Ceci est la traduction d'une fic de Ceredwen, "Le Flambeau vivant". Les liens sont sur mon profil.
Merci de respecter le rating M, justifié. Bonne lecture !
Le Flambeau vivant
Par Charles Baudelaire.
Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.
Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.
Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique ;
Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil ;
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul Soleil ne peut flétrir la flamme !
La douce fragrance de jasmin portée par une chaude brise d'été gorgée de soleil, fait doucement remuer les rideaux de gaze blanc de la fenêtre de la chambre à coucher. La lointaine rumeur d'une conversation murmurée dehors dans le hall chatouille son subconscient, le réveillant lentement. Une petite main douce réchauffe la sienne, si familière et réconfortante. Faiblement, il frotte son pouce sur le bracelet d'or de sa femme.
« Sirius, chéri, tu es réveillé ? » Sa voix est la chose qui lui importe le plus au monde. Elle a le goût de la lumière du soleil et l'odeur du bonheur ; saine et pleine de vie, et même si cela n'a aucun sens, ce n'en est pas moins vrai. C'est ce qu'il ressent. Il sourit.
« Hermione » dit-il faiblement, ouvrant les yeux et clignant. Il tente de porter sa main à sa bouche mais échoue. Il n'a pas assez de force. Elle sait ce qu'il veut et elle l'aide. Pour un moment, ils font semblant.
« Merci » murmure-t-il, et il presse ses lèvres contre sa peau à elle. Ses mains n'ont plus la jeunesse qu'elles avaient, la peau est fine et laisse voir les signes de l'âge. Et pour cela il les trouve encore plus belles. La position du soleil par la fenêtre ouverte indique qu'il est presque midi. Il est vraiment heureux d'être ici plutôt qu'à languir à Sainte Mangouste. Le lit est neuf mais le réconfort est familier, résultat d'une récente redécoration de leur chambre à coucher. La conversation dans le hall s'estompe, et deux silhouettes apparaissent sur le pas de la porte.
« Est-ce que Papa est réveillé ? » Une vague de fierté envahit Sirius. La voix est jeune et forte, et elle ressemble à la sienne. Les silhouettes sur le pas de la porte se rapprochent un peu, mais s'arrêtent devant la haute armoire.
« Oui Regulus », dit Hermione. Il entend cette tension dans sa voix, cet avertissement non formulé à l'intention de son fils. Ce dernier se rapproche encore, alors que l'autre silhouette se faufile près du lit.
Il cligne des yeux pour ajuster sa vue et sourit encore, à Hermione tout d'abord. Elle est tellement belle, non pas en dépit du gris dans ses cheveux et des petites lignes autour de ses yeux, mais grâce à eux. Elle devient elle-même, pense-t-il, même si elle avait rit lorsqu'il lui avait dit cette phrase. Ils sont là parce que les années ont passé et qu'ils les ont passées ensemble. Ensuite il sourit à son fils, son jeune lion, qui est maintenant marié et qui a deux enfants, adolescents.
Cette épaisse masse de boucles brunes va bien avec son nom, pense-t-il. Il a les cheveux, les yeux et le tempérament de sa mère. Mais le reste de son fils est à lui. Grand et fort, avec le même visage que Sirius. Ses deux enfants sont ainsi.
« Papa ? » En parlant du loup, pense Sirius, et il lui sourit enfin, à elle. Ses yeux ne sont pas exactement comme les siens, d'une nuance de gris plus sombre, même si Hermione a toujours soutenu que la couleur de ses yeux était variable. Les cheveux de sa fille sont aussi noirs que les siens étaient, avant que les stries grises n'abandonnent et ne laissent place au blanc. Ils sont longs et soyeux et ils lui descendent loin dans le dos. Il lui a appartenu dès son premier braillement. Elle est le bébé, elle est son bébé.
« Ne le dérange pas, Adhara, » dit Hermione. Comme d'habitude, l'avertissement pour sa fille est plus direct. Ça, c'est parce qu'Adhara tient de moi niveau personnalité, pensa-t-il de manière désabusée. Si Regulus est celui qui est responsable, qui est studieux, Adhara en revanche... Elle est comme lui, et il n'y a qu'un ordre direct qui puisse fonctionner.
« Pardon, Maman » dit-elle. Sa main se glissa sous les couvertures, trouva la sienne et la pressa furtivement. Elle essaye toujours de repousser les limites, même étant maintenant adulte. Mais elle n'a jamais osé pousser sa mère trop loin, pense Sirius. Adhara est une gentille fille, mariée à l'aîné des fils de Harry, James. Leur fille est en première année à Poudlard et ils ont aussi un fils plus jeune. Ça aurait fait plaisir à James et à Lily, pense-t-il.
Un sentiment de contentement l'envahit furtivement, au milieu de la famille que sa femme et lui ont construit ensemble. Ils approchent les chaises ou les conjurent simplement, et s'installent auprès de lui.
« Où sont les p'tits ? » marmonne Sirius. Il sait ce qui est en train de se passer, pourquoi ils sont tous rassemblés autour de son lit. La fin est proche et il voudrait voir ses petits-enfants une dernière fois. Il se sentait mieux hier, lorsqu'ils sont venus le voir, mais aujourd'hui c'est différent. Il se sent prêt.
« Ils sont avec Tante Ginny, Papa », dit Adhara. « On ne pensait pas que - »
« Pas d'problème » murmure-t-il. Il comprend, bien sûr. « Les aime. »
« Ils le savent, mon cœur, » dit Hermione calmement. « On le sait tous. »
Il est si fatigué, mais il est heureux également, et aimé. Ses yeux palpitent, ils sont si lourds. Harry est finalement rentré de sa mission au loin pour le Ministère et il est venu le voir. Il s'aperçoit alors que c'était ce qu'il attendait.
« Tout va bien, Patmol ? » La voix est chaude, et douloureusement familière. Il regarde dans la direction d'où elle semble provenir. A l'opposé de là où était assise sa femme, il y avait James et Lily Potter. Il est presque temps. Son sourit s'élargit encore en les voyant.
« Quand êtes-vous arrivé ? » demande-t-il, un peu plus de vie dans sa voix. Les infirmiers ont dit qu'il aurait un sursaut d'énergie la fin approchant, ou bien est-ce le fait de voir James. Il a fait toujours cet effet.
« Nous étions ici, chéri, » dit Hermione, un peu d'inquiétude dans la voix.
« Nous sommes ici, Patmol, » dit James. « Dès que tu seras prêt, nous sommes ici. »
« Il n'y a pas le feu, Sirius », dit Lily. « Prends ton temps et ensuite nous nous en irons tous ensemble. »
« Merci, Lil' » marmonne Sirius, glissant un peu en arrière tandis qu'ils reculaient.
« Hé. » Une main serre la sienne, gentiment. La main d'Hermione. « Tu es avec nous ? »
« Oui » il murmure. « J'suis là, c'est comme avec la pierre. Tu t'souviens c'que tu m'racontais à propos de la pierre d'Harry ? La pierre de résurrection, c'est ça ? Et à propos de James et Lily ? Ils sont là. »
« Bien sûr, chéri, » dit Hermione. Elle émit un petit bruit, un hoquet, comme un sanglot qu'elle aurait ravalé. Elle comprends ce que ça veut dire. La raison pour laquelle il peut les voir. « Je n'oublierai jamais cette nuit. »
Il sourit doucement en élevant un sourcil, et regarde ses joues pour voir si elle était en train de rougir. Elle l'était. Il glousse. Même maintenant alors que leur temps touche à sa fin, elle rougit pour lui. Godric, comme il aime cette femme.
