.: Contrat sur tête :.

Chapitre 01

Auteur : Shali

Rating : de G à PG-13

Disclamers : Les personnages de Alex Rider appartiennent à Anthony Horowitz.

Note : L'histoire se passe après "Stormbraker" et inclut le personnage de John Rider.

Il s'agit de la fic publiée il y a longtemps ici que j'ai retravaillé et corrigée. J'espère qu'elle vous plaira autant.

Bonne lecture.

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« Je vais divorcer, souffla John. »

Il était allongé sur le lit aux draps froissés par leurs ébats, la tête sur le torse de Yassen. Son amant posa sa main sur sa joue et lui releva le visage, le regard inquisiteur.

« Divorcer ?

- Oui.

- Pourquoi ? Je croyais que cette situation te convenait...

- Oui... et non. »

Le blond soupira et s'installa en position assise, le dos contre le coussin, et se passa une main sur le visage. C'était la première fois que Yassen le voyait apparemment perdu dans ses pensées, soucieux de l'avenir du couple étrange qu'ils formaient. Le Russe prit place à côté de lui et posa une main sur l'épaule de son amant avant de se pencher et de déposer un baiser sur la peau dénudée.

« Nous sommes mariés depuis quatre ans et je ne la vois qu'une fois voire deux maximum par an. Et ici... ce n'est pas encore fini. Elle a besoin d'un mec qui soit là pour elle et le bébé, pas d'un type qui risque sa vie toutes les deux secondes quelque part dans le monde. Ça sera mieux pour elle et... pour Alex. »

Yassen ne disait rien, il se contentait d'écouter son ancien professeur.

« Ils seront mieux sans moi, continua l'Anglais d'une voix calme. Elle est encore jeune, elle pourra refaire sa vie. Alex n'est qu'un bébé... il ne verra pas forcément la différence. »

Laisser partir son fils qu'il aimait tant, le rayon de soleil de sa vie comme il se plaisait à l'appeler. Le donner à un autre. John était quelqu'un de fort, de très fort, pensa Yassen.

« Et toi ? Tu feras quoi après ?

- Si tu veux toujours de moi, murmura John en tournant son visage vers lui. Je voudrais vivre avec toi, faire enfin tous ces projets fous dont on parlait. »

Yassen sourit tendrement. Il avait toujours espéré que ce choix arrive. Au début de leur relation, il avait eu du mal à être « l'autre » mais il s'y était habitué. Maintenant, John choisissait et il voulait être avec lui. Le Russe était content mais quelque part, il doutait : John le choisissait-il parce qu'il ne pouvait pas être avec Helen et Alex ?

« Ce n'est pas un choix par défaut ? demanda Yassen avec hésitation, le cœur battant fort. »

John soupira et secoua négativement la tête. Il embrassa tendrement Yassen avant de le pousser sur le dos, se mettant au-dessus de lui.

« Non. Je veux construire ce qu'il me reste de vie avec toi.

- Et si on crève demain ?

- Eh bien, on aura bien vécu, dit John en haussant des épaules.

- C'est vrai. »

Yassen sourit avant d'enrouler ses bras autour du cou de son amant. Il l'embrassa en frissonnant et pensa avec délice que cet homme qu'il aimait et qui l'excitait lentement avec ses caresses, serait à lui et rien qu'à lui désormais. C'était mal d'être égoïste alors qu'il lâchait sa famille, son bébé à peine né... mais là, il voulait juste en profiter. Pour une fois dans sa sombre vie, il voulait avoir un peu plus de bonheur.

Le Russe se réveilla en sursaut, le corps en sueur, le cœur battant et la bouche sèche. Encore ce rêve ou plutôt ce souvenir ? Il se passa une main sur le visage et lâcha un lourd soupir pour faire retomber la pression.

Un goût amer le submergea : John était mort une semaine après cette nuit-là. Il était allé voir Helen pour lui dire. Bien sûr, elle avait mal accusé le coup mais ils avaient discuté, longuement, et le cœur lourd, elle avait signé les papiers. Ils devaient prendre l'avion pour la France afin qu'elle change de vie et que Scorpia ne vienne pas les trouver, le bébé et elle. Mais Alex était tombé malade, il ne pouvait pas le prendre alors la jeune femme l'avait laissé à la nounou, il les rejoindrait dans quelques jours.

Puis le drame était arrivé. Yassen frissonna violemment. C'était encore douloureux bien que cela fasse quatorze ans. Une bombe avait été posée dans l'avion qui avait explosé à peine vingt minutes après le décollage, tombant dans la campagne anglaise comme un oiseau abattu en plein vol. C'était Julia qui lui avait annoncé la nouvelle. Il avait fait de gros efforts pour ne pas craquer devant elle mais une fois dans sa chambre, ses jambes s'étaient dérobées et il avait pleuré. Jamais il ne pleurait, sauf pour John.

