Imprévu

Harry devait... oui... il devait se rendre à la Maison des Serdaigles, continuait-il de marmonner dans sa tête avec ses yeux grands ouverts, alors qu'il marchait à pas raides et pressés, tel un automate impressionnant d'obéissance et efficacité. Parfois il percevait vaguement les gens autour de lui s'écarter en hâte au tout dernier moment parce qu'il manquait de leur rentrer dedans, mais ceci n'était que détail mineur. Devant lui apparaissait à chacun de ses pas la visage aguicheur et si parfait de Romilda Vanes, et il allait le rendre fou, il fallait qu'il la voie de suite, maintenant, chaque seconde de plus passée séparé d'elle et la blessure dans son cœur s'agrandissait, son inquiétude terrible de ne pas la voir le rendait plus fébrile. Son amour pour elle était une brûlure, mais il était divin, et Harry Potter devait voir Romilda Vane.

Enfin il quittait les couloirs principaux les plus fréquentés. Non pas qu'ils aient été un frein à la quête de Harry, seulement, il se prenait moins de coups dans les épaules et les visages inquiets et interrogateurs apparaissant tels des fantômes autour de lui cessaient de l'importuner. Il était en train de s'imaginer avec une précision frappante en train de passer ses doigts dans les boucles noires et épaisses de la jeune fille lorsqu'il croisa tout à coup quelqu'un, dans ce couloir souterrain éclairé de lampes torches, qui avait jusqu'à présent eu la bonne idée d'être désert. Ce n''est de toute façon pas comme si c'était bien important. L'odeur capiteuse et enivrante de la jeune fille l'enveloppait. Harry perçut quelque part dans son champ de vision la silhouette se figer de stupeur, comme l'avaient fait les précédentes. Ce qu'ils étaient bêtes alors, ils ne comprenaient pas que Harry devait voir Romilda ? Harry avait déjà dépassé bon train la personne statufiée mais celle-ci contrairement à celles d'avant ne se contenta pas de son air je-suis-très-occupé-et-pressé, et marchant, elle revint rapidement à son niveau.

- Potter ?

Un mot, un seul. Et tout d'un coup comme une rafale revinrent une myriade de souvenirs, de souvenirs où ce nom avait été prononcé par lui. Des circonstances pas très joyeuses, avec en général un Malefoy mécontent, ou plus dangereux encore, satisfait, les traits de son visage déformés par un rictus tremblant de colère ou moqueur. Mais néanmoins chaque fois il le disait, son nom. Et ce qui est stupéfiant dans l'histoire était que cette fois-ci le nom était dit sans arrière-pensée aucune. Juste une intonation de légère surprise, et cet autre bruit à gauche de Harry était Malefoy qui marchait maintenant à pas rapides pour ne pas se faire distancer. Mais il n'eut pas à le faire bien longtemps cependant, parce que Harry s'arrêta brusquement.

Il se retrouva face au visage de Malefoy. Ses yeux hagards parcoururent ses traits, qui prirent une expression légèrement inquiète (il fit d'ailleurs un petit pas en arrière) et Harry fut... déconcentré. Il regarda Malefoy, le cœur tiraillé, puis regarda le couloir qu'il devait prendre pour rejoindre Romilda.

Ses pieds restèrent cloués au col.

- Malefoy, souffla-t-il.

- Oui... ? dit celui-ci, scrutant le visage de Harry qui se battait avec ses pensées confuses.

Il regardait Malefoy debout face à lui, son carnet de notes sous le bras et son sac de cours porté en bandoulière. Il le regardait, et ne parvenait plus à détacher ses yeux de lui.

- Je crois qu'on t'a fait boire quelque chose, finit par déclarer Malefoy, après un temps de flottement.

- Malefoy, dit encore Harry.

- Oui, Potter, c'est mon nom, répliqua celui-ci, d'un ton agacé. Tu as complètement perdu les pédales on dirait...

Comme pour confirmer son hypothèse Potter le regarda avec des yeux encore plus arrondis qu'avant, et il sursauta quand Draco explosa soudain de rire, trop amusé par la tête que tirait Saint Potter.

Maintenant que Malefoy ne posait plus son regard gris acier sur lui et à la place se tenait les côtes en pleurant de rire, Harry put recouvrir ses esprits. Comprenez que le visage envoûtant de Romilda se matérialisa de nouveau en une image évanescente, et Harry repensa à elle. Il repensa à son besoin impérieux de lui dire qu'il l'aimait, combien il était désespérément fou amoureux d'elle et allait perdre la tête si elle ne lui accordait pas un baiser, un baiser qui serait la réponse suprême à tous ses tourments. Oh, Romilda...

Ses pieds reprirent le contrôle et il se détourna, afin de continuer son chemin.

- Eh, attends !

La voix qu'il connaissait tant et qui le faisait frissoner autant d'angoisse que d'une autre chose qui lui était interdite parce qu'il aimait Romilda avait de nouveau parlé.

Harry, automatiquement et contre toute volonté, lui obéit. C'est-à-dire que ses jambes se figèrent.

Malefoy, qui avait commencé à lui courir après, en fut tout bonnement atterré. Il resta plusieurs secondes avec un visage étonné, à regarder Potter aussi fixement que ce dernier le faisait avec lui. Mais cela fut bref et il reprit vite contenance, agissant plutôt comme si c'était absolument normal, qu'on l'écoute et lui obéisse, et il s'avança à pas lents et calculés jusqu'au niveau de Potter. Les images de la démarche noble de Malefoy et celles de Romilda lui envoyant des baisers se disputaient dans le crâne de Harry, et c'était l'enfer pur. Du coup il court-circuitait, il ne savait plus quoi faire.