« Quelle pierre ? Quelle nuit ? » demande Regulus. Il regarde son fils, intelligent et beau. Ils ont bien fait les choses, Hermione et lui.
« Nous n'avons jamais parlé de ça, n'est-ce pas, mon canard ? C'étaient des temps difficiles pour nous. Tu devrais leur dire, lorsque... » Il ne voulait pas l'énerver en finissant sa phrase par 'je ne serais plus là'. « Raconte-leur toute l'histoire, comment nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre, » dit Sirius. « Pour toi, ça a commencé avec le soir où est mort Kreattur, non ? »
« En quelque sorte » répliqua-t-elle doucement. « J'ai toujours détesté la manière dont tu le traitais, mais lorsque tu as accepté de faire la meilleure chose à faire, bon, peut-être pas vraiment la meilleure, mais ce qui pour moi s'en approchait le plus, j'ai vu qu'il y avait plus en toi que ce que je n'avais cru dès l'abord. »
Pour lui, c'était bien plus tard. Evidement. Elle était trop jeune, il n'y avait même jamais pensé. En plus, il y avait d'autres raisons, des raisons qui n'avaient rien à voir avec elle, des raisons liées à James et à Lily, et à tout ce qu'il avait perdu.
« Le cabinet de travail, alors ? » demande Sirius. Ils n'ont jamais vraiment parlé de cette époque, mais il y avait de bonnes raisons à cela. Il peut sourire maintenant à ce souvenir, car tout a si bien fini. Il se souvient si clairement d'elle.
« Oui, je pense, » dit Hermione tranquillement. Puis ses yeux se posent sur son fils et sa fille, embarrassée, et un rose pâle colore instantanément ses joues. « Tu avais l'air si différent, et tu sentais si bon. »
« Je m'étais juste douché », murmure-t-il. « Je m'demandais pourquoi tu agissais si bizarrement. »
« Oui, » dit-elle, d'un ton tranchant et crispé. Il ne peut s'empêcher de sourire largement, sentant revenir l'adorable casse-couilles qu'il avait été amené à tant aimer. « Tu avais l'impression que je m'étais habillée pour toi. Mais Harry avait raison, tu sais. »
« Je sais », apaise-t-il, se sentant à nouveau plus fringuant. Elle aussi fait cet effet-là. « J'étais un idiot et un trou du cul. » Il a passé le reste de sa vie à rattraper les choses avec elle, et il en a aimé chaque minute.
Hermione émit un reniflement, ni approuvant ni désapprouvant, et c'est un son tellement familier que ça lui donne une nouvelle raison de sourire. Elle est pleine de raisons de sourire.
« J'ai fait beaucoup d'erreurs alors avec toi, » continue-t-il doucement. « J'ai le cul bordé de nouilles que tu m'aies donné une chance. Je t'aime, tu sais. »
« Je t'aime aussi » dit-elle. Leurs regards se perdirent l'un dans l'autre un moment, et la pièce sembla s'effacer, tout ce qu'il pouvait voir c'était elle. Son rayon de soleil. Son bonheur. Son à tout jamais.
Elle jette un œil autour d'elle, et il sait qu'elle essaye de voir James et Lily. Ils sont là, le laissant tranquillement dire au revoir. Elle va vouloir savoir combien de temps elle a encore avec lui. Elle a toujours voulu savoir, et il adore ça chez elle.
Il sent Adhara qui serre sa main. Qu'est-ce qu'elle lui ressemble. Elle a fait preuve de beaucoup de patience jusqu'ici, pour quelqu'un comme elle qui veut toujours être le centre de l'attention.
« Je t'aime aussi, gamine, » dit-il, serrant sa main à son tour. « Toi aussi, mon fils, je vous aime tous les deux et je suis très fier de vous. » Il ne leur a pas assez dit, jamais dit d'ailleurs, il a toujours préféré montrer les choses plutôt que de les formuler. Mais parfois ceux qui vous aiment ont besoin de les entendre, et il n'aura pas d'autre occasion.
« Pas besoin de leur raconter la nuit où nous nous sommes rencontrés. Ils ont déjà entendu cette histoire un millier de fois. Ron adore caqueter à propos de sa jambe cassée » dit-il, revenant au sujet précédent.
Hermione s'exclame rapidement. « C'est parce que c'est toi qui l'avait cassée, mon cher. »
« Mauvais perdant » dit Sirius affectueusement. Il ne parlait plus de la jambe cassée de Ron. La femme avec qui il était marié depuis quarante et quelques années rougit encore une fois. Putain, il aimait faire ça, et il a toujours aimé ça.
« Oui, bon, de toutes manières, » continue-t-elle, encore un peu troublée. « Je pense que c'est toi qui devrait leur raconter l'histoire. »
Il agita sa main délicatement. « Il ne reste pas assez de temps, ma douce. » Et c'était tellement vrai. Il aurait bien re-signé pour quarante ans, puis encore quarante ans après cela. Mais cette option n'était tout simplement pas envisageable.
Hermione réagit rapidement, conjurant une bouteille de verre. Il sait qu'elle essaye de masquer son chagrin en se donnant quelque chose à faire. Ça lui ressemble tellement. « Ce n'est pas grave, » dit-elle. Sa voix est rauque et légèrement brisée par l'émotion. « Tu peux toujours leur montrer. » Elle leva la bouteille devant son visage pour qu'il puisse la voir. « Tu sais comment extraire un souvenir ? »
Il acquiesce. « Tiens moi ma baguette, poupée, si ça ne te fait rien. » Il a des millions de petits noms pour elle, mais il n'a jamais utilisé aucun d'entre eux avant ce premier soir.
Il réfléchit aux souvenirs à montrer à ses enfants. Leur montrer uniquement cette nuit-là, la nuit où il prit la décision de l'aimer, n'aurait aucun sens à son avis, il faut aussi qu'ils voient les erreurs et les quiproquos. Il y a certains souvenirs qu'il est persuadé qu'ils ont réussi à recueillir, ici ou là, puisqu'ils sont certainement aussi intelligents que leurs parents, mais il doute qu'ils aient l'histoire en entier. C'est sa dernière chance de leur montrer ce qu'il appris de ses erreurs, et tout le processus pour y parvenir.
« Est-ce que c'est la nuit où tu as sauvé Maman de Bellatrix ? Oncle Harry nous a raconté comment tu l'as éjectée par la fenêtre, avec les rideaux et tout ça, » dit Regulus. Sirius regarde son fils encore une fois, il est si fier de lui, fier qu'il soit fort pour sa mère et sa sœur. Même s'il est un homme, un vrai, ça ne doit pas être facile pour lui. S'il peut voir le chagrin que Regulus essaye de dissimuler, c'est uniquement parce qu'il le connaît bien.
