Thank
For Memories. Je devrais être heureuse. Je devrais faire
la fête en l'honneur de Harry, comme tous les ans depuis que
Voldemort est mort d'un coup d'épée
particulièrement bien visé. Mais non, plutôt que
de m'amuser avec mon meilleur ami, sa femme et son fils, qui est
aussi mon filleul, je préfère rester chez moi, à
ressasser de vieux souvenirs, et des sentiments qui devraient ne plus
avoir lieu d'être. Bien sûr ils se font du
soucis pour moi, ils savent que jamais je ne me remettrais jamais de
la perte que j'ai subis. Mais après tout, Harry aussi l'a
connue cette perte, et il continu à vivre. Aujourd'hui,
au lieu d'être Mademoiselle Hermione Granger, responsable des
recherches au département des magies ancestrales, 25 ans et
toujours désespérément célibataire, je
devrais être Madame Hermione Weasley-Granger, jeune épouse
comblée et mère heureuse. C'est étrange. Ces derniers temps, je ne pense plus
à lui comme à l'homme que j'aime, mais en temps
qu'homme que j'ai aimé. Harry dit que je commence à
faire mon deuil, et Ginny approuve en disant qu'au bout de six ans,
il serait temps. J'aimerais tellement qu'ils voient ce qui
se cache au fond de mon cœur, et qu'ils me le disent ensuite. Je
ne sais plus où j'en suis. J'ai bien eu quelques
aventures, mais ce n'étaient que des histoires d'un soir.
Lavande a bien tenté de me faire rencontrer des
hommes, mais elle n'y a gagné qu'une leçon de
morale de Harry. Allongée sur mon canapé, je
regarde le feu brûler dans l'âtre de la cheminée.
La couverture qui me recouvre les jambes glisse, je la ramasse.
Mimousme, le chat, entre dans la pièce, félin,
majestueux. Il est le digne fils de Pattenrond, mort d'avoir
approché une voiture de trop près. J'entends du bruit
dans l'entrée. C'est sûrement Sirius, quoiqu'il me
paraît bien étrange qu'il rentre si tôt de la
soirée organisée par Remus à Poudlard, dont il
est le nouveau directeur. Ah Sirius … Sirius qui a passé
trois longues années derrière l'arche, avant que
Harry ne trouve le moyen de l'en sortir. Pour lui aussi la vie
n'est pas facile tous les jours, je le sais. On vit ensemble après
tout. Non non non, vous n'y êtes pas du tout ! Il n'y a
strictement rien entre nous. Vraiment rien. C'est juste que je ne
supportais pas de vivre seule dans un appartement où tous les
recoins, tous les objets me rappelaient ces moments passés
avec Ron. Alors je me suis installée chez Sirius sur sa
proposition, lui non plus ne supportant pas de vivre seul dans cette
affreuse maison. Enfin … affreuse, elle ne l'est plus, loin de la
! Toutes les pièces ont été détruites,
tous les meubles vendus pour une bouché de pain, et Sirius et
moi avons tout refais, de la cave au grenier. Le rez de chaussé
a été transformé en un immense jardin d'hiver
agrémenté d'une magnifique bibliothèque, au
premier se trouvent le salon, la salle à manger et la cuisine,
et le deuxième étage abrite les chambres, au nombres de
trois, et les salles de bains individuelles qui les complètent.
Le grenier enfin a été aménagé en bureau
et en laboratoire de potion. C'est la maison de mes rêves,
celle que j'aurais aimé avoir avec Ron, comme quoi rien
n'est jamais comme on le voudrait … Nous
nous entendons très bien, mieux que je l'aurais cru. Son
caractère correspond parfaitement au miens. Il sait tout de
moi. C'est à lui que je me confie quand je vais mal, mais je
n'ai que rarement réussi à lui soutirer la moindre
information sur sa vie privée. Je sais seulement qu'il n'a
pas eu la moindre relation avec une femme depuis qu'il est revenu
parmis nous. Je le vois s'approcher de moi. Sa grande
silhouette, fine et athlétique, fait de lui un très bel
homme, mais ce n'est rien à coté de ces yeux d'un
noir profond. Il se sert un whisky et s'assoit près de moi.
