Mensonge psychotique
Résumé :
« La magie n'existe pas Harry, tout est dans ta tête et Tom Jedusor souffre de la même psychose que toi. C'est pourquoi il est convaincu d'avoir tué tes parents. Et votre psychose commune te pousse à croire tout ce que, lui, pense être vrai. C'est un lien spécial qui vous unis. »
Dans un monde où la magie n'existe pas, Poudlard est un asile immense pour ceux dont la psyché est détraquée. Dans cet asile, quelques personnes souffrant de la même psychose se livrent des duels convaincus d'être des sorciers, et tous ceux qui ont un jour guéris sont prétendument morts. Mais les médecins et aides soignants savent qu'ils ont simplement quittés l'asile, abandonnant tout de leur passé derrière eux.
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Chapitre 1 : Le garçon qui croyait être un sorcier
Les murs de la chambre étaient faits de pierres très anciennes, dont aucune tenture ne dissimulait les couleurs ternes, tandis que leur disposition harmonieuse ne suffisait pas à les embellir tant elles avaient été taillées grossièrement. Aucun objet, pas même un vêtement ou de la poussière, n'encombrait le sol dont les dalles étaient aussi vielles que les murs. Un lit, une armoire, un bureau et une chaise : c'était là le seul mobilier, le seul aménagement et la seule décoration du lieu si on considérait le terme " décoration " dans son sens le plus large. Il fallait savoir que les autres chambres de Poudlard ne ressemblaient pas à celle-ci, pour envisager toute l'étendue de sa particularité. Ce lieu aurait pût paraître vide pour tous ceux qui aimaient les endroits très aménagés, comme c'était le cas d'Albus Dumbledore qui eut le sentiment de pénétrer dans un septuaire interdit aux vivants, un lieu de culte laissé à l'unique usage des morts.
Le vieil homme observa le jeune homme qui était assis dans un coin de la pièce, et tout en faisant pour lui même l'inventaire de tout ce qui avait changé dans l'allure du patient, il essaya une nouvelle fois de percer le mystère que représentait une telle psyché. Le vieil homme avait accueillit un très grand nombre de patients depuis qu'il dirigeait cet asile, mais jamais il n'avait été autant désarmé qu'en face de Tom Jedusor. Après qu'il eut finit son inventaire, Albus en vint à la conclusion que le jeune homme n'avait pas une allure aussi misérable la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Ses cheveux noirs de jais étaient éparpillés autour de son crâne, et bien que son patient n'avait pas l'air négligé pour autant, Albus savait que Tom ne s'était pas coiffé depuis plusieurs jours. D'habitude on ne voyait aucune mèche de cheveux tombée devant ses yeux. Très souvent sa chevelure formait un bloc solide maculé de gèle sur son crâne. Ses yeux habituellement noirs liquides, en tout point semblable à des ténèbres opalescents, avaient perdus leurs éclats, devenant seulement obscurité. Mais le pire était son visage presque dénué de couleur. Son teint, plus accoutumé aux nuances roses et beiges, paraissait blafard. Albus Dumbledore alla s'asseoir en face du jeune homme, dont le regard restait fixement rivé sur le plafond. Ses bras étaient ballants, ses jambes étaient à moitié étalées devant lui en formant des courbes irrégulières, et seul son poitrail semblait animé d'une quelconque vie lorsque sa poitrine se soulevait au rythme d'une lente respiration.
- Tom... pourquoi as-tu raconté à Harry que tu as tué son père ? Pourquoi lui avoir dit une telle chose ?
- Parce que c'est le cas, répondit le jeune homme d'une voix monotone, en haussant les épaules.
- Voyons Tom, James est mort d'une simple crise cardiaque. Que ça lui soit arrivé aussi jeune est étonnant, certes…
- C'est de la magie, professeur, l'interrompit son patient.
Pour la première fois depuis le début de leur conversation, le jeune homme avait cessé de fixer le plafond. Et même si son regard était vide et qu'il scrutait un point vague que lui seul voyait, Albus fut rassuré de ce semblant de vie.
- Non Tom, répliqua le vieil homme d'une voix douce. James souffrait depuis toujours de problèmes cardiaques. C'est simplement la nature qui est à l'œuvre, aussi cruelle soit-elle, et non une quelconque magie.
Tom Jedusor baissa la tête et la fit remuer de droite à gauche. Ses bras étaient toujours ballants, comme des membres inarticulés tombant de chaque côté de son corps. Des membres qui semblaient ne posséder aucun muscle. Lorsque Tom releva la tête, Albus vit ses lèvres former un sourire désabusé et les yeux du jeune homme étaient enfin expressifs. Mais pas de la bonne façon. Pas comme l'espérait le directeur de l'asile.
- Vous faites erreur, professeur, mes pouvoirs sont si puissants que je peux tuer quelqu'un seulement parce que je le veux. J'ai voulu sa mort, j'y ai pensé si fort que ma magie s'est mis en œuvre de me satisfaire. James Potter n'était pas assez fort pour me contrer. Personne n'est assez fort, excepté vous, professeur.
- Donc tu es convaincus d'être un meurtrier ?
Tom avait cessé de sourire et il répondit avec une froide détermination :
- Je le suis, oui… un monstre qui peut facilement détruire les vies de n'importe qui.
