Bonsoir, bonjour !
Nouveau défi du Poney, centré sur Eärendil et Elwing celui ci. J'espère que celui-ci vous plaira. Bonne lecture.
Alors que le souffle du vent glacé faisait remonter une nouvelle bourrasque, l'équipage se raidit. Transis, épuisés, les hommes poursuivirent pourtant leur tâche sans mettre le navire en péril. Cela faisait plusieurs lunes qu'ils étaient montés à bord du Vingilot mais jamais encore, ils n'avaient saisi quelle folie les y avait menés.
Certes, voguer à bord de Vingolot avait été tentant. La présence du capitaine Eärendil n'avait fait qu'attirer davantage de marins potentiels et n'avaient été choisis que les plus loyaux, les plus tenaces et les plus vigoureux. Et sans doute les plus inconscients, songeaient-ils à présent. Son discours les avait enflammés et tous s'étaient embarqués l'âme aventurière avec ce rêve fou de fouler Aman un jour.
Naviguer sur les mers d'Aman à bord de la Fleur d'écume aurait pu être un réel plaisir pour ces marins aguerris si, les Valar savaient comment, ils n'avaient pas tant dérivé vers le Nord. Le froid les avait pris par surprise, le vent les aspergeait d'une eau gelée qui ne parvenait jamais à sécher et qui les touchait jusqu'aux os. De la glace commençait à se former autour du navire, mais nul n'osait encore prononcer le nom maudit d'Helcaraxë car l'idée même de devoir affronter le Chaos des Glaces les pétrifiait.
Le Vingilot n'avait jamais semblé si beau que dans ce temps affreux. Ses flancs blancs taillés dans le bouleau paraissaient d'une pureté incomparable face à la mer noire qui se déchaînait à présent. Le givre déposé dans les voiles argentées faisait briller ces dernières comme si la Lune elle-même les avait brodées. Il se dressait fier parmi les vagues, comme s'il voulait défier l'autorité même d'Ulmo.
Et à la proue se tenait leur capitaine. Les bras croisés, les jambes à peine écartées, il ne semblait pas craindre le froid ou la tempête. Son magnifique visage n'exprimait pas la moindre émotion, à l'exception de ses yeux qui guettaient le moindre indice qui leur permettrait de sortir de la tourmente ou de découvrir Aman. Et malgré les rugissements du vent, on entendit soudain le chant le plus pur et on vit paraître un oiseau blanc qui vint se poser dans le creux de la main d'Eärendil.
L'oiseau était tiède, et sous ses doigts gelés, le semi-elfe sentit les battements de cœur désordonnés de la mouette, éreintée par son périple. Mais elle était sereine, Elwing avait retrouvé son époux et le Silmaril qu'elle tenait désespérément était désormais en sécurité.
