Je te regarde monter à l'étage, tu as éteint la lumière, façon élégante de me faire comprendre ton mécontentement. Je ne t'ai pas demandé d'être avec moi, je ne t'ai pas demandé de m'aimer. Je regarde mon verre de Whisky, ce n'est pas le premier et ce ne sera pas le dernier.
À quoi t'attendais-tu en traînant avec le vieil homme que je suis ? Je suis vieux, veuf et sectaire, un pauvre imbécile solitaire. Tu es sans doute aussi déprimée que moi par la mort de Sirius, mais tu ne sais rien. Cela fait déjà un an qu'il est mort et je n'arrive pas à oublier. Je sais que tu pleures le soir, tu voudrais que je sois là pour toi.
Pourquoi m'aimes-tu Tonks ? Je n'ai rien à t'offrir de convenable. Tu mérites beaucoup mieux qu'un vieux loup-garou amoureux ton cousin. Et pourtant je ne dis rien, tu ne sauras jamais la vérité alors que je tiens à toi, je pense même que je t'aime. Mais je ne pourrai jamais t'offrir autant que ce que j'ai offert à ton cousin. Alors ce soir, j'ai décidé de boire, pour oublier.
Je bois à toi qui m'a bien voulu. Je bois aux amis qui m'ont fait tombé. Et à toi qui m'a embrassé. Je bois à toi qui m'as défendu.
Tu n'aimes pas quand je bois, tu pars et me laisses avec ma douleur, je t'en suis reconnaissant. Dès que je t'embrasse, j'ai l'impression de trahir ton cousin, tu es bien trop jeune et trop vivante, tu es merveilleuse et je suis un imbécile. Moi je traîne mon corps comme un boulet, je traîne mes cadavres avec amertume, je traîne mon cœur endeuillé. Et malgré tout ça, tu restes avec moi. Tu dois vraiment m'aimer pour supporter toutes ces immondices qui m'entourent. Tu m'as embrassé, me donnant ton cœur, me laissant la main, me laissant la possibilité d'accepter ou de refuser. Tout le monde veut que j'accepte, mais ils ne comprennent pas… Je n'arrive pas oublier mon amour pour Sirius, et même si je t'aime, jamais tu ne remplaceras ton cousin. Je n'ai pas le droit de t'offrir une moitié d'amour, et pourtant tu l'accepterais. On m'a conseillé de me lancer, d'accepter ce que tu m'offres. J'hésite toujours, je ne sais pas quoi faire, alors je passe ma nuit à boire.
J'ai pris ma décision. Il m'aura fallu une nuit entière et une bouteille de Whisky. J'ai sorti ma vieille Pensine, il est temps que j'y mette ses souvenirs qui me pèsent. Cette pensine sera mon histoire désormais. Je les reprendrai au bon moment, quand ce sera la fin. On ne sait jamais si je retrouve Sirius dans l'au-delà. Je regarde mes souvenirs qui m'échappent et je vois nos souvenirs qui défilent, et surtout je te vois toi, je suis sincèrement désolé mais il est temps que tu t'en ailles de ma vie, pardonne mon égoïsme, mais je ne veux pas rester seul, pas encore. Tandis que nos souvenirs m'envahissent, remplis de nostalgie et de regrets, je bois, encore et toujours. Je bois, au temps passé à te maudire, à te faire rire, à te chérir, au temps passé à te vieillir.
Dans cet alcool je trouve mon courage, le courage de t'abandonner, encore.
Mais je le dois à ta cousine, j'aimerai te rejoindre, mais on a besoin de moi, je dois me battre pour toutes les personnes qu'on aime. Tous nos souvenirs sont désormais rangés et cachés, mais je continue de boire, je bois à ta défaite Sirius, à notre défaite.
Je suis plus calme, tu es toujours là, mais cela ça ne fait plus mal. Je vais rejoindre Tonks et lui donner le peu que j'ai. Je pense que je vais être heureux tu sais. Je suis désolé d'avoir du te sacrifier pour ça et j'espère du fond du cœur que tu me pardonneras quand on se reverra. Endors-toi dans cette pensine, je viendrai te chercher.
Douloureusement je t'oublie.
