Disclaimer : Les personnages de cette fanfiction ne sont pas les miens, mais ceux de Sire Conan Doyle et de la BBC.
Sherlock regarda la lettre portant son nom qui se trouvait sur la tombe et y reconnut l'écriture de John. Avait-il le droit de la lire ? Si son compagnon le croyait mort, il n'y avait pas de raison que quiconque lise ces mots. John le savait, alors la lire n'engageait à rien. Or, comment pourrait-il l'apprendre pour le moment puisque Sherlock étant supposé être mort ? Et puis, Watson était le seul à se rendre sur sa tombe. Cela fait toujours du bien de savoir ce que pensent les gens de vous. Sherlock savait bien que John l'appréciait, alors il n'avait rien à cacher. Il décacheta donc l'enveloppe et déplia le papier. L'écriture de son compagnon était tremblante, comme si ces émotions lui avaient fait perdre le contrôle de ses membres.
« Sherlock,
J'ai tout perdu au moment où tu as touché le sol. Tu ne me croiras sans doute jamais si je te dis que tu m'as brisé le cœur quand ton corps s'est brisé.
Mais mon Dieu, Sherlock, lorsque j'ai entendu ta voix trembler au téléphone, j'ai compris que tu pleurais et j'ai eu soudain conscience qu'il était possible que tu le fasses… J'ai su que tu allais sauter…
Mais je t'ai supplié pourtant ! Je t'ai demandé de ne pas la faire. Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ? Je ne peux pas supporter de ne parler désormais qu'à une pierre tombale.
Tu es l'homme de tous les miracles, n'est-ce pas ? Alors, je t'en supplie accomplis un miracle. Sherlock, ne sois pas mort. Tu vas revenir à la maison ? N'est-ce pas ? Tu vas arriver et me dire tout ce que j'ai fait dans la journée rien qu'en regardant mon petit doigt ! Tu te moqueras de m'avoir vu pleurer sur ta tombe vide ! Tu me diras que tu as réussi ton coup ! Tu m'en voudras d'avoir été aussi sensible !
J'ai perdu cette envie de vivre que tu m'avais offerte. Je t'en veux, Sherlock ! Je t'en veux parce que tu m'as laissé seul avec Mrs. Hudson, seul dans cet appartement rempli de tes affaires, de ton odeur ! Je n'ai rien touché depuis ce jour. Tout est comme tu l'as laissé. Je n'ose même pas lavé ta tasse sale, parce que sinon, tu me hurleras dessus quand tu rentreras ! Et tes expériences dans le frigo commencent à vieillir…Que dois-je en faire ? Mycroft pense que je devrais tout jeter puisque tu n'es plus là et c'est aussi l'avis de Mrs. Hudson. Et le capitaine Lestrade a essayé d'appeler pour avoir de mes nouvelles…Je n'ai fait qu'écouter le répondeur.
Il m'arrive d'empoigner le téléphone et de composer ton numéro, mais quand je l'entends sonner dans ma chambre, je me souviens que tu n'es pas là et que tes affaires ne te servent plus exactement comme par le passé…
S'il te plaît, Sherlock, j'en ai assez de pleurer pour toi alors que je sais que tu vas revenir. Car tu vas revenir, n'est-ce pas ? Dis-moi que tu n'es pas là, six pieds sous terre. Dis-moi que ce n'est pas pour rien que je suis tombé amoureux d'un fou sociopathe ! Je t'en supplie, arrête de me hanter et rentre une fois pour toute ! Je t'aime Sherlock Holmes ! Je t'aime parce que tu es cet imbécile qui m'a forcé à te croire mort pendant une fraction de seconde pour que je t'avoue mes sentiments ! Tu n'es qu'un égocentrique, mais je t'aime ! Voilà, je te l'ai avoué maintenant ! Tu es fier de toi ? Tu m'as forcé à te le dire ! Alors que tu as toujours su, n'est-ce pas ? Maintenant reviens ! Et que tu m'aimes ou non, je m'en fich ! Rentre que je puisse te retrouver, te savoir là et en bonne santé…
Il y a tant de mal dans ce monde et tu étais finalement le plus pur d'entre nous, le plus humain… Pourquoi ne l'ai-je pas dit avant ?
Sherlock, cette lettre est déjà trop longue. Je n'aurais même pas dû l'écrire puisque ce soir, quand je franchirai la porte d'entrée, j'entendrai le violon qui chantera entre tes mains. Que Dieu entende cette prière et qu'il ne me prive pas de la seule personne dont j'ai vraiment besoin.
