Ma toute première fic... qui a été corrigé un bon paquet de fois. Etant donné la différence de style entre le début et la fin (certain diront une évolution d'écriture xD) et bien je décide de mettre à jour une nouvelle et dernière fois mon histoire, en livrant ici les chapitres corrigés, mis en page etc...

Voila, voila... Bisous à tous =)

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CHAPITRE 1

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POV Sarah

Mais qu'est ce que je fais ici ?

En même temps, ici, vous devez bien vous demander où est-ce que ça pourrait être…Pour vous donner un aperçu, j'ai l'impression de me retrouver dix ans en arrière au concert de Patrick Bruel. Je suis en pleine marée humaine âgée d'environ quinze ans et je viens de prendre une claque monumentale en me rendant compte que j'ai vieilli, quelle tristesse !

Qu'est ce qui m'a pris d'accepter ? J'ai la tête qui va exploser à force d'entendre tous ses hurlements. Je tente de me faufiler vers la sortie tout en attrapant mon portable afin de prévenir de mon absence lorsque je vois que un nouveau message en attente : « Tu n'as pas intérêt à te sauver pendant que je ne suis pas là sinon je te tue ! Bisous ma belle ».

Oups, aurait-il lu dans mes pensées ? Bon passons au plan B qui est de s'éloigner le plus loin possible de cette meute en furie et de se trouver un coin tranquille. Hum... Peine perdue manifestement, je vais donc devoir courageusement supporter tout ça.

Et ça crie, et ça crie, mais quel calvaire. Ça ne s'arrête dont jamais ? Pourtant je vous assure que je ne suis pas une associable mais je me sens vraiment angoissée au milieu de tout ce monde. Pour ceux et celles qui n'auraient pas encore compris, je me trouve au concert des Tokio Hotel que je ne connaissais pas il y a encore quelques jours. J'ai largement rattrapé mon retard depuis pourtant.

Mais avant de vous conter mon histoire je vais me présenter : moi c'est Sarah, tout juste 20 ans et glandouilleuse professionnelle. Non je déconne ! En fait après avoir passé mon BTS commerce international j'ai voulu prendre une année sabbatique, très bonne idée au passage. J'ai un don pour les langues vivantes que j'affectionne particulièrement, j'étais déjà bilingue en espagnol (famille oblige), ça m'a donc laissé du temps pour apprendre l'anglais et l'allemand. Je galère un peu avec cette dernière mais bon, je m'accroche. Je suis de nature bornée donc ça aide.

Physiquement ? Ce n'est pas très glorieux, je fais un bon mètre cinquante trois autant dire que je ressemble à pas grand-chose. (Qui a osé dire que j'étais complexée par ma taille ?!) Ça me permet de compenser avec des talons hauts dont j'use et abuse. J'ai de grands yeux vert émeraude, des cheveux bruns que j'ai méché rouge chez ma coiffeuse préférée et coupé assez court. J'ai également un soleil aztèque tatoué entre mes reins et je rêve un jour de me faire percer la langue… rien que ça !

Il y a encore une semaine, je rêvais de vivre une vie extraordinaire, un truc qui me fasse dire que j'aime ma vie. Parce qu'elle n'a pas été toute jolie cette putain de vie avec moi, je ne suis pas Cosette non plus mais je pense que j'ai perdu du temps. Du temps pour des amis que je n'ai presque pas, du temps pour ma famille qui n'est plus intacte, du temps pour faire ce que j'ai toujours voulu faire alors que ma timidité m'en empêchait… Si j'avais pensé à un génie sortant d'une lampe, j'aurai surement demandé beaucoup de chose et pourtant, cette rencontre est la plus belle chose qui me soit arrivée.

Et maintenant vous vous demandez bien ce que je peux foutre ici hein ? En fait tout ça a commencé à cause de Julie ma meilleure amie.

Quelques jours auparavant…

Je suis dans ma chambre en train de surfer sur la magnifique vague qu'est le web lorsque la mélodieuse voix de ma mère me sort de ma torpeur :

- Sarah ! Julie au téléphone, dépêche-toi !!

Merde, j'ai encore laissé trainer mon portable dans le salon. Me voila donc en train de traverser toute la maison comme si j'avais le feu aux fesses, je manque de me fracasser dans les escaliers et arrive à atteindre l'objet tant attendu : le combiné.

