Titre :Such a pretty boy

Auteur : Ju' (j'espère que vous avez remarqué que maintenant nous étions deux sur ce compte, donc faut bien regarder qui est l'auteur !)

Résumé : [J'avais dix-huit ans et je venais de vendre mon corps pour la première fois.

Rating : M !

Disclaimer : Voilà, en fait je vais vous confier un secret. JK Rowling est morte. Plus précisèment, je l'ai assassinée, puis scalpée. Vous comprenez, pour mon polynectar, il me fallait ses cheveux ... Come ça, je serais à vie la VRAI auteur de cette saga grandissime ... Ahhh je m'aime (et comptez sur moi pour faire une suite au tome 7 dans laquelle un certain brun laissera tomber une certaine rousse pour ce jeter sur un certain blond ... TT)

Note de l'auteur : Cette histoire n'est pas terminée, même si j'ai un chapitre ou deux d'avance. J'ai globalement l'histoire en tête, mais je pense qu'elle va encore évolué au fil du temps .. Je ne posterai donc pas régulièrement du tout, je m'en excuse à l'avance ! En tout cas ... Enjoy !

Such a pretty boy

Je sens son regard vicieux et appréciateur glisser sur mon corps alors que je tente de ne pas frissonner et de soutenir vaillamment son regard plein de désir lorsque celui-ci remonte vers mon visage. Cet homme n'est pas trop moche, même si je ne le qualifierais pas vraiment de beau. Il est, comme la plupart des gens, plus grand que moi et je suis obligé une fois de plus de lever les yeux pour rencontrer les siens. Ses cheveux courts et bruns sont coupés en brosse et son visage est plutôt quelconque, si on exclut un nez un peu trop proéminent. Il porte un tee-shirt blanc assez près du corps qui en dévoile assez pour savoir que son torse est bien musclé. Je n'aime pas trop l'expression de son visage mais je n'ai pas le droit de faire le difficile aujourd'hui, il faut absolument que je paie mon loyer demain et je crois que je ne trouverai personne d'autre ce soir. Il me tend la main en une invite silencieuse et je monte dans sa voiture de sport rouge sans plus de cérémonie.

Il ne m'adresse pas la parole alors qu'il nous conduit vers l'hôtel qu'il a choisi et je me perds dans l'observation du paysage en me demandant encore une fois comment j'ai pu en arriver là.

Mes parents sont décédés dans un accident de voiture avant que j'ai pu les connaître, je devais avoir un an, peut-être un peu plus. J'ai alors été placé dans la seule famille qu'il me restait, échappant je ne sais comment à un orphelinat miteux, même si je ne suis toujours pas convaincu que mon enfance aurait pu être pire là-dedans que chez mon oncle. Ce-dernier était un honnête homme qui ne m'aimait guère car il cultivait une rancœur contre ma mère qui avait refusé de l'épouser plusieurs années plus tôt, ce qui explique son mariage par dépit avec sa sœur aînée. Celle-ci ne me témoignait aucune affection un peu pour la même raison, par jalousie et leur fils unique et chéri, un géant gras et débile, ne comprenait pas que mon rôle n'était pas de lui servir de punching-ball personnel et permanent.

Heureusement, à l'époque, ils m'avaient inscrit dans une école publique assez minable mais dans laquelle je me plaisais un peu, car je pouvais ainsi quitter cette maison que j'exécrais. Bien entendu, tout n'était pas rose. J'avais d'excellents notes, les meilleures même, et cela m'attira naturellement la préférence des professeurs. Seulement, pour la même raison, tous mes camarades m'en voulaient atrocement, et il n'était pas rare que je me fasse frapper, tout simplement car ils étaient jaloux et stupides. Mais ma vie empira réellement quand une rumeur à propos de mon orientation sexuelle se répandit dans l'établissement, j'étais une pédale, un pervers, un vicieux, un dégénéré ou encore une erreur de la nature et il ne se passait pas une journée sans que quelqu'un ne se fasse un plaisir de me le rappeler. Je n'avais pas d'ami, j'étais absolument seul et même si ces insultes me blessaient, je n'en ai jamais laissé rien paraître. Question de fierté, ils n'étaient que des crétins.

