande Salle. Ce devait être important.

L'enveloppe portait simplement son nom de famille, « Potter », tracé à l'encre verte dans une écriture étrange, recherchée.

Bonnes ou mauvaises nouvelles ? se demanda Harry. Il resta un instant à frotter le papier épais entre ses doigts. Finalement, il se décida et décolla les bords. Il tira la lettre précautionneusement et se plongea dans sa lecture.

« Harry Potter.

Ecrire cette lettre me coûte beaucoup. De courage d'abord, mais aussi de fierté. C'est pourquoi je ne la signe pas. N'imagine cependant pas qu'elle est incertaine : j'ai conscience de ce que je fais et je pèse chacun de mes mots. Ce que je voudrais exprimer, c'est simplement que son arrivée à destination tient du miracle. Elle est rangée dans ma valise depuis plusieurs mois déjà et parfois, je la sortais, en barrais des phrases, en ajoutais d'autres. Certains jours, je mourrais d'envie de te l'envoyer et d'autres, je manquais de la brûler. Alors, ça me ferait plaisir si tu la lisais jusqu'au bout.

D'abord, je m'excuse. Tout simplement. De toutes les choses que j'ai faites. A toi, à d'autres… Je ne préciserais pas de quoi il s'agit, cela te permettrait de m'identifier. Sache juste que je regrette.

Ensuite, je te demande, te supplie en fait, de ne pas me chercher. Ce serait trop dur pour moi de me trouver face à toi après que tu aies lu les phrases qui suivent.

Harry, je t'aime. Ce ne sont que des mots et ils ne veulent rien dire, ils ne seront jamais assez fort pour ce que je ressens pour toi. Disons plutôt que ces derniers mois, je me traîne à genoux dans la vie, en faisant seulement semblant d'être debout. Chaque fois que je te vois, je reçois un coup de poignard car je sais que toi, tu ne m'aimes pas. Mais, je t'aime tout de même j'ai cessé d'essayer de m'en empêcher. Je ne pense plus qu'à toi, jour et nuit, sans discontinuer. Je t'aime, je t'aime si fort que j'en ai perdu la réalité. Tout en moi n'est plus qu'Harry. Juste Harry, toujours Harry, seulement Harry. Rien d'autre que toi. Tout le reste n'est qu'une mise en scène. Les autres, je n'en ai plus rien à faire.

Si je ne te donne pas mon nom, c'est pour me protéger. Tu pourrais me briser, Harry. Je t'en ai donné le pouvoir. Sans les réponses, on peut toujours rêver, espérer, croire. Avec, on n'est plus que des cœurs brisés.

Une dernière fois, Harry, je t'aime. Je ne le dirais jamais assez, mais je n'ai plus de place et je dois achever cette lettre ici. »

Harry laissa retomber ses mains sur ses genoux. Il se sentit tout vide, à l'intérieur. Il avait l'impression qu'on lui avait lancé un sortilège d' « Avada Kedavra » sur le cerveau et que, contrairement à lui, l'organe n'y avait pas survécu avec une simple cicatrice. Il se trouva brusquement très seul, dans la salle commune. Il aurait voulu que Ron, Hermione et Ginny soient avec lui. Ils l'auraient aidé à comprendre cette lettre. Tout seul, il n'en était pas capable. Il n'osa pas la relire une seconde fois.

Il ne savait pas qualifier les sentiments qui l'inondaient. Un liquide curieux semblait avoir remplacé son sang dans ses veines et circulait à présent dans son corps, brûlant contre sa peau. Quelqu'un, quelqu'un l'aimait.

Il haussa ses épaules, mentalement du moins, car ce geste demandait trop d'énergie après une mauvaise nuit dans un fauteuil. Pleins de gens l'aimaient : à commencer par Ginny, Ron, Hermione, sans parler de ces filles qui se déclamaient dans les couloirs ou lui envoyaient des lettres comportant des indications pour des rendez-vous à Pré-au-lard.

Mais, même s'il n'était pas un expert en sentiments, contrairement à Hermione, il voyait bien que ça, c'était différent. La personne qui avait écrit cette lettre l'aimait très –trop- fort.

Il songea un moment à retrouver Ron, dans leur dortoir, et à le réveiller. Puis, se trouvant égocentrique, il rassembla ses affaires dans son sac, le hissa sur ses épaules et monta se coucher dans son lit.

