Auteur : Naaaaatanael ! Encore et toujours…
Disclaimer : Seules la pluparts des anecdotes racontées dans cette histoire et quelques personnages tels qu'Edhelwëth, Athaniel et Lisias m'appartiennent. Tout le reste revient naturellement au grand professeur Tolkien.
Spoiler : Cette histoire couvre l'intégralité des Deuxième et Troisième Ages, ainsi que la fin du Premier, le tout du point de vue d'Elrond. Donc oui, spoiler.
Warning : En tout premier lieu : Alerte Yaoi ! Relativement sérieuse cette fois-ci, même si ça ne se voit pas dans les premiers chapitres. Les personnages correspondant aussi probablement plus à ce que j'ai voulu en faire qu'à ce qu'en a montré Tolkien, risques prononcés de personnages OOC. Ensuite, il y a aussi de fortes chances pour que certains passages soient assez crûs, gore ou déprimants au possible. Pour couronner le tout, je fais exprès par moment de ne pas respecter la chronologie de Tolkien, pour les besoins de l'histoire. A première vue, je ne recommanderai donc pas cette histoire aux homophobes tolkienomaniaques, à tendance "fleurs bleues" et adeptes du Happy End.
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Prologue
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« Seigneur Elrond ? Vous avez l'air étrange. Est-ce que tout va bien ? »
Est-ce que tout va bien ? Elle revenait de plus en plus souvent, cette question. Est-ce que tout va bien ? Dans de plus en plus de bouches différentes. Hier, c'était Aragorn. Aujourd'hui, Gandalf. Avec la même inquiétude voilée au fond des yeux, avec la même compréhension feinte dans la voix. Que resterait-il de l'inquiétude et de la compréhension, s'ils étaient au courant, tous ? Pas grand-chose. Elrond le savait. Il parlait d'expérience. Il ne resterait que l'horreur et le dégoût, la honte et le mépris.
Est-ce que tout va bien ? Elle l'énervait de plus en plus, cette question. Que vouliez-vous qu'il y réponde ? Que non, ça n'allait pas bien, que rien n'allait bien dans sa vie, que tout allait de travers depuis sa naissance ? Qu'il tremblait de voir ses trois fils se jeter à corps perdus dans une guerre presque jouée d'avance et qu'il souffrait de voir sa fille, son unique étoile, se préparer inéluctablement à vivre une destinée de mortelle ? Qu'il n'avait plus la moindre once de confiance en lui et qu'il ne valait plus rien à ses propres yeux depuis qu'il avait lamentablement échoué à soigner Celebrían, sa Dame d'Argent, la mère de ses enfants et, surtout, la seule personne qui l'eût réellement accepté et aimé tel qu'il était vraiment, la seule qui l'eût respecté malgré ses multiples tares, la seule à laquelle il se fût jamais ouvert ? Que l'Anneau présent dans sa demeure l'appelait même dans son sommeil, le tentait en permanence, comme il l'avait fait des millénaires auparavant dans la fournaise de la Montagne du Destin ? Qu'il ne voyait aucune issue heureuse pour qui que ce soit dans cette affaire, certainement pas pour lui en tout cas, et qu'il vivait en état de dépression avancée depuis des siècles ?
Non. Non, il ne pouvait pas répondre cela. En tant que seigneur elfe doté d'une sagesse millénaire, c'était autre chose que l'on attendait de lui. Quelque chose de plus altruiste, de moins… égoïste. Elrond n'avait pas le droit d'être égoïste. Il ne pouvait plus se le permettre.
Est-ce que tout va bien ? Non, Gandalf. Non, tout n'allait pas bien. Mais cela, Elrond ne pouvait pas le répondre. Et surtout, il ne pouvait pas expliciter ce qui le hantait véritablement, ce qui le minait depuis l'adolescence et pourrissait en beauté tous les aspects de sa vie. Non, rien n'allait bien, Gandalf. Il aimait un ellon. Un ellon, par tous les Valars ! Un ellon ! Un Elfe mâle, un Elfe de sexe masculin ! Il l'aimait et était aimé en retour, et il ne l'assumait pas. Il n'assumait pas leur relation. Cela faisait souffrir son ellon, l'avait lentement conduit au désespoir et fait sombrer dans l'alcool. Cela le détruisait. Ils se détruisaient mutuellement et ne pourront jamais trouver la paix, pas même à Valinor.