Albus Dumbledore se leva et s'approcha de son patient, qui le regarda s'avancer sans avoir l'air d'éprouver un quelconque sentiment, si ce n'est peut-être un immense vide capable de dévorer la moindre émotion qui tenterait de faire surface. Albus Dumbledore connaissait ce manque d'expressivité par cœur. Et ça depuis le jour où on lui avait confié la garde de Tom Jedusor, quand le garçon n'avait alors que douze ans. Aujourd'hui l'enfant avait bien grandit et c'était un homme jeune, âgé de vingt ans, qui se tenait avachis en face de lui. Cependant son état semblait empirer depuis quelques années. Depuis la mort de Lilly Evans. Sa prétendue mort. Cette femme internée à l'âge de quinze ans avait simplement guérie et, enfin libérer du poids de sa maladie, elle avait quittée l'asile, en laissant derrière elle un enfant et un amant. Qui pouvait le lui reprocher ? Albus savait que les patients souffraient de garder des liens avec cet asile quand ils avaient la chance d'être guéris. Certains d'entre eux, parce qu'ils faisaient l'effort de garder des contacts avec cet endroit, finissaient même par tomber dans l'alcoolisme ou la drogue. Ce faisant, le directeur de l'asile préférait nettement que ses patients abandonnent tout de leur passé en quittant ce lieu. Lilly Evans avait fait semblant d'être mariée avec l'un des médecins de l'asile durant son long séjour : un dénommé James Potter. De cette union, dont le directeur n'avait pas soupçonné l'existence, était né un garçon que la mère avait nommée Harry Potter. Depuis la naissance de l'enfant, le cas de Tom Jedusor s'était aggravé. Chose que Albus Dumbledore ne pouvait s'expliquer. Voici que l'énigme que représentait ce patient s'était épaissis.
- Pourquoi, Tom ? demanda le directeur. Pourquoi en es-tu si convaincu ? Tu penses que c'est la raison qui ont poussés tes parents à t'abandonner ? Et que c'est pour ça qu'aucune famille n'a voulue t'adopter ? Tu pense que c'est pour cette raison que tu n'as pas d'ami ? Es-tu à ce point convaincus que personne ne peut t'aimer ?
- C'est un fait, une vérité que tout le monde connaît. Personne ne peux aimer un meurtrier, et encore moins un mage noir.
- Moi, je t'apprécie Tom, rétorqua Albus.
Comme d'habitude cette déclaration ne sembla pas émouvoir le jeune homme. Il se contenta de passer une main dans ses cheveux. C'était au moins ça. Au moins son patient bougeait enfin l'un de ses membres. Plus la conversation durait et moins il avait l'air d'être un pantin inarticulé.
- Vous êtes le plus grand mage blanc qui existe à ce jour, répondit Tom. C'est dans votre nature de ne pas haïr. Ce n'est pas vraiment de l'amour, c'est seulement de la compassion. Et cette compassion vous pousse à éprouver de la sympathie à mon égard. Les mages de lumières ne peuvent pas vraiment haïr. Ils ont de la sympathie pour tout le monde, sans vraiment aimer chaque personne qu'ils tentent de sauver. Car pour ressentir de l'amour, il faut aussi éprouver de la haine. Deux sentiments tellement proches qu'on ne peut se vanter d'en éprouver qu'un seul parmi les deux.
- Je ne suis pas aussi bienveillant que tu le penses, Tom. Je suis un humain, et comme tous les humains il m'arrive de ressentir du mépris, parfois injustement. Et je veux être juste avec toi. Donc laisse moi te montrer que tu n'es pas aussi mauvais que tu le prétend.
- Ce n'est pas la première fois que vous dites cela, professeur. Vous vous répétez.
Albus Dumbledore ferma les yeux pendant une seconde, tentant de refouler un nombre incalculable de souvenirs liés à ce patient.
- Tom, pourquoi es-tu allé parler à Harry ? Il n'a que dix ans, Tom. Tu ne devrais pas le mêler à toute cette affaire.
- Lui et moi sommes liés, répondit le jeune homme. Nous sommes égaux. Des âmes-sœurs. C'est grâce à Lilly Evans que je l'ai compris. C'est elle qui m'a expliqué que son fils allait naître avec le pouvoir de me sauver. Elle me l'a promis. Cet enfant est destiné à me tuer. Elle me l'a promis, que cet enfant allait me sauver ! Personne n'a le droit de briser une promesse professeur.
Le directeur de l'asile fut totalement estomaqué en entendant cela. Lilly Evans avait éprouvée de la sympathie pour Tom Jedusor, alors pourquoi aurait-elle proférée une telle menace à l'encontre de ce garçon qu'elle avait aimée comme un petit-frère qu'on se doit de chérir. Pourquoi lui avait-elle dit que son fils allait le tuer ? Elle avait sourit de nombreuses fois à Tom, l'avait souvent prise dans ses bras et, malgré le manque de réaction du jeune homme, ne relâchait jamais son étreinte avant de lui avoir parler affectueusement comme s'il avait été une chose précieuse. Son précieux petit-frère.
- Lilly t'as vraiment dit que Harry est destiné à te tuer ?!
- Elle m'a simplement dit que son fils me sauverait, parce qu'il est l'Élu. Dès qu'elle m'a révéler cette information, j'ai alors tout compris. J'attendrais, professeur. J'attendrais que l'enfant soit adulte. Mais il faut quand même que je le teste de temps en temps pour voir comment sa puissance évolue. Un jour il viendra me tuer, alors tout va bien.
