Bonjour à toutes !

C'est ma première fanfiction dans l'univers de Kuroko no Basket. Cela faisait un petit moment que je souhaitais en écrire une, mais je n'osais pas vraiment...

J'espère donc que vous serez indulgentes et que vous apprécierez cette histoire.

Je vous souhaite bonne lecture !


Taiga Kagami avait toujours aimé le basket. Aussi loin qu'il se souvienne, ce sport avait été son refuge. Cela avait commencé à son arrivé aux Etats-Unis. Il avait dix ans. Pas d'ami. Il ne connaissait personne en dehors de ses parents. Son père était un homme d'affaires, un négociant réputé. Et sa mère était une américaine. Alors... ils avaient quitté le Japon à la fin de la dernières année d'école primaire de Kagami.

Sans mentir, on pouvait dire que le jeune garçon avait été arraché à ses racines. Mais contrairement à une plante robuste replantée dans un nouvel environnement, Kagami avait eu du mal à s'adapter. Il était complètement déphasé. Tout ici était beaucoup trop grand. Tout le monde était pressé, impoli, malveillant. C'était la jungle urbaine. La barrière de la langue n'aidait bien-sûr pas du tout, mais plus que cela, c'était surtout aux différences culturelles colossales que se heurtait le jeune tigre. Ici, les règles étaient autres et il ne les avait pas encore intégrées.

Los Angeles était devenu son enfer personnel.

Son père était très occupé par le travail et donc plutôt absent. Il lui avait promis que très vite, tout allait s'arranger. Que leur exile américain ne durerait qu'une poignée de mois.

Mais ces mois étaient rapidement devenus une année. Puis deux. Puis trois. Et ainsi de suite...

Heureusement, Kagami s'entendait bien avec son père. Même si Takeru Kagami était une figure paternelle distante physiquement, il avait tissé de solides liens affectifs avec son fils unique. Quant à sa mère, Kagami appréciait sa douceur. Elle avait été son repère dans cette patrie inconnue, lui en apprenant les codes et les rudiments linguistiques. Et s'il y avait bien une personne qui profitait pleinement de ce changement de pays, c'était bien elle. Kagami avait rapidement réalisé, malgré son jeune âge, que ce retour au bercail était salutaire pour sa mère adorée.

Elle rayonnait et avait retrouvé ses habitudes ici. Le Japon était un pays trop formel pour l'épanouissement de l'ancienne mannequin. Elle avait même recommencé à travailler, décrochant ça et là de petits contrats publicitaires locaux. Alors honnêtement, Kagami était heureux pour ses parents, mais... lui, ne pouvait que regretter son pays natal.

Ce n'était pas facile d'être l'étranger. Celui avec un grand « E ». Celui qu'on fait répéter lorsqu'il s'exprime. Celui qu'on ignore. Celui qu'on met au mieux, de côté.

Alors souvent, Kagami était livré à lui-même.

La semaine, il allait à l'école, mais le reste du temps, il était seul. Ses parents travaillaient beaucoup pour lui assurer un train de vie faste. Le petit japonais avait donc pris l'habitude d'aller traîner dans les rues de cette mégapole démesurée le week-end. Il ne s'éloignait jamais de la maison et par chance, il y avait divers terrains de jeux près de chez lui. Et des terrains sportifs au pied de son immeuble de résidence.

C'est ainsi qu'un jour, il LE croisa.

Kagami ne se souvenait même pas avoir laissé de copains au Japon.

Et étrangement, ce fut ici, dans ce pays si hostile à ses yeux qu'il se fit son tout premier ami.

Et douce ironie, il s'agissait d'un jeune japonais expatrié, tout comme lui.

Sauf que l'adorable brun d'un an son aîné s'était acclimaté sans encombre ici. Il était entouré de gamins américains de leur âge et ces derniers semblaient le considérer comme leur leader.

Tout les séparait, hormis leurs origines communes. Tatsuya Himuro était beau. Brillant. Gracieux. Intelligent. Sportif. Souriant. Enjoué.

Il était la lumière.

Et en un instant, il était devenu la personne la plus importante de sa vie.

Cela avait duré quelques années.

A son contact, Kagami s'était ouvert et était même parvenu à ses faire des camarades.