Il s'efforça d'évacuer la lettre de son esprit, étendu bien à plat sous ses couvertures. Il essaya de mettre en pratique les conseils que Rogue lui avait donnés, lors de leurs cours d'occlumancie, pour faire le vide dans sa tête. Rogue…Il pensait à lui, parfois. Il se sentait un peu coupable de son attitude passée, maintenant qu'il était mort. Il le plaignait, de son enfance, de son adolescence difficile et de cet amour, magnifique, qu'il avait éprouvé pour Lily Evans Potter. L'amour. Le mot le ramena à contrecœur vers sa lettre. Il se demanda s'il serait capable de se rendormir. Il se demanda si n'importe qui serait capable de dormir devant une telle déclaration.

Il attendit sept heures avec impatience, la montre posée sur ses genoux devant lui. Dès que les aiguilles se positionnèrent, il jaillit de ses draps comme un diable hors de sa boîte et se précipita vers le lit de Ron. Arrivé devant les rideaux du baldaquin, il songea à ce fameux jour où il avait jeté ce sortilège du Prince de Sang-Mêlé, pour le réveiller. Un sourire nostalgique aux lèvres, il prit sa baguette sur sa table de chevet et la pointa en direction de Ron. Il se concentra sur la formule « Levicorpus ». Un éclair jaillit de la pointe, écarta brusquement les rideaux en les traversant et frappa le corps du jeune roux endormi. Celui-ci fut alors suspendu dans les airs au-dessus de son matelas par la cheville, comme si Graup, le géant de demi-frère d'Hagrid, s'était amusé à le pendre par les pieds.

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh ! fit Ron, les yeux brusquement ouverts.

Les rideaux de tous les lits s'écartèrent violemment et des garçons en jaillirent, se précipitant vers Ron, affolés. Puis Dean Thomas pointa Harry du doigt :

- C'est encore son foutu sort ! Il nous a déjà fait le coup, y a deux ans !

- Fais-moi redescendre ! ordonna Ron, le visage rouge. Je t'ai déjà dit que j'aimais pas ce truc !

- C'était juste pour vous rappeler les bons vieux souvenirs, dit Harry.

Mais il pensa « Liberacorpus » et Ron retomba lourdement sur le matelas.

- J'espère que tu as une meilleure explication à me fournir que la nostalgie, marmonna-t-il tandis que les autres commençaient à préparer leurs habits de la journée, tout en grommelant contre leur ami.

Il se massa le dos en jetant à Harry des regards noirs.

- J'ai quelque chose à te montrer, s'empressa de répondre Harry.

Il s'assit sur le bord du lit, à côté de son meilleur ami et sortit l'enveloppe de sa poche de pyjama.

- J'étais endormi dans la salle commune, commença-t-il.

Moins d'une heure plus tard, ils avaient rejoint Hermione et Ginny dans la Grande Salle. Ils embrassèrent chacun leur petite amie respective avec une bise pour l'autre et se hâtèrent de leur raconter l'histoire.

- Je déteste que toutes ces filles te tournent autour, soupira Ginny et elle se rapprocha d'Harry sur le banc.

- Je peux voir la lettre ? demanda Hermione.

Harry hocha la tête et Ron tendit le parchemin à la main tendue. Hermione étudia la lettre en détail avant de dire :

- C'est une écriture plutôt féminine, un garçon serait plus brouillon, plus sale.

Ron toussa, projetant des miettes de toasts partout sur leur coin de table.

- Quoi ? C'est vrai. Mais on ne peut pas vraiment savoir, l'auteur a pris soin de ne pas employer un vocabulaire qui aurait trahi son sexe.

- Si je dois également avoir peur des garçons, maintenant…

- Mais non, c'est ridicule, rit Harry devant les inquiétudes de Ginny. Tu ne vas pas te débarrasser de moi comme ça.

Il l'embrassa langoureusement tandis que Ron détournait le regard.

- Tu n'as pas envie de savoir qui c'est ? demanda-t-il quand ce fut fini.

Harry réfléchit.

- Ben, elle n'a pas l'air d'en avoir vraiment envie…

- Oui mais, Harry, ce n'est pas bon pour elle de rêver que tu vas plaquer Ginny d'un jour ou l'autre pour se jeter à ses pieds. Il vaudrait mieux que tu ailles lui parler gentiment, pour qu'elle comprenne que ce n'est pas possible mais sans lui briser le cœur. Tu pourrais lui présenter des garçons ou je ne sais pas… En tout cas, tu ne peux pas la laisser comme ça ! dit Hermione, catégorique.