- Ferme la bouche Potter.

Il s'exécuta par réflexe, et trouva qu'il avait la bouche sèche. Malefoy ne put retenir un rire incrédule avant de se ressaisir.

- Alors tu es sous Imperium... ? s'interrogea-t-il à voix haute, en examinant encore le visage de Harry, ses yeux verts, sa bouche entrouverte, ses fossettes, sa cicatrice en forme d'éclair, son nez, son menton, tandis que Harry faisait exactement la même chose avec lui.

L'auscultation trop rapprochée était un supplice.

Romilda.

Malefoy avait presque l'air effrayé par la perspective d'un Harry Potter soumis au moindre de ses caprices, comme si elle était trop grande à porter pour lui.

- Tu te rends compte que tu te trouves sur mon territoire ? articula-t-il lentement, en plissant les yeux. Je pourrais faire de toi ce que je veux, Potter. Peut-être que ce serait enfin l'occasion que tu comprennes que je n'ai strictement aucune dette envers toi, cracha-t-il.

Romilda.

Harry détourna brusquement la tête, et regarda le couloir qui s'ouvrait à lui.

- Qu'est-ce que tu cherches ? On dirait que tu n'as qu'une envie c'est celle de me planter là et partir d'ici. J'ai raison ? Il est vrai qu'on ne s'est pas exactement beaucoup parlé depuis la rentrée, mais moi qui pensais que tu devais te faire quelques amis anciens mangemorts pour parfaire ton image, me voilà vexé.

Le visage de Harry se retourna sur lui sans comprendre.

- Ce que tu cherches, répéta Draco.

Pendant que Harry réfléchissait difficilement, Malefoy regarda sa montre, embêté comme s'il allait rater un rendez-vous important. Il poussa un bref soupir, et laissa tomber son sac de cours par terre, l'air de se résigner. Il présageait déjà qu'il en aurait pour un long moment.

Romilda.

- Romilda, murmura faiblement Harry.

L'expression concernée bien que légèrement contrainte de Malefoy, qui s'était surement engagé par son posage de sac à prendre le problème à bras le corps (ou en profiter, une voix chuchotait à l'oreille de Harry perdu que c'est plutôt ce que Drago Malefoy ferait) changea du tout au tout.

- Romilda ? répéta-t-il. Sérieusement Potter ? J'osais espérer que tu les choisissais mieux que ça !

Harry songea qu'il avait l'air en colère, et ça le déstabilisa.

- Je... commença Harry qui s'humecta les lèvres, tentant de rassembler son courage. Je suis amoureux d'elle, dit-il avec aplomb.

Draco le dévisagea une seconde - Harry ne cessait de penser que son visage était trop près - avant de souffler un rire nerveux. Mais il avait aussi l'air rassuré.

- Un Filtre d'Amour, mais bien sûr...

- Je cherche Romilda, formula à haute voix Harry, à qui sa première prise de parole avait donné confiance.

- Eh bien tu t'es trompé de chemin Potter, tu es chez les Serpentards ici, répliqua Draco, avec un petit air supérieur, comme si le fait que Harry se retrouve seul sur le territoire Serpentard signifiait qu'il avait gagné.

Harry regarda autour de lui, avec incompréhension, s'intéressant enfin à autre chose qu'aux yeux joueurs et magnifiques de Romilda qui occultaient actuellement le visage de Malefoy.

Ce couloir était souterrain. Il se dirigeait en effet vers leur salle commune.

Il regarda longuement malefoy, son visage trop pâle et non amical, ses mains trop fines, et enfin ses yeux. Transperçants comme l'acier d'une épée.

Harry récita une phrase, une phrase toute faite, qui lui sembla bien, servie sur un plateau par son cerveau manipulé par la potion.

- Je ne t'aime pas.

De façon assez vexante, Malefoy prêta tout juste attention à sa remarque. Il continuait de détailler pensivement l'air désincarné de Harry, dont la voix avait chevroté sur la fin

- J'ai entendu dire que lorsque la potion d'amour était très très forte on oubliait parfois ce qu'on avait fait sous son emprise, dit-il enfin. Tu crois que cela s'applique à toi Harry ?

C'était tout juste si Harry parvenait à rassembler assez de concentration pour saisir ses paroles au vol, il clignait quelques fois des yeux.

Romilda.

- Je dois trouver Romilda, énonça-t-il d'une voix blanche.

Et sur ses paroles il fit demi-tour. Quelque chose que Malefoy n'avait visiblement pas vu arriver.

- Non, attends !

Mais Harry résistait beaucoup mieux. La voix réveillait toujours quelque chose d'interdit, mais cela devenait plus gérable. Il accéléra le pas quand Malefoy faillit le rattraper (il ne s'était d'abord pas donné la peine de courir de suite en pensant que Harry Potter lui obéirait à nouveau, et il avait été bien déconfit de constater que non).

- Et qu'est-ce que tu vas lui faire à Romilda, hein ? dit-il d'une voix en colère, alors que Harry choisissait d'agir comme s'il n'était pas là. Ne fais pas l'imbécile pour une fois Potter s'il-te-plait, tu es sous l'emprise d'un filtre d'amour, la question n'est pas de savoir si tu vas faire une connerie mais quand tu vas la faire.