Pendant qu'ils parlent, Adhara trace des lignes sur sa paume, mais elle n'ouvre pas la bouche. Ce n'est pas parce qu'elle obéit à sa mère. Sirius n'est pas si naïf. Il sait que c'est parce qu'elle a peur de ne pas contrôler sa voix.
« Non, ça c'était le jour d'après. Votre mère, Parrain et Oncle Ron sont partis pour une mission tous les trois. » réplique Sirius.
Il se revoit envoyant Bella valser à travers la vitre, son corps qui s'écrase sur le tissu sombre qui recouvrait la grande fenêtre des Malefoy. Il n'avait pas voulu la tuer, du moins ça n'avait pas été son intention première. Il voulait seulement éloigner Bella d'Hermione. Il avait passé presque une heure à l'écouter la torturer et il a perdu le contrôle. Le sort n'était pas un Impardonnable, mais la force qu'il y a mis a tout de même soufflé sa vie.
En toute honnêteté, il n'avait pas vraiment envie que ses enfants voient ce que Bellatrix faisait à leur mère. Elle lui avait infligé le Doloris à plusieurs reprises, ce qui avait eu pour conséquence un coma qui a duré trois semaines, quatre jours, douze heures et trente-deux minutes. C'est pas comme s'il avait compté. Lorsque la rage eût disparu et qu'il la prît dans ses bras, il s'était rendu compte que la pauvre petite chose trempait dans sa propre urine.
Hermione en parle rarement, même si certaines nuits, et ce plusieurs années après, elle se réveillait encore en hurlant. Heureusement, ses cauchemars se sont espacés jusqu'à disparaître, le dernier ayant eu lieu il y a plus de dix ans.
« Tiens voilà, » dit Hermione. Elle place la baguette dans sa main et referme ses doigts autour du bois familier. Elle l'aide à élever la baguette.
« Attends, » dit-il doucement. « Certains souvenirs seront pour les gosses et les petits-enfants, mais d'autres seulement pour toi. Tu devras les trier, d'abord. Tu sauras les reconnaître. »
« D'accord, mon amour, je le ferai, » répond-elle tendrement. « Je pense que pour que ça fasse sens, tu devrais commencer par la Chambre de la Mort du Département des Mystères. Le soir où Harry pensait que V-Voldemort était en train de te torturer. »
« Aussi loin ? » demande-t-il, s'étonnant qu'après tout ce temps elle ait encore du mal à prononcer ce nom. Elle répond avec un sourire et hoche la tête. Il ne peut vraiment pas s'empêcher de lui sourire en retour, il la trouve tellement belle. Elle porte sa main à sa tête et presse le bout de sa baguette contre son front. Sirius ferme les yeux, et se souvient.
~oOo~
Même maigre et usé, Sirius savait qu'il était toujours un adversaire formidable et dangereux. Il jetait des sorts tellement rapidement qu'on pouvait difficilement voir sa baguette bouger. La passion pour ce jeu mortel brûlait toujours haut et fort en lui. De plus, c'était personnel et cela équivalait à un Incendio sur un feu de joie.
Ils étaient les deux derniers à se battre, et chacun savait que c'était un combat à mort ; ils voulaient du sang.
Un éclat venimeux passa dans les yeux de Bellatrix alors qu'une lumière rouge jaillissait du bout de sa baguette. Grâce à son bon jeu de jambes, qu'il devait à son enfance et à ses multiples précepteurs, Sirius s'écarta adroitement et évita les dégâts. Bellatrix tournoya sur elle-même, puis se baissa et faillit perdre pied au moment où un jet bleu lui brûla quelques cheveux en allant se perdre au-dessus de sa tête. En recouvrant son équilibre elle jeta un autre sort en direction de Sirius et cette fois elle fit mouche.
Le sort frappa violemment Sirius en pleine poitrine, le soulevant du sol et le projetant à travers l'arche au centre de la pièce. Comme il tombait en arrière à travers le tissu flottant qui pendait délicatement de la pierre, il lui sembla apercevoir une sorte de mouvement du coin de l'œil. Quelqu'un de grand, habillé en violet avec une longue barbe blanche agitait sa baguette à peu près dans sa direction. Et une secousse violente le projeta verticalement à travers le plafond.
La dernière chose qu'il entendit avant de perdre conscience fut un cri d'angoisse : un jeune homme qui avait peur pour son père, son frère, son ami.
« SIRIUS ! »
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Sirius cligna des yeux, sonné. Il avait l'impression que sa tête était remplie de boules de cotons. Il entendit une voix, féminine, familière et vaguement ennuyante. D'autres la rejoignirent et bientôt il compris ce qu'il était en train d'écouter, mais toujours pas où il était. Il allait ouvrir la bouche pour poser la question lorsque Hermione se remit à parler.
« Je n'aurais jamais cru qu'ils auraient imprimé ça. »
« Imprimer quoi ? » demanda Harry. Des ressorts de lit qui gémissent.
« Un article à propos de la disculpation de Sirius. » répliqua Hermione, « bien sûr, ce n'est qu'un entrefilet en page six. »
Sirius essaya de s'asseoir mais il se redressa trop vite et sa tête se mit à tourner. Les muscles de son dos, de son cou et autour de ses épaules protestèrent et gémirent d'être sollicités. « Ma quoi ? » croassa-t-il très fort, avant de s'éclaircir la gorge.
Harry glissa du lit de Ron, le bousculant rudement au passage, ce qui lui attira un grognement de protestation de l'occupant du lit. Au même moment, Neville jaillit de sa chaise et les deux garçons se précipitèrent vers le lit de Sirius.
« Tu es réveillé ! » s'exclama Harry en remontant ses lunettes sur son nez.
« Harry m'a tout raconté sur vous. C'est un privilège de vous rencontrer, Monsieur, » dit Neville vivement et un peu timidement.
« Par la barbe de Merlin ! » dit Sirius, avec un petit sourire triste. « Tu ressembles tellement à ton père. »
Neville rougit un peu et murmura un petit merci. Sirius comprit que c'était un sujet sensible à l'expression prudente que Harry avait adoptée.
« Tu es Sirius Black », dit Luna en s'approchant et en aidant Ginny à s'installer au pied du lit. « Les journaux disent que tu as tué beaucoup de gens de sang-froid, mais Papa dit que c'est un coup monté du Ministère pour couvrir le fait que Fudge cherche à contrôler l'or des Gobelins. »
Sirius sourit largement et rit sous cape. Deux lits plus loin, on entendit un petit bruit de désapprobation.
« Tu es le portrait craché de Serena Lovegood » dit Sirius. « Tu es de la famille ? »
Luna eut un soupir joyeux. « Tu es allé à l'école avec Maman ? »
« En effet », répondit Sirius. « Mais elle avait quelques années de plus que moi ; je l'ai mieux connue après Poudlard, ainsi que ton père d'ailleurs. »
« Salut Sirius, » dit Ginny en étendant confortablement sa cheville cassée sur le lit. « Comment tu te sens ? »
« Un peu étourdi » répliqua-t-il en la remerciant d'un signe de tête. « Un peu comme si j'étais passé sous le Magicobus, mais je suis sûr que dans quelques jours ça ira mieux. Maintenant expliquez moi cette histoire de disculpation et dites-moi où je suis ? »
« Nous sommes à l'infirmerie de Poudlard, » répondit Harry. « Dumbledore a pensé que c'était le meilleur moyen d'éviter de trop faire parler de toi. »
« Bonjour Sirius, » prononça Hermione, à sa gauche.