Comme nous en avons l'habitude, je pose mes pieds nus sur ses
cuisses. Je sais, on pourrait croire que ce sont des habitudes de
couple, mais pas du tout. Ginny et Harry m'en ont déjà
fait la remarque, et je sais par Sirius que Remus et Tonks l'ont
eux aussi remarqué. Et bien non, pas du tout. Nous sommes
seulement amis… « - Tu as passé une bonne
journée ? » Il me demande ça d'un ton doux, car
il connaît d'avance la réponse à sa
question. « - Oui, ça a été. Mais
ça aurait pu mieux aller », je lui réponds, et
déjà je sens les larmes dans mes yeux, sournoises. «
- J'ai décroché un nouveau contrat. Et je suis allé
voir notre filleul. Il a tellement grandi … » Il dit
ça d'un ton triste. Oui, il est parrain de James, le fils de
Ginny et Harry. Et bien entendu, il a du mal à voir cet enfant
qui ressemble tant à son meilleur ami. Car aussi étonnant
que ce soit, le petit gnome, comme l'appelle affectueusement
Sirius, a toutes les caractéristiques de Harry, mais aucune de
Ginny, sauf peut-être les quelques taches de rousseur qui
parsèment son visage rond. Je pose ma main sur la
sienne. Il tourne la tête, plante ses yeux dans les miens. «
- Je me rappel la première fois que je t'ai vu. Tu étais
si courageuse. Aujourd'hui, tu l'es plus encore. Je ne sais pas
ce que je ferais sans toi. Tu es l'âme de cette maison, tu
m'as redonné toute ma joie de vivre. Quand je vois la vie de
Harry, son métier, sa femme son fils, je me dis que toi aussi
tu devrais avoir tout ça. » C'est bizarre, je
ne sais pas comment réagir. Moi qui ai toujours le dernier
mot, je ne vois pas quoi répondre. Ses yeux sont plantés
dans les miens, et je sens les larmes commencer à couler le
long de mes joues. Aussitôt, il les enlève du pouce,
doucement. Si ça avait été quelqu'un d'autre
que lui, ça se terminerait différemment, mais cette
scène pour nous c'est du réchauffé. Je sais
exactement comment tout ceci va finir. Il va me prendre dans ses
bras, poser sa tête sur la mienne, et nous nous endormirons
dans les bras l'un de l'autre, dans une étreinte que ni
l'un ni l'autre ne veut relâcher. Je commence à
sentir mes yeux se fermer. Mais rien ne m'aurais préparé
à ce que j'entends en cet instant, alors que je tombe peu à
peu dans un sommeil réparateur. « - Je t'aime …
» Je me réveille en sursaut. La lumière
m'aveugle momentanément, et comme d'habitude, je me
demande ce que je peux bien faire ici, dans ce canapé, avec la
couverture jusqu'au cou. Brusquement, les mots de Sirius me
reviennent. « Je t'aime ». Jamais je n'aurais cru
entendre ça de sa part. Peut-être ai-je rêvé,
peut-être que rien ne s'est vraiment passé. Mais quoi
qu'il en soit, ces mots m'obligent à réfléchir
à mes vrais sentiments pour lui. Il m'est arrivé de
me poser la question. En deux ans, j'ai appris à le
connaître au moins aussi bien que Remus le connaît, ou
encore Harry. Je connais ses sautes d'humeur, je connais ses
sourires espiègles qui préviennent ses blagues en tout
genre. Je sais ce que c'est de se disputer avec lui. Je connais ses
goûts, la moindre de ses habitudes. Malgré cela, il y a
beaucoup de choses que je ne sais pas de lui. Je ne connais rien de
sa vie sentimentale, je ne sais pas quels livres il lit, je ne sais
pas comment est sa chambre, tout simplement parce que je n'y suis
jamais entrée. Il ne dit jamais vraiment ce qu'il pense, il
est très secret, et j'avoue que ça m'a toujours
convenu parfaitement. Il a toujours été comme une sorte
de journal, encaissant la moindre de mes questions, sans jamais rien
révéler de lui même. Je l'entend
s'approcher, et par habitude, je sais qu'il tient un plateau
entre ses mains. Je sais aussi qu'il va le poser devant moi, sur la
table basse en rotin. Ensuite, il va s'installer confortablement à
mes cotés, et déposer le plateau à cheval sur
ses genoux et sur les miens. Il
cherche à sonder mon regard. J'ai l'impression que je vais
tomber dans un gouffre sans fin, et curieusement, je me rend compte
que je ne demande que ça… « - Il faut qu'on
parle.. » Ma voix tremble. J'ai honte qu'il me voit dans
cet état. Pourtant, il est habitué à entendre
les sursauts dans ma voix quand je lui parle de mon amour si
soudainement disparu. Mais cette fois-ci, tout est différent.