- Salut copine ! – J'hurle dans le téléphone tout en tentant de reprendre ma respiration.

- Wouaw, t'as couru un marathon ou quoi ?

- Presque, tu peux rajouter le saut d'obstacles et tu auras à peu près tout bon. Quoi de neuf sinon ?

- J'ai toujours su que tu avais une vie trépidante !! Bon parlons peu mais bien, tu viens toujours samedi soir ?

Mais quelle chipie, elle croit vraiment m'avoir comme ça…

- Je ne me rappelle pas avoir accepté quoi que se soit pour samedi en fait.

Je crois que je l'ai bien eu parce qu'un ange passe… Puis un second… Suivi de tout un troupeau et finalement Julie reprend la parole :

- Tu peux pas me faire ça !

Mais quel air dramatique ! Pourquoi faire toute une histoire d'une si petite chose, vraiment.

- Ecoute, tu sais que je ferais tout ce que je peux pour toi, mais aller en boîte de nuit tu m'en demandes beaucoup trop. Y'a trop de monde, et tu sais très bien qu'avec ma timidité maladive ça craint.

- Et ben justement, si tu peux tout faire pour moi, j'exige que tu m'accompagnes samedi soir.

- Putain Sarah tu fais chier ! T'as pris une année sabbatique et tu n'en profites même pas ! Tu déconnes beaucoup trop et que tu le veuilles ou non, samedi soir je te veux sur ton 31 et on sort, fin de la conversation.

Oups, elle a raccroché. Je crois que je l'ai un peu froissé là. Faut-il rappeler que c'est son anniversaire qu'elle fête ce week-end ? Mais pourquoi est ce qu'elle ne peut pas faire ça tranquillement chez elle comme d'hab… Franchement, vingt ans ça ne s'arrose pas plus qu'autre chose. Bon d'accord je suis de mauvaise foi mais je me connais et je vais encore me donner en spectacle. Au choix : je me prends une bonne cuite pour oublier le lieu dans lequel je me trouve, ou bien je fais un malaise avant parce que je n'aurai pas assez bu ou encore j'abandonne tout ce beau monde une demi-heure après être arrivée.

Bon, je réfléchirai à tout ça plus tard, il est plus que temps que je rejoigne ma bibliothèque unique et préférée. Bah oui, vous ne pensez quand même pas que je passe toutes mes journées enfermée dans ma chambre, non, non, non. J'ai trouvé un petit boulot, je bosse tous les après-midi à la boutique de Mr Donavan.

Il s'agit d'une petite boutique située dans un quartier central de Paris. On peut y trouver tout ce qu'on cherche : des vieilles – voir très vieilles – éditions mais également des livres plus récents. Il y a même un coin lecture pour les enfants.

Si vous vous demandez pourquoi j'adore cet endroit, c'est simplement parce que j'adore les livres, c'est ma passion et je peux vous dire que je la vis à fond. Ma chambre est remplie de bouquins de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de tous les thèmes, autant dire que je passe plus de temps à lire qu'à réellement travailler quand je suis là-bas… mais tant que ce qu'on me demande de faire est fait, je ne vois pas où est le mal. D'ailleurs, le patron non plus. Je suis plus considérée comme une habituée des lieux plutôt que comme employée.

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POV Tom

Nous revoilà en France, à Paris en plus... Je crois que si on nous avait raconté tout ça il y a quelques temps quand nous venions de créer le groupe, on aurait halluciné ! Bref, je dois respirer à fond maintenant, parce que le pire moment de ma vie se profile à l'horizon : l'avion doit atterrir d'ici quelques minutes. S'il y a bien un truc que je hais, c'est prendre l'avion… je déteste les décollages et encore plus les atterrissages. Mes yeux se ferment et je tente de me détendre mais c'est peine perdue, jusqu'à ce que je sente une main se poser sur la mienne. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux parce que je sais déjà de qui il s'agit.

- Arrête de t'inquiéter comme ça, tout se passe toujours bien !

Je grogne avant de lâcher un vague « jusqu'à ce que ça se passe mal » et rouvre les yeux pour faire face au regard de mon frère, qui si je ne le connaissais pas, paraîtrait presque inquiet.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? – Autant lui demander parce qu'il me fait carrément flipper là.