- Je vais lui dire que je l'aime, dit Harry avec un sourire ému, sans jeter un seul regard dans sa direction.

- Non, il faut que tu sois emmené à l'infirmerie !

- Tu ne m'en empêcheras pas, dit Harry qui fronça les sourcils.

- Potter, je t'ordonne d'arrêter de courir !

Malefoy agacé de courir et qui supportait difficilement qu'on l'ignore, lui attrapa le bras. Harry se dégagea brutalement, et alla plus loin en poussant Draco de toutes ses forces. Celui-ci fut éjecté violemment, et retrouvant son équilibre il regarda bouche bée Harry frémissant de haine qui se tenait debout face à lui, se grandissant de toute sa taille.

« Je ne t'aime PAS ! gronda Harry les poings serrés, arborant un regard haineux comme Malefoy, tout blasé qu'il était, semblait ne pas en avoir souvent vus.

« ...PAS ! TU M'ENTENDS ? JE TE DÉTESTE, MALEFOY ! hurla Harry, crachant le dernier mot comme s'il avait été une insulte.

Leurs bouches n'étaient plus éloignées que de quelques centimètres.

« ...Et j'aime, Romilda » acheva-t-il d'une voix normale.

Il soupira, les yeux fermés. Le chaos dans sa tête s'était un peu apaisé. Il s'écarta, et ses pas reprirent la direction devant le conduire jusqu'à sa chère et tendre.

Draco, qui s'était reculé jusqu'à être dos contre le mur, retrouva soudain ses esprits, et se sentit lui aussi envahi d'une extraordinaire bouffée de haine qui, il se rendait compte, n'avait finalement demandé qu'à rejaillir depuis le tout début, attendant impatiemment que les amabilités hypocrites de fin de guerre ne soient plus qu'un lointain souvenir.

Potter lui parlait vraiment comme à de la merde. Et cela tout le temps. Il en aurait hurlé de frustration que cela s'applique même au Potter robotisé et ahuri par la potion.

- MOI AUSSI JE TE DÉTESTE POTTER ! beugla-t-il dans le vide, parce que Harry ne fit pas ne serait-ce que semblant de réagir face à l'écho retentissant de sa voix.

Il s'éloignait, inéluctablement.

Bravement concentré sur sa tâche, à laquelle il mettait tout son coeur, il n'entendit pas le « Oh et puis à quoi bon » de Malefoy, tout comme il ne le vit pas sortir sa baguette glissée dans sa poche et la brandir dans son dos.

Romilda... Romailda lui manquait... il devait la voir, impérativement... est-ce que ses yeux étaient aussi pâles ? Si beaux ? Le manque était une véritable torture, il dev... !

Harry se sentit soudain attrapé par la cheville, et avec un petit cri étonné il fut soulevé du sol par une force implacable et se retrouva suspendu tête en bas. Sa robe se retrouva sur sa tête comme s'il était encapuchonné et il se débattit en tous sens, furieux et désespéré à la fois.

- Tiens, tiens, quelle belle pochette surprise nous avons là.

La voix le prit à nouveau de court, et Harry avait envie de pleurer. Il ne voulait pas se trouver ici, sa place était auprès de Romilda...

- Arrête de gigoter Potter, on dirait un vers de terre.

- Tu m'as... cogné la tête... gémit difficilement Harry, essouflé, sa voix perdue dans les pans de la robe lui venant sur le visage.

C'était vrai. Malefoy n'avait pas été très délicat dans son entreprise, et avant de se retrouver à faire le cochon pendu dans les airs le crâne de harry avait fortement heurté le sol. Mais ce n'était rien, la douleur physique n'était rien à coté de son désarroi présent.

Romilda.

- Oh, alors je t'ai fait mal ? s'enquit Malefoy, d'une voix faussement inquiète. Tant mieux.

- Je te déteste ! cria Harry qui bougeait toujours autant.

- Hm mais je ne vois pas ton visage Potter, cela me contrarie.

Harry était en sueur à force de se débattre, le sang lui venait à la tête et ça faisait mal.

- Ro...milda m'attend, pleurnicha-t-il, ne renonçant pas malgré la pesanteur de ses bras.

- Arrête de parler d'elle, dit Malefoy brusquement.

Harry s'avoua vaincu, au moins un moment, et ses bras pendirent au dessus de sa tête.

- Qu'est-ce que je devrais faire tu penses pour te voir... ? Te déshabiller ? continua de réfléchir tout haut Malefoy, que la perspective avait l'air de beaucoup amuser.

Ce que Harry ne vit pas c'est le tic nerveux qu'il eut au coin des lèvres à ce moment.

Mais il s'en fichait de toute manière, il devait voir Romilda nom d'un chien.

- Bon, on va se contenter de ta robe usée ça te va ? Je la trouve moche de toute façon.

Harry avait recommencé à se tortiller lorsqu'il sentit le tissu forcer pour s'enlever de lui. Il crut véritablement qu'il allait lui arracher la tête lorsque le col se retrouva bloqué au niveau de son menton, mais finalement il s'en trouva dégagé. La robe avait ébouriffé dans une proportion effrayante ses cheveux et elle s'écroula sous lui dans un bruit sourd.

Potter transpirait la haine par tous les pores de la peau, il transpirait d'ailleurs tout court et ses joues étaient rouges.