Le problème est que le directeur en entendit parler. Cependant, il ne réagit pas comme on pourrait l'attendre d'un responsable d'établissement scolaire. Non, lui il me fit des avances grotesques, perverses et répugnantes que je m'empressais évidemment de rejeter. Malheureusement, cela ne plut pas à ce vieux dégueulasse qui finit par me virer, sous un prétexte purement idiot. L'enfoiré.

J'avais seize ans à cette époque et mes tuteurs n'ont pas jugé nécessaire de m'inscrire autre part, puisque ce n'était plus obligatoire, et je n'avais pas assez d'argent pour le faire moi-même, d'autant plus que je n'étais pas majeur. Aujourd'hui encore, j'aimerais reprendre des études pour avoir un diplôme mais je ne suis toujours pas assez riche.

La suite s'est assez vite enchaînée. Je suis resté là-bas encore deux ans puis ils se sont fait une joie de me mettre à la porte le jour-même de mon anniversaire, pour mes dix-huit ans. Je me suis donc retrouvé à la rue avec le maigre pécule que j'avais réussi à amasser grâce à quelques petits jobs et quelques vieilles fripes immondes. Joie.

J'ai tout de suite pris un train pour la capitale, persuadé que ma vie serait plus facile dans cette métropole immense où chacun reste un parfait inconnu pour l'autre, puis j'ai dû me trouver un appartement très vite et après une semaine passée à dormir sous les ponts, j'ai déniché une chambre de bonne ridiculement petite au dernier étage d'un immeuble minable dans un quartier assez mal fréquenté. Mais, avec le peu que j'avais en poche, c'est tout ce que je pouvais espérer. De plus, je dus payer un mois d'avance et je me retrouvais presque sans rien pour manger. J'ai donc rapidement noué quelques liens un peu partout et je gagnais de l'argent grâce à plusieurs petits boulots, tous assez ingrats. Car, évidemment, à cause de mon manque de diplôme et d'éducation, je ne pouvais pas accéder à de plus hautes tâches mieux rémunérées. C'était injuste car je continuais à apprendre à travers les livres de cours que j'achetais, mais aucun papier officiel ne pouvait l'attester.

Je vécus ainsi pendant quelques mois, mais c'est alors que j'eus de nouvelles emmerdes, comme si les miennes ne me suffisaient pas déjà. J'ai travaillé pour un personnage influent de Londres, un éminent avocat, Tom Jedusor, surnommé Voldemort en raison de son absence de compassion pour le camp adverse lorsqu'il est à la barre. Il est considéré comme l'un des meilleurs dans son métier, un homme redoutable. Ce que j'effectuais chez lui était simple, je devais trier des centaines d'énormes dossiers en les rangeant par ordre alphabétique et j'avais pour cela deux semaines. Seulement voilà, cet homme charmant trouva mon corps à son goût et me harcela sexuellement. Il n'y a pas d'autres mots. C'était la même chose qu'avec mon ancien directeur, il trouvait mes mensurations plaisantes alors, en vertu de son statut hiérarchique, je devais succomber à ses charmes inexistants. Mais, une fois de plus, je ne me laissais pas faire et lorsque ma tâche fut terminée, je quittais son bureau le plus vite possible. Malheureusement pour moi, ce cher Tom était très tenace et, vexé d'avoir été ainsi rejeté, il s'arrangea pour que personne dans cette ville n'accepte de me prendre comme employé, colportant d'infâmes rumeurs sur mon compte et allant jusqu'à payer les gens en dépensant beaucoup d'argent pour cela ou même à les menacer.

C'est ainsi que je me retrouvais une fois de plus sans travail et, pire que tout, dans l'incapacité d'en avoir un et donc, sans argent. Cependant, je devais payer mon loyer et lorsque j'eus donné le montant pour le mois, je me rappelle avoir été obligé de jeûner pendant trois jours entiers.

Ce jeûne s'est terminé un soir de décembre, un vendredi treize, par ironie du sort. Chance ou malchance ? Je ne le sais toujours pas…

Je rentrais chez moi à pied, frigorifié dans mon petit blouson noir trop fin et mon jean troué et délavé quand un homme d'une quarantaine d'année mais tout de même séduisant m'aborda. Je m'en rappelle comme si c'était hier. Il me demanda tout d'abord si je me sentais bien, car il me trouvait affreusement pâle, et mes lèvres étaient bleues et tremblantes. A ma réponse affirmative, il sourit doucement et m'invita à boire un café dans un bar tout près. La suite est assez floue dans ma mémoire. La sensation merveilleuse du liquide chaud qui traverse mon corps, notre conversation agréable sous les lumières feutrées de la pièce, sa main qui se pose sur ma cuisse, son visage qui se rapproche dangereusement du mien, un hôtel, une nuit de passion et quelques billets sur mon oreiller lorsque je me réveillais le matin, seul.