« 'Lut Sirius, » marmonna Ron à l'opposé.
Sirius enroula ses bras autour de son torse et voulut se rallonger sur son oreiller. La chambre tourna soudainement. Il devait apparemment osciller car Harry et Neville s'étaient tous les deux précipités pour le stabiliser.
« Merci » dit Sirius calmement, reconnaissant envers les garçons et un peu plus préoccupé par ses blessures. Il s'allongea précautionneusement et fit un petit signe de la main à Ron et à Hermione.
« Voudrais-tu que je te lise cet article, Sirius ? » demanda impatiemment Hermione.
« Ouais, écoutons ce que le Ministère a à dire pour sa défense », répliqua-t-il.
Il tenta de se servir un verre d'eau du pichet que Madame Pomfresh lui avait laissé, mais Luna repoussa sa main et le fit elle-même. Elle lui tendit le verre avec un sourire vague alors qu'ils se préparaient à écouter Hermione. Harry et Neville ajustèrent les oreillers dans son dos pour qu'il soit plus à l'aise.
Le Ministère arrête la chasse à l'homme
La plus grande chasse à l'homme de l'histoire du Ministère s'est terminée aujourd'hui avec la levée de toutes les charges qui pesaient sur Sirius Black, à qui furent présentées des excuses publiques. Aucun membre officiel du Ministère n'a voulu commenter ce revirement surprenant. Black a été emprisonné en 1981 pour son implication dans les meurtres de James et Lily Potter, ainsi que ceux de douze Moldus. A l'époque, Black avait été incarcéré sans procès. Peut-être a-t-il été libéré pour vice de forme ? Sommes-nous réellement en sûreté avec cet homme en liberté ?
Le silence s'installa alors que tous réfléchissaient aux implications des dernières phrases. Sirius était peut-être libre, mais rien ne garantissait que le fait soit accepté ou même qu'il soit en sûreté.
« Quelles bêtises » renifla dédaigneusement Hermione. « La Gazette a dû imprimer tellement de démentis aux désinformations du Ministère que je doute que qui ce soit fasse encore confiance à ce torchon. Tu as le soutien de Dumbledore, de Harry et celui de beaucoup d'autres personnes. La vérité finira par s'imposer. »
Sirius sourit devant son air concerné. « J'ai toujours su que même si j'arrivais à innocenter mon nom, ce ne serait pas accepté immédiatement. Voire même jamais, pour certaines personnes. »
« De toutes façons, maintenant que je suis un homme libre, je peux retourner en mission pour l'Ordre. A ce propos, » Sirius se tourna brusquement vers Harry, soudain pressé : « Tu as la prophétie ? La dernière fois que je l'ai vue, je vous disais de courir, toi et Neville. »
« Je suis désolé, Sirius, » dit Neville d'un air chagrin, sa respiration sifflant entre ses dents. Sa voix était chargée de culpabilité. « Je ne voulais pas la briser - »
Sirius l'interrompit par un éclat de rire. « Eh bien, en voilà de bonnes nouvelles ! »
« Quoi ? » demandèrent plusieurs voix à travers la pièce, confuses ou incrédules. Les seules à rester silencieuses furent Luna, qui souriait sereinement, et Hermione qui souffla impatiemment.
« Vous ne comprenez pas ? » dit-elle. « Si la prophétie est détruite, les Mangemorts ne peuvent pas l'utiliser contre Harry ou contre l'Ordre. J'imagine de toutes façons que ce n'est qu'un ramassis de bêtises. »
« J'espère pourtant qu'elle disait vrai » répliqua Sirius. « Mais tu as raison Hermione, comme d'habitude. La prophétie détruite, Voldemort n'aura jamais connaissance de son contenu. »
« Mais toi tu sais déjà ce qu'elle contenait », devina tranquillement Luna.
« Tout juste » dit Sirius, posant un regard pénétrant sur Harry, puis sur Neville. « Je le sais depuis presque seize ans. »
« Lucius Malefoy a dit que ça avait un rapport avec comment je me suis fait cette cicatrice ? » dit Harry, se cramponnant à ces mots incertains en caressant distraitement sa cicatrice.
« Effectivement, et je t'expliquerai tout » dit Sirius, une forte dose de détermination dans sa voix. « Mais pas avant que nous ne soyons dans un lieu un peu plus discret, comme la maison de mes ancêtres. Et Dumbledore devra être là, aussi. »
La pièce retomba dans le silence. Harry regardait Sirius d'un air interrogatif. Son visage ressemblait tellement à celui de James, sauf les yeux qui ne collaient pas. Si Molly savait, elle ne l'accuserait plus de confondre Harry avec James. La douleur de ce qu'il avait perdu était installée lourdement en lui, ne le laissant jamais vraiment en paix. Les années passant, elle était à peine moins aiguë.
« Donc, tu disais, » continua Hermione après une bonne minute de silence, « que parfois les prophéties sont réelles ? »
« Normalement, je n'y accorde pas plus de crédit que cela, » répondit Sirius. « Ce n'était même pas une matière au programme lorsque j'étais à Poudlard. Mais dans ce cas précis, c'est réel et Harry a le droit de savoir. »
Tous les yeux se posèrent furtivement sur Harry puis s'écartèrent. Pauvre gars. Cette putain d'habitude de maintenir Harry dans l'ignorance avait assez duré. Maintenant qu'il était libre, il allait enfin remplir le rôle qu'il n'avait pu assurer dans le passé. Il avait enfin l'opportunité d'être un vrai père pour le fils de James et de Lily. Son fils, en quelque sorte.
« Autant nous le dire à tous, » dit Harry. « De toutes façons, je le dirai à Ron et à Hermione. »
« Et nous alors ? » demanda Ginny, agressive.
« Eh bien tout d'abord, » dit Sirius en agitant sa main en direction de Luna, de Neville et de Ginny, sauvant Harry d'un désastre social, « vous trois n'avez pas encore l'âge. » Lorsque Ginny et Neville ouvrirent la bouche pour émettre des protestations, il éleva la main pour les réduire au silence. « Je sais que ni Ron ni Hermione ne sont assez âgés non plus, mais j'ai mes raisons. »
« Rémus, et d'autres, m'ont raconté tout ce à quoi Harry a dû faire face. Je n'ai entendu parler que de Ron et d'Hermione dans ces histoires, et pas de vous. »
Neville se figea sur place, regardant ses pieds et rougissant un peu.
« Et pour finir », termina Sirius en regardant directement Ginny. « Ta mère me poursuivrait en me jetant sort après sort jusqu'en enfer »
« C'est pas juste », se plaignit Ginny d'une voix gamine.
