Coucou les mandragores !

Ce matin (oui c'est très frais) à peine réveillée (oui je raconte ma vie) j'ai eu l'idée de reprendre les chansons d'Hamilton (de multiples cœurs sur cette comédie musicale) avec les vidéastes francophones. Et faire du plus romancé. Etre dans la tête des personnages. Du coup pour plus de cohérence il y aura des petites différences dans les noms de lieux, dans des situations qui ne sont pas exactement les mêmes que dans la trame originale. Ne vous étonnez pas du manque originalité de la trame scénaristique, elle ne change que peu.

Par contre il se pourrait qu'un jour j'écrive avec les personnages originels. Quand j'aurai le temps d'imaginer quelque chose qui mérite d'être écrit.

Lin-Manuel Miranda *coeurs*

Bonne lecture à vous ! =D


Prologue : Antoine Daniel

JDay regardait sans le voir son propre portrait sans le voir. Qu'il avait été jeune à l'époque ! C'était il y a si longtemps ! En ce temps-là, il avait des amis, des proches, pas de regrets, juste des rires à entendre, une volonté farouche de victoire qui le guidait… Une vie où il n'était pas seul, vieux et rongé par un acte qu'il n'avait pas prévu.

Oh, toutes ses connaissances de jeunesse n'étaient pas encore décédées, vieilles elles aussi. Mais parce qu'il avait été stupide, jamais ces personnes ne lui pardonneront. En colère contre elles, contre lui surtout, rempli d'aigreur, il déversa son ressenti au portrait du jeune homme naïf et pourtant bon qu'il avait été.

– Comment un parvenu, un idéaliste, un jeune fou et un bigleu, sans aucun avenir, venant de Toulouse par je ne sais quel miracle, appauvri, vivant dans la misère, a-t-il pu devenir un héros et une icône ?

Bien sûr, personne ne lui répondit. Tourmenté par les fantômes des jours heureux, il s'imagina sans mal ce qu'on aurait pu lui répondre.

– Le père fondateur de notre pays, pauvre et orphelin a tout gagné en travaillant dur et sans relâche. Parce qu'il était intelligeant et auto-entrepreneur, dès l'âge de quatorze ans, on l'a laissé gérer seul des affaires commerciales.

C'était ce que Mathieu lui aurait répondu s'il avait été là. Et il aurait eu raison.

– Et tous les jours pendant que les serfs étaient abattus et déportés, à travers les routes, il a constamment lutté. À l'intérieur, il désirait quelque chose. Le frère était prêt à mendier, voler, emprunter ou troquer pour y arriver.

Ce cher Fred. Quel brillant président n'est-ce pas ? Mais lui aussi disait la vérité.

– Puis un ouragan est venu, et la dévastation régnait. Notre homme a vu son futur sombrer. Puis mettre un crayon à sa tempe, le relier à son cerveau. Et il a écrit son premier refrain, un testament à sa douleur.

Karim n'allait pas lui non plus lui faire la morale dans son esprit ? JDay grinça des dents. Il rétorqua.

– Eh bien ils ont dit, « Ce gamin est fou, mec ». Il est resté sur Toulouse. « Gagne ton éducation, n'oublie pas d'où tu viens, et le monde connaîtra ton nom. Quel est ton nom, mec ? »

Comme si Antoine lui-même était présent, les mots lui parvinrent distinctement.

– Antoine Daniel. Mon nom est Antoine Daniel. Et il y a un million de choses que je n'ai pas encore fait. Mais attendez, attendez ...

– Quand il avait dix ans, son père était parti, plein d'argent, endetté. Deux ans plus tard, j'ai vu Antoine et sa mère alités, à moitié morts de leurs propres microbes. Ils sentaient si forts !

L'inquiétude de Laurine était si réelle ! Antoine s'en était tiré. Sa mère par contre…

– Il a emménagé avec un cousin, mais le cousin s'est suicidé. Il ne lui a laissé rien d'autre qu'une fierté ruinée. Il y avait quelque chose de nouveau à l'intérieur de lui. C'était une voix disant…

Bob. Encore un qui n'avait pas trahi Antoine.

– …Tu dois te débrouiller tout seul, continua Bob. Alors il a commencé à s'isoler et à lire chaque traité présent sur l'étagère.

JDay devait le reconnaître, Antoine avait su s'y prendre malgré un destin peu favorable. Malgré lui, l'admiration qu'il lui portait pour cela était sans limite.

– Il n'y aurait plus rien à faire. Pour quelqu'un de moins astucieux, ça aurait été la mort ou la misère. Sans argent, il a commencé à travailler pour le propriétaire de sa défunte mère. Faire du commerce de violettes, de foie gras et toutes les choses qu'il ne pouvait pas se permettre d'avoir. Il dévorait dans le même temps chaque livre qu'il pouvait avoir sous la main. Il en profitait pour planifier l'avenir qu'il s'imaginait. Et il est arrivé jusqu'à Paris, pour devenir un nouvel homme.

Car à cette époque, pour devenir un nouvel homme avec un destin hors norme, il fallait passer par Paris. Car à Paris, on peut devenir un nouvel homme.

- Attendez…

Ce mot, Antoine avait dû le prononcer bien des fois.

Antoine Daniel… Une fois qu'il fut arrivé à Paris, il ne put jamais revenir en arrière.

– Tu n'as jamais appris à prendre ton temps ! se rappela JDay. Oh, Antoine Daniel, quand la France chante pour toi, est-elle au courant de ce que tu as surmonté ? Sait-elle que tu es devenu le Boss final des internets ?

Il avait réécrit et dominé le jeu, il n'y avait aucun doute là-dessus. Le monde n'aura plus jamais le même.

– Nous avons combattu avec lui ! affirmèrent François, Karim, Links et Fred.

– Moi ? Je suis mort pour lui ! rajoutèrent Mathieu et Dany.

– Moi ? Je lui ai fait confiance ! clama Bob.

– Moi ? Je l'ai aimé ! chantèrent Laurine, Natoo, Andy et Ginger.

– Et moi ? Je suis le satané fou qui lui a tiré dessus, termina JDay.

Du temps du portrait du jeune JDay, Antoine n'avait pas encore eu le temps de faire les millions de choses qu'il avait prévu de faire.

- Quel est ton nom, mec ? demanda d'une voix meurtrie JDay.

Antoine Daniel !


Voilà ~