Titre : Trois petits tours et puis s'en vont

Auteur : Rieval

Résumé : attention danger ! Trois terrifiantes créatures vont mettre la Cité d'Atlantis à feu et à sang. GEN. Humour. Une touche de drame, une pincée de chamallow, un peu de ci et un peu de ça pour un tout, il faut l'avouer, un peu n'importe quoi.

Note 1 : Youhouuuuuuuu ! Et non, je suis pô morte, juste surchargée de boulot, du coup, écrire cette petite fic' délire m'a fait le plus grand bien

Note 2 : fic en deux parties et finie ! Yep, vous avez bien lu, elle est ter-mi-née (pas comme d'autres me direz-vous …), mais un peu longue pour un seul post.

Genre : GEN, saison 3 (spoiler pour l'épisode McKay and Miss Miller, et Common Ground mais avant l'affreux et abominable Sunday).

Disclaimer : Pas à moi ...

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1 – « Même pas mal d'abord !»

Lorsque l'alarme retentit, Elisabeth leva les yeux au ciel et pensa immédiatement : par tous les saints, que leur est-il encore arrivé ? Oh, bien entendu, il y avait d'autres équipes que la Flag Team en mission actuellement, mais elle savait que c'était l'équipe du Colonel Sheppard qui allait débouler en catastrophe dans la salle d'embarquement. C'était comme si elle avait développé un sixième sens dès que l'équipe de Sheppard avait un problème, ou bien c'était tout simplement l'habitude. Elle soupira et se tourna vers le technicien en charge du DHD.

"Vous avez une identification ?" lui demanda-elle.

Le jeune canadien, les yeux fixés sur son écran, secoua la tête puis ses yeux s'illuminèrent et il se retint de crier.

"Attendez ! Nous avons un code d'identification ..."

Et voilà, minute de vérité, 3,2,1 ...

"... il s'agit de celui du Colonel Sheppard !"

... et bingo.

Elisabeth poussa un nouveau soupir et répondit au technicien tout en mettant en route son communicateur.

"Ouvrez l'Iris ... Carson ? Nous avons besoin d'une équipe médicale en salle d'embarquement."

//Huhu, laissez moi deviner : partis depuis moins de cinq heures, pas de catastrophe depuis, disons, les deux dernières semaines ? Je penche pour l'équipe du Colonel Sheppard ?// répondit une voix où se mêlaient exaspération et angoisse.

"Qui d'autre Carson, qui d'autre."

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Elisabeth descendait l'escalier menant à la salle d'embarquement lorsque le vortex se formait. Les gardes avaient pris place autour de la Porte des Etoiles, P-90 pointés fermement vers la Porte, prêts à recevoir d'éventuels assaillants. Ce ne serait pas la première fois que la Flag Team reviendrait de mission avec des invités surprise. Plusieurs minutes s'écoulèrent dans le plus profond silence. Elisabeth fit un petit signe de tête à Carson qui venait d'arriver avec son équipe. L'écossais lui envoya un sourire qui se voulait rassurant. Tout le monde fixait la Porte, s'attendant au pire mais c'est toute autre chose qui fit son apparition.

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Elisabeth se préparait à remonter dans la salle de contrôle pour voir s'il y avait un problème quelconque avec la Porte, lorsqu'elle reconnut le bruit caractéristique du passage de celle-ci - un son vaguement spongieux. Enfin ! Elle se tourna, prête à affronter une nouvelle crise, mais resta clouée sur place en identifiant la personne qui se tenait là.

Une paire d'yeux noisette la fixait, des yeux encadrés d'une masse indomptée de boucles brunes, des yeux qui reflétaient à la fois peur, méfiance et détermination. Des yeux qu'elle était certaine de connaître ou plutôt de reconnaître.

"Ronon ?!" murmura-t-elle stupéfaite.

Elle avait à peine prononcé le prénom du Sétidien que trois autres personnes franchisaient le vortex.

Une femme, qui devait avoir une cinquantaine d'années, se tenait devant la Porte, un gamin fermement calé dans les bras, l'autre serrant sa main.

« … désobéi, hein ?» fit une petite voix flûtée. « C'est pas bien, tu vas le punir, hein ? »

« RONON ! Ne t'avais-je pas demandé de nous attendre ? » Demanda l'inconnue, une pointe d'exaspération dans la voix.

Elisabeth vit « Ronon » se tourner lentement vers la femme puis se tourner à nouveau vers elle. « Je suis venu en éclaireur » annonça Ronon. « Et j'avais raison ! Ces gens vont nous faire du mal ! Nous devons repartir.» Il y avait une pointe d'hystérie dans sa voix et Elisabeth vit le gamin qui se trouvait dans les bras de la femme trembler et serrer davantage ses bras atour de son cou.