Parce que Ronald n'a aucun droit de cité dans cette
conversation… Pas plus que ces problèmes. Non, ici il n'est
question que de nous. De lui et moi. Ca sonne bien… Lui et moi.
Nous … « - J'aurais pensé que tu ferais tout
pour repousser cette conversation le plus longtemps possible. »
Sa voix est rauque, juste un murmure, pourtant je vois dans ses yeux
noir un éclat de malice. On dirait un éclair dans la
nuit. Un éclair dans la nuit de mon cœur. «- Je
ne suis même pas sûre d'avoir bien entendu. » Je
vois dans ses yeux la résolution dans ses yeux. «
- Je t'aime. Maintenant tu peux être sûre de ce que tu
as entendu. » Et la bien sûr, la question à dix
gallions : « -Depuis quand ? » Mon dieu je me
déteste. Je ne vois que ça à dire. Hermione mais
réveille toi bon sang. « - Ca fait maintenant
trois ans que nous vivons ensemble, trois ans que chaque matin je
prépare ton petit déjeuner, trois ans que j'ai appris
à te connaître mieux que personne je crois. Ca fait
aussi trois ans que c'est à moi que tu confis le moindre de
tes secrets. Alors je pense pouvoir dire que je t'aime. Ca fait
longtemps que je le sais, très longtemps. En réalité,
je m'en suis rendu compte derrière le voile. J'étais
seul, je n'avais rien à faire. Un sage dirait que j'aurais
du avoir le temps de réfléchir à ma vie,
repenser à toutes les personnes que j'aime et que j'ai
connu, mais je ne voyais que ton visage. Tout le temps. » Wahou
… Jamais je n'aurais cru entendre ça. Mais … je ne sais
pas quoi lui répondre. Alors j'entrelace mes doigts avec les
siens, et je murmure : « - Je… je ne sais pas si je
suis capable de te donner ce que tu veux. Je … je n'ai jamais
aimé personne depuis … enfin tu sais. » Bon,
Sirius, je pense que le message est passé. J'ai 25 ans, ca
fait cinq ans que je suis célibataire et le pire c'est que
je crois que ça fait un bon moment que je suis amoureuse de
toi. Maintenant il faut que je trouve le moyen de te le dire. «
- Hermione Hermione … Imaginons que tu te découvres
subitement une intense passion à mon égard. Crois-tu
que ce sera facile pour moi ? Ca fait plus de quinze ans que je n'ai
eu personne dans ma vie, alors crois moi, je ne suis pas totalement
prêt non plus à aimer quelqu'un, mais parfois c'est
pas comme ci on avait le choix. Je t'aime, je ne peux pas faire
semblant plus longtemps, pas plus que je ne peux supporter de
t'entendre parler de Ron. Je ne dis pas que ce n'était pas
quelqu'un de bien, mais moi je t'aime et je veux n'aimer que
toi, pas un fantôme de femme amoureuse. Hermione, regarde moi,
s'il te plait… » Je fuis. Je me cache derrière mes
mains. Tout ce qu'il dit est vrai. « - Sirius. Tu sais
que tu me demandes beaucoup ? Je commence à oublier Ron. Quand
je parle de lui, je dis l'homme que j'aimais, pas l'homme que
j'aime. Quand à savoir si je t'aime ou pas, je pense que
mon cœur n'attendait que ta déclaration pour assumer ses
sentiments. J'ai peur, tu comprends ? Non, ne dis rien. Laisse moi
terminer. Il n'y a pas que Ronald. Il y a aussi notre différence
d'âge, et Harry. Que va-t-il dire à ton avis quand on
va lui dire que toi et moi on s'aime ? Je ne te demande qu'une
seule chose : laisse moi le temps d'accepter la situation. Je te
promet qu'ensuite on parlera autant qu'il le faudra. Je te le
promet. » Ca y est. Tout est dit. Enfin pour le moment.
