La Victoire est amère

Sauron est enfin vaincu. Je devrais m'en réjouir. Et pourtant, je ne peux pas. Car la victoire est amère.

La victoire est amère. La vie de nombre de valeureux guerriers s'est achevée ici, dans les plaines arides du Mordor. Le sang rouge et le sang noir, mêlés. Le sang de deux armées qui gisent là, ennemies. Tristesse. Tristesse de toutes ces vies qui se sont envolées. Nous avons vaincu. Mais peut-on vraiment dire que l'on a vaincu, lorsque la victoire est si chèrement payée ?

La victoire est amère. Sur ces plaines désertées de tout végétal, nombre d'étoiles se sont éteintes. Des épées gisent, ébréchées. Des boucliers, fracassés. Des morts, anonymes. Voilà ce que le soleil me dévoile. Tous ces morts ont combattu pour la Terre du Milieu. Des morts qui seront bien vite oubliés. Trop vite oubliés.

La victoire est amère. Elendil est tombé. Une dernière tentative. Une tentative vaine de se mesurer au Seigneur Ténébreux. Une tentative qui lui a coûté la vie. Tué par la main de Sauron. Roi de Nùménor mort sur le champ de bataille. La victoire est venue à nous. Grâce à son geste. Qui oubliera Elendil, désormais ?

La victoire est amère. Le dernier grand Roi des Noldor n'est plus. Aiglos, brisée en deux. Mais qu'importe, désormais ? Car son maître n'est plus. Toute sa puissance s'est envolée, car la main de son maître ne la tient plus. Vestige d'un temps passé. Un temps révolu. Une vie achevée. Une légende commencée.

La victoire est amère. Nombre des miens sont morts. Il me faut maintenant leur dire adieu. Une dernière pensée qui leur ai accordée.

Une dernière pensée...

Pour mon capitaine.

Pour Gil-Galad.