Ronon recula vers la plateforme et écarta les bras devant l'étrange trio, comme s'il voulait les protéger.

Un sourire involontaire apparut sur le visage d'Elisabeth : Ronon Dex le protecteur, pensa t-elle. Sauf qu'il avait un chouïa perdu de son aspect intimidant. Ce qu'il avait surtout perdu, c'était ses deux mètres vingt. Le Ronon qui se tenait fièrement devant la Porte ne devait pas faire plus d'un petit mètre dix. Et devait avoir tout au plus cinq ans.

« Ronon … » la voix de la femme s'était adoucie. « Ce sont nos amis, il n'y a rien à craindre. Tu fais peur à Meredith tu sais. »

« Huhu » ajouta le petit garçon qui se tenait toujours aux côtés de la femme. « C'est pas bien de faire peur aux autres, hein Teyla ? »

Teyla ?!

« Oh, non, pas ça … » grogna une voix à l'accent reconnaissable entre mille. Elisabeth se tourna vers Carson qui l'avait rejointe sur la plateforme.

La femme qui s'était agenouillée et discutait avec Ronon, essayant de le convaincre qu'ils étaient en sécurité, peu aidée en cela par le petit garçon qui insistait pour que le Sétidien soit puni et par celui qui s'agrippait à elle comme une pieuvre, leva la tête et lui lança un faible sourire. Oui, il n'y avait aucun doute, il s'agissait bien de Teyla. Sous les rides, c'était le même sourire plein de bienveillance.

Il n'était pas très difficile de deviner qui étaient les deux enfants. Le petit garçon qui n'arrêtait pas de babiller était coiffé d'un bol de cheveux noirs épais et lançait des regards curieux tout autour de lui, manifestement pas effrayé pour un sou. Des regards verts et malicieux. Quant à la « pieuvre », Elisabeth devina, derrière une frange de cheveux blonds, deux yeux bleus la dévisageant, Carson et elle, avec un mélange de curiosité et de peur.

John et Rodney - Meredith.

Carson soupira et croisa ses bras sur sa poitrine, sourcils relevés en signe d'interrogation et d'exaspération. « Okay, à quoi ont-ils touché cette fois ? »

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Elisabeth n'eut pas à demander dans quelle salle se trouvait Carson lorsqu'elle entra dans l'infirmerie, les hurlements la guidèrent aussi sûrement que l'aurait fait le Marine qui se trouvait à l'entrée. Ce dernier lui donnait d'ailleurs l'impression de faire partie de la garde de Buckingham Palace, tant il parvenait à rester calme et stoïque malgré l'évidente guerre qui se déroulait à quelques mètres de lui.

Ouch ! Guerre en effet … oreillers, draps et objets médicaux diverses se trouvaient éparpillés par terre. Ronon se tenait debout sur un des lits, brandissant ce qui ressemblait fort à un bassin et fixait Carson d'un air menaçant, enfin, surtout grimaçant en fait. Juste derrière le Sétidien, Elisabeth aperçut Rodney, genoux relevés contre sa poitrine, mains posées sur ses oreilles et yeux clos. Des larmes coulaient sur ses joues. Aïe, que se passait-il ? Et où était donc passé Jo-- ? Quelque chose tira sur sa veste et elle baissa les yeux.

« Hey Liz'beth, Liz'beth, j'ai envie de faire pipi » Deux grands yeux verts la fixaient. « Sivousplaît … ?» ajouta John après réflexion, comme s'il se rappelait soudain que ce mot magique aidait généralement les adultes à agir plus vite.

Elisabeth tendit les bras et John ne se fit pas prier et grimpa. « C'est vraiment très urgent » annonça sérieusement John, ses bras passés autour du cou d'Elisabeth. Cette dernière s'étonna un moment de ne pas voir Teyla, mais un médecin était sans doute en train de l'examiner dans une autre pièce. Elle sourit en observant Carson essayer de raisonner Ronon, lui promettant qu'il ne voulait pas faire de mal à Rodney. Rodney … Son sourire disparut. Que s'était-il passé pour que Rodney réagisse ainsi ? Et que … ouch ! John venait de lui tirer les cheveux.

« Pipi, sivousplaît !» le ton était suppliant. Ok, temps d'établir des priorités … Carson allait devoir se débrouiller seul avec Ronon.

Elisabeth sortit de la pièce avec John. Encore heureux, les toilettes ne se trouvaient pas très loin de là. Elle déposa John au milieu de la pièce. Il avait l'air choupinoutrognon habillé d'un tee-shirt noir deux fois trop grand pour lui. « Tu as besoin d'aide ? » lui demanda-t-elle.