Ginny fronça les sourcils :

- Tu l'incites à aller voir ailleurs ?

- Arrête de dire n'importe quoi, fit Hermione. Tu pourrais être plus compatissante avec cette fille, tu as été comme elle autrefois. Eperdument amoureuse d'Harry et il ne t'adressait même pas un regard.

Ginny rougit, baissa les yeux. Harry entoura ses épaules de ses bras.

- Peut-être qu'Hermione a raison, dit-il doucement.

- Moi, je pense pas, intervint Ron. C'est trop difficile de dire des trucs pareils en essayant d'être gentil, ça risque de se finir en torrents de larmes… Vaut mieux la laisser espérer…On est des mecs, on sait briser des cœurs mais ce que tu dis là…

- Dixit le garçon qui a essayé toutes les façons possibles de larguer Lavande Brown sans lui parler ni se trouver en face d'elle, se moqua Hermione.

Ron grogna.

- Je pense qu'Harry est capable de mieux, poursuivit-elle. C'est facile, mets-toi un peu à sa place…

- Déjà, faudrait savoir qui elle est, rappela Harry.

Les autres acquiescèrent, pensivement.

- Regarde autour de toi pendant les cours, proposa Ron. Peut-être qu'elle sera en train de te mater discrètement pour voir si tu as reçu sa lettre. C'est ce que je ferais à sa place.

- C'est une bonne idée, approuva Hermione. Je pourrais aussi enquêter auprès des filles de notre année. Ginny ?

La jeune fille releva la tête, qu'elle avait posée sur l'épaule d'Harry.

- Oui ?

- Je suppose que c'est trop te demander que de vouloir que tu parles aux filles de ton année ?

- Absolument.

Elle rit devant la tête déçue d'Hermione.

- Je pourrais mettre un truc sur pied avec l'A.D, marmonna Harry.

- L'A.D ? répéta une voix derrière lui.

C'était Neville qui passait par là pour rejoindre le Hall. Il chassa d'un geste vague de la main toutes les filles qui le suivaient depuis qu'il avait joué un rôle important dans la défaite de Voldemort. Elles s'éclipsèrent en gloussant tandis qu'il s'asseyait entre Ron et Ginny.

- Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? demanda-t-il.

- Oh, c'est que…J'ai reçu une lettre assez étrange, répondit Harry et il la lui tendit.

Neville la parcourut des yeux, intrigué.

- Waouh, Harry ! C'est une sacrée déclaration, ça ! J'en ai jamais des comme ça, moi !

- Bah moi non plus, fit remarquer Ron mais personne ne lui prêta attention, même pas Hermione.

- Harry non plus, habituellement, expliqua-t-elle. C'est pourquoi il est tout perturbé…

- Je ne suis pas…, commença Harry.

Il fut interrompu par la grosse cloche qui indiquait que les cours débuteraient d'ici un quart d'heure.

Ses amis et lui se dépêchèrent de finir leur petit-déjeuner pour se rendre dans la salle de bains et se laver les dents.

Ron eut vite fait de mettre tout le dortoir au courant et quand les Gryffondors arrivèrent en cours de Potions, tous ne parlaient que de la lettre d'Harry.

- Harry Potter a reçu une lettre d'amour. Ginny a de la concurrence…

- On le savait déjà, remarque. Tout un tas de filles courent après le « Vainqueur » !

- Ouais, mais là, Harry cherche à savoir qui c'est.

- C'est une lettre anonyme ?

- SILENCE, tonna Slughorn en entrant dans les cachots. Veuillez sortir votre devoir.

Harry déglutit bruyamment en regardant Ron, à côté de lui.

- Tu ne l'as pas fait ? Je croyais pourtant qu'hier…

- Je suis resté dans la salle commune pour le finir mais je me suis rendormi et après, j'ai eu cette lettre, expliqua Harry.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'entends ? fit Hermione.

Elle se tourna vers Harry, les poings sur les hanches.

- Tu n'as pas fait ton devoir ?

Harry ne répondit pas : il étudiait les personnes présentes dans la pièce. Son regard croisa celui de Pansy Parkinson. Elle lui fit un geste grossier de la main droite avant de se repencher vers Drago Malefoy pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Harry pensa que ce ne devait pas être elle, son admiratrice secrète. Après tout, ses parents étaient morts durant la guerre, assassinés par des membres de l'Ordre du Phénix. D'ailleurs, Harry avait du mal à imaginer qu'une fille de Serpentard puisse être amoureuse de lui. Ce devait être une Gryffondor ou une Serdaigle. Ou peut-être une Poufsouffle.

