Une petite histoire dédicacée à toux ceux qui ont des lendemains douloureux...-_^
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Ce matin-là, contrairement aux autres, Finch eut toutes les peines du monde à émerger. Allongé sur le ventre, il avait d'énormes difficultés à ouvrir les yeux. Son corps semblait ne pas vouloir lui obéir et une migraine lui vrillait les tempes. Conscient des rayons du soleil qui réchauffaient son visage et des oiseaux qui gazouillaient dehors, l'informaticien devinait que la matinée était déjà bien avancée. Prenant alors son courage à deux mains, il souleva avec difficulté ses paupières mais les referma aussitôt, tant la vive lumière du jour lui était intolérable. Poussant un soupir qui ressemblait plutôt à un gémissement de douleur, il enfouit son visage dans l'oreiller autant pour se protéger de la luminosité trop agressive que pour essayer de calmer son mal de tête.
Mais c'était peine perdue. Au bout de cinq minutes, Harold sentait bien que sa migraine ne partirait pas d'elle-même. Il s'aperçut également que sa bouche était étrangement pâteuse et que son corps plus douloureux que d'habitude. Les brumes du sommeil se dissipant, Finch se rendait bien compte que ce réveil n'était pas tout à fait normal.
Malgré son malaise physique, l'informaticien prenait progressivement conscience de son environnement. Tous ses sens en alerte, il réalisa que les bruits dans la pièce ne lui étaient pas familiers. Le ronronnement de la ville, le bruit des oiseaux, tous ces sons lui étaient inhabituels puisque son appartement ne se situait pas près d'un parc et que la fenêtre de sa chambre ne donnait pas sur la rue. En outre, la literie un peu trop ferme et le parfum des draps lui semblaient étranges. Selon tout vraisemblance, il n'avait pas dormi chez lui…Mais alors…Où était-il ?
De plus en plus inquiet, Finch tenta une nouvelle fois d'ouvrir les yeux mais la lumière du jour lui était toujours difficilement supportable. Toutefois, il prit sur lui et aux termes d'un effort colossal, il garda, cette fois-ci, les yeux ouverts à la recherche d'éléments familiers. Malheureusement, rien de ce qu'il aperçut ne lui était coutumier. Il ne trouva dans son champ de vision, ni son radioréveil, ni sa table de chevet en acajou ni les rideaux pourpres qui occultaient habituellement la fenêtre de sa chambre. A la place, il remarqua un mur de briques apparentes et une décoration plutôt moderne. La lumière, qu'il trouvait si agressive, provenait de gigantesques fenêtres sans rideau qui laissaient apercevoir les arbres d'un parc et des gratte-ciels en arrière plan.
Toujours immobile par peur d'aggraver la migraine qui lui martelait le crâne, Harold s'interrogeait. Où avait-il dormi?
Il chercha à se redresser à l'aide de ses coudes mais une douleur fulgurante lui vrilla les tempes et la nausée le submergea. Il se rallongea avec précaution tout en regardant les détails de cette chambre inconnue. C'est alors que Finch réalisa !
La décoration minimaliste, ces grandes fenêtres sans rideau, le paysage du parc visible à l'extérieur… Il connaissait ce lieu! Il était dans l'appartement de John ! Et pour être plus précis, il était dans le lit de John ! Finch eut l'impression d'être frappé par la foudre. Que faisait-il dans le lit de son partenaire ? Alors qu'il cherchait dans ses souvenirs une explication logique à cette situation pour le moins étonnante, il sentit un bras se poser sur sa taille et l'enlacer fermement. Un corps chaud et robuste se colla à lui puis un nez masculin vint se nicher dans son cou. Harold se figea. Au bout de quelques secondes, le souffle dans sa nuque devint plus profond et plus régulier tandis que le bras se fit plus lourd. L'homme semblait s'être rendormi. Mais l'informaticien n'osa bouger, de peur qu'un geste ne vienne le réveiller. Rectification : il était dans le lit de John… avec John !
Finch était tellement sidéré que son cœur tambourinait violemment dans sa poitrine, à tel point qu'il avait peur que ses battements sourds soient audibles et réveillent l'endormi. Il déglutit avant difficulté et essaya de s'écarter un peu de son partenaire mais ce dernier resserra son étreinte et se lova contre lui un peu plus étroitement, plaquant sa poitrine contre son dos et passant une jambe au-dessus de la sienne. Finch tressaillit violemment en sentant la peau de son agent tout contre la sienne. Ils étaient nus ! Aucun doute là dessus…
Finch pouvait parfaitement sentir la matière du drap sur sa peau, la chaleur du soleil caresser son visage et son dos. Mais surtout, et c'était de loin le plus perturbant, Harold percevait le corps dur et chaud de John contre lui. Il sentait sa poitrine se rapprocher puis s'éloigner au gré de sa respiration profonde et, vu leur position en cuillère, il savait pertinemment quelle partie de l'anatomie de John se frottait contre ses fesses. Le reclus commença à paniquer.
Malgré sa migraine et sa nausée, Finch faisait travailler son cerveau à plein régime. Reprenons : Il avait dormi, nu, avec John, nu aussi, dans son lit. Que s'était-il donc passé hier soir pour qu'ils se retrouvent dans cette situation ?