« Eh bien » rit sombrement Sirius. « Je ne sais pas si tu as remarqué, mais la vie est injuste. »
Elle serrait la mâchoire et Sirius savait qu'elle était vexée. Le lit bougea un peu lorsque Ginny leur tourna le dos, à Harry et à lui, pour fixer le mur opposé de la petite infirmerie. Tout ce qu'il avait dit était vrai : Harry était encore mineur, mais en tant que parrain c'était lui qui avait le dernier mot dans cette affaire. Et il était fort probable que Harry racontera tout à Ron et à Hermione.
Ou que Molly lui jetterait un sort s'il disait quoi que ce soit à son plus jeune enfant, sa seule fille.
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« Le soir avec Kreattur, le soir où il est mort, ce soir-là ne commence pas vraiment là, si ? » demande Sirius, ouvrant les yeux un moment.
Hermione secoue la tête en déposant le premier souvenir dans la petite bouteille de verre. « Non, tout a réellement commencé avec cette dispute entre toi et Molly, Dieu ait son âme. »
« C'est toujours étonnant de penser que finalement elle et moi avons réussi à nous entendre », s'amuse-t-il.
« Pas plus que toi et moi » précise-t-elle.
« Hum » murmure-t-il. « Eh bien heureusement que mes sentiments envers elle n'ont pas évolué dans le même sens que mes sentiments envers toi. » Il sourit car ses mots avaient exactement l'effet escompté : elle rougissait.
Hermione rassemble ses pensées et répond dans un souffle, embarrassée : « Tu dis des bêtises uniquement pour me faire réagir. »
« Exact, » réplique-t-il, n'essayant même pas de nier. Il avait effectivement obtenu la réaction désirée et arborait un air content de lui.
« Le souvenir suivant, alors », élude-t-elle, soupirant patiemment.
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Sirius était impitoyable à propos de sa tutelle sur Harry, et il refusa de céder aux demandes de Molly qui voulait continuer à le coconner. Des personnes soigneusement sélectionnées avaient été mises au courant du contenu de la prophétie quelques mois auparavant, Sirius bien entendu le connaissant depuis des années. Et il en avait maintenant assez des sous-entendus de Molly sur son aptitude à être un père de substitution correct pour l'enfant.
« Ce qui s'est passé au Ministère aurait pu être évité s'il avait été plus informé », répondait Sirius à ses protestations. La cuisine souterraine était silencieuse, à part le bruit du ragoût qui bouillonnait doucement sur le feu. Molly inspira silencieusement, à l'autre bout de la table. « Tout ce que je cherche, c'est la sécurité de Harry, comme toi, peut-être même plus » continua-t-il d'un ton délibérément rude, « et cette manière de le tenir éloigné de tout, visiblement, ça ne marche pas. »
« Il est trop jeune », dit Molly, les poings serrés et les bras croisés en signe de détermination. « Il n'est pas prêt et - »
« Qu'il soit prêt ou non n'entre pas en ligne de compte ! » dit-il en frappant du poing sur la table. « Voldemort a les yeux braqués sur Harry, qu'il soit préparé ou non. »
Molly bondit sur ses pieds, ses yeux lançant des flammes et elle gronda : « Alors on le protégera, on le - »
« Mais bien sûr » interrompit-il, sarcastique. « Ça a si bien marché jusqu'ici. M'as-tu écouté au moins ? Le fait est, Molly... » Il fit une pause et prit une petite inspiration, fixant son expression. « Le fait est » continua-t-il d'un ton dangereusement calme, « que je suis son tuteur. » Il pouvait sentir sa colère brûler dans ses yeux. « J'ai le mot de la fin en ce qui concerne sa sécurité. James et Lily ont décidé de faire de moi, pas de toi, son tuteur légal. »
« Et tu t'es remarquablement bien débrouillé avec ça » siffla-t-elle vicieusement entre ses dents serrées, sa lèvre retroussée de manière agressive.
« Et tu peux me dire quand exactement on m'a donné ma chance ? Quand ai-je pu avoir une vie, Molly ? » demanda Sirius calmement. « Est-ce que douze ans, ce n'était pas assez ? » Tu n'as pas idée de tout ce que j'ai perdu, pensa-t-il.
Avant qu'elle pût répondre, une silhouette en robes violettes avec une longue barbe blanche s'avança sur le seuil de la porte. Dumbledore était resté là un moment, observant, avant de faire un pas dans la cuisine et de tousser pour annoncer sa présence.
« Albus, Dieu merci ! » dit Molly avec soulagement. « Vous allez trancher le débat. Et je sais que vous êtes d'accord avec moi.
Dumbledore adressa un petit sourire à Molly et prit une chaise, sur laquelle il s'assit confortablement. Il lui adressa ses plus sincères félicitations quant à la délicieuse odeur que le ragoût répandait dans la cuisine. « Bien, dis-moi, Molly, de quoi parlais-tu ? »
Sirius leva presque les yeux au ciel : le vieil homme savait exactement de quoi il était question dans cette dispute. Il adressa un sourire entendu à Dumbledore mais il ne sembla pas que ce dernier l'aperçut. Ou l'ignorât. Sirius était convaincu qu'il avait été ignoré, mais il n'en sourit pas moins largement. Lui il savait pourquoi Dumbledore était ici. Pas elle.
« Nous étions en train de nous demander si Harry devait, ou ne devait pas, entendre la prophétie. » répondit Molly d'un ton par avance victorieux, « et si Sirius devait ou non être considéré comme le tuteur de Harry. »
« Certes, mais je n'ai rien à dire en ce qui concerne la tutelle de Harry » répliqua Dumbledore. « Depuis que Sirius a été déclaré innocent, il est tout à fait apte à remplir ce rôle. »
Il y eut une pause, le temps que Molly assimile les calmes paroles. Son visage devint de plus en plus maussade et finalement elle explosa : « Sirius est un fichu égoïste, un gamin irresponsable ! On ne peut pas le laisser jouer au père avec Harry ! » Elle abattit sa main ouverte sur la table de la cuisine et se tourna agressivement vers Dumbledore. « Il ne connaît rien, RIEN, sur la responsabilité, il ne sait pas ce que c'est que d'avoir une famille à charge, sur les sacrifices que cela requiert. Tout lui est toujours tombé tout cuit dans le bec, et maintenant il réclame aussi mon Harry ! »
« Sacrifices ? » interrompit-t-il, incrédule. « Je ne connaît rien au sacrifice ? » J'ai perdu douze ans, ainsi que les deux personnes qui comptaient le plus dans ma vie, pensa-t-il, amer.
Elle lui lança un regard furieux. « Ce garçon n'a eu personne vers qui se tourner la majeure partie de sa vie, et cela parce que tu étais incapable d'envisager les conséquences de tes actions, parce que tu n'as pensé qu'à toi et à ta revanche au lieu d'agir en adulte. Harry se portait bien mieux lorsque tu étais à Azkaban ! »
Renversant sa chaise, Sirius se redressa de toute sa taille. Rémus essaya de le retenir, de le calmer, en posant sa main sur le bras de son ami. « J'étais innocent ! » rugit-il, agitant ses mains de frustration. « Je n'ai jamais eu l'opportunité d'être le père dont il avait besoin, espèce d'égoïste coincée, espèce de s - »
Rémus lui plaqua fermement sa main sur la bouche pour le couper. « S'il-te-plaît, Patmol, » supplia-t-il dans un souffle désespéré à son oreille.