La théorie d'Hermione lui revint en mémoire. Et si c'était un garçon ? D'où le « je sais que tu ne m'aimes pas » car Harry s'était toujours affiché avec des filles. Mais Harry avait beau passer en revue dans sa tête tous les garçons qu'il côtoyait, il ne voyait pas du tout de qui il aurait pu s'agir.

- Harry, votre devoir, s'il vous plait !

La voix de Slughorn le tira de ses pensées. Harry regarda bêtement la main tendue devant lui.

Puis il se reprit :

- Professeur, je suis désolé, je n'ai pas eu le temps de…

- Voyons, mon garçon, dit Slughorn d'un ton paternel, vous avez vos ASPICS à la fin de l'année ! Bien sûr, avec vos extraordinaires compétences, il me paraît évident que vous n'aurez pas de difficultés mais il faut travailler un minimum. Je vous laisse jusqu'à demain, j'espère que vous trouverez un moyen de finir votre étude. Je serais embêté de vous mettre un zéro.

- Oui, bien sûr, monsieur. Merci beaucoup.

Slughorn eut un sourire bienveillant.

- J'espère que vous avez passé une bonne soirée avec Mrs Weasley, en tout cas.

Harry mit quelques minutes avant de comprendre : Slughorn pensait qu'il avait préféré passer la nuit précédente à cajoler Ginny plutôt que de faire son devoir.

La mention de sa petite amie fit surgir une idée étrange en lui. Avant qu'il n'ait pu en parler à Ron, la voix de Slughorn retentit de nouveau :

- Pas de devoir, pas d'ASPIC en Potions, Mr Malefoy. La clef de la réussite, c'est le travail. Ça vous fera un zéro dans votre moyenne.

Slughorn griffonna dans sa calepin de notes, parcourut une ligne du regard et ajouta, d'un air un peu sadique qui ne lui ressemblait pas :

- Outch, ça fait mal, Mr Malefoy. Surtout vu vos derniers résultats.

Puis il détourna les talons pour retourner s'asseoir derrière son bureau.

Harry s'attendit à ce que Malefoy lui jette un regard noir ou se plaigne de favoritisme envers le « Vainqueur » (son dernier surnom en date, après le « Survivant » et l'« Elu ») mais le jeune homme blond se contenta de grincer des dents, en évitant soigneusement des yeux la table d'Harry et ses amis.

Harry dévia vite son attention vers Ron.

- Et si c'était Ginny qui m'avait envoyé cette lettre ? demanda-t-il.

- Pourquoi elle aurait fait ça ?

- Je ne sais pas. Peut-être pour voir ma réaction, une sorte de test d'amour.

- C'est stupide.

- Tu crois ?

- Ouais. Ginny est ma sœur, je la connais bien. Elle est un peu possessive, c'est vrai, mais bon, au fond, on sait qu'elle a confiance en toi. Ça se voit que tu l'aimes. Faudrait être aveugle pour ne pas vous voir vous bécoter comme des fous furieux dans toute l'école.

- Je vais lui en parler quand même, décida Harry.

Il attendit avec impatience la fin du cours pour se précipiter vers la classe de Métamorphose dont sortait tout juste Ginny.

- Ah Ginny ! s'écria-t-il en la saisissant par le bras.

- Salut, Harry.

Elle le dévisagea un instant alors qu'il se tenait, silencieux, devant elle.

- Je suppose que tu veux me parler encore de ta lettre.

- Oui, avoua Harry. Ce ne serait pas toi qui l'aurait écrite ?

- Pourquoi j'aurais fait un truc pareil ? s'étonna-t-elle.

Elle semblait réellement surprise.

- Je ne sais pas. Pour me tester, supposa Harry.

- Tu ne me connais vraiment pas, observa-t-elle.

- Si, si…C'était juste pour savoir, dit-il, précipitamment. Ça m'aurait fait plaisir que ce soit toi…Très plaisir, même, ajouta-t-il, pourtant conscient d'aggraver son cas.

- Tu es vraiment idiot, Harry ! dit-elle d'une voix trop aiguë. Excuse-moi, mais j'ai cours, maintenant.

Elle le poussa et se mit à courir dans le couloir, ses longs cheveux flamboyants flottant derrière elle. Harry la regarda s'éloigner et il crût entendre un sanglot.