- Parce que je te rappelle que je ressens nombre de tes émotions et que tu es en train de me communiquer tout ton stress. Alors t'es mignon et tu te calmes ok !

Ou lala… C'est qu'il peut être autoritaire quand il veut ! Je replace les écouteurs de mon lecteur MP3 et tente de me concentrer sur la musique. La musique de toute façon, y'a que ça de vrai ; je me mets à décortiquer le moindre son et mime quelques accords de ma main gauche avant de replonger dans les souvenirs de notre dernier concert. Il y avait une ambiance de folie ce soir là et le public était vraiment super. Je souris en revoyant les différentes pancartes qu'on pouvait voir depuis la scène, et étouffe un ricanement. Les fans sont vraiment très imaginatifs ! Ou peut-être devrais-je dire imaginatives ?

Je sursaute violemment lorsque les trains d'atterrissage touchent le sol et entends Bill se foutre royalement de ma gueule lorsqu'un de mes écouteurs tombe sur ma cuisse.

- Tom, t'es pire qu'un gamin ma parole !

Je lui balance une tape derrière la tête et préfère ignorer sa dernière remarque ; je peux être très vexant si je veux aussi.

- On reste ici combien de temps déjà ?

Je vois mon brun de frère réfléchir rapidement avant de m'annoncer la sentence.

- Et bien le temps de la promo et le concert, il faut compter quatre jours, peut-être cinq, je ne sais plus trop, il faudrait regarder le planning. Je sais qu'après l'hôtel on file directement à une émission de radio… il me semble qu'ils ont fait gagner quelques auditrices pour nous rencontrer.

Il se tait une seconde, avant de reprendre en plongeant ses yeux au fond des miens.

- J'espère que tu vas te tenir cette fois.

Ah, je me demandais bien quand est-ce qu'il allait me faire la morale pour ça ! Quel jaloux ! En plus cette fois là, je n'y étais pour rien. Et pour faire écho à mes pensées je lâche :

- T'es vraiment chiant. C'était pas de ma faute, va falloir que je te le dise combien de fois ?

- T'as pas vraiment cherché à l'arrêter non plus, si je me rappelle bien.

Bon d'accord : y'a une fan folle de moi qui m'a sauté dessus et donné un cours sur le french kiss comme personne... Mais comme je le disais tout à l'heure, je n'ai rien demandé à personne moi. Ceci dit, qu'est-ce qu'elle embrassait bien… C'est pour ça que j'avoue en avoir profité un peu. Quel homme ne l'aurait pas fait ?

- Toute façon, tu fais bien ce que tu veux. Je me demande juste quand est-ce que tu vas te prendre une claque monumentale pour te montrer à quel point tu peux leur briser le cœur à ces filles.

Les gens commencent à descendre de l'appareil pendant que d'autres se battent pour récupérer les bagages cabines. On suit doucement le mouvement mais j'en ai un peu marre de l'entendre se prendre pour ma conscience.

- Ce n'est pas parce qu'il te faut papoter six mois avec quelqu'un avant d'oser faire quoi que se soit que ça devrait être mon cas. Des fois je me demande si on est vraiment jumeaux.

J'entends alors Georg et Gustav éclater de rire, puis fuse un « Vous en avez pas marre de vous engueuler comme un vieux couple ? » et je les rejoins dans leur délire. C'est vrai que mon frère et moi avons une complicité bien particulière, surement exacerbée par le fait que nous soyons jumeaux. Il finit souvent mes phrases alors que je sais exactement ce qu'il pense. Ce n'est pas systématique et heureusement, mais ça arrive quand même très souvent. Pourtant, nos rapports avec les autres sont complètements différents : je suis une personne très tactile qui va facilement vers les autres, et surtout j'adore les filles. Bill lui, met plus de temps à faire confiance, il met même extrêmement de temps à s'ouvrir aux gens.

A peine avons-nous eu le temps de sortir de l'aéroport que nous voilà déjà dans un van aux vitres tintées, comme toujours. J'aperçois Bill s'amuser avec son piercing à la langue tandis que Gustav tape le rythme sur son sac. Ce mec n'arrête jamais, il tape sur tout ce qu'il trouve, je vous jure. Du coin de l'œil, je vois Georg qui s'écroule dans les bras de Morphée… idée plutôt bonne que je m'empresse de suivre d'ailleurs. Je suis complètement cassé !