Le choupinoutrognon lui lança un regard noir, le genre de regard que son homologue adulte réservait généralement aux Géniis. « J'ai cinq ans et demi, bientôt six » précisa-t-il en levant sept doigts. « Je sais faire tout seul ! »

« Ok, je te laisse, tu m'appelles quand tu as fini, d'accord ? » John hocha la tête et Elisabeth recula, histoire de lui donner toute l'intimité dont un petit garçon de cinq, pardon, six ans, a besoin en la matière. Elle pouvait entendre Carson. Son accent devenait pratiquement incompréhensible lorsqu'il était disons, un peu énervé.

« Non jeune homme, il n'est pas question que le Caporal Yannov te prête son arme ! Rodney … ? Rodney ! Euh, Meredith ? Bon sang mais où est passé ce fichu … Ronon, pas bouger c'est compris, ou sinon, je vais demander au Caporal d'utiliser son fichu 9mn, est-ce clair … MEREDITH !»

Elisabeth fronça les sourcils. Apparemment, Rodney avait réussi à fausser compagnie à Carson, il fallait qu'elle … on tirait à nouveau sur sa veste. Elle se retrouva pour la seconde fois aujourd'hui à baisser les yeux vers un petit bout de chou. Celui-ci n'attendit pas qu'elle propose de le prendre dans ses bras et se contenta de la fixer de ses grands yeux bleus, les bras tendus. Elle le prit immédiatement dans ses bras et Rodney enfouit sa tête dans son cou, comme elle l'avait vu faire avec Teyla.

« Pfff, c'est rien qu'un bébé celui-là !» fit une petite voix.

John avait fini et en effet, à en juger par la flaque à côté de la cuvette et sur la cuvette, ainsi que le fait que le devant de son tee-shirt était désormais doté d'une superbe tâche, il avait bien cinq ans et demi et non encore six. Encore que … à six ans comme à quarante, l'utilisation des WC restait, selon Elisabeth, une énigme pour bien des hommes.

« J'chuis pas un bébé » marmonna Rodney, qui pencha la tête juste pour pouvoir à son tour foudroyer du regard John qui - dans une pose incroyablement familière - se tenait les mains sur les hanches devant eux.

« SI ! Un bébé, un bébé, Meredith est un bébé ! » Se mit à claironner John, tout en tournant autour d'Elisabeth.

« Hey, ça suffit maintenant ! Ce n'est pas très gentil de dire ça à un ami » admonesta Elisabeth.

«Peuh, c'est pas mon ami d'abord, moi je suis pas copain avec des bébés, bébééééééééééééééééééééés ! » se mit à chantonner le pas-si-choupinoutrognon-que-ça-en-fin-de-compte.

« Nannnnnnnnnnnnnnn, je suis pas un bébé … tais-toi, tais-toi ! Méchant ! Je vais le dire à Ronon ! » Criait Rodney, de grosses larmes coulaient sur ses joues et il gigotait, hésitant manifestement entre, descendre pour confronter sa Némésis, et rester en sécurité dans les bras d'Elisabeth.

« Yep, un très groooooooooooos bébé et puis t'as un nom de fil-- »

« CA SUFFIT ! Que se passe t-il ici ?»

Elisabeth et les deux enfants se tournèrent vers la personne qui venait de crier.

Teyla se tenait dans l'embrasure de la porte. Dans la chemise d'hôpital dont elle était habillée, elle paraissait presque frêle, sa chevelure parsemée de cheveux blancs renforçant cette impression. Elisabeth se demanda une fois encore ce qui avait bien pu se passer pour que Teyla vieillisse ainsi … elle frissonna en pensant à l'explication la plus évidente : des wraith. Sauf que cela n'expliquait pas le rajeunissement des membres masculins de l'équipe.

« Et bien, j'attends une explication. John ? »

Ce dernier soupira et une petite moue apparue sur son visage. Il croisa les bras sur sa poitrine et lança un regard mauvais en direction de Rodney. Il marmonna entre ses dents.

« John, je ne crois pas que Meredith ait entendu ce que tu viens de dire, pourrais tu répéter s'il te plaît ?»

Nouveau soupir et cette fois, John prit une large inspiration avant de lâcher d'une traite, « Jesuisdésoléjelepensaispas» avec l'air de quelqu'un qui - malheureusement - pensait tout à fait ce qu'il avait dit.

« Meredith, est-ce que tu acceptes les excuses de John ? » demanda Teyla d'une voix douce.

Rodney utilisa le revers de son bras pour essuyer ses larmes et renifla bruyamment, mais secoua la tête.

« Meredith … s'il te plaît, réfléchis avant de refuser ce qui t'est offert» ajouta Teyla sur le même ton.