Arthur saisit Molly par les épaules et l'obligea avec douceur à lui faire face. « Molly, » murmura-t-il calmement en l'étreignant tendrement. « Pense à ce que tu es en train de dire. »
Le repoussant, Molly parvint à se dégager et elle sortit de la pièce, claquant la porte derrière elle.
Sirius resta immobile, mortifié, ne sachant pas quoi dire. Aucune des personnes présentes autour de la table ne le regardait. Elles regardaient leurs mains, s'affairaient à siroter une tasse de thé, tout plutôt que de croiser le regard de Sirius.
« Je- Je vous demande pardon », dit finalement Arthur. « Une telle attitude est inadmissible. Si vous voulez bien m'excuser, je vais aller voir comment va ma femme. »
Sirius, toujours en état de choc, s'éclaircit la gorge. Il allait devoir repousser à plus tard ses réflexions sur les paroles de Molly. « On va essayer d'oublier cet incident désagréable pour le moment », dit-il après le départ d'Arthur. « Je ne sais vraiment pas quoi dire à ce sujet. »
« Voilà une suggestion excellente », le soutint Dumbledore, avant de jeter à Sirius un regard perçant. « Tu permets ? » Sirius se contenta d'acquiescer, ravi de passer à un autre sujet.
« Comme Sirius l'a précisé, il est maintenant le gardien légal de Harry, et il a décidé de lui révéler le contenu de la prophétie. Il se trouve que je suis d'accord avec cette décision. » Dumbledore inclina la tête en direction de Sirius. « Comme la plupart d'entre vous le sait, à l'exception de Harry, Ron et Hermione, c'est à moi que la prophétie a été faite. Jusqu'à maintenant, je vous en avais seulement parlé, mais aujourd'hui je vous propose de la voir dans une Pensine. Et je voudrais à ce sujet vous présenter mes excuses. »
« Des excuses pour quoi ? » demanda Sirius, tendu. Dumbledore qui garde un secret, cela ne laissait jamais rien présager de bon.
« Pour ne pas vous avoir répété toute la prophétie. » répondit Dumbledore.
Il y avait dans son expression quelque chose de vulnérable et d'effrayé, qui glaça les sangs de Sirius. Il se redressa abruptement et, avec l'aide de Rémus se dirigea vers le service à vaisselle et se saisit d'une large vasque. La Pensine était plus petite que celle de Dumbledore, mais elle était tout de même assez lourde. Elle eut un bruit sourd lorsque Sirius la posa sur la table. Le liquide translucide à l'intérieur tournoyait.
Dumbledore retira un mince filament d'argent de sa tête et le déposa dans la vasque. Sirius se retourna vers Harry, lui indiquant qu'ils iraient les premiers. Ensemble, ils plongèrent leurs têtes dans la Pensine. Des années auparavant, Sirius avait mémorisé la prophétie et il était maintenant impatient d'entendre la partie qu'il ne connaissait pas. La voix rêche et rauque de Sybil Trelawney commença à énoncer la prophétie d'un ton plat et monotone. Enroulée comme à son habitude dans un châle, ses yeux étaient énormes et globuleux derrière ses lunettes. Tandis qu'elle parlait Sirius l'accompagnait dans sa tête, un sentiment de gêne grandissant dans son ventre, et un froid qui lui descendait le long de l'échine...
« Et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... »
Sirius en avait assez entendu. Il tira Harry par l'épaule hors de la Pensine.
« Espèce de salop arrogant ! » dit furieusement Sirius, bouillonnant de colère, « Comment osez-vous servir de Harry comme d'un pion. »
« Qu'est-ce que ça veut dire, Sirius ? » demanda Harry anxieusement, et pour la première fois Sirius perçut la peur dans la voix de son filleul. Il le regarda, réalisant que ce n'était encore qu'un enfant en dépit des circonstances dont le destin l'avait entouré. Un flot d'émotions l'envahit, parmi lesquelles une douloureuse volonté de protéger sa seule famille, le fils que James et Lily lui avaient confié. Son fils.
« Cela signifie que tout est entre tes mains, Harry », dit gravement Dumbledore. « Toi et toi seul fera face à Voldemort. »
« Oh mais ça veut dire bien plus que ça, Albus », grinça Sirius d'un ton furieux. « Aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit » cita-t-il, amer. Ses yeux se plissèrent d'un air accusateur. « C'est juste assez vague pour être mal interprété, mais en mettant de côté tous les trucs nébuleux propres aux prophéties, ça veut dire que Harry peut le tuer, mais qu'ils vont mourir tous les deux ! »
« Si tu me permettais de le préparer... » plaida Dumbledore.
« Le préparer ? » demanda Sirius. « Que veux-tu dire par là ? Lui fourrer une pomme dans la bouche ? »
« Sirius ! » siffla Rémus.
Il y eu un moment de calme lorsque Sirius rassembla ses pensées. Mettant sa colère de côté, il savait que Dumbledore n'était pas un ennemi, mais plutôt le leader malheureux d'une longue bataille entre le bien et le mal. Mais, en tant que tuteur de Harry, Sirius avait parfaitement le droit de faire passer la sécurité du garçon avant tout. Maintenant qu'il en avait le droit, il était décidé à faire de son mieux, comme il s'y était engagé auprès de son meilleur ami.
« Je suis bien d'accord que personne n'est plus capable que vous de le préparer », dit Sirius calmement, ses yeux posés sur la table. « Mais à partir de maintenant je ne vous autorise plus à avoir des conversations privées avec Harry. » Il planta son regard d'acier dans les yeux de Dumbledore. « J'insiste pour être présent. »
« Sirius, après l'article dans La Gazette », dit Rémus précipitamment, « Je ne suis pas sûr que rester en Angleterre soit un choix très sage. Jusqu'à ce que les choses se calment, c'est dangereux pour toi. »
« J'en suis conscient », répliqua Sirius. « Je v- Nous allons travailler la question. »
« Je ne suis pas sûr- » commença Dumbledore.
« Arrangez-vous pour l'être », coupa abruptement Sirius. « Parce que si j'apprends que vous avez rencontré Harry seul à seul, je le retire de Poudlard avant que vous n'ayez le temps de dire 'bonbon au citron'. Il n'est plus un pion sur votre échiquier désormais. Vous avez vous-même dit que les prophéties n'étaient pas gravées dans la pierre. Il y a donc un autre moyen et la seule chose qui nous reste à faire est de le découvrir. »
Dumbledore soupira et hocha la tête en signe de résignation.
« Bien. Maintenant, » Sirius se tourna vers Harry, le regard noir, « j'ai quelques questions à te poser. » Harry avala sa salive, sa pomme d'Adam montant et descendant visiblement dans sa gorge. Sirius eut presque un demi-sourire.
« Avant toute chose, pourquoi ne t'es-tu pas servi du miroir que je t'avais donné avant de te lancer stupidement dans cette mission ? Honnêtement, Harry », dit Sirius, se passant nerveusement la main dans les cheveux. « Le Ministère de la Magie ? En plein milieu de la nuit ? »
Harry cligna des yeux et dit finalement : « Oh ! »
« Excusez-moi, » interrompit Hermione.