Yassen était alors devenu l'héritier de John Rider, le grand John, l'homme de haute morale malgré leur travail, le meilleur des agents que Scorpia ait compté dans ses rangs. Le Russe s'était montré à la hauteur de son mentor et certains disaient qu'il l'avait même dépassé.

Mais Yassen avait enquêté pour connaître la vérité sur la mort de son amant. Il était persuadé que Julia était derrière tout ça, qu'elle savait. Oh oui, il n'avait jamais su comment mais il était sûr que Julia savait que John était un agent du MI-6 et qu'il les avait doublé.

Le russe avait continué sa carrière jusqu'à l'opération Stormbreaker où il était tombé sur la nouvelle recrue du MI-6, Alex Rider. Ça lui avait fait un choc : Ian Rider, le frère cadet de John, était mort depuis peu que le neveu prenait la suite à peine âgé de quatorze ans. Il lui avait sauvé la vie en le mettant en garde mais à son regard noir, Yassen sut que ce gamin était comme son père : tenace et doué, trop doué.

Il se leva et marcha jusqu'à la salle de bain. Tout en posant les mains sur le lavabo, il se regarda dans la glace. Quatorze années s'étaient écoulées et pourtant, cela faisait toujours aussi mal. Il se passa de l'eau sur le visage avant de boire un peu. Il ferma les yeux, inspira et expira lentement et se força à oublier. Il avait encore besoin de dormir un peu.

Il allait se recoucher quand on frappa doucement à la porte. Il fronça des sourcils, méfiant et regarda le réveil posé sur la table de chevet. Il était trois heures du matin, personne ne connaissait cette planque, alors qui était-ce ?

Il attrapa son flingue caché sous son oreiller et le tint dans son dos. Il marcha vers la porte, sur ses gardes. Si c'était un assassin, il n'agirait pas de cette manière, pensa Yassen. Alors qui ?

Il retira la sécurité sur l'arme et le tint serré derrière lui. De son autre main, il ouvrit la porte, lentement.

« Il est trois heures du matin, grogna-t-il. Qu'est-ce que vous voul-... »

Il s'arrêta, incapable de finir sa phrase alors qu'il regardait l'homme devant lui : grand, une bonne carrure, des cheveux courts et blonds, un regard bleu perçant. Impossible. Il se frotta les yeux alors que tout son corps se mit à trembler. Il devait halluciner, être toujours dans son rêve. Oui, c'était sans doute ça.

« Salut, souffla l'inconnu en russe. »

C'était sa voix pourtant. Légèrement grave, un accent typiquement anglais qui revenait quand il était trop nerveux et ces lèvres qu'il connaissait si bien. Il fit un pas en arrière, incapable d'avoir une autre réaction.

« J-John ? réussit-il à souffler.

- Je peux entrer ? Il fait froid dans le couloir. »

Yassen avala difficilement mais hocha la tête. L'homme entra et referma la porte derrière lui. Il regarda autour de lui et sourit.

« Rien n'a changé ici.

- Co-comment ? »

Il recula jusqu'au canapé pour s'y asseoir, ses jambes le lâchèrent à peine l'eut-il touché. L'arme glissa au sol et Yassen fixa cet homme d'un air médusé. C'était impossible, se répétait le russe. Il suivit des yeux son invité et le regarda s'installer sur le fauteuil en face de lui comme par le passé.

« J'étais... aux toilettes quand l'avion a explosé, commença John. Ça m'a protégé du gros de la bombe mais Helen est morte sur le coup. »

Il se tut deux secondes avant de serrer ses mains l'une dans l'autre.

« J'étais légèrement conscient quand un pompier m'a retrouvé, commença par raconter l'anglais. Apparemment j'ai réussi à lui articuler une phrase suffisamment intelligible pour qu'il me prenne en charge sans prévenir le MI-6 mais j'ai perdu rapidement connaissance et je suis resté dix ans dans le coma avant de me réveiller, complètement perdu. Je ne bougeais plus, ne parlais plus, bref un vrai handicapé.

- Pourquoi... tu m'as pas fait appeler ? demanda Yassen la gorge nouée.

- Ça fait à peine deux semaines que je suis sorti de l'hôpital. J'ai passé trois ans à faire de la rééducation à réapprendre à me servir de mes membres et à vivre normalement. »

Il sourit doucement à Yassen. Ce dernier encaissait l'histoire sans rien dire. C'était inimaginable : John était là, devant lui, vivant. Il se leva sans faire attention et s'agenouilla devant son ancien professeur. Ses bras s'enroulèrent autour du cou du blond et il se serra contre lui, incapable de parler, le cœur battant trop fort. John glissa ses bras autour de lui et le serra fortement, fermant les yeux.

« Je suis désolé, murmura-t-il.

- Ce n'est pas de ta faute...

- Si je n'étais pas allé voir Helen, je-

- Ils t'auraient quand même tué.