Il se souvenait encore de sa première partie de basket avec le brun. Il se souvenait encore des sensations brutes qu'il avait éprouvé en touchant la balle pour la première fois, en faisant sa première passe, en marquant son premier panier. Des cris de joies de ses équipiers. De leurs accolades amicales pour le féliciter et l'encourager.

De ce bonheur fugace, intense. Celui qui vous remplit et vous réchauffe le cœur.

Celui d'être enfin accepté...

Kagami voulait revivre ça, encore et encore. Tous les soirs en rentrant de l'école, il déposait son cartable à l'appartement et il fonçait retrouver ses amis au terrain de streetbasket. Grâce aux conseils d'Himuro et à son acharnement, il était devenu bon. Tatsuya avait eu raison : le sport est un créateur de lien étonnant. Il brise toutes les barrières de langue ou de position sociale. Sur le terrain, on ouvre son cœur, on montre qui l'on est et on parle un langage universel. Si vous faites de votre mieux ou que vous êtes particulièrement talentueux, alors les gens vous aiment et vous respectent.

C'est aussi simple que cela.

Après s'être défoulé au basket, il regagnait l'appartement familial parce qu'il était l'heure de dîner et que sa mère avait tendance à vite s'inquiéter quand il avait du retard. Il se remémora avec amusement la fois où elle était descendue le chercher et que les adolescents les plus vieux qui jouaient parfois avec eux sur le terrain s'étaient tous retournés sur son passage, subjugués. C'était une très belle femme et Kagami était fier de lui donner la main pour rentrer.

Après le souper, parfois, quand son père ne rentrait pas trop tard, ils regardaient des matchs de NBA sur le canapé. Michael Jordan s'était tout naturellement imposé comme le super-héros de Kagami Taiga, onze ans. Là où d'autres garçons placardaient des posters de chanteurs ou de voitures sur les murs de leur chambre, Kagami avait tout redécoré à l'image du géant américain. Et comme il se trouva bien vite à cours de place, il n'hésita pas un seul instant à tapisser le sol de sa chambre à son effigie également.

Pour ses douze ans, son père l'avait même emmené voir un match des Bulls, à Chicago.

Le roux en avait pris plein les yeux.

Plus tard, il serait un grand basketteur. Il s'en fit la promesse et s'entraîna dur sous le regard bienveillant de ses parents et d'Himuro. Et d'Alex, également, que les deux gamins partirent solliciter pour les coacher. Au départ, elle avait été réticente. Il venait de prendre sa retraite de la ligue féminine et cela lui laissait un goût amer. Sa vue s'était dégradée et elle ne pouvait plus jouer à haut niveau, contrainte de mettre sa carrière et son rêve de côté. Elle avait consacré sa vie au basket et même si elle était jeune, elle n'avait pas d'enfant et ne se voyait pas en faire. Les athlètes de haut niveau, surtout les femmes, doivent faire des sacrifices pour arriver au sommet. Et ce fut le sien. Alors, pas étonnant qu'elle s'attacha à tant à la paire d'adorables bambins qui l'admiraient et buvaient ses précieux conseils assidument.

Ce que Kagami ignorait, c'est qu'au même moment, à des milliers de kilomètres de distance, un autre enfant du même âge se découvrait une passion semblable à la sienne pour le basket...

Aomine Daiki avait toujours été un garçon enjoué et énergique. Pour se canaliser et comme il était fils unique, il lui arrivait de se rendre au terrain de basket près de chez lui. Ce n'était pas tellement courant au Japon, ce genre d'espaces. Ici, le basket n'était pas vraiment populaire. C'était même un sport de seconde zone, malgré l'amour irraisonné des japonais pour les sports américains, comme le baseball, par exemple. Seuls quelques adolescents et souvent pas des plus recommandables squattaient la zone grillagées. Accompagné de la jeune Satsuki Momoi, Aomine avait passé des journées entières à les observer jouer. Mais contrairement à Kise, le brun n'était pas vraiment doué pour reproduire des mouvements, alors il avait développé son propre style de jeu.

Un style bien à lui, pas du tout académique.

Pourtant, il avait progressé à la vitesse de la lumière, devenant un véritable prodige malgré son jeune âge et sa petite taille pour l'époque. Même les plus grands et les plus expérimentés ne purent tout simplement plus suivre.