J'avais dix-huit ans et je venais de vendre mon corps pour la première fois.

Cet homme dont je ne connais toujours pas le nom fut par la suite le premier d'une longue liste. Jusqu'à celui de ce soir.

Revenu à l'instant présent, j'observe mon client à la dérobée, mais n'arrive pas à lire une quelconque émotion sur son visage fermé. C'est étrange, mais j'ai un mauvais pressentiment, et son silence ne fait qu'ajouter à mon malaise.
Jusqu'à présent, je n'ai jamais eu réellement d'ennui. En fait, je ne fais appel à ces hommes que le moins souvent possible, quand j'ai de réels problèmes pécuniaires. J'arrive à tenir en moyenne une semaine avec un paiement, sauf la première du mois, quand tombe le loyer.

Il se gare sur le parking d'un petit motel loin du centre et, toujours sans prononcer une seule parole, m'invite à le suivre. Je m'exécute donc docilement car, après tout, le client est roi.

En quittant la chaleur rassurante de l'automobile, je ne peux m'empêcher de serrer mes bras autour de mon corps, frigorifié dans mon petit jean taille-basse moulant et ma fine veste noire, la même depuis des années. En dessous, je ne porte qu'un tee-shirt vert assorti à mes yeux dévoilant le bas de mon ventre et l'élastique de mon boxer noir. J'ai depuis longtemps troqué mes horribles lunettes contre des lentilles de contact hors de prix, mais bien plus pratiques et agréables. Et puis, je sais que mes yeux plaisent aux gens, alors j'en profite pour les mettre en valeur et ainsi attraper plus facilement les clients.

Il réserve une chambre rapidement et, après avoir pris les clefs, il se dirige vers un couloir sombre dans lequel je lui emboîte le pas, sentant le regard appréciateur de quelques personnes que nous croisons dériver vers mon postérieur. Ce motel a un côté glauque que je n'apprécie pas du tout, mais je rassemble tout mon courage et le suis à l'intérieur de la chambre. Il ferme la porte derrière moi et j'ai ainsi le temps d'observer la pièce. Celle-ci est tout ce qu'il y a de plus simple : un lit double trône dans le fond, sous une fenêtre étroite et sans rideau, il n'y a pas de table de nuit mais une commode cache presque entièrement le mur de droite. A gauche se trouve une porte qui doit mener vers une salle de bain, assez rudimentaire si on en juge par le standing du lieu.

J'enlève ma veste et la suspend sur le crochet prévu à cet effet derrière l'entrée. J'affiche un air sûr de moi et un calme que je suis loin de ressentir et fait face à l'homme, tendant une main quémandeuse. Il me donne une liasse de billets que je range soigneusement dans ma poche, toujours en silence. Je préfère être payé avant, j'ai ainsi la certitude de ne pas me faire avoir comme un bleu.

Je le regarde dans les yeux pour savoir ce qu'il attend de moi et, en souriant doucement, il m'ôte mon tee-shirt en me dirigeant lentement vers le lit. Je souris à mon tour, maintenant, je suis dans mon élément. Afin de ne pas rester inactif, je lui enlève son haut et commence à redessiner son torse des doigts, cherchant dès à présent ses zones érogènes, y mêlant bientôt ma bouche puis ma langue, tout en frottant mes hanches contre les siennes. Il semble apprécier ce doux traitement car il appuie sur ma tête, m'invitant à continuer ma tâche plus bas. Je le déshabille complètement en quelques mouvements et l'allonge sur les draps, attisant de plus en plus son désir par des attouchements ciblés et experts. Je me suis longuement documenté pour être capable d'offrir de parfaites préliminaires à mes partenaires, et je suis assez fier du résultat que j'ai obtenu.

Harry Potter, dieu du sexe, beau et modeste, pour vous servir.

