Bonjour à tous ! Me voici de retour avec une nouvelle histoire dont je posterai un chapitre par semaine. Celui-ci est la mise en situation et nous ne voyons donc que la famille Malefoy (les autres arriveront au prochain chapitre...).

"Tiens-toi bien !"

Un coup de canne.

"Cesses de faire l'enfant !"

Une gifle.

"Contente toi d'être belle !"

Un claquement de porte.

"Tu n'as pas ton mot à dire !"

Une bousculade.

"Rends ton père fier de toi !"

Une larme.

"Cela ne regarde pas les jeunes filles !"

Un regard noir.

"Personne ne t'a demandé de réfléchir !"

Un doloris.

Emeraude se réveilla en sursaut. Elle détestait revenir au Manoir Malefoy car cela signifiait le retour d'innombrables horribles souvenirs mais surtout de revoir son père, Lucius, son pire cauchemar. La jeune fille avait été forcée de faire son retour en Angleterre la semaine passée. Sa vie de semi-liberté dans le sud de la France était terminée. Son exil de 13 ans avait pris fin.

L'arrivée de la blonde avait été lugubre. Elle qui n'avait pas vu sa famille depuis deux ans n'aspirait qu'à fuir. Quand elle s'était retrouvée devant les grilles, elle n'avait pu détacher son regard de la gigantesque demeure. Le manoir apparaissait comme une ombre dans la nuit noire mais l'éclat de la lune faisait se refléter les affreuses sculptures et gargouilles qui décoraient la façade en pierre. Cette maison était froide et austère. Elle contenait trop de mauvais souvenirs. Revenir. Emeraude ne le souhaitait pas. Elle pensait ne jamais réintégrer le foyer Malefoy. Le point de départ de sa vie chaotique.

Une Malefoy. Une jeune fille. Le destin n'est pas toujours clément. Ces deux mots ne devraient et ne s'étaient jamais assemblés jusqu'à Emeraude.

Revenir ici, c'était rouvrir d'anciennes blessures.

Revenir ici la faisait redevenir petite fille.

Revenir ici fissurait sa carapace, forgée depuis tant d'années avec difficultés mais ténacité.

Revenir ici, c'était avouer ses erreurs et surtout, revenir ici signifiait devoir les assumer.

En une semaine, son père lui avait prouvé qu'elle avait eu raison de s'inquiéter. Il ne l'avait pas lâché d'une semelle. Il l'a critiquait à longueur de journée. Pourtant, lorsque les Malefoy se rendaient en France pour voir leur progéniture, fait plutôt rare, le père de famille ne se préoccupait pas d'elle. Pour Lucius, Emeraude n'avait aucun rôle à tenir dans sa vie ou dans sa parfaite famille. Sa naissance était une erreur et il ne se privait pas pour le lui rappeler dès qu'une occasion se présentait à lui. Elle était fautive et il était de sa responsabilité de ne pas faire de vague. Ne pas se faire remarquer. Lucius avait eu un héritier alors à quoi pouvait bien lui servir un second enfant, qui plus est une fille?

Le blond la détestait et Emeraude le lui rendait bien. Elle le haïssait. Elle avait entamé sa vie avec pour objectif premier de le faire enrager. Elle était d'ailleurs plutôt douée dans ce domaine.

Néanmoins, la jeune fille tentait de se montrer discrète depuis son retour. En effet il l'a surveillait et sa mauvaise humeur constante depuis la fin du règne du Lord retombait sur sa famille. Et plus précisément sur Emeraude depuis son retour. La jeune fille avait été stupéfaite en apprenant que le Magenmagot n'avait pas enfermé son père à Azkaban à perpétuité. Deux mois. Les dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants qu'il avait tué ne valaient que deux mois d'enfermement. Les centaines de sorciers torturés par ses soins n'avaient pas eu droit à plus de justice que cela. Deux mois. Deux mois et la confiscation de sa baguette magique. Ce dernier point avait d'ailleurs mis Lucius dans une fureur monumentale. D'après lui, cette "injustice" le mettait au rang des Moldus. Emeraude détestait son père. Il profitait de son handicap pour faire trimer sa femme et sa fille. La jeune fille avait d'ailleurs entraperçu l'immense imagination du patriarche en matière de punition. Une goutte de Whisky-pur-feu renversée? Une gifle. Une chemise légèrement froissée? Un coup de ceinture. L'elfe de maison arborant un sourire? Une correction à coup de pied et de main. Même la joie de l'elfe était sa faute. Tout. Tout était sa faute. Sa vie était une erreur.

En plus d'être inventif, Lucius était discret. Il réglait ses comptes avec Emeraude quand sa femme et son fils étaient absents. Seul l'elfe de maison, Vini, était présent, et malgré tout l'amour qu'il portait à sa jeune maîtresse, l'elfe ne pouvait intervenir contre son maître Lucius. Aussi, la jeune fille supportait en silence. Prévenir sa mère ou son frère n'aurait fait qu'envenimer la situation. Dans ses moments de douleur, elle se souvenait: la France, l'amour, la rage, l'espoir et finalement le malheur... Après tout, elle avait déjà subit ses violences quand elle n'était qu'une enfant, avant son départ pour la France, alors elle pouvait bien supporter cela maintenant qu'elle était une jeune adulte. Supporter. Voilà à quoi se résumait sa vie.

