Charlie se passa les mains sur le visage une nouvelle fois. Il était plus de 3h du matin et il était épuisé. Il avait travaillé des jours et des jours sur cette affaire.

Un tueur. Un boucher. Mais pas seulement. Cette fois, il y avait quelque chose de différent.

Ce type était un Monstre…
Pas un simple gars primitif et caractériel qui aurait pété un plomb et se serait transformé en Hulk, non, un VRAI , calculateur, inhumain. Non seulement il prenait plaisir à tuer, mais en plus, il expérimentait, il testait les limites du corps humain, à la douleur, à la peur, leurs résistances avant de…rompre…se déchirer…se briser…

La nausée le submergea à nouveau rien qu'a la pensée de ce qu'il leur avait fait.

Il avait aidé comme il avait pu. Un de ses étudiant en avait été victime…un jeune homme, un gamin même…Michael, il avait été…
Cela avait décuplé la motivation et l'implication de Charlie pour le retrouver. Il avait étroitement travaillé avec un psychiatre-profiler venu aider Megan, et après plus de 2 mois de recherches, le FBI avait enfin une piste. Grâce à eux.

Harry Spellman. C'était lui. Harry Spellman, 23 ans. Un visage d'ange sur les photos de Harvard. Le contraste était saisissant. Tellement que cela semblait faux, que ça ressemblait à un cliché d'une mauvaise série télévisée. Brillant, issu de la haute société, étudiant médecin…Comment était-ce possible ? Un véritable Hannibal Lecter Junior. A croire qu'il avait directement inspiré le personnage, mais dans son propre style. Comment cela pouvait exister ailleurs que dans l'esprit tordu d'un écrivain ? Une telle horreur…

Don et son équipe étaient partis depuis plus de 2h. Charlie était resté. Il attendait assis au bureau de son frère. Il voulait voir ce…Monstre. Il n'y avait pas d'autre mots pour le désigner, le qualifier.

Charlie était immobile, fixant le dossier sur le bureau sans réellement le voir. Il était submergé par la colère, le dégoût, la peur…tant d'émotions désagréables et perturbantes. Il n'aurait jamais imaginé pouvoir les ressentir toutes en même temps.

Comment serait-il en vrai ? Rien qu'à voir sa photo, Charlie était glacé jusqu'aux os.

En fait, il se sentait perdu face ce qu'avait fait ce type. Il ne comprenait pas. Ou bien, avait-il peur de comprendre ? Ce type avait une démarche de scientifique…la curiosité d'un scientifique…un sorte obsession...quelque chose qu'il lui était familier. Mais le reste…comment un être humain peut faire ça?

Il secoua la tête comme pour chasser les pensées et réflexions morbides qui commençaient à lui donner mal à la tête et observa les quelques agents de permanence qui papillonnaient autour de lui. Ils avaient doublé les effectifs la nuit depuis quelque temps. Des infos à prendre au sérieux sur des attaques terroristes, mais il n'en savait pas plus, il s'était concentré à fond sur l'affaire de Don.

Il soupira. Trop de choses en tête. Tellement de violence tout autour de lui, Comment Don arrivait-il à continuer ? Une fois un affaire réglée, une autre arrivait, encore pire que la précédente ! Il regarda l'heure. L'équipe de Don en devrait pas tarder maintenant, Il se leva et se dirigea vers les toilettes pour aller se passer un peu d'eau au visage. Il avait le cœur au bord des lèvres à l'idée du face à face qui se préparait. Il devait se ressaisir.

Il resta un bon moment, accoudé au lavabo, les yeux fermés, se forçant à retrouver une respiration régulière. Il se sentait idiot de réagir comme çà. Eh bien, il est beau le génie de la famille Eppes !
Le Monstre serait menotté après tout, et gardé par des agents entraînés. Et puis c'était lui qui voulait cette confrontation. Il n'avait qu'à partir s'il ne s'en sentait pas capable.

Oui, finalement, il allait partir, oublier cette histoire et tranquillement revenir à ses gentils problèmes de math. Et puis, il allait éviter un moment le FBI…Oui ! C'était une bonne idée !

Il n'entendit pas la porte s'ouvrir.

- Tu as 3 minutes ! Oh, bonsoir, Professeur Eppes.

Le jeune homme leva les yeux. Il croisa deux pupilles bleu clair. Glacées, perçantes…il se sentit mis à nu. Son cœur sembla rater un battement. Le souffle court, il ne répondit même pas à l'agent qui accompagnait Harry Spellman en personne. Il ne vit pas le second qui se tenait contre la porte.

8 mètres. Les toilettes du FBI étaient grandes. Très grandes. Instinctivement, Charlie se rapprocha du mur derrière lui. 8 mètres étaient suffisants entre ce Monstre et lui. Une bonne distance de sécurité. 8 mètres, c'était bien !

Le Monstre lui sourit cordialement Non ! Non ! Non ! Qu'il arrête de me regarder !

Une explosion. Un souffle projeta Charlie contre une porte de cabine. Son bras se brisa. Sa tête heurta le mur. Le noir.