Je place mon visage au niveau de son aine et commence à lécher son sexe, doucement, de haut en bas, récompensé par les soupirs de plus en plus rapides qui s'échappent de ses lèvres. Puis, d'un seul coup, sans le prévenir, je le prends entièrement en bouche et débute un va et vient langoureux, suçant et jouant de ma langue en même temps. Ses soupirs deviennent vite des gémissements et il en demande plus. Cependant, je stoppe mon activité avant qu'il ne jouisse, sous ses grognements de frustration mécontents.

Je remonte le long de son corps et vient frotter mes fesses contre son désir, pour bien lui faire comprendre que les festivités ne font que commencer.

C'est alors que je vois passer une expression sur son visage que je n'ai pas le temps de saisir, mais qui fait revenir mon mauvais pressentiment en flèche. Il me retourne violemment sur le ventre d'un geste habile et rapide, se retrouvant assis dans le bas de mon dos.

« Maintenant, c'est à mon tour de jouer… »

J'ai à peine le temps de comprendre le sens de ses paroles qu'il me pénètre sans préparation d'un grand coup de rein, en maintenant fortement ma tête enfoncée dans les draps, de manière à étouffer mon cri de douleur. Je me sens écartelé et déchiré de l'intérieur alors que lui prend son pied au dessus de moi, inconscient des larmes d'impuissance qui commencent à ruisseller le long de mes joues. Il est bien plus fort que moi et je suis obligé de rester ainsi, bougeant le moins possible pour ne pas avoir plus mal jusqu'à ce que ce salaud se vide les couilles à l'intérieur de mon corps, mêlant son sperme à mon sang. Cet enfoiré n'a même pas mis de capote.

Il se retire après ce qui semble être des heures et, tout en se rhabillant rapidement, se penche à mon oreille, et les quelques mots qu'ils prononcent ainsi que son souffle sur moi me font violemment frissonner.

« Merci pour ce moment vraiment exquis, ma petite pute. »

Puis il quitte la chambre en claquant la porte, me laissant nu et endolori au milieu de ce grand lit froid, avec la lune pour seule témoin de mes larmes amères.

Je reste prostré, dans la même position pendant de longues minutes, ou bien sont-ce des heures, jusqu'à ce que le sommeil m'emporte dans un univers bien plus doux, ou des sales types comme lui ne violent pas les pauvres mecs comme moi.

Lorsque je me réveille au petit matin, je mets quelques instants à me rappeler où je me trouve et pourquoi j'ai si mal à l'anus. Puis la nuit dernière me revient en mémoire et je ne peux empêcher un sourire désabusé de s'étirer sur mes lèvres. Je tente de me mettre en position assise mais une vive douleur m'en dissuade et je me dirige donc vers la salle de bain, avec la démarche d'un vieillard arthrosique. Beau spectacle, vraiment.

Dans le miroir, je peux apercevoir les traces de sang séché qui ont dégouliné sur mes cuisses et je décide de prendre une douche, une bien chaude, afin de me laver et de me relaxer.

Une heure plus tard, enfin habillé, j'attrape les clefs et me dirige vers l'accueil afin de les rendre. C'est alors que la réceptionniste m'annonce avec un sourire hypocrite que la chambre n'a pas encore été réglée. Résigné, je sors deux billets de ma liasse toute neuve et les lui tend, avant de me rendre compte qu'il en faut un troisième, car bien sûr, tout ici est hors de prix. Et, histoire d'embellir ma journée, elle m'annonce que le métro ne passe pas dans le quartier et que je vais être obligé d'appeler un taxi, mais que dans son immense mansuétude, elle peut le faire pour moi. J'acquiesce mais une soudaine envie de pleurer me prend à la gorge. Le taxi est le moyen de transport le plus cher de la capitale, et une fois que je l'aurai payé, il me restera juste assez pour mon loyer. Je ne sais pas comment je vais faire pour manger, car il est hors de question que je reprenne un client avant au moins deux semaines, il pourrait rouvrir les blessures, et ça ferait trop mal. Et puis j'ai peur aussi, je ne veux pas retomber sur un mec comme je viens d'avoir, contre lequel je n'ai même pas réussi à me défendre et contre qui je ne peux même pas porter plainte, car il faudrait que j'avoue pourquoi je me trouvais avec lui alors que la prostitution est sévèrement punie par la loi.
Je rentre chez moi la mort dans l'âme et mon malaise ne fait que s'accentuer quand je pose les yeux sur cette pièce lugubre et froide. Il y a des jours, comme ça, où je me demande pourquoi je m'obstine à rester en vie, le pire étant que je trouve rarement une réponse.