Kagami ferma les yeux.

Aomine était une étoile filante...

Mais une étoile qui avait brillé trop fort, détruisant tout sur son passage.

Une comète...

Le basket, cette bénédiction pour Kagami était paradoxalement devenu une malédiction pour Aomine.

Leur talent, qui avait permis à Kagami de se faire des amis, avait inexorablement isolé Aomine.

Le roux s'installa dans son canapé, s'allongeant. Ses jambes le faisaient atrocement souffrir. Son dos aussi. Et ce n'était pas à cause du basket. Sa formation de pompier était vraiment intense physiquement et mentalement. Jamais le basket ne l'avait laissé aussi cassé et pourtant, le roux était solide, bien bâti et sportif.

Alors le soir, son réconfort d'antan n'avait pas changé : regarder un match à la télévision. Comme il avait le câble, le roux pouvait zapper sur la NBA, la ligue américaine masculine et ses super stars. « Super stars ». Rien que le mot l'amusait. Il ne semblait pas à Kagami que d'autres sportifs portaient un qualificatif aussi flatteur.

Et cela correspondait tellement bien à Aomine.

Ce soir, les Miami Heat recevaient les Charlotte Hornets et si Kagami regarda distraitement les joueurs des deux équipes défiler en pénétrant sur le terrain, il y en eut un dont il ne rata pas l'entrée.

Il ne la ratait jamais.

Pour rien au monde.

Ses pupilles se dilatèrent et son poul s'accéléra subitement tandis que son regard se posa sur la silhouette sombre qui apparaissait à l'écran. Kagami l'aurait reconnu entre mille et le souffle court, il ne parvenait à détacher son regard de ce corps félin, puissant, taillé pour l'effort.

Celui de l'homme qu'il...

… hmm...

Daiki Aomine essuya son visage avec son débardeur, dévoilant ses abdominaux d'acier. Ce soir, il avait cette rage dans les yeux. Celle du prédateur qui a faim et qui va chasser sa proie.

Les Miami Heat n'étaient pas excellents cette année et du coup, même Aomine n'était pas au top de ses performances. Mais franchement, Kagami se moquait pas mal de leurs résultats. Voir Aomine jouer au haut niveau, voir Aomine devenu professionnel, même s'il n'était pas titulaire pour le moment, c'était juste un rêve qui se réalisait pour eux. Un rêve de gosse. Tout le reste était sans importance.

Le cœur de Kagami se serrait à chaque fois qu'Aomine touchait la balle et il ratait un battement dès que le brun ratait ou mettait un panier. Ils étaient à l'unisson, malgré la distance. Kagami savait mieux que personne ce que signifiait jouer contre Aomine. Il en avait fait la douloureuse expérience et il frissonna rien que d'y repenser. La panthère entama un ballet aussi fascinant que mortel. Agile, habile, sa danse était fatale. Kagami ne quitta pas l'écran des yeux, subjugué. Il ne cligna même pas des paupières. Pendant les deux premiers quarts temps, il suivit l'action avec une telle concentration que s'il y avait eu un tremblement de terre, une tornade, un tsunami, une éruption volcanique, une pluie de météorites ou bien même tout cela en même temps, rien n'aurait pu le détourner de son écran.

Puis, au troisième quart temps, le coach effectua un changement et Aomine se fit remplacer par un autre joueur. Les sens de Kagami se mirent au repos. Du fait de son jeune âge, Aomine s'épuisait rapidement face à des professionnels américains. Cela ne faisait que quelques mois à peine qu'il jouait à si haut niveau et son coach l'avait parfaitement compris alors il faisait tout pour l'économiser. Pour Aomine, c'était frustrant de ne pas toujours jouer avec l'équipe première, mais il remplissait sérieusement son rôle de remplaçant, sans broncher. Son heure n'était pas encore venue. Et il voulait être prêt quand ce serait à son tour de briller. Il ne marqua que vingt points ce soir et son équipe perdit. Normalement, il aurait hurlé. Il aurait insulté ses coéquipiers et le coach, même, pestant contre sa propre impuissance.

Mais il ne rentrait plus dans des colères noires depuis qu'il était arrivé aux Etats-Unis.