Si elle n'avait eu que son père, elle aurait abandonné, elle aurait fuit, elle l'aurait tué ou dénoncé tout du moins. Mais elle n'était pas seule. Elle avait sa mère et son frère. Ceux-ci avaient vécu leur vie durant treize ans sans se soucier vraiment d'Emeraude mais elle savait qu'ils tenaient à elle...

Sa mère l'aimait. Cependant il ne fallait pas le montrer. Pas d'effusion, de câlin, d'histoire du soir, de confidence ou de conseil. Sa mère était froide et distante. Elle devait tenir son rang, jouer un rôle et porter un masque en permanence. Etre soumise et fidèle, voilà la mission d'une femme Malefoy et Narcissa l'incarnait à la perfection. Dans la rue, tout le monde se retournait sur son passage. Narcissa était une beauté froide. La Perfection. Elle était ce vers quoi devait tendre Emeraude. Lucius lui répétait toujours de prendre exemple sur sa mère, qu'elle ne lui arriverait jamais à la cheville... Narcissa n'osait pas demander à son mari de cesser ses remontrances. Elle aimait sa fille mais elle aimait aussi son mari à quoi s'ajoutait une certaine peur.

Tout le monde craignait Lucius, même sa famille. Il était instable, hargneux, violent, ambitieux et avait des idées étranges et arriérées. Sa fille ne lui ressemblait en rien. Drago, par contre, avait pour mission de lui ressembler.

Mais aux yeux d'Emeraude, il avait échoué. Son frère était doux. Il prenait soin d'elle, sa petite soeur de quelques mois sa cadette. Quand ils étaient petits, Drago lui racontait des histoires, jouaient avec elle à la poupée et lui brossait les cheveux. Mais elle avait disparu et ils avaient grandi séparé. Depuis leurs retrouvailles la semaine passée, ils n'avaient pas pu passé énormément de temps ensemble. Lucius en était la cause. Il faisait travailler sa fille du matin au soir, lui donnant des tâches inutiles ou que l'elfe de maison avait déjà effectué. Quant à Drago, il préférait ne pas rester près de son père et il était donc très souvent chez Blaise, son meilleur ami.

Emeraude Malefoy n'était pas malheureuse. Elle s'était faite à sa vie. Depuis une semaine, elle avait retrouvé son père mais également sa mère et son frère. Elle avait retrouvé la haine, le dégoût, la violence et la douleur mais également l'amour, l'espoir, les rires et la joie.

Emeraude se rallongea mais ne pu se rendormir. Son cerveau était en ébullition et elle se connaissait assez bien pour savoir que ce n'était plus la peine d'espérer s'endormir. Aussi elle alluma sa baguette d'un Lumos et entama la lecture de Femme, le sexe fort, un livre de Angela Woman, une sorcière et féministe américaine qu'Emeraude appréciait énormément et dont les idées plaisaient à la jeune blonde.


La dispute était violente et Narcissa se montrait déchainée, révoltée et rouge de colère. Sa tenue et son maquillage d'habitude si parfait ne l'était plus. La beauté froide avait fait place à une femme enragée et bouillonnante de colère.

-Elle ira à Poudlard !

-Sûrement pas ! Affirma le père de famille d'un ton ferme

-Je suis sa mère par Merlin ! Je t'ai laissé diriger sa vie, nos vies, jusqu'à présent mais s'en est assez ! Par Salazar, ce que je peux m'en vouloir! Je décide qu'elle ira à Poudlard, que tu le veuilles ou non.

L'incident avait débuté au petit-déjeuner, quand un hibou avait donné des petits coups de becs à la fenêtre. La lettre était adressée à Narcissa. Lucius s'était empressé de venir aux nouvelles et sa femme s'était résolue à lui parler de son désir de voir Emeraude aller à Poudlard pour sa dernière année.

La rentrée à Poudlard avait été maintenue. Les professeurs et quelques anciens élèves s'étaient assemblés pour restaurer le château. Les élèves de dernière année n'ayant pas pu passer leur diplôme, ils étaient invités à retourner un an à l'école de sorcellerie. Il était donc convenu que Drago y reparte. Celui-ci était d'ailleurs plus qu'heureux de ce départ quand il voyait l'état dans lequel était son père. Le problème était Emeraude. La jeune fille avait passé ses cinq premières années à Beauxbâtons et un précepteur privé lui avait fait l'école à domicile pour la sixième année. Suite à l'annonce de son retour, Narcissa avait contacté Minerva McGonagall, la nouvelle directrice de Poudlard pour s'enquérir d'une place pour sa fille. La réponse était arrivée le matin même et Lucius n'en était pas satisfait.