Avec tout mon amour désolé,
John. »
Sherlock releva la tête de sa lecture, un sourire aux lèvres. Il savait que John l'appréciait, mais il était content. Outre l'envie de le protéger qui l'avait poussé à sauter et à simuler sa mort, Sherlock avait amené John à lui faire cette confidence. Maintenant qu'il avait la lettre en main, et qu'il avait une preuve tangible de la véracité de sa déduction – bien qu'il n'en ait pas eu véritablement besoin, ses déductions étant toujours exactes – il allait pouvoir assouvir sa soif d'affection depuis trop longtemps inassouvie. Il allait rentrer, John. Il serait bientôt. Il fallait que son colocataire tienne le coup jusqu'à son retour. Ce ne serait plus très long. Il fallait juste que quelqu'un doute suffisamment de sa mort pour réussir à faire ouvrir son cercueil. Qui d'autre que le très haut placé Mycroft ? Lui seul aurait assez d'influence pour faire ouvrir cette tombe vide aux autorités.
Dès que tout le monde apprendrait son retour, il aurait son heure de gloire et il pourrait retrouver son très cher Dr. Watson. Sherlock referma la lettre, mais ne la reposa pas sur la pierre gravée qui portait son nom, il la glissa dans sa poche. Il était temps pour lui de donner un signe…
John était assis devant la cheminée. Il se laissait hypnotiser par le violon posé sur la chaise de son compagnon. Il admirait les courbes de l'instrument comme s'il ce fut agi de Sherlock. Sur le manche, il distinguait l'usure à l'endroit où le pouce du détective avait fait sa place.
Le thé sur la table basse du salon était froid depuis déjà deux heures, mais John n'avait pas la force de le vider. Il aurait fallu pour cela aller dans la cuisine, où les vêtements de Sherlock étaient entassés en vrac. Et le docteur ne pouvait se résoudre à passer devant. Il avait déjà accompli ce miracle pour faire le thé, mais plus était insoutenable…
John détourna la tête du violon et posa son regard éteint sur les flammes dansantes de l'âtre. Ce fut à ce moment que le téléphone sonna.
Le Dr. Watson avait perdu l'habitude de répondre. Il ne se leva donc pas et laissa le répondeur ce charger de la réception. Celui-ci le faisait frissonner à chaque fois.
- Ici Sherlock Holmes et le Dr. John Watson, nous ne sommes pas là mais laissez votre message et John vous rappellera.
La voix de Sherlock résonna dans l'appartement pendant ce court instant et John ferma les yeux. Il imagina son ami devant le combiné à faire et refaire ce message jusqu'à ce qu'il sonne de la manière exacte que ce sociopathe voulait.
Le message se finit par le bip caractéristique et lorsque la personne put parler, elle ne prononça que trois mots :
- Sherlock… Rappelez-moi…
John ouvrit les yeux en sursaut. Il s'agissait d'une voix masculine…Une voix qu'il ne connaissait que trop… Mycroft… John savait que le frère du détective ne s'adressait pas à son défunt frère mais à lui. Ce qu'il ne comprenait pas, en revanche, c'est pourquoi Mycroft voulait lui parler du détective. Et à vrai dire, retourner le couteau dans la plaie ne lui disait rien. La solitude était déjà assez difficile à supporter comme ça sans ajouter à sa peine avec des révélations sulfureuses sur le passé ou la mort de son compagnon. Il n'en avait que trop entendu. Mycroft le savait aussi et c'était exactement pour cela que ce-dernier ne s'était pas imposé directement à lui. Il avait utilisé le téléphone sachant pertinemment que John ne bougeait plus de l'appartement et ne décrochait pas le combiné, mais écoutait les messages.
Malgré tout, John se disait que cette fois, les choses seraient peut-être différentes. Peut-être que les nouvelles seraient bonnes ? Mais comment pouvaient–elles l'être ? Comment des nouvelles sur un décès peuvent-elles être de bon augure ? John soupira et se leva. Il ne fit pas des kilomètres mais se déplaça dans la chambre de Sherlock où il s'effondra sur le lit de son compagnon.
C'était la première fois qu'il osait franchir le pas de cette porte qui pour lui représentait un accès interdit à la vie de son ami. Il se fichait de ce qui l'entourait. Tout ce qui lui importait, c'était l'odeur de Sherlock qui l'enivrait. Les larmes montèrent très vite à ses yeux et il s'endormit ainsi en pleurant silencieusement sur le lit de son colocataire.