Il l'avait promis à Momoi, à Kuroko, à Kise et à Kagami.

Il avait juré qu'il se conduirait bien.

Tout le monde comptait sur lui.

Il portait les espoirs de ses amis japonais.

Alors il ne dit rien.

Kagami se sentait triste pour lui. Il n'y avait rien de pire que la défaite pour le moral. C'était comme se prendre le Shinkansen lancé à pleine vitesse dans la tronche. Mais le roux savait aussi que c'était dans ces moments-là qu'on réfléchissait le mieux et qu'on pouvait se remettre en question pour progresser.

Ca faisait mal et ça faisait même peut-être encore plus mal à Kagami, de voir la panthère retourner dans les vestiaires la queue entre les jambes, terrassée.

Comme le roux regardait toujours les matchs en replay parce qu'il était trop pris par son entraînement à la caserne lorsqu'Aomine jouait en direct, il attrapa son téléphone portable et, machinalement, il tapota dessus pour l'appeler.

Mais au dernier moment, il fixa l'appareil et se figea.

Non... il ne pouvait pas l'appeler.

… c'était au dessus de ses forces.

Aomine dormait sans doute. Quelle heure était-il à Miami ?

A moins qu'il ne soit sorti ou qu'il ne s'entraîne, ou qu'il ne soit avec des filles et...

Argh.

Not again, Taiga... Se murmura t-il mentalement.

Il passa nerveusement une main dans ses cheveux et il sourit. Cela faisait quelques semaines qu'il n'avait pas eu Aomine au téléphone. Au départ, ils s'appelaient tous les jours et même, plusieurs fois par jour. Mais entre l'apprentissage de Kagami pour devenir pompier et les entraînements chronophages d'Aomine, leurs appels étaient devenu plus anecdotiques, plus courts et...

Merde. Souvent, ils n'avaient même rien à se dire...

Comment en étaient-ils arrivés là ?

Ils étaient tout l'un pour l'autre avant le départ d'Aomine pour les Etats-Unis et maintenant, ils se comportaient comme deux étrangers...

Il posa donc son téléphone sur la table basse et il se dirigea difficilement jusqu'au réfrigérateur. Putain, ses reins lui faisaient un mal de chien. Il faut dire qu'il était tombé de la grande échelle aujourd'hui. Il aurait même pu se casser quelque chose. Il se frotta légèrement le bas du dos, c'était bien inflammé et il attrapa une bouteille de lait.

Une vieille habitude qu'il avait gardé des States.

Les japonais n'étaient pas très friands de produits laitiers et les digéraient même mal. Il but une rasade au goulot et un peu de liquide blanc coula le long de son menton, tâchant son T-shirt noir. Et merde. Kagami allait se faire détruire...

S'il rentrait et qu'il le surprenait à picoler comme ça, il allait encore râler.

Pour éviter le drame, le futur pompier s'essuya la bouche en relevant son vêtement et il l'enleva même pour aller le mettre à laver. Mais c'est à ce moment là qu'il entendit la clé tourner dans la serrure.

Cependant, il n'entendit pas son portable vibrer furieusement sur la table basse du salon...

La porte s'ouvrit et son « colocataire » se glissa au chaud, dans l'appartement. Et apercevant Kagami torse nu, il remonta ses lunettes sur son nez et ferma les yeux.

« Pas ce soir, je suis fatigué. »

Kagami rougit alors furieusement, se sentant limite agressé par ces paroles.

« Putain, on ne t'a jamais appris à dire bonsoir ? »

L'autre le considéra un moment, se plantant là et il enleva ensuite sa blouse avant de souffler un « bonsoir » contrarié.

Kagami ne bougea pas et fronça de ses sourcils tigresques ce qui fit soupirer d'exaspération le jeune interne en médecine.

« J'ai dit bonsoir ! » répéta t-il.

« Ouais, j'ai entendu, je ne suis pas sourd, j'te signale ! »

Ils reniflèrent tous deux sèchement et l'air se chargea en électricité.

Ola. Le ton montait vite entre ces deux-là, parfois inexplicablement. Il faut dire qu'ils étaient tellement opposés que bien souvent, ils ne se comprenaient tout simplement pas. Tout au mieux, ils se toléraient.

Parfois.

Ca dépendait des jours.