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POV Sarah

Putain, je suis incroyablement à la bourre ! Ma mère m'a encore sermonnée pour je ne sais quelle connerie et si je ne speed pas un peu, je vais arriver super en retard. Mon patron est sympa comme je l'ai dit mais bon, je me sens toujours un peu fautive d'abuser de son laxisme. Je claque la porte d'entrée et saute dans ma 106 qui ressemble plus à une charrette qu'à une voiture, direction la capitale. Oh je sais ce que vous vous dites : Quoi, elle prend la voiture pour aller sur Paris ? Elle est complètement folle !

Et je vais vous répondre que je suis effectivement complètement barge mais qu'en plus, je ne supporte pas du tout les transports en commun donc, pas trop le choix ! Bah oui, ils sont en retard, t'es obligé d'attendre sur le quai qui est bondé, avec un peu de chance c'est l'heure de pointe donc tu restes debout pendant tout le trajet… En bref, je n'aime pas ça.

L'autoroute est une partie de plaisir, à cette heure-ci il n'y a pas un chat (ou presque…) mais dès que les portes de Paris sont franchies, c'est la guerre ! Tout le monde essaye de passer avant les autres, les feux tricolores ne sont pas respectés… des fois j'ai l'impression d'être dans un autre monde. Heureusement que je connais quelques rues peu fréquentées et que j'ai une pauvre voiture pourrie, ça me permet de forcer le passage aux grosses berlines qui ont peur d'être abîmées ! Par contre et ça, je m'en aperçois beaucoup trop tard, je ne fais pas du tout le poids contre les camionnettes et c'est avec un entrain particulier que je percute l'arrière de l'une d'entre elles.

- Putain de bordel de merde ! Mais pourquoi il s'est arrêté ce crétin ! Il manquait plus que ça… mais qu'est ce qu'il fout là !!

J'enlève ma ceinture et sors de ma voiture comme une furie. En même temps, je me calme bien vite en me rappelant que je suis en tord ! Moi dans toute ma splendeur : je monte aussi vite qu'un soufflet mais je suis incapable de m'affirmer devant quelqu'un. Le conducteur gare également son véhicule et nom de Zeus, qu'il n'a pas l'air commode. Un mec très grand (surtout en comparaison de ma taille de mini pouce), une absence de sourire à effrayer un gardien de prison… bref je sens que je vais passer un sale quart d'heure.

Mais avant même de venir me voir, cette espèce de mal poli ouvre la portière arrière de son van et demande à la cantonade

- Est-ce que tout le monde va bien ?

Attends une seconde, pourquoi il parle en allemand ce gros con ? Oh putain, j'ai encastré un germanique… Pourquoi moi Seigneur ? J'espère que j'ai blessé personne, pitié dites moi que j'ai blessé personne. Je me rassure en me disant que je n'allais pas bien vite mais bon, on ne sait jamais.

- C'est bon, juste Georg qui se remet de ses émotions. Tu ne t'es pas fait pipi dessus au moins ?

S'en suivent plusieurs éclats de rire. Si je n'étais pas la principale actrice de ce « drame », j'aurais rigolé aussi d'ailleurs. Mais finalement l'émotion est un peu trop forte pour moi lorsque je découvre le pare-choc de ma voiture explosé, gisant sur le sol. Je me retrouve le cul par terre avant même d'avoir pu penser à autre chose, mes traitresses de jambes ayant déclaré forfait. C'est alors que Mr Gros-bras s'aperçoit enfin de mon existence et qu'il se précipite vers moi.

- Mademoiselle… Mademoiselle est ce ça va pour vous aussi ? Hey, c'est pas le moment de faire un malaise ! Mademois…

- …

AÏE ! Mais c'est qu'il vient de me mettre une claque, grosse brute ! J'ouvre un œil que je ne me rappelle pas avoir fermé et constate que je me trouve allongée sur le bitume. Mon dos me lance un peu mais ma tête à l'air de reposer sur quelque chose de très confortable.

- C'est bon les gars, elle revient à elle !