XXXXXX

Deux jours. Deux jours que je n'ai rien avalé et je commence à me demander si je ne vais pas réellement crever de faim, seul et méprisé de tous. On retrouverait mon corps au bout d'un mois, quand la logeuse s'inquiéterait pour son loyer, ou peut-être un peu avant à cause de l'odeur, et puis il y aurait un petit mot dans le journal dans la rubrique nécrologie ou dans celle des faits divers, ou peut-être dans les deux si je suis chanceux et, faute d'argent pour l'incinération que j'aurais désirée, on jetterait mon corps en putréfaction dans une fosse commune et, de toute façon, qui viendrait pleurer sur ma tombe ? Je ne suis rien, pour personne, et cette constatation est la plus horrible qui soit.

C'est dans cet état d'esprit pour le moins négatif que je décide de sortir pour essayer de me changer les idées, devenant franchement claustrophobe dans cette piaule que j'abhorre. J'attrape ma veste chérie qui sera aujourd'hui suffisante puisque la température est assez élevée pour un mois de septembre, et sort. Je me fiche de l'endroit où je vais, il faut juste que je respire, que je vive. Je quitte mon quartier pour me diriger vers les lieux plus touristiques, plus animés, où il y a toujours de l'ambiance, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Je passe devant des boulangeries dont le doux fumet me donne des crampes d'estomac, mais je n'ai même pas emporté quelques cents pour pouvoir m'acheter une quelconque confiserie. C'est une torture horrible. Je déambule ainsi pendant un temps qui me semble délicieusement infini et je respire l'air vicié comme s'il était le plus pur qui soit. Je suis bien, malgré le trou béant que je ressens au niveau du ventre.

J'arrive, je ne sais par quel miracle, à trouver une discothèque dont l'entrée est gratuite et m'y engouffre, souhaitant juste oublier ma misère pour quelques instants. Je pose ma veste dans un coin sans m'inquiéter, elle est tellement petite et rapiécée que je sais que personne ne songera à la voler.

Je me dirige ensuite vers la piste de danse où une multitude d'hommes et de femmes se trémoussent d'une façon qu'ils croient sensuelle, dans une tentative de séduction vaine et désespérée, même si j'admets que certains sont plutôt attirants. Je fends la foule et trouve rapidement ma place au milieu de tous ces danseurs. La musique est mauvaise, mais je m'en fous, je danse et j'adore ça. Je sens un mec se coller derrière mon dos et je me lâche, je rejette la tête vers l'arrière et me déhanche contre lui dans l'unique but avoué de le chauffer, souriant joyeusement quand je le sens réagir. Je crois que je suis tombé sur une boîte gay. Yes !

Je ne cherche pas quelqu'un, je ne fais que m'amuser. De toute façon, je ne veux pas de relation sérieuse. En fait, je n'en veux plus. Ma vie sentimentale est comme tout le reste en ce qui me concerne, une immense blague doublée d'une malchance chronique. Une mauvaise fée a dû se pencher un peu trop sur mon berceau, à mon avis, il n'y a pas d'autre explication possible.

J'ai connu mon premier petit ami à l'age de quatorze ans, alors que je découvrais tout juste ma sexualité. Il s'appelait Colin, je crois. Colin Crivey. Notre relation a été très courte car ce n'était qu'une expérience pour tous les deux, comme celles que l'on a durant l'adolescence, celles qui ne laissent derrière elles que de vagues souvenirs de jeunesse. J'ai voleté ainsi de droite à gauche pendant plusieurs années, ne dépassant guère le stade du baiser et des quelques attouchements que je qualifierais de « gentils ».

Dans toutes les histoires que j'ai vécu par la suite, celles où j'étais vraiment amoureux, je me suis toujours fait baiser, et cela dans tous les sens du terme. Aucun de mes ex ne m'a aimé comme j'aurais aimé l'être, pour eux je n'étais qu'un morceau de viande que l'on prend, que l'on retourne et que l'on jette. La chute est douloureuse et laisse de vilaines traces, mais les premières fois on se relève vaillamment, on se dit que c'était un accident, qu'on ne se laissera plus avoir. Jusqu'au jour où nos forces nous quittent définitivement et qu'on reste étendu sur le sol, vidé et déchu.