Finalement, le roux céda le premier.

« Viens me faire un bisou. »

« Non ». Bouda le plus grand.

« Non ? Comment ça, non ? »

« Tu es sûr que tu n'as pas de problème d'audition ? Tu veux que je regarde ? » Demanda t-il en sortant un instrument de sa petite valise. Instrument que Kagami ne savait pas nommer, mais pour lui, ça ressemblait à un machin de torture !

Le tigre bondit comme un chaton et il balaya du regard la pièce pour trouver un endroit où se planquer pour fuir l'examen.

Trop tard, il avait été repéré ! Il recula donc tout doucement, levant les mains pour faire signe à l'autre de se tenir à distance.

« Oi, Midorima, n'approche pas, ok ! Je... je... » Il scanna nerveusement le plan de travail et attrapa un ustensile de cuisine qui passait naïvement par là « … je suis armé et je n'hésiterai pas à me défendre, au péril de ma vie ! »

« Tu vas me tuer avec une... spatule ? Intéressant, j'ai bien envie de te voir essayer. » Sourit cruellement l'autre homme.

« Hey ! J'ai déjà vu un mec trucider quelqu'un avec une petite cuillère ! A ta place, je me pisserai dessus de peur ! »

« Hmpff... c'était dans un film BAKA ! »

« Nan, c'était sur Internet ! »

« C'EST PAREIL ! »

Mais le roux heurta le mur derrière lui et il siffla. Son dos avait vraiment pris cher. Et immédiatement, le futur médecin se tranquillisa en lisant la douleur sur le visage de Kagami. Il fouilla dans ses affaires et sortit des anti-inflammatoires et des anti-douleur, qu'il tendit amicalement à Kagami. Ce dernier hésita à les prendre.

« Du calme, je viens en paix. » Ajouta Midorima. « Pas de piège. »

Il avait appris à dompter le tigre avec le temps et il savait que Kagami supportait la douleur à des niveaux inhumains, alors pour qu'il laissa apparaître qu'il avait mal, c'était qu'il douillait SERIEUSEMENT.

« Je suis tombé en intervention ce matin... » Avoua doucement le roux en acceptant volontiers les cachets.

Midorima aurait du s'en douter. Kagami n'était pas maladroit, mais parfois, le roux était un peut trop brutal et téméraire. Il ne savait vraiment pas réaliser quand il se mettait en danger et prenait des risques inutiles. C'était pourquoi, quand encore allongé dans le futon après une longue nuit aux urgences, Midorima voyait son compagnon se lever à l'aube pour rejoindre la caserne, il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur...

Peur qu'un jour, Taiga Kagami ne revienne pas...

Il s'approcha de lui avec un verre d'eau et il soupira.

« Passe demain matin faire une radio à l'hôpital. »

Kagami le fusilla du regard. Il détestait que Midorima prenne un ton condescendant envers lui et le traite comme un gosse !

« C'est rien, ça va passer j'te dis... »

Mais en vérité, il ne voulait surtout rassurer le médecin. Il savait que Midorima voyait des choses très dures aux urgences et il ne voulait pas en rajouter. Il ne voulait surtout pas devenir une sources d'inquiétude pour l'ancien joueur de Shutoku.

« Tu étais sensé... venir me chercher ce soir... » Fit Midorima en le fixant. Mais pas de reproche dans son regard.

« Je sais... »

« A cause de toi, j'ai du laisser Takao me raccompagner ! »

Kagami sourit, oubliant momentanément qu'il avait mal et rien qu'en visualisant Midorima à cheval sur le fougueux scooter de Takao, désespérément accroché au futur infirmier, il éclata de rire.

Ce qu'il regretta immédiatement, parce que ça réveilla une douleur sourde dans ses reins.

« Baka ! » Vociféra Midorima en passant un bras de Kagami autour de son cou. « Ca t'apprendra à te moquer de moi ! »

« Dé... désolé.. » Il pleurait. Et Midorima n'arrivait pas à déterminer si c'était des larmes de rire ou d'agonie.

Midorima l'amena jusqu'à leur chambre et le fit s'allonger dans le futon, à plat ventre.

« Je vais chercher de la pommade pour te masser. Prends les médicaments. »

Le roux ne protesta pas et il avala docilement les pilules.