Le petit garçon soupira et condescendit à jeter un coup d'œil à John qui, sous le regard accusateur de Teyla, avait perdu de sa belle assurance.

« Ok … » répondit une petite voix. « J'accepte ses excuses … » Elisabeth vit le large sourire de John réapparaître. Le genre de sourire qui disait « cool, trop facile ! », « … mais je le dirais quand même à Ronon » termina Rodney avec un sourire qui lui, annonçait « tu vas voir ce que tu va voir ! ».

Teyla sourit. « Elisabeth, je crois que nous devrions retourner John et Meredith dans leur lit».

Elisabeth hocha la tête.

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Elisabeth poussa un soupir de soulagement tout en se laissant tomber mollement dans le fauteuil près du lit qu'occupaient Teyla et ses trois charges du moment.

Pfiou, ces trois là n'étaient pas un cadeau ! Il avait fallu presque deux heures pour qu'enfin, l'infirmerie retrouve un peu de calme et de sérénité et que les petits monstres - Elisabeth se demandait comment elle avait pu les trouver choupinoux - s'endorment.

Carson avait arrangé deux lits ensemble lorsqu'il était apparu, après plusieurs tentatives, qu'aucun des trois gamins ne souhaitaient dormir seul. Teyla était allongée et tenait Rod--Meredith - Elisabeth avait un peu de mal à s'habituer à ce prénom, qu'elle avait du mal à associer à son ex-chef scientifique - sur sa poitrine. John dormait niché contre son flanc gauche et Ronon avait fini par s'écrouler - au sens littéral : il s'était endormi assis, jouant les vigiles et avait fini par s'affaisser doucement juste entre les jambes de Teyla.

Ces deux dernières heures avaient été plutôt mouvementées. Rodney avait poussé des hurlements dès que Teyla disparaissait de son champ de vision, ce qui avait rendu difficile son examen clinique ; Carson avait passé son temps à jouer à cherchons-le-John-disparu, ce dernier se cachant dans les endroits les plus incongrus, quant à Ronon, l'infirmière de garde avait failli avoir une crise cardiaque en le voyant essayer de démonter le 9mn qu'il avait manifestement « emprunté » au caporal Yannov.

« Okay, ça suffit maintenant, tout le monde sous la douche ! » avait soudain crié Carson, visiblement à bout de ses réserves de patience. « Elisabeth, vous voulez me donner un coup de main ? »

Bien entendu, elle avait accepté ce qui expliquait ses cheveux mouillés et le fait qu'elle portait désormais la même blouse que Teyla. Après tout, c'était-elle dit, n'importe qui pouvait donner un bain à des enfants de cinq ans, non ? Elle n'avait pas de neveux ou de nièces mais cela ne devait pas être plus difficile que de négocier un accord de paix dans les Balkans ou en Palestine. Et bien surprise ! C'était pire, bien pire … Elle préférait affronter une horde de wraiths affamés ou toute une délégation de Geniis souriant (les pires …) que de refaire ça.

C'avait été horrible …

Meredith avait fini par accepter de quitter les bras de Teyla pour s'accrocher aux siens, John avait été retrouvé - dans une des panières servant pour les blouses sales, l'aide soignant avait trouvé étrange que cette dernière glousse dès que quelqu'un passait devant - et Ronon expliquait très sérieusement à Carson comment il pouvait sans peine transformer des gants en latex en arme mortelle, puis tout ce petit monde s'était retrouvé nu devant le bac à douche.

Et le cauchemar avait commencé …

« J'irais pas. Un guerrier n'a pas besoin de se laver » avait annoncé Ronon, bras croisés sur la poitrine, sourcils froncés, ce qui était sans aucun doute sensé lui donner un air méchant. Le tout marchait sur le Ronon de deux mètres, pas franchement sur le modèle réduit.

« S'il y va pas, moi non plus » avait ajouté John qui se trouvait dans le bac en train d'examiner le système d'évacuation des eaux usées, sans doute histoire de voir s'il pourrait faire une bonne cachette.

Quant à Meredith, il refusait de descendre des bras d'Elisabeth.

Elle avait fini par se déshabiller elle aussi et s'était installée, en petite culotte et wonderbra, sous la douche avec Meredith. Ce dernier avait condescendu à quitter ses bras et s'était assis par terre jouant avec les gants en latex gracieusement offert par Carson à Ronon. Elle l'avait lavé sous l'œil attentif des deux autres petits garçons. John s'était trémoussé devant le bac un moment, fixant Meredith qui poussait des petits cris de joie et sa belle résolution n'avait pas tenu très longtemps. Il avait fini par les rejoindre, Meredith et elle, dans le bac à douche. C'avait été un peu plus difficile avec Ronon, elle l'avait tour à tour grondé et cajolé, en vain et puis, elle avait eu une idée.

