Bonjour à tous et toutes.
Voici une fanfiction qui me trottait dans la tête depuis un bout de temps ; me voilà mettant des mots sur des idées. Cela peut parfois être difficile, ou maladroit.
Ainsi, si vous aimez ou avez une critique constructive, je vous serais extrêmement reconnaissante de m'en faire part. Un peu de motivation ou d'aide pour m'améliorer ne fait jamais de mal !
L'univers, les personnages appartiennent à J. Rowling.
Mulurune.
« Merci de m'accueillir ainsi chez toi, Rémus » murmura t-elle, les cils baissés.
Hermione s'assit calmement, dans la cuisine vide et poussiéreuse. L'ancien professeur, aux cernes toujours aussi apparentes, eut un sourire fatigué et prit place face à elle. Il mit quelques minutes avant de proposer un thé, rompant le silence dans lequel ils semblaient vouloir s'engluer. La gryffondor accepta, d'un hochement de tête. Elle, habituellement si bavarde, n'osait plus ouvrir la bouche. Elle se sentait intimidée, angoissée. Ses mains, sagement posées sur ses cuisses, étaient fermées en deux poings crispés.
« Cardamone et cannelle » fit la voix rauque du loup-garou, et les effluves firent soudain envie à la demoiselle quand ils effleurèrent ses narines.
Il y eut de nouveau quelques minutes où ils apprécièrent l'un et l'autre le goût fort de la boisson ambrée. Puis Rémus remua sur son siège, grimaça, et tenta une nouvelle approche.
« Sirius m'a tout expliqué. Il est normal que tu te sentes apeurée, Hermione. »
Peut-être espérait-il créer chez elle une réaction ; peine perdue. Elle gardait obstinément son regard baissé. Il soupira, se leva, et dans le bruit étouffé de ses mouvements chiffonnant le tissu de ses vêtements, il s'approcha. Elle sursauta en sentant son contact, et elle recula d'un geste brusque, alors qu'il tentait simplement de lever son visage doucement. La violence sous-jacente de son comportement fit briller une tristesse infinie dans son regard, et il hocha la tête. Il comprenait. Il fut simplement blessé de la voir trembler ainsi, de peur ou de colère, à cause de sa proximité.
« Pardonne-moi, ce n'était guère malin de ma part de t'imposer ce toucher. Veux-tu en parler ? Ou souhaites-tu simplement prendre place dans ta chambre ? »
Sa voix grave avait des accents caressants qui la hérissèrent. Elle lui décocha un regard sombre, et elle espéra presque le voir reculer, comme physiquement repoussé. Il était pourtant là, à présent immobile, chaud, humain. Douloureusement gentil.
« Je vais aller dormir. »
Il ne répondit rien. Il n'y avait rien à rétorquer à cela. Qu'elle n'ait pas mangé depuis la veille, selon Sirius, ou qu'elle semble se renfermer sur elle-même, n'étaient pas d'excusables raisons pour qu'il l'ennuie. Il n'était pas son père, ni même son tuteur. Rémus la regarda s'éloigner, sa valise à la roue droite fendue crissant sur le parquet. Quand il l'entendit claquer la porte de l'étage, il secoua la tête et enfouit son visage dans ses mains.
Hermione avait été mordue par Greyback, deux semaines auparavant, lors de l'attaque des mangemorts au ministère.
Elle était tombée, Harry était tombé, Ron était tombé ; tous trois blessés, de différentes façons pour chacun. Harry avait perdu une main, tranchée par un Voldemort empli de haine, prêt à prendre sa revanche. Ron avait subi une blessure physique au torse, mais l'impact sur son moral, le choc psychologique semblait bien plus important. Molly Weasley avait perdu la vie, tout comme Tonks, et Maugrey. Shacklebot avait réussi, quant à lui, à prendre la vie de deux mangemorts, Nott et Rosier. Le sang coulait à flots. Celui d'Hermione aussi, infecté par la bête qu'était Greyback. Voldemort l'avait lâché sans scrupules, de crocs et de griffes, entre les étagères pleines d'orbes emplies d'avenir en fumée.
Ils avaient réussi à éviter l'hémorragie chez Hermione, grâce à un mélange de poudre d'argent et de dictame. Pourtant, il n'y avait nulle victoire dans la survie de certains de leurs héros : trop étaient tombés. Trop avaient perdu ceux qu'ils aimaient. Ron et les autres Weasley étaient dévastés de leur perte. Harry était l'ombre de lui-même, à présent manchot, les yeux emplis de rage. Hermione, quant à elle, était devenue un fantôme traversant les jours sans retrouver le sourire. Sirius avait eu l'excellente idée de proposer que Rémus s'occupe d'elle : cela l'éloignerait de son propre deuil. La perte de Tonks restait vive, comme une blessure ointe de sel. Si il avait espéré que la bonhommie d'Hermione lui rappelle son ancienne compagne, il s'était fourvoyé.
Encore quelques jours, et la lune ronde, blanche et hypnotique les changerait tous deux en loups. Ce serait la première transformation d'Hermione, et ce n'était qu'un détail parmi d'autres. Voldemort avait gagné en puissance. L'Ordre se remettait d'une attaque qui les avait balayés. Il n'était pas impossible que le Lord Noir ne prenne rapidement le dessus.
Dans un frisson, l'ancien professeur se leva pour chasser la peur, l'inquiétude, la tristesse de ses os. Mais il semblait que ces sentiments aient fondus en lui, pour y former un noyau lourd à porter. Il s'approcha de sa cheminée où ronflait un feu dansant, et toucha du bout des doigts un vieux collier en cuivre. Souvenir d'une femme exceptionnelle. Les doigts se roulèrent autour de la chaîne, et les sanglots laissèrent échapper un unique mot. « Tonks. » Les larmes salées avaient pourtant un goût amer.