Draco le regarda attentivement, sans faire grand cas du regard noir avec lequel le Survivant le transperçait.

- T'es vraiment pas beau à l'envers, dit-il finalement.

Harry remarqua le regard scrutateur qui courait sur lui remonter jusqu'à son ventre, que sa chemise attirée par la gravité laissait voir. Draco frissonna comme s'il s'était rendu compte que ses pensées avaient divagué, et il regarda à nouveau Harry dans les yeux.

- Comme si tu étais beau, de toute façon. Tu crois quoi Potter ? Que parce que tu as gagné cette foutue guerre tu as enfin su trouver un charme fou ? Que tu peux embobiner toutes les filles ? Laisse-moi rire !

Malefoy s'énervait à présent tout seul, alors que c'était Harry qui était dans la position la plus inconfortable. Il s'en sentit agacé.

- Alors comme ça, d'avoir gagné, d'avoir au moins dix pages de la Gazette chaque jour qui chantent tes louanges et le monde sorcier à tes pieds te donnent confiance en toi ? Même plus tu me regardes !

Harry lui aurait bien fait remarquer que ses successives remarques étaient décousues et sans grand sens, mais ça ne l'aiderait pas à se détacher et à se sortir d'ici, aussi préféra-t-il recommencer à se débattre à la place.

- Comme si tu ne l'avais pas toujours eu à tes pieds le Monde Sorciers ! Et qui c''est qui se tape ta putain de petite tronche satisfaite tous les jours en cours ? Qui te voit si... heureux, balança-t-il, comme si ce dernier terme était dégoûtant.

Malefy rebrandit soudain sa baguette sur lui, et Harry cessa brièvement de gigoter.

- Mais aujourd'hui tu vas m'écouter Potter ! Jusqu'au bout ! Cette situation n'a que trop duré !

Il se rapprocha avec lenteur, arborant un grand sourire narquois, et cela déconcentra plus que tout le reste Harry au point qu'il en eut le souffle coupé.

- Et tu sais ce qui est le mieux dans tout ça ? susurra-t-il. C'est que tu ne peux pas t'enfuir.

Harry ne réfléchit pas. Il n'aimait pas que Malefoy se tienne si près, c'était comme si une immonde angoisse s'agrippait dans son ventre et l'image de Romilda si belle s'en trouvait brouillée.

Aussi donna-t-il un grand coup de poing dans le ventre de Malefoy, qui poussa un son étouffé et se recula en se tenant le ventre.

- Putain... dit-il, d'une voix entrecoupée, surpris par douleur.

Celle-là, il ne l'avait visiblement pas vue venir.

- Je veux voir Romlida ! exigea Harry depuis sa position à l'envers.

Draco prit le parti d'ignorer son ventre meurtri, et il trouva sa vengeance lorsqu'il énonça le plus calmement du monde :

- Non, tu vas rester ici avec moi.

Le visage de Harry prit une expression dévastée, et cela fut suffisant pour que Draco ne se sente plus en colère, du moins pour ce qui concernait le coup de poing dans le ventre uniquement.

Il pouvait commencer à parler.

- Comme je te l'ai dit tu ne me laisses pas d'autre solution, commença-t-il en faisant les cent pas, sous le nez d'un Harry qui en avait très franchement rien à faire de ce qu'il avait à raconter. Ca fait combien de temps, deux mois qu'on est rentrés ? J'ai l'impression que ça en fait dix, et tout ça pourquoi Potter ? Parce que tu ne daignes pas tourner ta putain de gueule de balafré vers moi !

Il s'arrêta de marcher en regardant Harry, et celui-ci lui trouva un air de dément.

Romilda.

- C'est pathétique, n'est-ce pas ? Je le sais, c'est ce que je me dis tous les jours. Et je te... déteste Potter, gémit-il. D'une telle force...

Harry se souvint vaguement dans son esprit d'un Malefoy à l'air sombre et renfermé. Il ne comprit d'ailleurs pas pourquoi les images du Draco de ce dernier mois étaient si nombreuses dans sa tête, pourquoi elles se mutipliaient. Draco assis dans la Grande Salle et regardant son assiette sans y toucher, Draco blême et silencieux au milieu de la foule alors qu'un élève de Poufsouffle le traitait de salopard de mangemort. Draco qui s'absentait de plus en plus souvent aux séances de Quidditch que lui et Ron venaient regarder parfois, et ses coéquipiers Serpentards énervés qui se plaignaient de son manque d'implication, comme s'il n'était pas leur ami.

Romilda.

- Je te fais pitié maintenant, c'est ça ? reprit-il. Maintenant que tu m'as sauvé la vie, maintenant que tu as blanchi mon nom -mais pas celui de mon père hein enfoiré?- je te fais de la peine et ne représente plus aucun intérêt ? C'est vrai que les petites putes comme cette Romilda t'occupent beaucoup.

Harry aurait du réagir, hurler comme un diable et le menacer de mort pour avoir parlé ainsi de sa Romilda. Mais entendre le jeune fille se faire insulter par la bouche de Malefoy avait quelque chose de fascinant, au moins pour l'instant, et il s'immobilisa à nouveau.

- Il faut donc que je projette encore d'assassiner le Directeur pour que tu veuilles bien prêter attention à moi ?! s'emporta Malefoy furieux, et qui inexplicablement semblait aussi blessé.

- Tu ne me dis pas.

