Albus Dumbledore, le calme, la grandeur, l'exemple. Un mangeur de sucreries en tous genres. Un exemple pour ses pairs, un professeur doué et pédagogue. Un sorcier qui cherche des toilettes au septième étage de Poudlard. Un homme grand par le cœur, grand par l'action, mort pour ses idées. Un personnage illustre qui voit dans le miroir de Risèd une paire de chaussettes.

Un point bien étrange de la vie d'Albus Dumbledore, bizarreries entre les bizarreries cultivées par ce cher mais défunt directeur.

Et voilà qu'environ trente ans plus tard, Rose Granger Weasley trouvait le livre que le monde entier se serait déchiré, le carnet personnel d'Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore, directeur pendant de longues années de l'école de sorcellerie de Poudlard.

Enchantée par cette découverte, la petite Weasley la rangea dans sa cape avant de courir à son cours de sortilèges. Pendant que le professeur expliquait la leçon d'un air concentré, Rose eut le plus grand mal à oublier le livre qui pesait contre sa jambe. Étrangement, elle avait l'impression de faire une bêtise en ne le disant pas à un professeur, mais en intrépide Gryffondor et fière fille d'une Hermione assoiffée de connaissances, elle laissa l'ouvrage à sa place. À peine quelques minutes plus tard, elle le toucha pour s'assurer qu'il n'avait pas disparu. Elle caressa la couverture en cuir du bout des doigts. La jeune fille n'avait pas vraiment pu observer le livre de son intérêt, se faisant héler par un Potter stressé d'être en retard en cours. La Gryffondor aurait juré qu'une lettre ou une phrase était installée sur la première de couverture après le "Albus D" écrit en lettres d'or.

Le professeur la rappela à l'ordre d'une voix douce mais stricte, ce qui fit rougir la fille Weasley et la fit oublier son livre pendant le reste de l'heure.

Quand la fin de la journée fut annoncée par le professeur de sortilèges, Rose annonça à ses amis qu'elle avait à faire et qu'elle les rejoindrait à la Grande Salle pour dîner. Quand les deux garçons opinèrent simplement, les deux filles et jumelles de Luna Lovegood lui lancèrent un regard inquiet. Bien moins dérangées que leur mère, les deux jumelles étaient très sensibles aux réactions des autres et parfois clairvoyantes, un peu trop au goût de Rose.

La fille Weasley les quitta avec un petit salut de la main, se pressant pour aller dans la Salle sur Demande. Rose passa deux fois puis trois fois devant le mur avant d'entrer. Elle se rappelait avec émotion quand son oncle Harry lui avait raconté, à elle et James Potter, comment aller dans cette salle, tandis que Hermione pestait qu'il ne fallait pas « pousser les enfants à faire des bêtises », appuyée d'une Ginny qui ne supportait pas qu'on « inculque à son fils les façons de se cacher des professeurs ». Harry avait ri et dit, sous le regard hilare de Ron, que ce n'était pas lui qui disait aux enfants que cette information était utile pour sécher les cours.

La lourde porte s'ouvrit en grinçant sur une petite pièce bien éclairée, garnie de fauteuils et de chaises. Ne prenant pas plus de temps pour s'intéresser à la salle offerte par les murs de Poudlard, Rose s'écroula dans un fauteuil moelleux et sortit de sa cachette le précieux journal.

Elle prit cette fois-ci le temps de bien observer l'objet. D'une forme carrée, peu habituelle par rapport aux manuels scolaires, ce carnet en cuir épais mesurait à peine vingt centimètres de côté. Il n'avait pas l'aspect "pavé" des livres habituellement dévorés par la jeune fille de seize ans mais ne ressemblait pas à un album moldu. Il était comme unique en son genre. Alors qu'elle observait la douce calligraphie sur la couverture qui laissait entrevoir à pleine lumière "Albus D", elle s'étonna du côté vraiment lourd de l'objet. Le livre semblait attaché à plusieurs masses de plomb. Rose se fit la réflexion de le peser avec la nouvelle balance que lui avait offerte sa mère pour son début de sixième année. Le livre ne possédait aucun signe de vieillesse ni d'usure, et Rose se demanda si c'était dû au fait que le directeur prenait vraiment soin de ses affaires, ou s'il avait jeté un sort pour que son état ne se dégrade pas avec le temps.

Elle se rappela qu'elle avait senti quelques mots en relief sur la couverture avec ses doigts lors du cours de sortilèges. Elle essaya de voir à la lumière si cela ressortait mais aucune autre phrase ne semblait écrite. Elle passa alors encore sa main en dessous du nom du célèbre sorcier et toucha de nouveau quelque chose d'étrange. La première lettre ressemblait à un "D" majuscule trouva Rose, après avoir passé au moins une minute sur cette première lettre. L'écriture étant assez longue, elle passa un bon quart d'heure à déchiffrer la phrase :

« De la part de Minerva M. »

Minerva McGonagall, comprit tout de suite Rose, irritée du temps passé pour découvrir cette information d'une utilité assez discutable. Et c'est sur cette pensée qu'elle ouvrit enfin ce qu'elle espérait être une lecture croustillante. La première de couverture tournée, elle vit une page blanche avec seulement inscrit en haut à droite le numéro de page. S'étonnant de cette découverte, elle tourna encore une page blanche aussi. Toutes les suivantes furent les mêmes : numérotés et vierges de toute écriture. Après une quinzaine de pages, la jeune fille grogna de mécontentement s'insultant mentalement de sa bêtise.