« Ronon, que se passerait-il si un guerrier qui ne s'est pas lavé depuis trop longtemps partait en reconnaissance ? Son odeur ne finirait-elle pas par le faire repérer ? »

Elisabeth avait vu l'idée faire son chemin dans l'esprit de Ronon. Apparemment, la pensée qu'un guerrier puisse se faire avoir aussi bêtement était insupportable, enfin, plus que celle de passer sous la douche, parce que Ronon avait fini par les rejoindre.

Bien entendu, une fois lavés et après avoir pataugé et joué un moment, les trois petits garnements n'avaient plus voulu sortir de la douche …. Elisabeth, exécdée, s'était demandée, une fraction de seconde, quelle était la peine encourue pour meurtre avec préméditation sur choupinoux.

Elle avait fini par se fâcher, hurlant aux dits choupinoux de « la fermer et de bien vouloir sortir de là, et fissa, nondenon ! » Évidemment, cela n'avait pas été la meilleure des idées.

Les trois petits garçons l'avaient regardée un moment, comme s'ils se rappelaient brusquement sa présence et puis Meredith s'était mis à pleurer, John s'était bien entendu mis à se moquer de lui - ce qui avait eu pour résultat de faire hurler Meredith en plus des pleurs - et Ronon avait brandi un gant en latex chargé d'eau, menaçant Elisabeth de milles morts horribles si elle ne les laissait pas tranquilles. Finalement, Carson était entré dans la salle de bain, trouvant Elisabeth au bord de la crise de nerfs - elle se souvenait lui avoir hurlé vouloir une hystérectomie - et trois gamins trempés mais propres.

Le cérémonial du coucher avait été plus calme, essentiellement grâce à Teyla qui était la seule personne à qui les Gremlins - envolés les choupinoux … - obéissaient.

Et maintenant, Carson et Elisabeth se trouvaient tous les deux assis près des deux lits, prêts à écouter le récit de Teyla sur ce qui était arrivé lors de leur mission de reconnaissance sur ce qui aurait dû être une planète déserte et sans aucun risque.

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Teyla caressait les cheveux de Rodney, un sourire sur les lèvres, et commença son récit à voix basse.

« Nous sommes arrivés sur PL-590 vers midi. Il y faisait une température agréable … »

Elle s'arrêta, comme perdue dans ses souvenirs, avant de reprendre avec un petit gloussement, « Évidemment, Rodney trouvait qu'il y faisait trop chaud, que les insectes étaient trop nombreux et que la galaxie entière devrait lui être reconnaissante des sacrifices qu'il faisait pour elle. Son détecteur avait identifié une faible source d'énergie, rien de très emballant selon lui mais le Colonel Sheppard … » Teyla se pencha vers John et caressa sa joue, « a accepté que nous allions y mener une rapide reconnaissance, au cas où … Il ne nous a pas fallu plus d'une heure pour arriver sur le site d'où émanait la signature énergétique. »

Teyla soupira. « Ronon a presque immédiatement découvert l'entrée d'une sorte de complexe Ancien, depuis longtemps abandonné. » Elle fronça les sourcils et ferma les yeux, complètement prise dans ses souvenirs.

« Je me souviens que nous sommes entrés dans une pièce immense, il y avait des consoles un peu partout mais la végétation avait presque tout recouvert. Rodney était penché sur une des consoles et pestait contre les Ancêtres qui « s'ils étaient une soi disant race supérieur, auraient pu penser à construire quelque chose résistant aux rongeurs ». Il y avait en effet de petits animaux logés dans le générateur. Apparemment, ces derniers étaient friands de câbles optiques. Ronon et John se trouvaient tout près de la console. John était appuyé contre elle en fait et lorsque Rodney est parvenu à faire repartir le générateur, la console s'est activée réagissant au gène ancien de John et après … après … » Sa respiration s'était faite haletante. Carson réagit immédiatement à la détresse de sa patiente. Il posa la main sur l'épaule de Teyla.