Il interrompit ses cent pas, surpris d'entendre une phrase ne contenant pas le mot « Romilda » sortir de la bouche de Potter.

- Quoi ?

- Tu as dit que tu devais me dire quelque chose, mais tu ne me le dis pas.

- Mais c'est ce que je fais depuis tout à l'heure sombre crétin !

- Non, tu tournes autour du pot.

Harry ne fit pas attention à la réaction de Malefoy, dont le visage se décomposa, à la place il soupira ostensiblement.

Il avait vraiment mal à la tête, tout son cerveau le picotait douloureusement, chacun de ses membres pesait des tonnes.

- Tu es tellement insupportable Potter, dit-il doucement.

- Je le sais, tu me l'as déjà dit. Change de disque tu veux ?

Si Harry devait passer du temps loin de Romilda, autant qu'il s'y passe des choses intéressantes.

- Romilda me manque, murmura-t-il avec douleur, alors qu'il voyait l'adorable moue boudeuse de la jeune fille danser devant ses yeux.

Il ne savait plus très bien si elle était à l'envers, ou à l'endroit, mais elle le poursuivait.

- Ah ouais ? Du genre comment ? demanda abruptement Malefoy.

Harry le regarda avec des yeux ronds : Malefoy se mordait la lèvre, comme s'il regrettait déjà ce qu'il venait de dire. Harry regarda attentivement cette lèvre mordue et rougie, lorsqu'il lui parla.

- Tu veux vraiment m'entendre parler d'elle ?

- Bah, pourquoi pas ? répondit le Serpentard en haussant les épaules.

Harry remarqua néanmoins que ses mains tremblaient, de façon presque imperceptible. Mais il allait pouvoir parler de Romilda, et le perspective l'enchantait trop pour en tenir compte. Et puis qu'est-ce que ça voulait dire d'abord, ces mains qui tremblaient ? Cela ne le concernait pas. Malefoy était vraiment trop bizarre.

- J'imagine que je l'embrasse.

Maleofy ne bougea pas d'un cil, sa tête inclinée vers le sol.

Bien que Harry ne parle pour l'intant que d'un baiser ses paroles lui semblèrent très crues lorsqu'elles résonnèrent dans le couloir désert.

Comme malefoy ne réagissait décidément pas, il prit le parti de continuer.

- Je le fais amoureusement, parce que son visage m'obsède, parce que la moindre pensée d'elle m'obsède. Pas seulement lorsque je la vois, non, le moindre objet insignifiant me rappelle comme elle me manque. Ce couloir est peut-être un endroit où elle est passée il y a quelques minutes, cette personne que je croise lui a peut-être parlé. Tout a un rapport avec elle. Le ciel a la couleur de ses yeux, les pierres noires du château celle de ses cheveux. J'entends un rire de fille quelconque et j'ai l'impression que c'est elle que j'entends. On m'enfermerait dans une chambre faite de murs blancs je deviendrais fou, parce que son visage se retrouverait absolument partout.

- T'es vraiment tarré Potter, dit Draco avec un rire tremblant. Ou plutôt bien imbibé. Elle t'a pas raté la salope. Mais continue.

- Tu es jaloux, dit Harry lentement.

Malfoy rouvrit les yeux.

- Peut-être bien.

Harry déglutit. Il avait toujours aussi mal de partout, et l'impression que les éléments autour de lui devenaient peu à peu comme dans un rêve. Mais il poursuivit.

- J'espère vraiment que tu perdras la mémoire, dit piteusement Draco avant.

Harry choisit de l'ignorer.

- J'imagine que je l'embrasse, donc. Et c'est un baiser plutôt torride. Je happe ses lèvres entre mes dents, et comme elle est surprise elles s'ouvrent, pour moi et moi seul. Ma langue trouve la sienne et elles dansent ensemble, se caressent. Je l'étreins plus férocement contre mon corps. Ses jambes s'enroulent autour de moi et ses mains passent sous mon T-shirt. Je me moque de savoir s'il y a des gens autour de nous et elle aussi s'en fiche. Je la veux. Elle sent mon désir pour elle en train de croître et… et elle caresse mon entrejambe à travers le tissu de mon pantalon.

- Elle a du ajouter une potion de Désir dans celle d'amour, se marmonna Malefoy à lui-même. J'ai entendu dire qu'elle était douée en potions.

- Alors je me décide à explorer plus en profondeur sa peau. Je la fais se languir et l'effleure d'abord en lui arrachant des frissons, avant de la palper, de lui laisser la marque rouge de mes doigts comme preuve que je l'aime, et qu'elle est mienne. Ma bouche lâche la sienne et elle expire un gémissement quand j'applique le même traitement à son cou pâle, que je sais sensible. Ses forces l'abandonnent, elle se retrouve toute appuyée contre le mur tandis que mes mains errent sur son ventre, et commencent à passer sur l'élastique de sa culotte...

- Ok Potter, j'ai eu ma dose, s'exclama Malefoy. Un peu plus et je vais gerber.

Harry était cramoisi, sans doute autant d'embarras qu'à cause du sang qui avait quitté tout le bas de son corps qu'il ne sentait plus, mais pourtant ses lèvres continuaient de remuer, et il continuait de décrire lentement et avec précision ce qu'il ferait du corps de Romilda. De mettre des mots sur l'obsession qui le martyrisait.