« Ramène-moi mon... portable aussi, s'il te plaît. »

L'ancien shooting guard secoua la tête. Quand est-ce que ce gamin allait apprendre ? Il pouvait totalement imaginer Kagami faisant du zèle et se fracassant la colonne vertébrale pour aller décoincer le chat de la vieille voisine, logé dans un arbre !

« Je t'aime. » Souffla le roux en fermant les yeux.

« ….. »

Midorima sortit et ferma bien la porte avant de chuchoter lui aussi, dans sa barbe naissante qu'il n'avait pas encore eu le temps de raser : « moi aussi, baka... » Mais il ne voulait pas que Kagami l'entende.

Il passa donc par la salle de bains, prenant de la crème dans l'armoire de la pharmacie. Par chance, il en avait toujours en stock, à côté du lubrifiant. Kagami était du genre à se blesser souvent. Que ce soit au basket, que le roux continuait assidument, ou au boulot. Puis, il alla ramasser le portable de l'américain, remarquant que la télévision était restée allumée... sur un match de basketball. Et pas n'importe lequel.

Un match de NBA.

Un match... des Miami Heat.

L'équipe de ce...

Hmm.

Il remonta ses lunettes et éteignit la télévision avant de s'apercevoir que Kagami avait cinq appels en absence...

TOUS.

D'AOMINE DAIKI.

Ce sale...

Hmm.

Midorima éteignit également le portable et décida de ne rien dire à Kagami. Il n'avait pas besoin de cela en ce moment, il avait le dos en compote et s'il avait Aomine au téléphone, le roux allait encore s'énerver. Ou être triste. Ou...

Hmm.

Non, il préférait ne pas y penser.

Ca se terminait toujours mal de toute façon dès qu'il s'agissait du grand brun idiot. Et surtout quand Kagami était concerné.

Aomine était un sujet sensible entre eux. Il l'avait toujours été, depuis même avant le début de leur relation amoureuse. Midorima revint auprès de Kagami. Dormait-il ? Non, le roux se redressa légèrement et Midorima grimpa à califourchon sur lui, se soulevant un peu pour ne pas écraser les reins de Kagami.

« Tu as un bel hématome. »

Le garçon à lunettes ne put s'empêcher de prendre en photo la marque avec son téléphone portable. Le flash fit maugréer Kagami.

« Putain, tu fous quoi là ? »

« C'est pour la postérité. »

Ah oui, c'est vrai... Midorima et sa fâcheuse manie de prendre des photos, des videos, des notes et de consigner toutes les données dans un journal de bord ou dans des tableaux croisés. Il adorait faire des statistiques et des études de cas. Au fil de ses blessures, Kagami s'était mué en véritable cobaye et sujet de tests pour le futur docteur. Bien malgré lui, d'ailleurs. Et cette habitude commençait à devenir franchement envahissante !

Midorima entama alors un massage de ses reins, faisant chauffer et pénétrer la crème grasse et huileuse. Kagami ne put contenir un gémissement. Les grandes mains fines de Midorima faisaient un travail merveilleux sur son corps. Ca avait toujours été le cas...

« Oi...t'as oublié d'enlever tes gants... »

« Ce n'est pas un oubli. »

« Quoi ? Mais... »

« Tu aimes bien quand je les garde d'habitude... »

Kagami se sentit rougir comme une midinette sous ces paroles qu'il savait pas vraiment neutres.

« Passe mon portable... » Demanda t-il gentiment en enfonçant sa tête dans le coussin.

Midorima tiqua. Et son massage se fit plus ferme.

Kagami voulait sans doute vérifier si Aomine ne l'avait pas appelé. Et s'il allumait son téléphone, il verrait que la panthère noire avait tenté de le joindre plusieurs fois. Ensuite, il se lèverait, trouverait un prétexte peu crédible pour sortir et irait s'enfermer dans la chambre d'ami pour parler à Aomine. Entendre sa voix... rire... raconter son entraînement de pompier... demander des nouvelles... s'offusquer faussement sous les propositions salaces du joueur de basket.. mais finir par répondre en souriant : « Tu me manques aussi... Quand viens-tu passer quelques jours ici ? Tu veux que je viennes te voir ? Je t'aime tellement... Je ne rate jamais un seul de tes matchs... »

Oui, Midorima pouvait carrément s'imaginer avec une précision chirurgicale ce qui allait arriver.