Bon, Je ne suis pas complètement larguée, apparemment ma tête repose sur les jambes de quelqu'un. Je reconnais toujours l'allemand par contre pas la voix du monsieur de tout à l'heure. Je me relève d'un coup mais mon crâne m'explique alors à grand renfort de douleur que ce n'était pas une bonne idée. Je tangue un peu avant d'être stabilisée par une main charitable. Je pose le regard sur cette main et poursuit mon inspection jusqu'à son propriétaire avant d'avoir un léger mouvement de recul. Un mec plutôt étrange me regarde bizarrement, des dreads sur les épaules et un piercing au coin de sa lèvre inférieure, il n'a pas l'air méchant en tout cas. Je dirais même qu'il est plutôt mignon avec son petit sourire en coin. Et comme nombre de jeunes qui se respectent, il a une casquette vissée sur la tête… je déteste cette mode !

- Hallo ! Wie geht's ?

- Ja und Sie ?

- Tu parles allemand, cool !

- Hum… Si tu le dis. Ça fait longtemps que je suis par terre ?

Putain, j'espère qu'ils n'ont pas appelé les pompiers.

- Deux minutes à peine, t'es sûre que ça va ? Parce que t'es toute pale là.

Tout en me parlant, il repasse une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille et comme une collégienne, je rougis. Si c'était pour me faire reprendre des couleurs c'est réussi. Je ne me suis sans doute pas encore assez tapé l'affiche pour aujourd'hui.

- Tom, arrête ça !

Je sursaute à cette voix qui me sort définitivement de mon état comateux et me tourne vers son propriétaire. Dire que je suis surprise serait un doux euphémisme. C'est quoi cette dégaine de psychopathe ? Vu sa voix, je suppose qu'il s'agit d'un garçon… Il a les cheveux aussi brun que les miens mais coiffés (oserais-je dire ça ?) dans tous les sens. Il arbore du maquillage ultra noir tout autour des yeux, sans compter ses jeans déchirés et un tee-shirt rouge estampillé « Evil ». Je nage en plein délire, ou alors effectivement le choc est plus sérieux que ce que je ne pensais.

Le fameux Tom enlève sa main de derrière mon oreille aussi vite que s'il s'était brûlé et me lance un petit sourire que je jurerais espiègle.

- Bon, maintenant que la belle au bois dormant s'est réveillée, on va peut-être pouvoir remplir le constat parce que vous avez un timing à respecter et vous n'êtes pas vraiment en avance.

- Ian c'est bon, pas la peine de l'agresser. Je ne pense pas qu'elle l'ait fait exprès, tu sais.

Je viens donc d'identifier Ian comme étant le conducteur du van et accessoirement le mec qui possède le regard le plus froid que je connaisse sur Terre… Bien avant celui de ma mère ou même Julie peut allée se rhabiller. Tom se trouve toujours à mes côtés, et je le trouve adorable à prendre ma défense comme ça, mais son insistance à me fixer comme s'il s'attendait à quelque chose de ma part me met encore plus mal à l'aise. Ils sont vraiment bizarres ces mecs.

Je récupère finalement mes papiers de voiture et m'approche mais c'est encore le jeune homme à la casquette qui me les arrache pour les donner à Ian, en lui demandant si ça ne le dérange pas de faire le nécessaire. Il me prend alors la main et me fait signe de monter à l'arrière du véhicule. Je panique un peu entre cette main inconnue qui enserre mes doigts et le fait qu'il veuille me faire rencontrer d'autres personnes. Pourtant, je trouve son touché très doux et décide, dans une folie passagère totale, de lui faire confiance.

Je retrouve donc le fameux brun de tout à l'heure ainsi que deux nouveaux garçons. Ils me fixent tous et je ne me sens vraiment pas à ma place du tout. Je sens mes joues s'empourprées à nouveau : j'arrache ma main immédiatement et commence à triturer le bas de mon tee-shirt pour m'occuper les doigts. J'ai l'impression que comme Tom tout à l'heure, ils attendent un truc de ma part, mais je suis incapable de faire le moindre geste face à eux. Un ange décide de passer avant que celui qui m'ait amené dans le véhicule n'engage la conversation :

- Alors, tu t'appelles comment ?

- Heu… Sarah, et vous ?

Qu'est ce que j'ai dis comme énormité encore ? Non parce qu'ils sont tous les quatre en train de se regarder comme si je venais d'annoncer que je venais de Mars. Finalement, c'est un mec du fond qui me demande :

- Tu ne nous connais pas ? Pas du tout ?