« Teyla, calmez vous, tout va bien maintenant, vous êtes tous les trois sains et saufs, sur Atlantis. »

Teyla rouvrit les yeux. « Merci docteur. Je ne me rappelle pas clairement de ce qui s'est passé par la suite, juste qu'il y a eu une lumière blanche, aveuglante, et cette terrible douleur et puis, plus rien. Lorsque je me suis réveillée, j'étais, nous étions, comme ça, » elle désigna son corps et celui des trois membres de son équipe. « Rodney était complètement hystérique et John très choqué, seul Ronon semblait, malgré la transformation, égal à lui-même. Je suis revenue à la Porte aussi vite que j'ai pu … »

Carson lui tendit un verre d'eau qu'elle accepta avec grâce. Elle se sentait fatiguée et en même temps, accomplie. Peut-être que Charrin avait raison, avec l'âge vient la raison et la sagesse. Teyla avait l'impression que l'univers avait ralenti autour d'elle, comme s'il n'y avait plus de raison de courir, de se presser. Elle se sentait … bien, psychiquement, si ce n'est physiquement. Était-ce cela vieillir ? Les siens avait rarement la chance de passer l'âge de 50 ans, et lorsque cela arrivait, elle avait toujours constaté que dans les yeux de ces miraculés, il y avait quelque chose de différent, sans qu'elle puisse exactement l'identifier, quelque chose d'incroyablement vivant, comme une énergie nouvelle.

« Hummm, je vais faire envoyer immédiatement une équipe scientifique sur PL-590, » annonça Elisabeth, sortant Teyla de sa rêverie.

« Sans porteur du gène ancien, Elisabeth, on ne sait jamais. Je ne veux pas retrouver mon infirmerie, pleine de mini-marines ou de mini-scientifiques, surtout s'ils sont du même acabit que ces trois là ! » Précisa Carson en pointant du doigts vers les trois petites formes - enfin ! - endormies près de Teyla.

Teyla sourit. Elle se souvenait de sa surprise lorsqu'elle avait découvert ce qui était arrivé à ses compagnons.

C'était Rodney qui l'avait réveillée. Il l'a secouait tout en pleurant. Elle s'était demandée qui était cet enfant habillé d'un tee-shirt manifestement prévu pour un adulte, la planète n'était-elle pas déserte ? Et puis elle lui avait demandé son nom. La réponse avait été donnée dans un soupir. Meredith. Il avait fallu quelques minutes à Teyla pour se rappeler de la dernière fois qu'elle avait entendu ce prénom, ç'avait été à la cafétéria, avec Rod, le docteur McKay venant d'un univers parallèle, il leur avait expliqué que sa mère avait voulu une fille et … Et Teyla avait su. Les yeux bleus, la bouche légèrement tordue, les incroyables cils projetant une ombre noire sur des joues pâles. Rodney. Meredith.

Elle avait trouvé John, nu, en train de déambuler dans les couloirs du complexe. Il avait déclaré faire une « exploration ». Trouver Ronon avait été un peu plus … douloureux.

Inquiète de ne pas trouver le Sétidien dans le complexe, Teyla avait fini par décider de rejoindre la Porte des Etoiles et de contacter Atlantis pour obtenir de l'aide. Dès qu'elle était sortie, John et Meredith dans les bras, elle avait été prise sous le feu de tir de pierres ! Instinctivement, pour protéger les enfants qui s'étaient mis à crier, elle s'était jetée à terre. Elle avait laissé les deux petits garçons, terrorisés, blottis l'un contre l'autre derrière une formation rocheuse près de la porte du complexe et s'était lancée contre leur agresseur. Le cri que ce dernier avait poussé l'avait arrêtée net. Elle reconnut l'incroyable amas de cheveux bouclés. « Ronon ? » elle avait juste eu le temps de prononcer le nom de son ami lorsque la petite furie qu'elle tenait par la jambe lui avait asséné un superbe coup de pied. « VOUS ! Laissez les ou bien je vous réduis en bouillie de Xenot ! » Il y avait eu une petite voix derrière elle. « C'est quoi un squenot ?» John s'était tenu là, l'air curieux. Il avait penché pencha la tête et s'était retrouvé au même niveau que Ronon. « FUYEZ ! Je vais me débarrasser d'elle. Une fois que je m'en serai occupée, elle ne ressemblera même plus à un Flurlex ! » « C'est quoi un Flurlex ? » Avait demandé John nullement impressionné par les gesticulations furieuses de Ronon.

Il avait fallu un bon moment à Teyla pour convaincre Ronon qu'elle ne leur voulait aucun mal, pour faire taire John dont les questions incessantes commençaient à lui porter sur les nerfs et pour calmer Meredith dont les pleurs n'amélioraient ni sa migraine ni le regard noir que lui lançait Ronon, toujours intimement persuadé qu'elle en voulait à leur vie.