Quoique … Il me reste peut-être quelque chose à faire
avant de le laisser répondre. J'avance mon visage, et je
vois ses yeux s'assombrir. Ses mains se posent de chaque coté
de mon visage, et il m'embrasse doucement, tendrement, titillant
mes lèvres de sa langue. Avant que ça n'aille plus
loin, je m'écarte lentement, pose mon front sur le sien et
fixe ses yeux. « - L'age ne doit pas être un
problème. Je sais que c'est étrange, mais que veux-tu
que je te dise pour ça ? Oui, j'ai vingt ans de plus que
toi. Et alors ? Et puis, concernant Harry, je me moque bien de ce
qu'il peut penser. Il a beau être mon filleul, tu reste la
personne la plus importante. Je comprend que tu veuilles réfléchir.
Ecoute, je dois partir travailler. On en reparle ce soir d'accord ?
» Bien sûr, il ne me laisse pas le temps de
répondre. Il m'embrasse, de façon plus prononcée
cette fois-ci. Il se lève, et sort de la pièce.
Quelques secondes plus tard, j'entend la porte claquer. Me voici
toute seule, dans un salon vide, avec mon petit déjeuner
encore chaud devant moi. Alors je mange. Je me prépare
pour une longue journée de travail. En fait, peut-être
que je vais prendre ma journée aujourd'hui. Mais il faudra
quand même que je passe au bureau … La poisse … Un autre
jour qu'aujourd'hui j'aurais mis une robe strict, je me serais
coiffée strictement, mais aujourd'hui est un jour nouveau.
Je choisis donc une jolie robe noire, translucide, sous laquelle met
un pantalon blanc et un pull rouge. Je me coiffe simplement, des
mèches de cheveux balayent mon visage. « - Sandra, écoute, je
suis désolée mais je dois prendre ma journée
aujourd'hui. Je te laisse t'occuper de tout, et si il y a le
moindre soucis, appel moi n'hésite pas, d'accord ? » Et
je sors, sans même lui laisser le temps de tilter ( je ne suis
pas sûre que le verbe tilter soit dans le dico … lOl ) sur ce
que je viens de lui dire. Sans même y réfléchir,
je vais chez Harry. On est jeudi, je sais que ni lui ni Ginny ne
travaillent. C'est étrange. Pour la première fois de
ma vie, je sais exactement ce que je veux, ce que je dois faire.
J'arrive devant leur joli pavillon avec piscine. Dans un quartier
moldu. Qui l'eut cru qu'ils s'installeraient un jour ici ? Je
m'arrête quelques instants dans l'allée qui mène
à la porte. Tout à coup les questions se bousculent
dans ma tête. Comme annoncer à mon meilleur ami que je
suis amoureuse de son parrain, et que, mieux encore, ce dernier
m'aime aussi ? Comme à chaque fois que j'ai peur,
je fonce, tête baissée, sans vraiment réfléchir.