Je dois vraiment être conne parce que je ne vois pas d'où je pourrais les connaître et vu leurs têtes, je pense que je ne l'aurais pas oublié.

- Pourquoi, je devrais ? – Je les dévisage et fixe naturellement Tom puisque c'est avec lui que j'ai eu le plus de contacts, si on peut dire.

Il fini par me répondre :

- En fait, non pas particulièrement, mais ça fait toujours bizarre quand ça nous arrive. Je te présente donc Georg, Gustav et voici mon frère jumeau, Bill.

- Jumeau ? – J'arque un sourcil en me disant que je les aurais pris pour beaucoup de choses, mais certainement pas pour des jumeaux.

Ils éclatent alors tous de rire et c'est Bill qui reprend la parole :

- Oui jumeau, je te le confirme. Mais Tom et moi cultivons notre différence depuis le plus jeune âge. Sans maquillage c'est déjà un peu plus visible. Tu as un très bon allemand en tout cas.

Je rougis – encore, c'est désespérant – devant le compliment et bafouille juste après un quelconque merci.

- J'adore les langues étrangères mais je ne parle pas si bien l'allemand que ça. Disons que je me débrouille.

Je crois que c'est alors Gustav qui me répond :

- J'aimerais beaucoup me débrouiller en français comme toi en allemand. .. Ça pourrait servir des fois !

On parle encore une dizaine de minutes et finalement Georg me demande ce que je fais dans la vie.

- Rien cette année, je profite de la vie. Et je travaille quelques heures par semaine dans une librairie pour me faire un peu d'argent de poche. Et vous, qu'est ce que vous faites en France ?

Je vois Bill lancer un regard gêné à son frère et lorsque celui-ci ouvre la bouche pour me répondre, c'est Ian qui fait irruption en me donnant mes documents.

- Voila Mademoiselle, il manque juste votre signature ici et ici et je vous laisse partir.

J'accomplis mon destin, prends les papiers nécessaires à mon assurance et me retourne pour dire au revoir à ces drôles de bonhommes vraiment sympathiques.

- Bon et bien au revoir tout le monde. Merci de m'avoir supporté et profitez bien de votre séjour à Paris, c'est une ville magnifique. Et puis… heu… Vraiment désolé pour l'accident.

Ils me font tous des gestes pour me signifier qu'il n'y a aucun problème et lorsque je m'apprête à remonter dans ma voiture, je suis interpellée par le fameux Tom. Avant que je n'aie pu dire quoi que se soit, je me retrouve dans ses bras… Qu'est ce qu'il sent bon, oulaaa je m'égare ! Mais il ne me laisse aucune chance de reprendre pied dans la réalité… non, à la place il chuchote tout contre mon oreille ce qui me lance des frissons tout le long de la colonne.

- C'était génial de pouvoir parler avec quelqu'un comme toi. Merci beaucoup.

Puis il pose ses lèvres sur ma joue avant de s'en retourner dans son van et de fermer la porte. Je me retrouve comme une idiote, mes doigts frôlant la peau qu'il a embrassé tout en cherchant une explication à sa dernière phase. Je me gifle mentalement afin de me remettre un tant soit peu de mes émotions et remonte dans ma voiture, faut vraiment que j'aille travailler !

C'est finalement avec une heure de retard que je me suis présentée à la boutique et lorsque j'ai raconté mon épopée à Mr Donavan, il m'a illico renvoyé à la maison.

- C'est de calme dont tu as besoin après ça… Tu files et je ne veux pas te revoir avant la semaine prochaine. Va voir le médecin au cas où et bon week-end.

Quand je disais que c'était une crème !

Pourtant, une fois dans mon véhicule, l'amertume me prend : tout ça pour retourner chez moi ! Je me suis prise la tête avec ma mère, j'ai fracassé ma voiture et suis arrivée en retard à mon boulot pour au final me retrouver dans ma chambre, c'est-à-dire à mon point de départ. Le point positif puisqu'il en faut un, c'est que j'ai rencontré des gars super gentils et le point négatif… c'est que je n'arrête pas de poser mes doigts sur ma joue.

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POV Tom

- Alors, briseur de cœur, l'as-tu faite succomber elle aussi ? – Me demande Gustav.

