Disclaimer : Albator, Toshiro et Clio appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Bob l'Octodian appartient à Aerandir Linaewen qui m'autorise à le lui emprunter et à l'utiliser.
Les autres personnages sont à bibi
1.
Quasiment invisibles dans les murs rongés d'humidité des sous-sols du Grand Cimetière de RadCity, les œilletons des caméras avaient renvoyé aux observateurs la nervosité grandissante d'Odhel, tandis qu'au fil des heures, sa peau avait encore pâli, faisant saillir les veines, à mesure que la faim le rongeait.
- Un vampire, presque véritable qui nous tombe tout cuit dans les pattes, c'est vraiment inespéré !
- Voilà ce que j'appelle un sujet d'observation de choix.
- On va encore attendre une douzaine d'heures avant de lui proposer une proie.
- Vu la passion avec laquelle sa femme s'inquiète de son sort, de son appétit justement, je doute qu'il en ait jamais assez pour la mordre…
L'un des scientifiques en veste blanche eut un ricanement.
- Il suffira de lui offrir le rouquin !
- D'après ce que les caméras ont enregistré durant les planques, ces deux-là semblent assez copains. Quant aux micros, ils nous ont bien confirmés qu'il s'agissait de ce boucher qui a damé le pion aux Seigneurs et Rois. Le vampire fera donc œuvre utile en le saignant !
Odhel se rapprocha, flattant du doigt la veine au cou d'Aldéran.
- Tu ne souffriras pas, tu passeras de ce lieu au cercueil et je te promets que tu ne te réveilleras jamais.
- Tu es un vampire en perte totale de contrôle, comment pourrais-tu me donner cette assurance… ? Au lieu de rêver, pour le peu d'humanité qui reste en toi, saigne-moi, à fond, bois mon sang et vide m'en, c'est le seul et dernier service que tu peux me rendre, et que je peux te faire en te donnant encore du temps pour sauver ton épouse, s'il te plaît !
- Merci de soulager ainsi le peu de conscience qu'il me subsiste, soupira Odhel en plongeant ses crocs dans la gorge d'Aldéran.
Après s'être repait, le vampire s'était ouvert le poignet gauche d'un coup de crocs expérimenté, présentant la blessure aux lèvres de sa victime.
- Bois, Aldie, chuchota-t-il. Il te faut reprendre des forces, assez pour tenir bon jusqu'à ce que tes amis viennent à ta rescousse. Reprends du sang, qu'ils croient, au moins un moment que je te transforme en ce que je suis ! Avale, ce sang est ta seule issue, il pourrait te sauver la vie ! Et ne t'inquiète pas, tu n'en absorberas pas assez que pour être Initié !
Quand la porte de sa cellule se rouvrit, Odhel comprit qu'il avait fini de berner ses geôliers.
Trois d'entre eux entrèrent dans la pièce, confiants en la solidité des chaînes qui retenaient le vampire.
- Ce fut finement joué, Morvisk, mais tu n'espérais quand même pas nous berner bien longtemps ? !
Le tahérois retint un sourire moqueur, n'étant pas certain des informations que le trio au maquillage qui allait en s'effaçant, mis à mal par les barbes naissantes, ne lui divulguait pas.
- Est-ce que je dois en conclure qu'on a sorti mon ami de son cercueil, et qu'il a ressuscité ? fit-il enfin.
- Ne sois donc pas surpris, abomination de la nature. Tu es loin de lui avoir pris autant de sang que tu n'en as donné l'impression. Son organisme a trinqué, ça nous a trompés sur son réel état d'agonie… Mais vu la vitesse à laquelle il a récupéré, tu ne lui as pris que le strict minimum pour survivre quelques jours.
- Aldéran s'en est sorti ? insista Odhel.
- Tous les neurones ne se sont pas reconnectés, mais il ne devrait plus tarder à revenir à RadCity… A ta place, je ne m'en réjouirais pas car on reprendra les choses là où elles s'étaient arrêtées, et surtout nous poursuivrons nos objectifs.
- Mais qu'est-ce qui vous motive ?
- Je ne pense pas que ça te regarde. Tu ne seras plus là bien longtemps pour voir la suite de nos travaux. Et pour commencer, nous allons te punir d'avoir essayé de nous tromper !
Odhel hurla quand un trait de métal chauffé à blanc lui perfora le flanc.
Et d'autres tisonniers le transpercèrent, en évitant soigneusement le cœur.
Aldéran se réveilla en sursaut.
- Toujours des cauchemars ? s'inquiéta son père.
- Pire : la réalité. Ils sont en train de torturer Odhel !
- Comment le sais-tu ? Il n'y a aucun lien surnaturel entre vous deux, bien que ce vampire aux crocs limés ne soit pas vraiment une créature naturelle !
- Il y a mieux, nous avons échangé nos sangs, de façon assez peu conventionnelle, je le reconnais, mais je peux presque sentir son cœur battre en moi et je ressens ses émotions. Et là il souffre le martyre.
- Franchement, je m'en tamponne, vu ce qu'il t'a fait, grogna Albator.
- Ce n'était pas de sa faute, il n'a fait que suivre son instinct, il avait faim.
- Tu es complètement givré, Aldie, siffla encore le pirate à la chevelure de neige. Il a failli te tuer !
- « failli ». Là est toute la différence, fit Aldéran, avec un sourire légèrement forcé malgré tout. Et je doute que ce soit lui qui m'ait mis dans un cercueil. Et puis, il est le seul à avoir vu ces véritables tarés.
- Bref, une de tes priorités une fois de retour à RadCity sera de le récupérer, comprit son père.
- Evidemment. Il est un prisonnier, et s'ils sont toujours dans le sous-sol du Grand Cimetière, on le retrouvera, quitte à tout fouiller…
- … ou tout faire sauter ? ironisa Albator.
- Oui, option tout à fait envisageable !
- Quitte à ce que tous les religieux te tombent sur le poil ?
- Ils sont le cadet de mes soucis, comme tu peux t'en douter ! ricana le grand rouquin balafré.
- Comment tu te sens ? questionna son père.
- Quand je suis dehors, comme maintenant, ça va. Mais être dans un lieu clos est vraiment pénible, il me faut pourtant faire avec. Je vais mieux, je t'assure, il était inutile de revenir en catastrophe !
- Bien sûr que si, je ne pouvais faire autrement, tu avais besoin de nous tous. Albior a apaisé ton âme, nous devions faire de même pour ton cœur. Et tu pourras compter sur nous, autant que de nécessaire. Nous serons justes là, près de toi.
- Merci… Et je rentre fin de la semaine, je n'ai que trop délaissé mon poste !
- C'est trop tôt ! protesta Albator.
- Possible, mais je dois y retourner, c'est tout.
Quittant sa chaise longue, Aldéran alla au-devant d'Albior qui revenait d'une longue promenade dans le parc avec Drixie, et la seule présence du cadet de ses fils le réconforta au-delà de toute expression.