« …mais avant je veux toucher sa poitrine. Ronde. Ferme, et divine… elle est logée dans son soutien-gorge à dentelle. Je lui desserre avec hâte sa cravate... Elle est ma perte Malefoy. J'ai déjà défait deux boutons de son chemisier. Mes gestes sont maladroits. Ma respiration est rauque. Elle ne cesse de gémir et de coller son corps brûlant contre moi, le dos cambré. Chacun de mes attouchements est de plus en plus osé. C'est comme si on était pris par le temps.

- C'est bon Potter ! J'ai dit qu'on arrêtait !

Harry débitait de façon mécanique à présent, sa voix forte toujours aussi enflammée.

« ...Je suis torse nu. Ses mains agiles m'ont débarassé de mon T-shirt. Très vite ses ongles s'enfoncent dans ma nuque. Car j'expose enfin en plein jour son décolleté Malefoy, et que j'enfouis mon visage dans la douceur de ses seins...

- Ta gueule Potter.

- J'inspire à plein nez leur douce odeur ! Comme je la soutiens elle peut passer ses mains derrière son dos, et se dépêche de dégrafer le soutien-gorge prison. Enfin sa poitrine généreuse est libre ! Je la contemple brièvement, puis n'y tenant plus me penche pour prendre le mamelon durci dans ma b...

- Le ferme potter ! La. Ferme !

Maleoy perdait complètement le contrôle de lui-même. Et il avait beau hurler, taper du pied et ne sachant plus que faire le menacer par des mouvements de bras désespérés comme s'il apprêtait à frapper Harry, celui-ci était impossible à faire taire. Il était à la fois mortifié et de plus en plus furieux par des mots qui il pensait ne sortiraient jamais de la bouche de Potter. Surtout pas ça.

« ...Je le suce avec application. Romilda gémit mon nom comme s'il s'agissait d'une prière. Mon pouce touche son ventre plat et...

Malefoy avait ses cheveux d'un blond d'ange décoiffés à force de passer ses mains dedans en criant d'impuissance. Harry le vit sans le voir tapoter ses poches de ses mains tremblantes, à la recherche de sa baguette, à laquelle il n'avait pas pensé avant. Draco ne la trouva pas ici. Il vit qu'elle était par terre. Il regarda une dernière fois Potter possédé qui parlait toujours sans discontinuer, et, avant que la jupe de Romilda ne soit complètement relevée, à court de moyen il l'embrassa.

Pour de vrai.

La bouche de petit pote potter se retrouva plaquée contre celle de Draco Malefoy. Cela eut le mérite de lui couper le sifflet à Potter, et avant que Draco n'ait le temps de se dire « mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? » et ne se recule, il reçut une réponse. Parce que la main de Potter qui s'était trouvée sur sa hanche se déplaça sur sa cuisse, et ce simple geste fit exploser tellement de choses impensables en Draco que toute restriction tomba et qu'il l'embrassa résolumment. Exactement comme Potter avait raconté qu'il embrassait Romilda, comme s'il souhaitait reprendre de l'avance, reprendre ce qui lui appartenait et se laver le cerveau des images immondes que Potter avait fait naître.

Potter avait mal à la tête, infiniment. Il ne savait plus trop bien ce qu'il touchait. Il savait juste que c'était une partie du corps de Draco, et bizarrement cela lui convenait. C'était ça le principal, qu'il touche Draco. Sa bouche répondit au baiser et il suça la langue du Serpentard alors qu'une partie de lui-même hurlait intérieurement le nom de Romilda. Mais puisqu'il se retrouvait suspendu, et qu'on ne lui donnait pas le choix, cette partie était vaincue. Il n'était plus que sensations, plus qu'un corps répondant aux initiatives de l'autre.

Puis les lèvres de l'autre garçon furent parties.

Harry se dit qu'il devenait vraiment dingue, tout ceci n'était qu'une grande hallucination, il voyait tour à tour Malefoy se faire frapper par Granger, Malefoy insultant sa mère après qu'il ait perdu au match de Quidditch, Malefoy terrorisé et blanc comme un linge à cause de ce que Voldemort lui ordonnait de faire. Ce qu'il voyait maintenant c'était le visage de Malefoy qui s'essuyait la bouche avec sa manche, en toisant Harrry qui avait perdu absolument tout repère dans l'espace. Il se demanda si cela avait été fait exprès, que sa bouche soit exactement au niveau de celle du serpentard. La situation aurait pu d'une certaine manière lui rappeler quand Malefoy lui avait cassé le nez en sixième année. Mais cette fois-ci le Serpentard avait les lèvres rougies, comme si quelqu'un avait exercé une forte pression dessus.

Malefoy était à bout de souffle. Harry l'avait vraiment fait sortir de ses gonds.

Romilda.

Pendant un moment ce fut comme si Harry était transparent. Malefoy se détourna de lui, et jura à plusieurs reprises. Harry le vit du coin de l'oeil se recroqueviller au sol et enfouir son visage dans ses bras.

Prit place le silence, longtemps.

Harry se tortilla faiblement :

- Romilda...

Draco se redressa enfin, Harry cessa tout mouvement et retint son souffle lorsqu'il s'approcha.

- Pourquoi tu as répondu au baiser Potter ? Tu m'aimes bien c'est ça ? Réponds-moi !

- Je... je ne sais pas...

La tête de Harry allait exploser, de nouveau les images de Draco et Romilda se disputaient, se superposaient, se mélangeaient.

