Maluku Island, le 23 octobre 2010

Bones,

Figurez-vous que j'ai 6 jours de permission à compter du 5 novembre. Ces vacances seront les bienvenues, j'ai vraiment besoin de changer d'air. Mais Washington est trop loin et je ne sais pas trop où aller. Vous qui connaissez tout, auriez-vous une suggestion ?

Vous me manquez.

Booth

Le Docteur Tempérance Brennan regardait son portable, lisant et relisant le message de Booth en fronçant les sourcils. Elle réfléchissait à une destination qui pourrait plaire à son partenaire, ne serait pas trop éloignée de l'Afghanistan mais qui le dépayserait. Elle visualisa mentalement la carte de cette région du monde, elle élimina d'abord toute la péninsule arabique, trop proche culturellement et politiquement de ce qu'il vivait au quotidien. Restait la Chine, le Népal, l'Inde… L'Inde, mais oui !

Début novembre c'est la fête de Divālī, celle des lumières, à l'occasion de laquelle on s'offre des cadeaux et tire des feux d'artifice. Tempérance se remémora ce qu'elle savait de cette manifestation très importante en Inde qui dure cinq jours. Célébrée au cours de la nuit la plus sombre de l'année et juste après la mousson, Divālī représente la victoire de la lumière sur les ténèbres, le triomphe du bien sur le mal, de la domination de la vérité sur le mensonge. Voilà qui conviendrait tout à fait à son partenaire.

Oui, c'était le bon moment pour l'envoyer en Inde, et pourquoi pas au nord, à Agra. Cette ville est splendide, son patrimoine architectural est absolument magnifique et le joyau en est le Taj Mahal. Ce monument symbolisant l'amour de l'empereur moghol Shâh Jahân pour son épouse devrait plaire au grand romantique qu'est Seeley Booth. Pas très loin, se trouve également la ville sainte de Vârânasî (l'ancienne Bénarès) surtout célèbre pour ses ghâts, berges recouvertes de marches de pierres qui permettent aux dévots hindous de descendre au fleuve pour y pratiquer leurs ablutions, le bain dans le Gange étant censé laver de tous les péchés.

Tempérance, avec son efficacité coutumière, mit au point un itinéraire précis, avec les monuments à visiter, les points de vue à admirer, un descriptif de Divālī et même une liste d'hôtels et les horaires de bus et de train. Elle adressa le tout par e-mail à Booth dès le soir même.

-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o

Agra, le 5 novembre 2010

Booth entra dans la chambre d'hôtel. Il était affamé, pourtant il n'était pas encore midi. Mais le trajet depuis Kaboul avait été long. L'hôtel que lui avait recommandé Bones était superbe, la chambre était spacieuse, décorée avec goût et les prix restaient tout à fait raisonnables.

Il avait été touché de sa réponse, il ne s'attendait pas, en lui demandant un conseil, à recevoir un voyage clé en main. Mais comme toujours, il avait fait confiance à sa partenaire et il était sûr de passer un bon séjour. Dès son arrivée à l'aéroport, il s'était senti transporté dans un autre monde. Les sons, les odeurs, les couleurs, tout était si différent de ce qu'il connaissait.

Booth était impatient de se perdre dans le dédale des rues d'Agra, de s'imprégner de cette nouvelle culture. Mais il fallait respecter les priorités : d'abord une bonne douche, puis un repas digne de ce nom.

Il lança sans cérémonie son sac de voyage sur le lit, l'ouvrit pour récupérer sa trousse de toilette et des vêtements propres et se dirigea vers la salle de bains.

Après s'être lavé et rasé, Booth ressortit de la salle de bain, en se frictionnant les cheveux avec une serviette lorsqu'il entendit frapper. Il ouvrit la porte et se figea. Sur le seuil, se trouvait une apparition, vêtue d'un sari bleu azur qui faisait ressortir ses yeux clairs. Le sourire de la jeune femme s'effaça lentement de son visage tandis qu'il restait sans réaction.

- Bonjour Booth. Je pensais vous faire une bonne surprise… mais…

- Temp… Bones !

Il s'avança vers elle et la serra dans ses bras avec force. Tempérance lui rendit son étreinte. Comme c'était bon de le sentir à nouveau contre elle, ses grands bras autour d'elle, un havre de douceur qui lui avait tant manqué. Booth ferma les yeux, pour mieux profiter de l'instant, il enfonça son nez dans les cheveux de Tempérance et respira profondément, s'imprégnant de son odeur. Il n'osait plus ouvrir les yeux ou bouger, au cas où ceci ne serait qu'un rêve.

Elle fut la première à se dégager. « Vous comptez me laisser dans le couloir toute la journée ou je peux entrer ? ». Il s'effaça pour la laisser pénétrer dans la chambre tout en souriant. Il ne pouvait détacher son regard d'elle. Tempérance commençait à se sentir mal à l'aise, son partenaire, d'habitude si bavard, ne lui avait pas encore adressé la parole. « Dites quelque chose, Booth…. ». Il l'enlaça à nouveau, posa un baiser léger sur le dessus de sa tête puis prit son visage entre ses deux mains. « Etes-vous vraiment ici, Bones ? Ce n'est pas une hallucination n'est-ce pas ? ». A ces mots, le cœur de Tempérance se serra.

- Je vous promets que c'est bien moi, Booth. Vous me manquiez tant, lorsque j'ai préparé votre voyage, je me suis dit que je n'étais pas si loin que ça et que ça pourrait être bien, de vous retrouver ici.

- Bien ? C'est plus que bien, c'est merveilleux. Vous êtes un génie, Bones.

- Je sais.

Booth se sentait comme ivre. Elle était là, avec lui, après quatre longs mois de séparation, et elle lui disait qu'il lui avait manqué. Ces vacances s'annonçaient merveilleuses.

- Toujours la même, Bones…. Vous savez quoi, je meurs de faim, si on allait manger ?

Elle se mit à rire. Il était plus mince qu'à son départ de Washington, la peau tannée par le soleil du désert et les rides un peu plus marquées, mais certaines choses ne changeaient pas.

- Allons-y, je suis prendrais bien quelque chose, moi aussi.

Ils s'étaient promenés tout l'après-midi dans la ville, admirant les superbes constructions. Les maisons étaient pimpantes, fraichement nettoyées et décorées pour la fête, les gens avaient revêtu leurs plus beaux atours, les enfants excités couraient partout en s'interpellant à pleins poumons. De nombreux étals proposaient pâtisseries et porte-bonheurs. Une atmosphère de liesse régnait dans la ville.

Au coucher du soleil, les habitants se dirigèrent en masse sur les rives du Yamuna, Brennan et Booth les suivirent. « Un bain dans les eaux sacrées du Yamuna est censé les éloigner de la mort », expliqua Bones à son partenaire. La nuit tombait très rapidement, mais tout aussi vite s'allumaient partout dans la ville des petites lampes qui faisaient des guirlandes de lumières sur toutes les maisons. « Leur lueur écarte et honore à la fois Yama, le seigneur de la mort, auquel on offre des friandises et qu'on prie pour s'épargner une fin prématurée. »

- C'est splendide, dit Booth en admirant les milliers de petites flammes qui illuminaient la nuit

- Anthropologiquement parlant, les hommes…

- Chut, Bones. Ce soir, oubliez un peu l'anthropologie et contentez-vous d'admirer, de ressentir…

Tempérance regarda Booth. La lumière dansante des bougies se reflétait sur son visage, soulignant la perfection de sa mâchoire, de ses pommettes. Elle souffla « Oui, magnifique… »