Comment un être intelligent dont même Voldemort avait peur aurait-il pu laisser tous ses secrets à la vue de tous ? « Bien sûr qu'il les avait un peu protégés », se réprimanda sévèrement Rose à voix haute pour sa naïveté. Elle referma le livre, se promettant de chercher à la bibliothèque tout ce qui pouvait protéger un journal intime.

Malgré tout, elle essaya un Finite incantatem timide sur une des pages. Rose, qui s'attendait à ce que rien ne se passe, ou alors que des écritures apparaissent, fut bien surprise. Ce n'est pas l'apparence de la page qui changea mais l'apparence du livre entier. Il gonfla, gonfla, jusqu'à ce qu'il atteigne une taille volumineuse et impossible à porter pour la jeune fille. Quant à son nombre de pages, il passa d'une petite centaine à un grand millier. Mais le plus énervant pour la jeune Weasley fut que les pages restèrent définitivement blanches.

Retenant un cri de protestation, elle lança un Reducto sur le livre qui reprit une taille plus respectable. Une dernière fois, elle vérifia les pages qui ne changèrent pas d'avis. Elle prit le livre et le rangea dans sa poche intérieure avant de se ruer vers la Grande Salle, sachant qu'elle était déjà un peu en retard.

Heureusement pour elle, d'autres retardataires arrivèrent en même temps qu'elle, ce qui lui permit de se faire toute petite. Depuis son plus jeune âge, elle détestait l'attention qu'on lui portait à cause de sa famille bien trop connue, alors se permettre qu'on la remarque de la sorte l'aurait gênée au plus haut point. Calmant son pas pour ne pas paraître trop suspecte auprès de ses amies, elle s'avança à leur côté et s'installa à côté de Ted, l'orphelin de Lupin et de Nymphadora.

James prit un malin plaisir à lui faire remarquer que pour une Weasley, être en retard à un repas relevait d'un reniement familial. Les Lovegood pouffèrent, tandis que Ted lui lançait un regard désolé. Elle accepta sa sollicitude avec un sourire, et envoya un regard noir à James, sans pour autant le contredire, en se servant généreusement dans le plat le plus près. Les rires de James redoublèrent sous la mine vexée de Rose qui le renvoya paître quelques minutes plus tard en lui disant, acerbe :

« Je suis sûre que Tante Ginny sera ravie d'apprendre qu'au bout de ta deuxième semaine de cours, tu as déjà deux retenues.

- Tu n'oserais pas ? Non ? s'inquiéta James avec un sourire qui disparut.

- Je ne vais pas me gêner, cousin !

- Bon, bon, grogna-t-il. Je m'excuse, ça va ? »

Rose hocha la tête pour toute réponse et se servit à nouveau, ce qui eut le don de rendre son sourire au fils Potter. Elle ne s'attarda pas à table sous le regard scrutateur de Lucem et Solis, les jumelles.

Elle se rendit sur son lit, l'esprit concentré sur ce bouquin de malheur. Alors qu'elle allait abandonner pour la soirée, elle eut un flash de sa mère qui racontait en riant :

« Une des nombreuses facettes incroyables de notre ancien directeur, c'est qu'il adorait les sucreries. Tous ses mots de passe étaient le nom d'une de ces merveilles pour les caries. L'entrée du bureau du Directeur fut longtemps fermée d'un 'sorbet citron'. À vrai dire, je crois que la seule douceur qu'il n'aimait pas étaient les dragées surprises de Bertie Crochue. Lorsque Harry se reposait à l'infirmerie à cause de l'affaire de la pierre philosophale, l'ancien directeur lui avait volé une dragée en lui racontant qu'il n'en mangeait plus depuis des lustres à cause d'une mauvaise surprise du nom de 'goût poubelle'. »

La jeune fille savait maintenant ce qu'elle devait essayer. Selon toute logique, le directeur n'avait pas mis une sucrerie qu'il adorait, sinon une personne le connaissant un minimum aurait facilement trouvé. Elle essaya alors tout de suite en soufflant :

« Dragées surprises. »

Le livre émit une forte lumière bleue. Rose se félicita d'être partie du repas plus tôt pour ne pas être dérangée par ses collègues de dortoir extrêmement curieuses.

Les lettres apparurent petit à petit, se chargeant d'encre, et enfin les phrases purent être lisibles.

« Je prends le temps d'écrire cette histoire afin qu'elle ne soit pas oubliée dans mon esprit lors de ma mort. Minerva a raison, même les plus gros secrets et les plus lourds ne doivent pas être gardés. Mais la Pensine m'est trop impersonnelle, alors cette chère professeure et amie m'a offert ce carnet pour que je puisse conter ce roman.

Je vais m'adresser à toi, lecteur d'un futur qui n'est peut-être pas aussi éloigné que le voudrait ma conscience. À défaut de savoir où commencer, je sais déjà où je cacherai ce carnet à son achèvement. Juste à côté de la salle de sortilèges, en dessous d'une des pierres qui pavent le chemin. La découverte de ce carnet ne sera alors qu'un enchaînement de circonstances. La pierre devra être foulée par le pied, puis touchée par une plume et ensuite découverte par une main Gryffondor sang-mêlée. Je sais que les chances que cela arrive ne sont pas si minces que ça. Mais n'écris-je donc pas cela pour que quelqu'un le lise ? »

Rose interrompit sa lecture qui s'annonçait si passionnante en entendant des bruits de voix en bas des escaliers. Elle cacha consciencieusement le livre en cuir sous son oreiller. Elle eut beaucoup de mal à s'endormir, et malgré les rideaux de son lit clos, elle s'autorisa seulement à toucher le livre de peur qu'on le lui enlève. Elle passa la nuit à rêver de ce que pouvait contenir le journal du plus célèbre sorcier de l'époque d'avant Voldemort.