-Emeraude n'ira pas à Poudlard, récita calmement Lucius. Elle peut déjà s'estimer heureuse si je lui accorde le privilège d'un précepteur privé.

-Tu...Tu... Comment oses-tu ?! Narcissa fulminait de rage.

Il était très rare que Narcissa s'énerve et encore plus qu'elle élève la voix. A bien y réfléchir, c'était la première fois que Drago voyait sa mère dans cet état. Emeraude n'en menait pas large, assise en face de lui. Il lui donna un petit coup de pied sous la table pour capter son regard qu'elle avait décidé de fixer à son assiette depuis le début de la dispute. La jeune fille leva les yeux sur son frère qui lui adressa un léger sourire. Elle avait peur, cela se voyait dans ses prunelles grises. Drago n'avait pas réellement pu jouer un jour le rôle de grand frère. Il se souvenait de sa stupeur quand il avait découvert la disparition de sa petite soeur, puis la tristesse en apprenant qu'il ne la reverrait pas avant un long moment. Ces sentiments avaient vite fait place à la colère. Une colère sourde et froide envers son père qui avait chassé sa propre fille de sous son toit sous prétexte qu'elle était justement une fille. Drago avait honte de l'avouer, mais il avait ensuite de moins en moins pensé à sa soeur, puis n'y avait plus pensé du tout. Ils allaient la voir de temps en temps en France, mais c'était rare, et les souvenirs s'estompaient à chaque fois. Son retour était une bonne chose et il voulait qu'elle vienne à Poudlard. Il voulait passer du temps avec elle. Il voulait des souvenirs commun avec sa soeur. Il voulait tout simplement la connaître. Alors le jeune homme prit son courage à deux mains et, tout en fixant son père dans les yeux, il déclara d'une voix forte et assurée:

-Je veux qu'Emeraude vienne à Poudlard.

Les cris de sa mère cessèrent et les trois protagonistes de la pièce le fixèrent avec des yeux ronds. Lucius fut le plus rapide à se reprendre. Il regarda Emeraude et l'accusa de cette dispute.

-Ce n'est pas de sa faute père. Cessez de tout lui mettre sur le dos et prenez vos responsabilités.

L'adulte fixa son fils longtemps. C'était la première fois que Drago protestait contre son père. Jamais il n'avait osé lui répondre jusqu'à présent. La peur. C'est ce sentiment qui maintenait son fils sous son emprise, Lucius le savait. Mais sans baguette, sans son Maître, comment était-il censé maintenir cette peur? Il était impuissant. Lucius se leva lentement sans quitter le blond des yeux et enfin, quand il tourna le regard vers la porte il déclara d'un ton solennel:

-Faites comme vous voudrez. Après tout, je ne suis plus rien dans cette famille, dans ce monde. Nous le regretterons j'en suis persuadé, mais faites comme vous voudrez.

Il tourna les talons et quitta la pièce dans un silence mortifiant. Quand enfin il eut disparu derrière la porte, Drago rejeta l'air qu'il avait gardé dans ses poumons depuis sa prise de parole sans s'en apercevoir. Il était heureux. Il regarda sa mère et sa soeur qui étaient enlacées. Puis Emeraude lâcha sa mère et serra le blond dans ses bras en lui soufflant d'une voix où l'on sentait poindre l'émotion:

"Merci!"


La fin de la semaine passa à une vitesse ahurissante. Lucius était enfermé dans son bureau à longueur de journée. Il ne sortait que pour manger et n'adressait plus la parole à personne, sauf à Emeraude pour lui faire des reproches ou lui donner des ordres. Narcissa était heureuse pour ses enfants mais était inquiète pour son mari qu'elle ne reconnaissait plus. Drago et Emeraude, quant à eux, passaient leurs journées ensemble, à se remémorer des souvenirs communs et à apprendre à se connaître. Ainsi, Drago découvrit que sa soeur était plutôt douée au Quidditch en tant que poursuiveuse.

"Mais les français sont pourtant réputés pour être des billes au Quidditch !

-Je te rappelle que je suis anglaise, rétorqua Emeraude avec une moue prétentieuse. De plus, tous les français ne sont pas nuls, il s'agit d'un stéréotype. Je connais quelques personnes qui sont vraiment doués !"

Leurs parties de Quidditch étaient entrecoupées par des cours de potion. En effet, le jeune blond aidait l'adolescente dans cette matière où elle avait de grandes difficultés. En contrepartie, la jeune fille donna quelques cours de français à son frère. Selon lui, c'était des chances supplémentaires pour faire craquer les filles même si Drago le savait, il n'avait pas besoin de chance pour avoir une fille.

Le 1er septembre arriva trop rapidement.

Alors, qu'avez-vous pensé du chapitre ? D'Emeraude ? Du méchant Lucius? Au prochain chapitre, Blaise et les Serpentard seront présent, ainsi que Hermione. Une petite review ?