- Yassen... »

John resserra son étreinte et étouffa un sanglot contre la peau de celui qui avait était son élève, son ami, son confident et son amant. A son réveil, on lui avait raconté qu'il avait eu un accident grave dix ans auparavant. Les gens avaient un peu oublié l'accident d'avion mais le pompier, Peter MacLan, venait toujours le voir chaque année. Ce dernier avait pu lui apporter quelques explications – enfin de ce qu'il avait pu glaner à l'époque – et lui en faire part. Le crash passait pour un accident mais John savait que ce n'était pas le cas. Scorpia devait être dans le coup.

Tout en faisant le deuil de sa défunte épouse, John se demanda où était Alex. En fouillant grâce à internet, il découvrit que son fils était toujours en vie et vivait dans la banlieue londonienne. C'était des coupures de presse des écoles où le garçon avait été scolarisé que le père put admirer les traits de son fils si semblables aux siens à son âge. Ian, son jeune frère, était apparemment devenu son tuteur légal et cela le rassura grandement. Et Yassen ? John essaya de trouver des informations sur son jeune amant mais rien. Oh bien sûr, c'était normal : aucun tueur à gages ne s'aventurait à ouvrir une page web pour embellir son image. Yassen était un bon à l'époque et il était la discrétion même. Le retrouver ne serait pas facile surtout que l'ancien agent devait s'habituer à toutes ces nouvelles technologies.

Puis l'ancien infiltré commença sa rééducation. Il avait un but : retrouver Yassen et Alex. Il en avait bavé et pas mal souffert parce que l'explosion lui avait laissé des séquelles comme cette cicatrice sur le dos, cette peau brûlée. Il avait tenu bon parce qu'il était un battant, parce qu'il voulait retrouver Yassen.

Et maintenant, ce dernier était dans ses bras. Il l'entendit renifler doucement, cachant qu'il pleurait ou essayait de ne pas pleurer. John lui caressa les cheveux d'un geste tendre. Il était là maintenant.

« Et... Alex ? osa-t-il demander. Tu as des nouvelles, Ian... peut-être que vous êtes en relation pour le petit ? »

Yassen, se détacha un peu, releva le visage et le fixa.

« Tu ne vas pas être content... »

John fronça des sourcils.

« Après la mort de Ian, Blunt est venu le débaucher et Alex a fini la mission de ton frère. Et il est doué... trop doué pour son âge. Il semble être comme toi mais en plus fouille-merde. »

Il vit les muscles de sa gorge se tendre. Il était en colère et il y avait de quoi.

« Comment... Ian est mort ?

- Je l'ai tué, avoua platement Yassen en le fixant droit dans les yeux. Un contrat sur sa tête.

- Au moins, tu ne me le caches pas, répondit John en souriant tristement.

- Ça servirait à rien et je n'aime pas te mentir.

- Pour Alex... je veux faire quelque chose... il n'a pas à entrer dans le milieu. Il n'a que quatorze ans. »

John soupira lourdement. Helen était morte, Ian aussi... il ne lui restait qu'Alex et Yassen.

« Tu restes un peu ? demanda Yassen. »

John hocha de la tête avant de lever les mains pour lui caresser les joues.

« Je-je reste quelques jours avant d'aller m'installer à la campagne, avoua John. Je peux pas trop me montrer pour le moment même si on me croit mort.

- Je comprends.

- Tu viendrais avec moi ? Je sais que tu as des contrats mais... enfin je suis là et j'aimerai qu'on reprenne où on s'était arrêté, que tu viennes vivre avec moi là-bas.

- Et mon travail ?

- Moi, je t'attendrai comme une femme attend son petit mari qui rentre du travail ? demanda John. »

Ils se fixèrent quelques secondes avant de rire.

« Je te vois mal faire la femme, se moqua Yassen, l'air taquin.

- Bon alors disons que je serais ton gentil mec qui t'attendrait à la maison pour le repas du soir ? »

Le russe posa ses mains sur celles de John et ferma les yeux. Elles étaient si chaudes, encore un peu calleuses, un peu abîmées aussi par l'explosion mais c'était les siennes.

« Je peux réfléchir ?

- Oui, bien sûr.

- Je-je peux t'embrasser ?

- T'as pas besoin de le demander... »

Yassen sourit, amusé. Il frissonna violemment quand les lèvres de John s'écrasèrent sur les siennes. Là il sut que le blond était bien auprès de lui et que ce n'était pas un rêve. Il soupira de bien être, enroulant à nouveau ses bras autour de son cou pour approfondir le baiser.

« On peut... aller dans le lit, soupira-t-il avec un sourire coquin. »

Les lèvres le firent à nouveau taire et sans même sans rendre compte, il se retrouva sous la couette, John se pressant contre lui alors qu'ils commençaient à se caresser avec faim. Cela faisait quatorze ans que le russe se réveillait avec un goût amer dans la bouche après un rêve où John serait là, dans ses bras, à lui faire l'amour comme avant. Cette nuit-là, ça ne serait pas un rêve et à son réveil, il se sentirait bien.

A suivre...