Quelle bande de relou, dès que j'approche une fille c'est pareil ; c'est pas de ma faute si je suis un tombeur quand même ! C'est Georg qui met fin à mon calvaire en annonçant finalement tout haut ce que l'on pense tous tout bas.

- Putain, ça fait du bien de parler avec quelqu'un qui ne connaît pas notre fiche signalétique par cœur ! Ceci dit, je ne suis pas certain de ce qu'elle pense de toi Bill... Faut dire qu'avec la tête que t'as en ce moment...

- Quoi, qu'est ce qu'elle a ma tête ? – Demande t-il en faisant la moue.

Je pouffe de rire derrière ma casquette avant de répliquer :

- Rien, si ce n'est que tu es en pleine période Moufassa en ce moment. C'est un exploit qu'elle n'ait pas crié à l'agression.

Bill ne répond rien et comme tout bon jumeau qui se respecte, je sais que je l'ai vexé. Je bouge de place pour me retrouver à côté de lui et reprends la conversation :

- Tu fais la tronche ?

Le silence me répond. J'ai réussi au delà de toute espérance, je suis trop fort !

- Roh arrête un peu ! Depuis quand est-ce que tu attaches une importance quelconque a ce que pensent les gens ?

- Les gens je m'en fou, mais que toi tu le penses aussi, ça me gave.

- C'est dingue ça ! Des fois je me dis que dans le ventre de maman, c'est toi qui pris tous les gènes étiquetés « émotivité ». Je te taquine Billou, tu m'as bien charrié dans l'avion et tu sais que la vengeance est un plat qui se mange froid.

J'en profite pour lui secouer sa crinière et il ancre ses yeux dans les miens. Je me rends compte de la bourde que j'ai faite lorsque je vois ce regard commencer à briller de malice... Je suis un homme mort.

- Et toi, mon frère adoré... Qu'as-tu donc pensé de cette chère, comme s'appelle-t-elle déjà ?

Je marmonne un « Sarah » presque inaudible, mais pas pour lui.

- Ah oui Sarah... Tu te rappelles donc de son prénom, c'est une première ! Alors comment tu l'as trouvé ?

Je ne réponds rien parce que ça sent le piège à plein nez cette question et surtout mais alors surtout : garder la tête baissée ! Je sais que malgré leur apparence de « je m'en foutisme » Georg et Gustav écoutent attentivement la conversation. Pourquoi est ce qu'on n'arrive pas à cohabiter tous ensemble sans se mettre en boîte, hein ?

Le silence perdure dans l'habitacle mais je me sens franchement observé et dans un excès de courage je relève la tête pour faire face à trois paires d'yeux qui me fixent sérieusement.

- Quoi ? – Je demande un peu trop hargneusement. Hum, faut que je me calme moi.

C'est mon frère qui a le courage de rompre le silence en me demandant si je vais bien... Mais quelle question à la con !

- Pourquoi ça n'irait pas ? – C'est qu'ils peuvent être pesants quand ils veulent ces gens-là.

- Hum, peut-être parce qu'on n'a pas eu droit à une seule réplique débile de ta part suite à l'incident ou encore parce que tu rougis quand on évoque Sarah alors que ça va faire quatre années que je ne t'ai plus vu le faire.

- Je ne rougis pas… T'es un grand malade toi. Et puis elle ou une autre franchement…

- Ta mauvaise foi n'a d'égale que ton sale caractère Tomy. Elle était vachement mignonne quand même !

Tout le monde approuve le choix de Georg et moi tout ce que je demande, c'est qu'ils changent de sujet. Des nanas comme ça on en croise pratiquement tous les jours, elle n'a rien d'exceptionnelle.

Mais sans vraiment y faire attention je me repasse toute la dernière heure : la sensation bizarre que j'ai ressenti en la serrant dans mes bras, je revois sa petite silhouette, ses cheveux et tout ce que je trouve à balancer, moi le grand Tom c'est un « vous avez vu la couleur de ses yeux ? ». Par tous les saints ! Depuis quand est-ce que je regarde la couleur des yeux des nanas que je croise, hein ?

D'ailleurs, tout le monde à l'air très étonné, à part peut-être Bill qui me sourit mystérieusement.

Je préfère m'enfermer dans un silence sécurisant avant de balancer une autre connerie du même genre et à mon grand bonheur la conversation se dirige vers notre prochain arrêt : la station de radio.