Indiana Jones et le disque de Phaistos

-Université de New York, 1941-

I

Marcus Brody entra brusquement dans le bureau d'Indiana Jones, la démarche assurée, et lui mit de force un journal entre les mains.

- Vous auriez pu frapper, Marcus, dit Indiana, sans se départir de son flegme habituel.

Excusez-moi, mais c'est de toute importance. Regardez-moi ça ! Indy lança un coup d'œil bref sur la couverture du journal, et changea de physionomie.

Sir Arthur Evans est mort !

Un si éminent confrère ! Indiana se pencha de plus près sur l'article, et sembla réfléchir intensément.

Il y a quelque chose de louche là-dessous, Marcus. Je l'ai vu il y a peu, et il était en pleine forme. Je ne crois pas à cette histoire d'accident cardio-vasculaire. Brody lui lança un petit sourire.

J'étais sur que vous diriez cela, Indy. Je vous connais trop bien.

D'autant qu'il était sur le point de faire une grande découverte. Encore plus importante que celle de son disque.

Celui trouvé à Phaistos, et que l'on a encore jamais réussi à déchiffrer ?

Celui-là même. Brody sourit et dit sur un ton qu'il voulut anodin :

Les vacances arrivent, Indiana. L'interpellé lui rendit son sourire :

Je sais à quoi vous pensez, Brody. C'est entendu, nous partirons samedi. Indiana replia le journal de Marcus et le mit sous son bras. En attendant, j'ai encore quelque cours à donner, dit-il en prenant sa serviette. A bientôt, Marcus.

En entrant dans sa salle, Indiana Jones posa son journal sur son bureau et des dizaines de paires d'yeux féminins se posèrent sur lui. Une seule étudiante s'attarda plus particulièrement sur le journal, ainsi que sur la photo du disque qui l'ornait, contrairement à ses collègues. C'était une toute petite jeune fille aux cheveux noirs coupés à la garçonne, et aux grands yeux bleus.

Quand le cours fut terminé, comme à l'accoutumée, une horde d'étudiantes se rua dans le bureau de l'éminent professeur pour lui poser des questions insignifiantes et lui adresser des compliments à peine voilés sur son intelligence et sa beauté. Indiana Jones ne cherchait même plus à les éviter. Quand elles se furent enfin évaporées, il ne resta plus dans l'encadrement de la porte que la toute jeune femme, silencieuse et décidée.

Mademoiselle Carpentier ? Je n'aurais pas cru vous voir un jour dans mon bureau. Vous avez des problèmes ?

Non, mais j'ai quelque chose d'important à vous dire. Indy se leva et alla fermer la porte pour plus de tranquillité. Il retourna s'assoire derrière son bureau.

Je vous écoute. La demoiselle fixa le journal qu'il avait posé devant lui, et sortit de son corsage une chaîne au bout de laquelle pendait une reproduction en miniature du disque de Phaistos représenté sur la couverture. Elle le passa autour de son cou et le posa sur le journal. Indy était visiblement ébahi.

Où avez-vous trouvé cela ? Ce n'est pas possible… Evans a trouvé la seule en 1908, il n'en existe nulle part ailleurs…Et depuis tout ce temps les fouilles en Crète n'ont rien mis à jour de pareil. Vous l'avez reproduite ? La jeune fille nia d'un mouvement de tête.

Je ne l'ai pas trouvée, elle fait partie de mon héritage. Tout ce que je sais de cette pièce c'est qu'elle a été transmise de femmes en femmes dans notre famille depuis des générations. Et son origine en a été oubliée. J'ai pensé que cela pourrait vous intéresser.

Si cela peut ? Mais bien sûr ! Je pars en Crête d'ici quelques jours, et ce médaillon pourrait m'être très utile. Vous avez suivi les travaux d'Evans ? Demanda-t-il d'un autre ton.

Evidemment.

Alors je n'ai pas besoin de vous dire que ce disque est écrit dans un dialecte que personne n'a encore su déchiffrer. Pourriez-vous me prêter le vôtre ?

J'y tiens beaucoup, répondit-elle en le remettant autour de son cou. Alors, pour éviter de le perdre, je viens avec vous.

Pardon ?

Je veux venir avec vous en Crète pour en savoir plus sur cette affaire.

Cela peut-être dangereux.

Je le sais. Mais vous y allez bien, vous.

Oui, mais moi, j'ai l'habitude de ce genre d'aventures. La jeune fille ne parut pas troublée et répliqua :

Vous avez tort de me sous-estimer. Vous ne devez avoir connu que des jeunes femmes dans le genre de celles qui ont envahi votre bureau tout à l'heure. Ça ne fait rien. La jeune femme tourna les talons, et lança, arrivée à la porte :

J'irai tout de même, avec ou sans votre aide. Indiana Jones la retint :

Attendez, Miss Carpentier ! Je m'excuse. Je serai ravi de vous inviter. Départ samedi matin. Et prévoyez des tenues…plus pratiques, dit-il en parcourant des yeux son corsage et sa petite jupe. Miss Carpentier lui lança un sourire de gratitude, et Indy referma la porte sur elle.