Malefoy inspira profondément, et Harry ne pensa plus à rien du tout lorsque la main du Serpentard se posa avec hésitation sur sa joue. Il n'était plus que ça. Un contact. Un contact brûlant.

Draco regardait ailleurs, comme s'il ne voulait pas voir ce qu'il faisait avec sa main. Sa paume était chaude.

- C'est... vraiment dégoutant, dit-il d'une voix tremblante.

- Moi je ne trouve pas, répondit Harry.

Les yeux rougis de Malefoy glissèrent sur lui, et Harry constata qu'il avait pleuré.

La main glissa sur son cou tendu. Harry n'arrivait plus à faire l'effort de seulement redresser la tête, il pendait pitoyablement, ses muscles étaient en feu et il ne sentait pas la moitié de son corps.

Et juste là, en un flash, harry se dit qu'il voulait retrouver les lèvres de Malefoy. C'était indécent, mais il voulait qu'il s'approche à nouveau. Malefoy semblait tiraillé, il caressait avec beaucoup d'attention le cou de Harry. Lors d'une seconde celui-ci songea, alors que le pouce et les autres doigts de la main s'étiraient autour de sa gorge, que Malefoy avait peut-être envie de l'étrangler. Au prix d'un effort surhumain, colossal, Harry leva son bras, et atteignit celui de Draco. Romilda l'avait laissé tranquille. Une culpabilité dévorante persistait mais elle n'était rien à côté de la douce chaleur que réveillait en lui la proximité de l'autre.

- Tu comprends mon problème maintenant Potter ? chuchota-t-il.

- Hmm hmm, fit harry tout en laissant sa main dériver jusque sur le poignet de Malefoy.

- Tu es en position de faiblesse, articula malefoy.

- Oui.

- Tu sais que c'est jouissif comme situation ? Je pourrais en profiter.

Harry tenait toujours le poignet de Draco, et Draco touchait toujours la joue de harry.

- Je t'ai à ma merci, continua Malefoy.

- Ca s'est déjà produit, dit harry paresseusement.

- Oui mais c'était différent, à ce moment là je n'avais pas compris.

- Compris quoi ?

Malefoy ne répondit pas.

Harry n'insista pas. Sa main s'était enfouie dans la manche large de Malefoy, et à présent il touchait son avant-bras sur toute sa longueur, lorsqu'il touchait la peau fine il se disait que c'était aussi la marque des Ténèbres qu'il touchait. C'était une perspective un peu effrayante.

- J'aimerais... commença-t-il.

Malefoy accrocha son regard au sien.

- … que tu sois complètement honnête avec moi, autant qu'avec toi-même.

On aurait dit qu'à chaque effleurement que Draco donnait à Harry il se résignait un peu plus, il gardait toujours une moue un peu rebutée sur les lèvres, qui semblait de moins en moins sincère, comme si c'était lui qui se dégoutait en faisant ça à Potter, mais qu'il ne pouvait s'en empêcher.

- Je te déteste, dit Draco doucement.

Harry attendit, et ne pouvant explorer plus profondément l'intérieur de la manche de Draco il en sortit, et sa main revint sur son poignet, l'intéreur du poignet où la peau était si sensible et si douce.

- Et pourtant tu es toujours là, dans ma tête. Tu m'as parlé d'obsession Potter ? Je comprends très bien ce que c'est.

Avec beaucoup d'hésitation, le pouce de malefoy vint sur ses lèvres.

- Tu cherches toujours à être meilleur que moi... Tu as dédaigné mon amitié. Tu m'as préféré Weasley le bouseux, murmura-t-il, mais sans que ce soit dit de manière méchante. Tu m'as préféré tellement d'autres personnes, Potter. Et alors que j'aurais pu t'admirer, comme les autres, plus j'avais conscience du fait que je n'étais pas quelqu'un d'intéressant pour toi et plus je te détestais. Si fort. Je crois que tu ne peux pas réaliser combien. Alors il faut que tu me détestes, toi aussi. Il me semble que c'est mieux que rien...

Malefoy avait l'impression de tomber dans le vide, une lente chute inexorable avec les grands yeux verts de Harry Potter qui le regardaient.

- A une époque, quelque part j'étais soulagé de te voir souffrir… C'est tordu, dit-il en secouant légèrement la tête.

L'index de malefoy s'attardait sur la bouche de Harry, qui tout en regardant Malefoy droit dans les yeux en prit le bout entre ses lèvres, très légèrement, ce qui n'enlevait que peu du caractère obscène de la chose.

Draco humidifia nerveusement ses lèvres.

- Finalement je crois que c'était mieux de ne rien comprendre, toutes ces années. Parce que ces deux derniers mois...

Harry embrassa vraiment le bout de l'index de Malefoy. Celui-ci sentait la chaleur de sa salive.

- Je les ai mal vécus, dit-il simplement.

La main inanimée de Harry se remit à caresser le poignet.

- J'ai tellement honte Harry, souffla-t-il avec une grimace.

Harry avait mal à la tête.

- Il ne faut pas...

Harry crut voir l'ombre d'un sourire s'esquisser. Puis son expression changea.

- Tu n'es pas en train de m'embobiner j'espère ? dit-il d'un ton traînant.

- Non Malefoy, non.

- Bien. Parce que si c'est le cas, crois-moi que tu me le paieras. Si je te dis Romilda ça t'évoque quoi ?

- Qu'elle aille se faire foutre, dit Harry d'une petite voix.