Le seul qui m'a aimé m'a mal aimé, et j'ai bien cru qu'il allait me tuer le jour où j'ai décidé de le quitter. Il s'appelait Blaise Zabini, il était grand, ses cheveux bruns, longs et bouclés tombaient en cascade sur ses épaules larges, ses yeux bleus et son sourire magnifique illuminaient facilement une pièce à eux tout seul. Il était beau et bronzé grâce à ses origines italiennes. Je l'ai rencontré en effectuant un petit boulot car il était mon supérieur direct. Nous avons passé deux mois idylliques ensemble, je me sentais bien dans ses bras et ne m'ennuyais jamais à ses côtés. Il était drôle, intelligent et nous étions en parfaite symbiose, aussi bien de cœur que de corps. Seulement, il était maladivement jaloux et il devenait fou dès qu'un inconnu me frôlait les fesses ou me reluquait d'un peu trop près, ce qui arrivait assez souvent. Il était devenu complètement paranoïaque, persuadé que je le trompais avec au moins la moitié de la ville. Je l'aimais, alors aussi pénibles soient-elles, je me forçais à supporter ses crises.

Jusqu'au jour où il commença à me frapper.

Je suis resté dans cette relation autodestructrice pendant encore un peu de temps, mais je savais que ça ne pouvait plus durer. Alors je l'ai quitté. Il est entré dans une rage effrayante ce jour-là, m'ordonnant de lui donner le nom d'un amant que je n'avais pas, puis m'a supplié à genou et en pleurant de ne pas l'abandonner. J'avais mal au cœur, mais je devais partir, pour ne pas souffrir davantage. Avec le recul, je ne lui en veux plus, il n'était qu'un type malheureux et malade que je n'ai pas réussi à guérir.

Finalement, maintenant, fort de mes précédentes expériences, je refuse de retomber amoureux. Ce sentiment ne m'a toujours amené que de la douleur, et je crois que j'en ai eu assez pour plusieurs vies.

Ce soir, je désire juste m'amuser. Je danse pendant des heures, me laissant gagner par l'euphorie du lieu, changeant souvent de partenaires, allant même jusqu'à embrasser les plus entreprenants. Je suis libre et j'aime ça.
Quand je quitte cet endroit, le soleil est déjà levé et il ne doit pas être loin de six heures du matin. Je souris gaiement car je n'ai pas vu le temps passé et j'ai pris mon pied comme ça ne m'était pas arrivé depuis trop longtemps. Je crois que je reviendrai.

Cependant, mon estomac que j'avais réussi à oublier se rappelle douloureusement à moi et la fatigue m'accable d'un seul coup, une fois l'adrénaline retombée. Je titube légèrement comme une personne ivre et je sens le paysage tourner autour de moi. J'entends les gens marcher sur le trottoir sans toutefois les voir et, alors que j'aimerais demander de l'aide, aucun son ne sort de ma gorge. J'ai dépassé ma limite. Je vacille dangereusement en essayant d'avancer et, en tentant de me retenir à un mur, je glisse et tombe en avant, lentement, comme au ralenti. J'attends un choc qui ne vient pas et sens deux bras encerclé ma taille. Un sourire reconnaissant destiné à la personne qui vient de me sauver se dessine sur mes lèvres, puis je ferme définitivement les yeux et sombre dans l'inconscience.

XXXXXX

Je me réveille dans un lit inconnu pour la deuxième fois en une semaine, même si je me sens beaucoup plus en sécurité dans celui-ci, sans toutefois savoir pourquoi. Je tente de me rappeler ce qui s'est passé et me souviens de ma crise d'hypoglycémie, puisque je suppose que c'est ce que j'ai eu, le manque de nourriture n'aidant pas. L'image de la personne qui m'a rattrapé me revient subitement en mémoire et je me demande finalement si je ne suis pas mort car, soyons réalistes, les anges n'existent pas. Pourtant, le visage que j'ai aperçu ne peut décemment pas être humain : de longs cheveux blonds lisses aux reflets dorés encadrant un visage fin et racé, au milieu duquel se trouve un nez parfait, ni trop grand ni trop petit, une bouche purpurine et délicatement ourlée dévoilant une rangée de dents blanches parfaitement alignées, et des yeux que je ne saurais décrire. Gris, bleus, ou probablement un savant mélange des deux, d'une couleur unique mais magnifique et soulignés d'un mince trait noir qui n'est là que pour sublimer l'ensemble du visage.