Les coins de la bouche de Sirius frémirent parce que sa main était levée comme si elle était en classe. Etre bûcheur à ce point, c'en était presque attendrissant. Il hocha la tête, réfrénant son sourire alors que Hermione se redressait pour poser sa question.
« Merci, » dit-elle, crispée. « Quel miroir ? »
« Euh... » commença Harry.
« Oh s'il-te-plaît ne me dis pas que tu as oublié de partager cette information, mon gars ? » dit Sirius, un faux ton triste dans la voix. « Tu as passé ton temps à Poudlard à t'attirer des ennuis et tu n'as pas jugé nécessaire de parler de ça ? »
« Eh bien j'ai oublié, » répliqua Harry, sur la défensive. « Et puis d'abord tu as dit que Hermione était un peu comme Mrs. Weasley et que Mrs. Weasley n'aurait pas approuvé. » Hermione émit un petit son. Il n'était pas sûr que ce soit en signe de protestation.
« D'accord » dit Sirius. Il adressa un sourire d'excuse à Hermione. Le garçon n'était pas supposé lui parler de ça. « Pourquoi ne pas l'avoir dit à Ron ? »
Harry cligna des yeux.
Il laissa échapper un rire devant l'incapacité du garçon à lui répondre. « Bon, si tu n'as pas utilisé le miroir, pourquoi n'es-tu pas allé voir Dumbledore, ou au moins ne m'as-tu pas passé un coup de cheminette ? »
« Mais je l'ai fait ! » répliqua tout de suite Harry. « J'ai parlé à Kreattur et il m'a dit que tu étais parti. »
Sirius sentit les muscles de sa mâchoire se crisper de colère. « KREATTUR ! » mugit-il. « Viens ici immédiatement. » Il y eu un crac soudain et Kreattur se tenait devant Sirius, sa tête inclinée si bas que son front touchait pratiquement le sol.
« Je veux savoir exactement ce que tu trafiquais. Pourquoi as-tu dis à Harry que j'étais parti ? » Sirius ne quittait pas des yeux l'elfe de maison, l'air furieux. Il entendit le petit cri plaintif qui échappa à Hermione, mais refusa d'en tenir compte.
De sa voix basse d'outre-tombe Kreattur raconta l'histoire. Sirius fut étonné d'apprendre que l'elfe était capable de quitter la maison, et encore plus lorsqu'il comprit qu'il avait trouvé le moyen de contourner l'interdiction de ne jamais rien révéler des affaires de l'Ordre. Lorsqu'il posa la question, Kreattur détailla les punitions extrêmes qu'il s'était infligées.
Lorsque Kreattur eut fini de parler, Sirius était complètement hors de lui. Après avoir enduré le fait d'être enfermé dans la pitoyable noirceur de la maison de son enfance avec cet elfe de maison misérable, entendre que la créature n'avait pas seulement trahit l'Ordre mais qu'en pleine connaissance de cause il a voulu les conduire, Harry et lui, à la mort, c'était plus que Sirius n'en pouvait supporter. Incapable de prononcer un mot, il sentit une rage irrépressible monter en lui. D'abord Molly, puis Dumbledore et cette putain de prophétie, et maintenant, maintenant...
Hermione repoussa sa chaise, le bruit des pieds de bois qui raclent le sol de pierre ralentit un peu l'inflation de sa colère. Le bruit de ses petits talons qui claquaient alors qu'elle s'approchait poussa l'elfe de maison à redresser légèrement la tête, en dépit du regard lourd et menaçant de son Maître qui ne le quittait pas des yeux.
« Sirius, je t'en prie, ne lui fait pas de mal, » supplia-t-elle. « Il a déjà fait tout le mal qu'il pouvait. Donne-lui des vêtements et laisse-le partir. »
« Tu ne sais pas ce que tu demandes, » dit-il d'un ton rude, regrettant presque la pointe d'impatience dans son ton. « Ce serait moins cruel de- »
« S'il-te-plaît, » pria-t-elle calmement. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle devait pour ce faire ravaler sa fierté, et ça le poussa à l'écouter. « Je t'en prie, Sirius, sois différent, ne lui fais pas de mal. » Elle posa bravement sa main sur son bras. Le geste le surprit et l'apaisa quelque peu. La vue d'une main féminine sur son bras lui remit en tête dans un flash un souvenir, celui d'une autre main, appartenant à quelqu'un d'autre, quelqu'un également sérieux, mais il se débarrassa de cette pensée. Sirius ferma les yeux, soupira d'un air las alors que la raison lentement reprenait le contrôle sur sa colère.
« Je crains vraiment ce qu'il va faire, Hermione, » dit-il, mais même lui pouvait entendre la défaite dans sa voix. Elle avait raison sur un point, Kreattur a vraisemblablement déjà dit tout ce qu'il pouvait dire.
« Je t'en prie, » répéta Hermione, mais un peu plus fort cette fois, comme quelqu'un qui s'approche de la victoire. « Je sais que tu es en colère. Tu as toutes les raisons de l'être, seulement... s'il-te-plaît, donne-lui des vêtements. »
Encore furieux contre l'elfe, mais peu désireux après tout d'avoir le sang de Kreattur sur ses mains, il hocha la tête et accorda à Kreattur un dernier regard fatal avant de sortir de la cuisine et de monter les escaliers jusqu'au couloir. Là il attrapa une vieille écharpe de laine qui pendait à une patère. Il retourna dans la cuisine, pensant que Hermione se serait rassie à sa place. Mais à la vérité, il ne fut pas tant surpris que cela de constater qu'elle n'avait pas bougé.
« Ça ne va pas être beau à voir, » l'avertit-il. « Honnêtement, je ne sais pas ce qu'il va faire. »
« C'est la meilleure chose à faire, » dit Hermione radieuse en se tournant vers lui. Avant que Sirius ne puisse faire un autre pas en direction de l'elfe de maison, la jeune sorcière jeta soudainement ses bras autour de son cou et chuchota un bref « merci » à son oreille.
Il se raidit légèrement avant de se détendre, mais elle ne sembla pas le remarquer. Il n'eut même pas le temps de penser à lui retourner le geste qu'elle s'était déjà écartée. Depuis qu'il s'était échappé d'Azkaban, ces souvenirs importuns qui lui revenaient à n'importe quel moment étaient un problème récurrent. Ce n'était pas son corps près du sien qui le rendait confus, il savait exactement qui elle était, mais cela lui rappelait des choses enfouies sous bien des années de regret.
Faisant un pas en avant, Hermione à ses côtés, Sirius se planta devant l'elfe de maison. La colère qu'il avait ressentie, même s'il la contrôlait à présent, n'était pas morte et transparaissait dans sa voix. « Kreattur, tu ne m'as pas laissé d'autre choix que de te donner des vêtements. »
Les rides sur la lèvre supérieure de l'elfe de maison commencèrent à trembler alors que de grosses larmes jaillissaient du coin de ses yeux. « S'il-s'il vous plaît, M-Maître, » bégaya Kreattur , croassant. « Pas de vêtements, s'il-vous-plaît, pas de vêtements. »
Hermione s'agenouilla pour poser une main sur l'épaule de Kreattur dans un geste réconfortant, mais l'elfe de maison évita le contact comme si elle allait le salir. Sirius ignora les supplications et les larmes de Kreattur. Il attrapa Hermione par l'épaule, lui indiquant d'un signe de tête de se redresser. Une fois qu'elle fut sur ses pieds, il reporta son attention sur son elfe de maison.