Je sonne à la porte. J'attend une, deux, trois, peut-être
quatre secondes. Et la porte s'ouvre sur le petit James, qui me
saute au coup, comme chaque fois que je viens. Zut, je n'ai rien à
lui offrir. Quoique … peut-être une sucette. J'en ai
toujours dans mon sac, peut-être le seul moyen de garder un
bout d'enfance à porté de main. Je la lui donne, il
râle : il n'aime pas le parfum à l'orange. Alors je
la métamorphose, et c'est une sucette à la fraise, sa
préférée, qui apparaît. Il repart, sa
sucette dans la bouche, comme si de rien n'était. J'entre,
comme chaque fois que je viens, sans attendre l'autorisation. Je
le trouve dans son bureau, occupé à compiler des
dossiers énormes. Comme à son habitude, il ne fait pas
attention au monde qui l'entoure. Il fronce les sourcils, ses yeux
paraissent plus verts que jamais. « C'est le bonheur ! »
aurait dit Sirius en voyant son filleul. « - Voilà,
hier soir, pendant que les gens fêtaient ta victoire, j'ai
beaucoup réfléchi. Notamment à propos de Ron. Et
… au fait que quand je pense à lui, ce n'est pas en tant
qu'homme que j'aime mais en tant qu'homme que j'ai aimé.
Ca a été un choc pour moi, et je m'en sens réellement
coupable, crois moi. Mais d'un autre coté, ça me
rassure. Parce que je commence à accepter, à revivre,
et aussi surprenant que ça puisse paraître à être
heureuse. Et puis, il y a Sirius … Je sais que ça peut être
choquant, mais petit à petit, en trois ans, je suis tombée
amoureuse de lui. Et … lui aussi il m'aime. Attends s'il te
plait avant de dire quoi que ce soit. Je sais qu'il y la différence
d'âge. Mais il y a aussi ses magnifiques yeux noirs, et le
temps qu'il passe avec moi quand je suis mal, mais aussi quand je
suis bien. Tout ce qu'il sait sur moi, tout ce que je lui ais
confié. Jamais je ne me serais rendue compte de mon amour pour
lui si il ne me l'avait pas dis hier soir. Il m'a dit qu'il
m'aime, et je le crois, j'ai vu la lueur dans ses yeux, j'ai
entendu sa voix. Alors je veux tirer u trait sur le passé, sur
Ron. Je ne veux pas qu'il y ait son fantôme entre Sirius et
moi. » « - Eh bien… si je m'étais
attendu à ça… D'accord, tu aimes Sirius, il t'aime,
je trouve ça merveilleux. Mais, si j'ai bien compris tu veux
tuer Ron c'est ça ? Tu veux tuer notre meilleur ami pour
pouvoir t'envoyer en l'air avec mon parrain en toute tranquillité
? » Merlin ! Sans m'en rendre vraiment compte, je me lève,
je le gifle. « - Tu n'as pas le droit de dire ça
! Ca fait cinq ans que je vis comme ça, que je vais le voir
tous les jours dans sa chambre d'hôpital, et qu'il me
regarde sans me voir ! Cinq ans ! Et toi, tu y vas quand ? Une fois
par mois ? Pour qui tu te prend ? Pourquoi je n'aurais pas droit au
bonheur ? Pourquoi ? » Je crie. Les larmes brouillent ma
vue. Et Harry est face à moi, comme un rond de flan. Il se
lève, me prend dans ses bras, je me débat, et après
quelques secondes de lutte acharnée, je me retrouve blottie
dans ses bras, sanglotant comme une gamine à qui on aurait
piqué son dessert. Je déteste ma faiblesse … «
- Ca fait un moment que j'y pense aussi, au jour ou on devrait
prendre la décision de tuer Ron. Mais t'entendre le dire
c'est tellement dur. Je me disais que tant que tu ne te déciderais
pas le jour ou il mourra serait purement hypothétique. Tu as
le droit au bonheur… et Sirius aussi. » Il murmure à
mon oreille. « - Oh Harry merci ! On fait quoi
maintenant ? » « - On fonce à l'hôpital.