J'ai dû rêver. Mais dans ce cas, où suis-je ?

Je me redresse lentement, peu sûr de mes forces et je me rend compte avec une certaine résignation que je meure toujours de faim. Malheureusement, je me vois mal dévaliser la cuisine de mon hôte inconnu sans paraître quelque peu impoli. Cruel dilemme que voici.
Je commence tout de même par examiner la pièce dans laquelle je me trouve avant de monter n'importe quel plan rocambolesque. Celle-ci est assez spacieuse et très lumineuse, mêlant les tons vert et argent en une harmonie que je n'aurais pas crue possible entre ces deux couleurs. Moderne sans toutefois être oppressante, je comprends mieux à présent mon sentiment de sécurité. Néanmoins, le manque d'affaires personnelles me surprend, on pourrait s'attendre à trouver quelques vêtements, ou des cardes remplis de photos dans ce genre de chambre, mais apparemment il n'y en a pas. En revanche, j'aperçois mes propres vêtements parfaitement pliés sur une chaise et c'est à cet instant que je me rends compte que je ne porte qu'un boxer. Cette constatation me fait un peu rougir mais je l'oublie vite, je n'ai jamais été très pudique.

J'envoie les couvertures au loin puis me lève doucement, avant de me diriger vers la porte close. Cependant, avant que j'ai le temps d'appuyer sur la poignée, celle-ci s'ouvre, permettant ainsi à mon hôte d'entrer. Mes yeux s'écarquillent alors que je le détaille ouvertement et je retourne m'asseoir sur le lit tel un automate. Mes jambes, ces traîtresses, viennent de m'abandonner.

« On dirait que vous venez de voir une apparition.
- Vous n'en êtes pas une ? »

Son rire grave et légèrement rauque résonne dans la pièce, donnant un peu plus de réalité à ce moment. Ce mec est trop beau pour être vrai.

« Vil flatteur. »

Il est magnifique. Et réel. Il ressemble définitivement à un ange mais il a en plus un petit sourire amusé et inquiet tout à fait craquant. Il porte une chemise banche un peu froissée dont les boutons du haut sont défaits et les manches relevées pour plus de confort. Sa cravate totalement desserrée lui confère un côté sexy et débraillé très … excitant.

« Vous allez mieux ?

- Je crois, oui. Merci beaucoup, vous avez sauvé mon visage d'une défiguration fatale. »

Petit rire à nouveau.
« Cela aurait été regrettable, en effet. »

Voilà, c'est ça, je suis toujours en plein rêve. Mais que personne ne vienne me réveiller surtout, je tiens à rester où je suis.

« Vous savez ce qu'il vous est arrivé ?

- Hum … Non, non. Certainement une petite défaillance. »

Son regard sceptique me scrute, me mettant mal à l'aise. En plus d'être beau, il m'a l'air rudement intelligent.

« Habillez-vous et venez, je nous ai préparé un petit déjeuner copieux. »

Je ne cherche même pas à refuser une première fois comme le veux habituellement la politesse ; je suis affamé, et je suis persuadé qu'il le sait. Je m'empresse d'enfiler mes vêtements et le suit, captant de mieux en mieux la douce odeur de la nourriture au fur et à mesure de notre avancée vers la cuisine. Je ne pense pas vraiment à regarder le décor qui m'entoure, je note juste distraitement que tout est très beau et bien assorti. Je m'installe sur la chaise qu'il me montre du doigt, puis il pose sur la table des croissants, des petits pains au chocolat, du café, du chocolat chaud, ou tout ce qui peut composer un bon petit-déjeuner à la française ; et je crois que mes yeux brillent d'une reconnaissance sans borne.
« Je ne savais pas ce que vous aimiez …

- C'est parfait. »

Je tente de garder une certaine dignité et de ne pas engloutir tout ce qu'il me passe par la main comme si je voulais battre un record du monde de vitesse, mais j'avoue que l'effort demandé est dur. J'ai faim, putain, je meure de faim.

« Oh ! J'y pense, je ne me suis même pas présenté. Je m'appelle Draco. Draco Malfoy.»