« Monseigneur ? »
Mais cela, il ne pouvait décemment pas le répondre. Il l'avait déjà fait, trois fois, et ces trois fois avaient toutes été, à terme, désastreuses pour lui autant que pour les autres. Il avait été égoïste trois fois et ne pouvait plus se permettre de l'être encore.
« Elrond, nous sommes amis depuis bien longtemps, à présent. Si vous avez le moindre problème, vous savez que vous pouvez m'en parler… »
Oui, Gandalf, il avait un problème. Mais non, il ne pouvait pas en parler. Et inutile de prendre ce ton paternaliste et conciliant, cela ne faisait que l'agacer davantage.
« Je vais bien, Gandalf. Je suis juste… »
Suicidaire ?
« …Un peu fatigué, en ce moment. »
Les yeux du vieux magicien se plissèrent instantanément. Son expression se fit songeuse, son regard plus pénétrant que jamais, comme s'il cherchait à voir en lui s'il s'agissait là d'un grossier mensonge ou de la simple vérité. C'était une demi-vérité, en l'occurrence (ou plutôt, un millième de vérité). Et les efforts de l'Istari pouvaient tout à fait s'avérer vains : Elrond était passé maître dans l'art de fermer son esprit à autrui et de rendre son visage parfaitement indéchiffrable. Un art délicat nécessaire pour survivre dans une situation telle que la sienne.
« Vraiment ? »
Mais visiblement, Mithrandir n'avait aucune envie de s'en tenir aux apparences et aux barrières mentales. A l'autre bout de la pièce, Elladan et Elrohir tournèrent vers eux des visages pareillement étonnés, et Elrond souhaita être partout, sauf là où il se trouvait à cet instant précis.
« Vraiment. »
Les jumeaux les dévisageaient à présent avec attention, conscients qu'il se jouait là quelque chose qu'ils ne parvenaient pas à saisir, et leur père commença à se sentir mal. La fixité dérangeante du regard de Gandalf lui vrillait l'âme, cherchant à forcer ses défenses intérieures sans prendre la peine de s'embarrasser d'ambages. Mais le semi-Elfe ne céderait pas. Et, quand bien même il pourrait parler au magicien, il ne pouvait pas aborder de tels sujets devant ses fils. C'était indécent, et… et impossible, tout simplement. Impossible.
Ses yeux transmirent pour lui ce message, et ceux de Gandalf se plissèrent encore plus. De leur côté, les deux jeunes Noldors ne perdirent pas une seule miette de la joute visuelle qui se jouait entre les deux Aînés.
Ce fut Gandalf qui lança l'offensive. Elrond entendit distinctement la voix grave, un peu rouillée par l'usage de la pipe, du vieil Istari déclarer calmement dans sa tête :
« Permettez-moi d'insister, maître Elrond. »
Et, par Eru, pour insister, il insista. Il insista tant et si bien que, pour la première fois depuis des siècles, Elrond craqua. Les barrières de son esprit volèrent brusquement en éclats, tout comme sa volonté de retenir le flot de pensées qui déferla en lui, le ramenant plusieurs millénaires en arrière.
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Je viens de remarquer un truc idiot. A chaque fois que j'écris une histoire drôle, lors de mes "pauses", j'invente une histoire déprimante. J'ai commencé cette histoire-ci, pour prendre un exemple, alors que je finissais le chapitre 4 de La Boîte. Et à chaque fois que j'écris une histoire déprimante, lors de mes "pauses", j'invente une histoire débile avec des personnages crétins qui partent en live toutes les deux minutes. …C'est grave, docteur ?
Bref. Aucun intérêt.
Euh… Oui. Je me relance (encore) dans une nouvelle histoire longue. « Mais commences donc par finir tes autres fics, nom d'un Nazgûl en tongs ! » me direz-vous. Et vous aurez raison. Mais j'avais pas encore écrit d'histoire longue déprimante sur le Seigneur des Anneaux, et en plus sur un sujet pas toujours forcément apprécié. Et puis d'abord, j'écris c'que j'veux.
Sur cette bonne parole franchement philosophique, je… eh bien, je vous souhaite une bonne soirée. Je pense poster un chapitre de cette histoire par mois, afin d'être sûre de respecter (pour une fois) mes délais de mise à jour et de ne pas prendre trop de retard.