Kreattur attendait, des larmes s'échappant de ses yeux et un filet de mucus coulant du groin qui lui servait de nez. Il secouait la tête d'avant en arrière en murmurant des excuses incohérentes. Sirius ferma les yeux, un moment indécis. Etait-ce la meilleure chose à faire ? Ça allait être moche, il le sentait dans ses tripes. Il se pencha, fourrant de force l'écharpe dans les mains de Kreattur. Il recula ensuite, obligeant Hermione à faire de même.
L'elfe regardait l'écharpe d'un air d'absolue incrédulité. Et soudainement il se redressa et dit « Kreattur vit uniquement pour servir la Noble et Très Ancienne Maison des Black. » Il claqua des doigts, et ensuite tout se passa très vite.
Une étrange ligne rouge apparut sur son cou et, intriguée, Hermione s'avança pour voir ce que c'était. Sirius comprit trop tard ce que l'elfe avait fait : un dernier acte d'obédience.
« Hermione, » dit-il très vite. « Ne regarde pas. »
« Mais qu'est-ce qui ne va pas avec son cou ? » demanda-t-elle et elle s'approcha pour poser une main sur l'épaule de l'elfe.
Ce mouvement le fit basculer en avant, sa tête et son cou glissant de son corps. Du sang, chaud et d'un rouge éclatant, jaillit du cou de l'elfe en gros bouillons qui arrosèrent le visage d'Hermione ainsi que ses vêtements. La tête elle-même rebondit sur le sol avec un bruit mouillé de pomme de terre écrasée avant de s'arrêter aux pieds de la jeune sorcière.
Hermione bondit en arrière avec horreur, incapable de regarder ailleurs jusqu'à ce que ses yeux roulent dans ses orbites et qu'elle ne s'évanouisse. Sirius réagit rapidement et l'attrapa avant qu'elle ne heurte le sol.
Il fallu un moment aux autres pour réaliser ce qui venait de se passer. Comme il se dépêchait de quitter la cuisine avec une Hermione inanimée dans les bras, il entendit leurs exclamations de surprise derrière lui.
Ne sachant pas trop quoi faire avec elle, il la porta à l'étage dans sa propre chambre et l'allongea sur le lit. Quelques sorts de nettoyage plus tard, son visage et ses vêtements ne portaient plus trace de sang. Une petite porte au fond de la pièce menait à une salle de bains, où il alla chercher un gant de toilette et le passa sous l'eau froide du robinet. Le lit craqua à peine lorsqu'il s'assit près d'elle pour appliquer doucement le linge mouillé sur son visage.
« Comment va-t-elle ? » demanda Rémus depuis le seuil d'un ton préoccupé.
« Toujours dans les vap' » répliqua Sirius avec un soupir. « Je n'aurais jamais deviné qu'il s'efforcerait d'exaucer le vœu de Tante Elladora. »
« Dumbledore s'est occupé du corps, » dit Rémus. « Molly et Arthur sont revenus alors que nous étions en plein nettoyage. Ils ont quitté la maison, mais Ron a insisté pour rester. »
« Dis-moi, toi tu comprends ma position à propos de Harry ? » demanda-t-il, toujours pressant le gant de toilette sur les joues et le front de Hermione.
Rémus ne répondit pas immédiatement, il se saisit plutôt du poignet de Hermione. Il ne devait pas lui-même savoir ce qu'il cherchait. Sirius n'était pas dupe.
« Je ne suis pas sûr d'être entièrement d'accord, mais oui, je comprends pourquoi tu tiens cette position, » répondit finalement Rémus d'un ton prudent.
« Je ne vois pas ce qu'il y a à comprendre, » répliqua Sirius, se tournant légèrement sur le lit pour faire face à Rémus. « Mon boulot, c'est de le protéger. »
« En tant que parrain, oui », acquiesça Rémus. « Mais en tant que membre de l'Ordre - »
« En tant que membre de l'Ordre j'ai seulement juré de donner ma vie » l'interrompit Sirius. « Pas la sienne. »
Une petite plainte du côté du lit poussa Rémus à se rapprocher encore et Sirius à reporter son attention sur la jeune sorcière.
« Te voilà, » dit-il tranquillement. « On t'avait perdue, pendant un moment. »
Il lui fallut un moment avant de pouvoir faire quoi que ce soit mais soudainement elle se redressa et jeta une nouvelle fois ses bras autour de son cou. « Je suis désolée, » chuchota-t-elle à son oreille.
« Il n'y a pas de quoi, » la tranquillisa-t-il, encore une fois déconcerté par sa démonstration physique. Mais cette fois-ci il y était quelque peu préparé et l'enlaça gentiment de ses bras. « Tu avais le cœur bien placé. »
Ses excuses se transformèrent en sanglots silencieux alors qu'elle se penchait sur son cou. D'un air impuissant, il regarda Rémus qui haussa les épaules avec un sourire amusé. Une petite part de lui réalisa que ça lui avait manqué ; une proximité physique avec un être humain, un luxe qu'il lui avait été rarement accordé. En dépit de la provenance et du fait que c'était elle qui recherchait un peu de réconfort, il en profita aussi, s'autorisant à prendre simplement ce contact pour ce qu'il était.
« Oh Sirius, » dit misérablement Hermione en se reculant, ses yeux toujours brillants de larmes. « Tout est de ma faute. »
« Non, » contra-t-il fermement. « Ce n'est vraiment pas ta faute. C'est de la puissante magie, mise en place il y a des siècles, qui lie les elfes de maison aux sorciers. C'est cruel et barbare, je suis d'accord, mais c'est le monde tel qu'il est. On ne peut pas revenir en arrière maintenant, Hermione. »
« Ce n'est pas juste ! » dit-elle désespérément. « Il n'est coupable de rien. »
Rémus s'approcha encore un peu du lit et sourit à Hermione. « Tu voulais bien faire, » dit-il de manière rassurante. « Et personne, même Sirius, ne pensait qu'il pouvait faire ce qu'il a fait. »
Hermione renifla et approuva. Un coup fut frappé à la porte et Harry et Ron s'engouffrèrent dans la pièce. Ils se précipitèrent de l'autre côté du lit et s'assirent bruyamment.
« Ça va ? » demanda Harry.
« C'était saig- » (1) Ron s'arrêta à temps, réalisant que ce qu'il allait dire n'était pas très approprié. « Hum, je voulais dire horrible, vraiment horrible. »
Pendant un moment, Hermione donna l'impression de ne pas savoir comment réagir. Puis elle hocha imperceptiblement la tête et lui pardonna d'un sourire indulgent.
« Pardon, » marmonna Ron simplement. « Je suis un idiot. » Hermione s'éclaircit la gorge en réponse, sans approuver ni désapprouver, et Sirius eut presque envie de rire. Pauvre Ron.
~oOo~
(1) Intraduisible : « It was bloo- »