Teyla soupira, posa sa tête sur son oreiller et se mit à fixer le plafond de l'infirmerie. Son regard évitait soigneusement les surfaces planes des moniteurs médicaux. Elle avait été choquée de voir ses cheveux presque blancs, sa peau ridée … elle n'avait même pas osé demander à Carson combien d'années lui avaient été --, quoi, volées ? Oui, c'était l'impression qu'elle avait. Lors du retour vers la Porte des Etoiles, elle avait soudain été prise d'un profond sentiment de désespoir. Qu'allait-elle faire maintenant ? Comment pourrait-elle guider son peuple ? Continuer à apporter sa contribution à la lutte contre les wraiths ? Mais maintenant, après quelques heures passées dans la peau de cette étrangère en compagnie des membres de son équipe, elle comprenait ce qu'elle avait à faire. Elle comprenait enfin ce que signifiait le regard de ses hommes et femmes, les Anciens d'Athos. Ils n'attendent plus rien de la vie. Ce n'était pas qu'ils souhaitent en finir, non, bien au contraire, ils leur restent une dernière chose à accomplir, une mission presque sacrée dans une galaxie ou une civilisation entière peut disparaître en quelques heures, où la mémoire peut s'éteindre avec une seule génération perdue. Ils savent qu'ils ne leur restent plus qu'à donner … donner et non plus recevoir. Ils donnent leur temps, leur savoirs, leur attention. Teyla allait faire de même. Quoiqu'il arrive, elle allait consacrer le temps qui lui restait aux trois personnes qui dormaient paisiblement à ses côtés.

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Elisabeth avait suivi Carson dans son bureau. Le médecin écossais s'était installé, avait ouvert plusieurs dossiers puis avait poussé un bruyant soupir en se frottant les yeux.

« Vous savez Elisabeth, je suis un homme de science et, contrairement à ce que prétend Rodney, la vaudou et autres sorcellerie me sont complètement inconnus, mais je vais finir par croire que ces quatre là sont touchés par une espèce de malédiction. »

Elisabeth sourit au médecin.

« Oui, mais ils ont de la chance dans leur malheur … »

Carson haussa un sourcil en signe de totale incompréhension. Elisabeth haussa les épaules.

« … ils ont d'excellents Anges Gardiens. »

« Humpf, des Anges Gardiens surentraînés oui ! »

Carson tapota ses dossiers.

« Ok, voilà ce que nous avons : trois gamins en parfaite santé, âgés entre 5 et 6 ans, et une femme, considérant son âge, environ une cinquantaine d'années, en bonne santé elle aussi. Pas de nanocytes dans les analyses de sang, pas de signe de manipulation génétique, rien de rien, juste trente ans d'envolées ! Trente ans de moins pour Rodney, John et Ronon et trente ans de plus pour Teyla. Un véritable casse-tête. »

« Mais leur vie n'est pas en danger ? » s'enquit Elisabeth.

« Hum, non, non, enfin, je ne pense pas … Elisabeth, je n'en sais rien ! Tout ça est simplement … fou ! Une telle transformation devrait laisser des traces, mais là, rien ! Et sans un début de piste, je ne peux rien faire.»

Ce fut au tour d'Elisabeth de soupirer. « Je comprends Carson, j'espère que Radek aura quelques réponses à nous fournir. »

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Malheureusement, après plusieurs jours de recherche, l'équipe scientifique revint bredouille. Le complexe était en trop mauvais état. D'après Radek, ç'avait été un miracle que l'ordinateur central ait pu fonctionner. Il avait été impossible de reproduire ledit miracle jusqu'à maintenant mais en revanche, ils avaient récupéré l'ordinateur de Rodney qui était resté connecté pendant la transformation. Ils avaient ainsi appris que les Anciens avaient essayé de recréer le processus grâce auquel les wraith pouvaient rendre aux humains les années qu'ils leur avaient prises. Radek avait expliqué que l'ordinateur avait du identifier le gène wraith de Teyla et avait enclenché la procédure, prenant à ce qu'il croyait être un wraith, des années de vie pour les donner aux humains présents dans la pièce. Encore une fois, ils étaient les victimes d'une expérience Ancienne qui avait mal tournée.

En attendant que Radek trouve le moyen de ramener l'équipe SGA1 à leur âge normal, il avait été décidé, à la demande insistante de Teyla, que les trois enfants soient confiés à l'Athosienne. Kate Heightmeyer avait approuvé. Elle avait longuement reçu Teyla et les trois enfants. Le rapport qu'elle avait fait à Elisabeth et à Carson sur ces derniers était plus que troublant.

« Leur mémoire est intacte » avait annoncé la psychiatre avec le sourire Colgate qui semblait être constamment sur son visage. « Ils savent qui ils sont, un Colonel de l'US Air Force, un astrophysicien de génie et un guerrier Sétidien. Ils se rappellent des moments importants de leur vie passée mais … » là, Kate avait passé sa langue sur ses lèvres satinées et ramené une mèche blonde derrière son oreille.

« Mais … ? » avait interrogé Carson qui se demandait comment sa collègue faisait pour garder l'apparence d'une Top Model ici sur Atlantis. Une Top Model version papier glacé, presque irréelle. Kate avait tourné vers lui son sourire figé.