Cette fois-ci Malefoy sourit vraiment.

- Ca me va...

Il tint doucement le visage de Harry avec son autre main, et Harry songea que c'était étrange de voir Draco Malefoy aussi prévenant. Etrange mais pas déplaisant. Toujours de façon aussi incertaine il se pencha vers Harry, et alors que ses lèvres frôlaient presque les siennes...

- Tu es consentant pas vrai ?

- Oui, marmonna Harry.

- Bien. Bien...

Les lèvres douces s'apposèrent contre les siennes, moins abruptement que tout à l'heure, et pour cause. Malefoy se disait qu'il était tout simplement devenu cinglé, de réellement mettre en pratique ce qui avait déjà sommeillé et mûri en lui en plusieurs années. Mais c'était pas grave, il acccepterait sans hésitation de devenir aussi cinglé que Loufoca et Dumbledore réunis, tant qu'il pourrait embrasser Potter. Et tant que Potter lui répondait comme en ce moment. La bonne chose dans tout ça c'est qu'ils étaient deux de cinglés, dans l'histoire.

Harry gémit lorsque Malefoy ouvrit sa bouche pour approfondir le baiser et s'accrocha à lui encore une fois il ne sait trop bien comment, tenant un bras ou une épaule ou une hanche. C'était trop bon, c'était fantastique, et c'est à cet instant là que Harry sentit ses forces le quitter et qu'il s'évanouit.


Tous les sons qu'avaient entendus Harry jusqu'à présent étaient venus de face à lui, pourtant, il eut l'impression qu'ils venaient d'au-dessus lorsque doucement, avec un mal de crâne épouvantable, il reprit ses esprits :

"...lez Potter, normalement c'est toi qui vient au secours des gens. (Harry sentit les secousses s'arrêter) Je... je peux même pas t'amener à l'infirmerie, ces imbéciles vont croire que c'est moi qui ai essayé de te tuer. Tu parles d'une ironie... Il est trop tard maintenant, Potter, fallait crever il y a deux ans. Ou alors trois, ou avant que tu rentres dans ma vie, même. Ca m'aurait évité un bon nombre de problèmes, sachant que tu fais partie des problèmes."

Un silence, puis un soupir de la voix qui chuchotait.

"Laisse tomber. Tu as compris au moins que j'étais pas sérieux ? C'est te voir souffrir que j'aime, pas te voir, dormir… J'espère. Je... Harry… ? S'il-te-plaît ! Réveille-toi ! Tu as gagné, ça ne m'amuse absolument pas. Je flippe même. Comme un dingue. Regarde comme je parle tout seul, je suis devenu dingue.

Silence.

"Bon ok. Je t'amène à l'infirmerie."

Harry ouvrit les yeux. Tout d'abord il vit du noir, puis peu à peu les couleurs formes et contours apparurent et il vit le visage de malefoy au-dessus du sien, encore un peu flou. Il n'y eut pas de remarque. Draco resta stoïque. Mais Harry crut percevoir qu'il se décrispait, et pas qu'un peu. Chaque partie de son corps et de son visage accusait le soulagement.

- C'est pas trop tôt Potter, ça fait au moins trente minutes que je te donne des gifles pour que tu cesses de dormir. On a cours je te signale.

Harry, qui entreprit soudain de se relever, faillit faire remarquer que la dernière impression qu'il avait eue était plutôt qu'on le berçait, mais il préféra laisser tomber.

C'est quand il voulut s'appuyer sur le coude pour se redresser qu'il se rendit compte laborieusement que non seulement il était allongé par terre, mais qu'en plus Malefoy le tenait dans ses bras. Celui-ci aussi semblait avoir oublié ça, parce que quand le regard de Harry parcourut leur actuelle position il eut l'air gêné. Les joues de Draco s'empourprèrent.

Harry s'attarda sur ce détail. Le rouge montant aux joues de Draco. Et en un éclair il se souvint.

Il regarda les lèvres de Draco, et celui-ci regarda les siennes avant de remonter à ses yeux.

Et le silence regard dans regard s'étira.

Malefoy ne fit pas le moindre geste, pourtant Harry eut l'impression qu'imperceptiblement l'étreinte autour de lui se fit plus douce, tendre. Il était vraiment soulagé, et fatigué. Fatigué de se battre.

Malefoy allait parler, il tenait apparemment à dire quelque chose d'important :

- Je suis dés...

- J'aime Romilda Vane.

Harry sourit, un sourire à se fendre le visage en deux. Il fit s'écarter Malefoy devenu muet pour pouvoir se relever, et ignorant sa tête lourde comme si trois maisons s'écrasaient dessus se tint debout fièrement, heureux.

- Il faut que j'aille lui dire immédiatement. Malefoy, merci pour tout, dit-il avec émotion.

- Va te faire.

Harry ne fit pas grand cas de sa remarque, et, inspirant profondément pour se donner du courage, il repartit de là où il était venu, se dirigeant bon train vers la sortie des sous-sols des Serpentards.

Mais Harry avait oublié un détail.

- Stupéfix !

Malefoy n'allait certainement pas le laisser partir comme ça.


A suivre...

cette fic ne sera pas longue, c'était vraiment la grosse partie là, donc pas vraiment de Drarry développé comme ils le mériteraient. Je ne peux dire maintenant quand je posterai la suite(courte) mais je ferai de mon mieux pour ne pas tarder !