Il me tend une main que je m'empresse de serrer par dessus nos assiettes respectives. Il a un peu de chocolat sur le doigt et je me demande si j'ai le droit de lécher …

« Draco Malfoy ? Le vrai ? Le plus jeune et le plus talentueux avocat de Londres ? Celui qui a gagné le procès contre Voldemort il y a deux semaines en défendant un jeune ouvrier ? »

Il sourit devant mon air ébahi et impressionné.

« Je ne suis pas sûr d'être digne de ces qualificatifs, mais c'est bien moi. Je suis d'ailleurs très content pour mon client, Ronald Weasley qui a, comme vous le savez probablement, pu gagner une somme d'argent non négligeable, vu son besoin. De plus, j'en tire une immense satisfaction personnelle puisque je n'ai jamais pu supporter cet homme.

- Vraiment ? Moi non plus, je ne l'aime pas trop.

- Pourquoi cela ?

- Une vague rancune personnelle, sans grande importance.
- Et vous êtes …?

- Harry Evans. Je n'ai pas vraiment de travail stable, je me contente de petits boulots de droite à gauche pour subvenir à mes besoins. »

Je ne peux pas lui avouer ma vraie identité, j'ai trop honte des rumeurs qu'a colporté l'autre pourri, même si elles ne sont pas fondées. Je suis bien conscient que mon nom est connu partout en ville maintenant, je sens le regard désapprobateur des gens dès que je le prononce, persuadés qu'ils sont que je suis une racaille de la pire espèce. Mais ce n'est qu'un petit mensonge, Evans est le nom de jeune fille de ma mère, c'est celui dont je me sers toujours dès que je désire cacher le mien. Et pour mon travail, je me vois mal lui dire que je suis une pute, ça ferait mauvais genre.

« Je sais que je me répète, mais je voudrais vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi sans me connaître : me rattraper pour ne pas que je me fracasse le crâne, m'allonger dans votre lit en prenant soin de moi, me nourrir en m'offrant un petit déjeuner excellent … C'est beaucoup trop.

- Ce n'est rien, je vous assure, je n'allais tout de même pas vous laisser ainsi dans la rue. »

Je n'insiste pas et il change rapidement de sujet. Il ne dit rien non plus en me voyant manger comme quatre et, alors que la faim me quitte définitivement, nous discutons pendant un temps qui me semble infini, moi en tailleur sur ma chaise alors que lui croise simplement ses longues jambes, sirotant tranquillement notre café. Il est agréable, cultivé, intelligent, drôle et toujours terriblement attirant. J'en viens même à me demander si ce mec a des défauts, c'est hallucinant. Depuis plusieurs heures que nous sommes ensemble, mis à part une légère misanthropie, je n'en ai pas encore trouver un seul.

Je n'ai jamais cru au coup de foudre, et j'ai depuis longtemps abandonné mes rêves romantiques, mais je sens qu'avec lui, tout est différent. Nous sommes en parfaite osmose et je sais qu'il ne manque pas grand chose pour que je tombe amoureux. En une seule journée, cela peut paraître surprenant, mais je suis complètement sous le charme.

Je sais qu'il a beaucoup de travail et je ne voudrais pas passer pour un squatteur, alors même si je n'en ai pas envie, je décide de partir. Je n'arrive pas à décrypter l'expression de son visage quand je le lui annonce mais j'ai l'impression qu'il est un peu déçu. Je crois que je suis en train de prendre mes rêves pour la réalité, là.

Sur le seuil de son appartement, je garde sa main dans la mienne un peu plus longtemps que nécessaire.

« Comment vous remercier ? »

Il frôle ma joue d'une caresse aérienne, avec sa main gauche, tout en ancrant ses yeux aux miens et je ne peux m'empêcher de frissonner.

« Prends soin de toi. »

Je ne sais pas si c'est le tutoiement soudain, ou l'intonation douce de sa voix, ou ses yeux si sérieux mais, pris d'une impulsion soudaine, je me mets sur la pointe des pieds et pose mes lèvres sur les siennes, doucement. Elles sont légèrement charnues mais soyeuses au toucher et je crois que je pourrais les embrasser toute ma vie.

Je murmure un « toi aussi » tout contre lui puis me détourne et, sans un regard en arrière, je quitte son couloir, son immeuble et son quartier.

Sur le chemin, je sens un pincement douloureux prendre place au niveau de ma poitrine, vers la gauche. Un son étrange, entre le rire et le sanglot, s'échappe de mes lèvres ; je suis foutu. Je suis amoureux.

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