» Comme quoi, il n'est pas mon meilleur ami pour rien
… « - Mais … et Ginny ? Il faut bien lui demander
son avis. » « - Non, on vas juste signer les
papiers, et on dira tout à Ginny le moment venu. De tout façon
on en a parlé et elle est du même avis que nous. Elle
préfère penser qu'il est mort dans son sommeil plutot
que se dire que son mari et sa meilleure ami on signé un
papier autorisant à donner la mort à son propre frère.
» Alors on part. On laisse le petit James à la
voisine, et on transplane directement à Ste Mangouste. On
rentre dans la chambre de Ron, il est là, allongé, pale
comme la mort. Il nous entend arriver. Il tourne la tête, mais
ne nous voit pas. Je m'approche, lui prend la main, et j'essaie
de lui expliquer, tant bien que mal. Je lui dis que je l'aime, quoi
qu'il arrive. Quand, quelques minutes plus tard je me retourne sur
la porte, Harry a disparu. Il doit être parti signer les
papiers. Je me tourne de nouveau vers Ron, et je continu à lui
parler. Des promesses, encore et toujours. Au bout d'un moment, je
me rend compte que mes joues sont trempées de larmes.
J'entends des bruits. Des médicomages, suivis de Harry,
étrangement calme, entrent dans la pièce. Mon meilleur
ami se place derrière moi, je me lève, il me prend dans
ses bras, et ensemble, nous regardons des hommes censés sauver
des vies l'enlever à notre meilleur ami. Et quand celui qui
semble être le chef fait signe que la vie à quitté
à tout jamais cet être que nous aimons tant, je
m'écroule dans les bras du Survivant. « - Je
lui ai promis de ne jamais l'oublier… On doit se promettre de ne
jamais oublier Ron, Harry… C'est le pire châtiment qu'on
puisse lui faire… » Je murmure, ma voix est rauque, et je
sens plus que je ne vois Harry hocher la tête. Quand je
pousse la porte de la maison, j'ouvre un nouveau chapitre de ma
vie. Je sais que cette journée un nouveau tournant dans ma
vie. Je quitte ma cape, mes chaussures, je balance mon sac. Je monte
dans ma chambre, enlève ma robe, et passe un vieux jogging et
un débardeur blanc. Une fois arrivée dans le
jardin d'hiver, j'allume la cheminée, et comme hier à
la même heure, je regarde le feu crépiter dans l'âtre.
Aujourd'hui il n'est pas joyeux le feu. Non, il est triste, mou,
à mon image. J'entends la porte d'entré
claquer. Il entre dans le salon. Et je crois qu'en voyant ma mine
de deterrée, il comprend tout de suite. Il se précipite
vers moi, et sans un mot, me prend dans ses bras, posant ma tête
sur ses genoux, et nous restons ainsi un long moment, peut-être
une heure. Il embrasse mon front de temps en temps, hume le parfum de
les cheveux, joue avec les mèches rebelles qui glissent dans
mon cou. Je fini par me redresser. Je le regarde droit dans
les yeux. « - Il n'y aura plus rien entre toi et moi.
Ron est dans un monde meilleur, Harry nous souhaite tout le bonheur
du monde, et je t'aime plus que tout, plus que je n'ai jamais
aimé personne. » Il ne dit rien. Merlin … fait
que je ne me sois pas trompée… « - Ne me
repousse pas … je t'en supplie … » Et pour la
première fois, je vois des larmes dans ses yeux. Ses yeux
noirs… Ces yeux dont je rêve jour et nuit … Il me prend
dans ses bras, me serre à m'étouffer, et m'embrasse
doucement, sur le front « Je t'aime », sur le nez «
Je t'aime », sur chaque joue « Je t'aime tellement »,
dans le cou « Je t'aime » et enfin sur les lèvres.
Doucement d'abord, puis de plus en plus intensément. Quand,
à bout de souffle, nous nous éloignons l'un de
l'autre, il murmure tout contre mes lèvres : « Je
t'aime . » Et le balais d'amour reprend, plus vite, plus
fort, et toujours plus tendrement. Je ne sais pas ce que le
destin nous réserve. Je ne sais pas si lui et moi ça va
durer toujours, mais je sais que je l'aime, et rien ne compte plus
pour le moment. Notre amour. Une chose est sûre, jamais je ne t'oublierais.