Alors, il anticipa.

« Tu n'es pas venu me chercher parce que tu avais mal au dos... »

« Ouais, je t'ai dit que j'étais désolé déjà... » Le coupa le tigre.

« … Ou parce que tu étais trop occupé à te toucher devant un match d'Aomine ? »

Cette phrase sonna comme le glas d'une défaite dans l'esprit de Kagami. Et le déprima profondément. Il était choqué que son petit-ami puisse penser une telle chose, mais plus encore... il le comprenait. Il aimait toujours Aomine, malgré son départ il y a quatre mois pour l'autre bout de la planète. Il l'aimait envers et contre tout, peu importe la distance.

Peu importe Midorima...

Alors il ne nia même pas. A quoi bon mentir ? Midorima était suffisamment intelligent pour le détecter et Kagami avait déjà essayé par le passé, mais cette stratégie n'avait amené que plus de disputes.

Sa tentative de diversion réussie, Midorima se releva et il enleva silencieusement sa blouse, puis ses vêtements qu'il plia soigneusement. Il se coucha finalement près du fauve blessé et il ôta ses lunettes. Sans un mot, il se tourna de son côté du futon, rompant tout contact physique entre eux.

Takao s'amusait souvent à dire que Midorima était une Tsundere. Et ce brave idiot n'aurait pas pu avoir davantage raison. Cela voulait dire que le plus grand des deux hommes pouvait faire la gueule pendant des jours, se vexer à la moindre réflexion et ignorer Kagami royalement. Mais jamais le tigre ne s'en offusquait. Midorima était ainsi.

A fleur de peau. Il cachait ses émotions et souvent, le roux ne le comprenait pas. Mais il savait aussi que Midorima finissait toujours pas lui revenir quand il avait terminé de bouder et était passé à autre chose. Même si ça pouvait prendre du temps ! Midorima pouvait au moins se vanter d'avoir enseigné la patience à l'ancien joueur de Seirin, ce qui n'était pas un mince exploit !

A la place de son compagnon, Kagami se serait sans doute senti aussi affecté. Mais c'était ainsi, il ne parvenait à oublier Aomine, même s'il aimait Midorima.

Parce que oui, il les aimait, tous les deux. Aucun doute là-dessus. Au départ, cela lui avait fait un sacré choc lorsqu'il l'avait réalisé. Il avait beaucoup culpabilisé, se flagellant même pour sa propre faiblesse. Mais il ne pouvait lutter contre l'intensité de ses sentiments, alors il avait fini par les accepter après avoir traversé une violente période de doutes.

Chacun lui apportait un équilibre différent et il ne pouvait choisir entre les deux, alors il décida tout simplement de ne pas le faire. C'était même une idée de Midorima, à la base. Si cela pouvait lui permettre de rester auprès du tigre, la grenouille était prête à accepter sa redoutable adversaire, la panthère noire.

Ca ressemblait au pitch d'une mauvaise fable sous acide, mais c'était pourtant devenu leur quotidien pendant quelques temps.

Jusqu'à ce qu'Aomine se fasse repérer par un recruteur de talents de la NBA, qui avait fait le déplacement tout spécialement jusqu'au Japon pour le voir jouer, suite au championnat du monde des moins de dix-neuf ans. Pour tout dire, au début, c'était Kagami qui avait tapé dans l'oeil de ce type. Le flamboyant félin de Seirin l'avait impressionné, mais pour une raison inattendue, c'était finalement sur Aomine qui s'était porté son choix. Bien-sûr, le brun n'y avait vu que du feu...

Mais Midorima savait, lui.

Oh oui, il savait...

Et Kagami savait qu'il savait.

Et un jour... Midorima dirait tout à Aomine...


Voilà, c'est fini ! (le premier chapitre, anyway...)

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. J'ai toujours trouvé que Midorima ressemble à un crapaud. D'ailleurs, il en a un en porte-bonheur, c'est sûrement un signe...

Et sinon... entre nous... vous êtes plutôt Aomine ou Midorima ? Promis, je ne le dirai à personne :)

Je vous dis à bientôt pour la suite.