« Mais de manière fragmentée, distante, un peu comme s'ils n'avaient pas vécu personnellement lesdits évènements, comme s'il racontait une histoire, sans ressentir d'émotions. Je pense que le processus de rajeunissement inventé par les Anciens induit volontairement cette distance. Un esprit de 5 ans pourrait difficilement gérer les souvenirs, traumatisants, d'un adulte. De cette manière, l'enfant garde sa mémoire, sa personnalité, et reste donc utile pour la communauté. En revanche … » Nouveau jeu de langue accompagné cette fois d'un petit froncement de sourcil.

« En revanche … ? » soupira Carson qui trouvait insupportable cette habitude avait Kate de s'interrompre à chaque cliffhanger !

« En revanche, leurs souvenirs d'enfance sont plus exacerbés, plus prégnants. Notamment, dans le cas de Rodney, les épisodes dramatiques … »

Carson soupira. Il connaissait bien les dossiers médicaux de John et de Rodney. En fait, il les connaissait trop bien, signe que ces deux là étaient un peu trop souvent des invités de son infirmerie.

Les deux hommes avaient un étrange point en commun : leur neuvième année. C'était à neuf ans que Meredith McKay était devenu Rodney McKay et c'était à neuf ans que John Junior Sheppard avait décidé qu'il serait pilote. Neuf ans … l'âge qui était, d'une certaine manière, celui où leur personnalité d'adulte avait pointé le bout de son nez. Mais l'histoire derrière les neuf premières années de leur vie était très différente.

Eléanore McKay avait toujours rêvé d'avoir une fille. Elle donna à son premier né, un superbe petit garçon, un prénom qui pouvait à la fois être attribué à une fille et à un garçon. Elle ne s'était pas évertuée à en faire une fille. Nope. Elle avait tout simplement décidé d'oublier son existence. Un psychiatre aurait peut-être pu l'aider mais c'était il y a presque 40 ans … à l'époque, le maître mot était : ne dérangeons pas la paix des familles. Ce qui se passe derrière des portes closes reste la seule affaire des propriétaires des lieux. Triste mais vrai, parfois même encore maintenant. Meredith McKay avait été hospitalisé d'urgence une bonne dizaine de fois, dont deux pour avoir été oublié dans une voiture fermée sous une chaleur de plus de trente degrés … oublié dans un stade ! sous une pluie battante, oublié dans le grenier (retrouvé en hypothermie par un voisin venu récupérer son chat qui s'était glissé là, dieu seul sait comment, Carson ne doutait pas que l'amour de Rodney pour la gente féline date de cette époque) … oublié. Et puis, à neuf ans, sa mère avait donné le jour à Jeannie et sa vie avait changé. Fini l'oubli, bien au contraire, sa mère semblait avoir retrouvé subitement la mémoire, comparant sans cesse les deux enfants, vantant bien entendu les mérites de sa fille. C'était un miracle que Rodney soit – à peu près – équilibré.

Bethany-Sue Sheppard avait toujours rêvé d'avoir un garçon. Elle donna le jour à John Sheppard, quatrième du nom d'une longue lignée d'officiers de l'US Navy. Si elle portait un amour inconditionnel à son fils et à son époux, il n'en allait pas vraiment de même pour la mer … Bethany-Sue avait une peur terrible de l'eau et elle l'avait transmise à ses enfants, au grand dam du Colonel John Sheppard Senior. Lorsque John Junior avait eu neuf ans, son père avait obligé sa mère et ses deux jeunes frères à prendre part à une ballade en mer, John, grippé, était resté à la maison … Après les funérailles, John avait décidé qu'il serait pilote. Sa mère avait toujours été fascinée par Antoine de Saint-Exupéry. Elle appelait John son petit prince … le Colonel John Sheppard Senior avait vécu dans la culpabilité, une culpabilité que lui renvoyait sans cesse le regard de son fils. Un fils qu'il oublia lui aussi, trop occupé à fuir ses responsabilités. Encore un miracle …

Deux histoires. Deux drames. Des drames qui expliquaient ce qu'étaient devenus John et Rodney.

« Alors ? » demanda Elisabeth sortant Carson de ses sombres pensées.

« Alors … » répondit Carson en refermant les deux dossiers. « … nous allons tous devoir aider Teyla dans sa tâche. Quelque chose me dit qu'élever ses trois garnements, ne va pas être de tout repos. »

Elisabeth lui sourit. « Non, en effet … espérons que tout se passera bien. »

« Oui, espérons … » et espérons surtout que Radek trouve rapidement la solution, pensa le médecin.

Fin de la première partie