Tu resteras toujours le premier que j'aurais aimé, et rien
ne pourras t'effacer de ma mémoire. FIN
Bien sûr, je sais
que je plais à tous ces jeunes coqs qui me servent
d'assistants, mais comment pourrais-je oublier celui que j'ai
jamais aimé ? Peut-être que si il était vraiment
mort, je pourrais faire mon deuil, et commencer à refaire ma
vie, à l'oublier, petit à petit. Mais non, Ronald
n'est pas mort. Il a juste reçu le baiser du Détraqueur,
et je n'ai pas pu le protéger, l'aider, comme il l'aurait
fait pour moi. Il végète dans un lit d'hôpital,
mais je sais que ça ne durera pas toujours. Un jour, on me
dira qu'il serait peut-être temps de le laisser reposer en
paix, que sa présence ici ne sert à rien, et surtout
qu'il n'y a aucun espoir. Mais comment pourrais-je signer un
papier ordonnant de cesser de prendre soin de l'homme que j'aimais,
de le laisser mourir dans la plus totale indifférence ?
Je ne dis pas que Sirius
n'est pas quelqu'un de bien ni que je regrette de vivre avec lui.
Il est poli, attentionné, et son repos forcé derrière
l'arche lui a remis les idées en place, et il est
aujourd'hui l'homme du mariage de James et Lily Potter.
Et j'ai raison. Sauf que cette
fois-ci il laisse le plateau sur la table, et se tourne vers moi,
plonge ses yeux dans les miens. Une fois encore, j'ai l'occasion
d'admirer ses traits fins et réguliers. Ses joues douces,
rasées de peu, ses longs cheveux noirs, tressés comme
ceux des guerriers chinois. Ah ces cheveux … Quand il sort de sa
douche, ils ont l'air si doux … Mais je n'ai jamais osé
passer ma mains dedans, pas plus que j'oserais défaire cette
tresse qu'il met tant de soin à faire chaque matin.
Et je transplane
directement dans mon bureau. Je regarde rapidement mon courrier, rien
de bien important aujourd'hui. Je fonce dans le bureau de Sandra,
mon assistante principale.
« - Monsieur
l'attrapeur de l'équipe d'Angleterre bonjour ! »
Il lève la tête d'un coup, se lève, et se
précipite vers moi dans un mouvement souple et rapide.
«
- Hermione ! Ca faisait longtemps ! »
« - Oui, trois
jours ! » Je ris…
« - Peut-être, mais c'est
très long. Surtout que tu n'es pas venue hier… » Son
ton sonne comme une accusation. Les larmes me viennent aussitôt.
Je tourne la tête, histoire de retrouver une expression neutre.
« - Ginny n'est pas là ? »
« - Non,
elle est partie en ville avec Padma et Parvati. C'est elle que tu
venais voir ? » Il semble déçu. Si seulement il
savait ce qui va suivre.
« - Non, en fait je voulais te
parler à toi, mais bon son avis aussi est important. »
Ma voix tremble. Encore.
« - Qu'est-ce qui se passe ? »
Il est inquiet, je le vois bien.
« - C'est à propos
de Ron. » Oh, il baisse les yeux, puis m'invite à
m'asseoir d'un geste de la main.
« - Explique. »
C'est un ordre.
« - Eh bien … promet moi de ne pas me
juger, et d'écouter ce que j'ai à te dire sans
m'interrompre. S'il te plais. » Il n'aime pas ça.
Je sens qu'il est proche de la colère. Merlin que je n'aime
pas ce regard. Malgré tout, il promet.
Ron m'aura appris une chose :
c'est en vivant dans les souvenirs, qu'on détruit toutes
les perspectives d'avenir et qu'on met à zéro nos
chances d'avoir des souvenirs à raconter à nos petits
enfants, plus tard, quand la sagesse aura pris la place de la
passion.