Après dix minutes de réflexions durant lesquelles toutes ses questions demeurèrent sans réponse, Harold ne put supporter de rester immobile plus longtemps. Avec milles précautions, il saisit le bras de l'agent pour le reposer délicatement sur le matelas à côté de lui puis glissa vers le bord du lit. En se redressant, il ressentit de violents maux de tête et sa nausée s'aggrava. Il se leva rapidement et se précipita dans la salle de bain attenante. Il prit le temps de refermer le plus silencieusement possible la porte avant de se diriger vers les toilettes où il vomit. D'instinct, Finch savait que cette nausée n'était pas le symptôme d'une migraine, aussi forte soit-elle. Certains signes ne trompaient pas : les maux de tête, la bouche pâteuse, la nausée, sa perte de mémoire…Il avait la gueule de bois!
Après avoir restitué les restes de son dîner, Harold se rinça la bouche au lavabo. Il s'aspergea ensuite le visage d'eau froide puis se contempla longuement dans le miroir. Qu'avaient-ils fait hier soir? Comment s'étaient-ils retrouvés, nus, dans ce lit?
C'est alors qu'Harold remarqua des détails inhabituels sur son reflet. Même sans ses lunettes, il pouvait très distinctement voir des marques violacées sur son épaule et sa nuque. S'approchant légèrement du miroir, l'informaticien identifia des marques de morsures et de suçons... Interloqué, il décida d'examiner d'un peu plus près son corps. Il remarqua des bleus sur ses hanches et à l'intérieur de ses cuisses, quelques griffures sur son torse et surtout, il réalisa qu'il ressentait des douleurs bien différentes de celles dont il souffrait habituellement. Outre ses raideurs au cou et à la jambe, Finch percevait une gêne à un endroit très intime de son anatomie.
Il ne fallait pas être un grand génie pour savoir ce qu'ils avaient fait cette nuit. La bouche du reclus s'ouvrit de stupeur et ses yeux s'écarquillèrent d'effroi! Mon dieu!
Lui qui s'était promis ne jamais révéler à son agent les sentiments qu'il éprouvait pour lui ! Il semblerait que la nuit dernière, il ait failli à sa parole et ait succombé à la tentation. Posant ses mains sur le lavabo, sa tête baissée pour ne plus voir son image sur le miroir, Finch n'osait y croire. Ce n'est pas possible! Il était dans un mauvais rêve et allait surement se réveiller! Pourtant, il devait se rendre à l'évidence. Il était bel et bien éveillé, et les marques sur son corps étaient bien réelles. De toute évidence, John et lui avaient fait l'amour la veille!
Consterné, Harold commença à suffoquer et se mit à trembler de tout son être. Il faisait une crise de panique. Il ne pouvait plus rester là. Il devait partir, retrouver un peu de sérénité dans son refuge, réfléchir sur ce qui s'était passé et comment gérer la suite.
Il ouvrit doucement la porte de la salle de bain. Il traversa la chambre sur la pointe des pieds, ramassant au passage ses lunettes soigneusement repliées sur la table de nuit et ses vêtements qui traînaient au sol. Il ne put s'empêcher de regarder en direction du gigantesque lit. Il se figea devant la vision qui s'offrait à lui. John, toujours endormi, était allongé sur le ventre, le bras reposant à la place qu'il occupait il y a encore quelques minutes, désormais vide. Planté au milieu de la chambre, indifférent à sa nudité, Finch était comme paralysé par cette vision d'Adonis alangui et abandonné.
John dormait d'un sommeil profond, totalement inconscient de sa beauté. Le drap jeté négligemment sur son corps préservait sa pudeur, mais Harold pouvait à loisir étudier l'anatomie parfaite de son agent : de son dos puissant caressé par les rayons du soleil qui jouaient avec les courbes de ses muscles à son beau visage enfoui dans son oreiller. Ses cheveux qui retombaient en désordre sur son front tandis qu'une barbe naissante ombrait sa mâchoire. John était d'une beauté à couper le souffle, un étrange mélange d'innocence et de luxure.
Comme un voyeur, Harold contempla avec avidité ce corps splendide livré dans toute sa gloire. Son regard glissa sur les épaules larges de son agent, descendit le long de sa colonne vertébrale jusqu'au creux de ses reins avant de se perdre sous le drap. Mais le fin tissu laissait deviner la courbure arrondie de ses fesses qu'une cuisse repliée lascivement accentuait. Dans sa contemplation, Harold remarqua des signes qui ne laissaient aucun doute sur la nature de leur nuit passée ensemble. Outre les draps en bataille, le corps de Reese portait des marques sensiblement identiques aux siennes : un suçon dans le creux de son cou, une morsure sur son épaule, des griffures dans le bas de son dos et un de ses poignets était toujours prisonnier d'une paire de menottes… Des menottes ?!
L'informaticien devint écarlate. Comment avait-il pu infliger ces marques ? Jamais il n'aurait pensé être aussi…démonstratif. Et pourquoi John avait-il des menottes ? Qui l'avait entravé ? Pour quelle raison ? Comment avait-il pu se libérer ?
Assailli par des images toutes plus pornographiques les unes que les autres, Harold tourna les talons et se dirigea vers le salon. Il s'habilla rapidement et quitta l'appartement de John sans prendre la peine de lui laisser de message.
