Lovino soupira d'exaspération en essayant d'ignorer les deux personnes qui le suivaient de loin. La journée s'achevait, il était fatigué et avait très hâte de rentrer chez lui. Pourtant, le calvaire qu'il endurait déjà allait se prolonger pour le restant de la soirée puisque son frère et son amant semblaient encore vouloir passer un long moment ensemble. La relation de Feliciano et d'Antonio n'avait jamais été aussi bonne, ils rentraient ensemble, main dans la main, Lovino les suivant loin derrière à chaque soir depuis trois mois. Aujourd'hui, l'italien avait espéré les devancer, mais malgré les quelques mètres qui les distançaient il pouvait toujours entendre les sérénades espagnoles qu'Antonio offrait à son petit frère.
-Vous allez vous la fermer? Cracha le jeune homme à l'adresse des deux autres.
-Oh, Lovino ne soit pas de si mauvaise humeur. Rétorqua gentiment Feliciano.
Levant les yeux au ciel, il se donna un petit moment afin de décanter. Voyant enfin la maison qu'il habitait avec ses parents et son frère, il courut pour pouvoir s'enfermer le plus vite possible dans sa chambre pour terminer ses devoirs. En fait, il n'ouvrait jamais ses cahiers d'exercices un vendredi soir, c'était tout simplement une excuse pour s'éloigner de l'heureux couple. Avec rage, il ouvrit la porte, se déchaussa rapidement et fila à la cuisine. Entre temps, Feliciano et Antonio étaient entrés. L'italien, qui était plus rapide que son petit ami se rendit rapidement en cuisine, étant préposé aux repas quand les parents étaient absents, ce qui arrivait très fréquemment chez les Vargas. Évitant son frère, Lovino se précipita vers les escaliers qui menaient à l'étage, là où sa chambre se trouvait. Mais dans sa course, une main se resserra autour de son poignet pour l'arrêter. Il se retourna vivement pour apercevoir Antonio, qui le fixait de ses yeux verts, ce qui le mit immédiatement mal à l'aise.
-Lovino Romano Vargas, tu sembles bien pressé. Dis Antonio avec amusement.
-N'utilise pas mon nom complet, je déteste ça. Et puis, ce n'est pas de tes affaires, espèce de tomate avariée!
Le sourire de l'espagnol faillit quelque peu avant de réapparaitre, un malaise s'étant installé entre eux. Lovino se dégagea vivement de la poigne de son ami avant de se précipiter jusqu'à sa chambre pour s'y enfermer avant le souper. Il soupira en déposant son sac près de la porte et s'affala dans son lit. Les sourcils froncés, il prit entre ses bras son coussin en forme de tomate pour ensuite s'y mettre la tête dedans. Il avait encore gaffé et blessé Antonio, cette pensée dénigrante sur lui-même lui fit mordre dans son coussin. Il fallait l'oublier, il fallait être méchant, c'est ce qu'il faisait de mieux. Être comme Feliciano n'était pas dans ses cordes, il n'aurait pas fait un bon partenaire pour l'espagnole.
-Oublie, Lovino. Murmura-t-il pour lui-même. Il est trop tard, maintenant. Tu l'as abandonné et laissé à Feliciano. Ce n'est pas le moment de regretter tes décisions.
Le jeune homme avait toujours eu un faible pour Antonio. Mais malheureusement, son frère était lui aussi tombé sous le charme de l'espagnol. Lovino se rappelait très bien le soir où Feliciano avait été très insistant à propos de lui, mais ce n'était que le début. Parce qu'après, il lui avait demandé si ça lui dérangeait qu'il sorte avec Antonio.
Drôle de question, non? Mais c'était plutôt normal chez les deux frères puisqu'ils se partageaient tout. Feliciano était au courant des intérêts de son frère pour Antonio et candide comme il était, il avait fallu qu'il demande à Lovino s'il pouvait le fréquenter. Ça n'avait pris que quelques secondes à Lovino pour réfléchir, il n'avait jamais pensé que la situation puisse tourner ainsi. Il cachait sa timidité derrière un solide mur que seul Antonio aurait pu faire tomber, mais Lovino était persistant et voyant que l'espagnol était largement plus intéressé par son frère, l'avait abandonné. Il soupira bruyamment en entendant enfin Feliciano l'appeler pour le souper. Lovino se leva et descendit jusqu'à la cuisine. Antonio était déjà installé à la table, jouant avec ses ustensiles.
-Arrête de faire le gamin. Marmonna impatiemment l'italien.
Antonio ne fit que lui sourire, ce qui fit rougir Lovino. Il tenta de cacher ses rougeurs en mettant ses mains sur ses joues alors que Feliciano arrivait avec des plats fumants remplis de pâtes bolognaises. Ils s'installèrent et commencèrent à manger tranquillement, les deux amants discutant énergiquement entre eux, laissant un peu Lovino dans l'oubli. Celui-ci s'en fichait complètement, broyant du noir dans son coin. Il grogna en voyant Feliciano donner la becquée à Antonio, il avait terriblement hâte que la soirée finisse.
