Nous nous tenions au centre d'une Terre désertique. Nous étions debout au milieu d'un océan de sables, et tout était de notre faute.

Nous avions brûlé nos ressources, détruits ce qui ne nous appartenait pas, pour satisfaire d'égoïstes plaisirs. La prise de conscience tardive ne pouvait pas nous sauver. Nous vivions aujourd'hui sur les décombres de notre planète, parqués dans des logements de tôles récupérés ça et là. Il n'y avait plus rien à manger.

Le sol stérile refusait de nous donner la moindre herbe, le moins cactus. Nous avions vidés jusqu'aux nappes phréatiques les plus profondes, en nous prenant pour des dieux. Nous ne pouvions plus mourir, et pourtant c'était le cas. Nous tombions un à un, emportés par la maladie, la déshydratation et la faim. Le remède contre la mort nous tuait.

Les scientifiques cherchaient à réparer cela. Les gouvernements tentaient d'apaiser nos esprits, mais comment atteindre les pensées de cent-vingt milliard d'êtres humains différents ? Nous tentions de mener des vies normales, mais les villes avaient disparus. Les gouvernements s'étaient alliés pour trouver des solutions, mais ils n'en avaient pas. Alors ils nous avaient tous réunis au même endroit. Cent-vingt milliards d'hommes regroupés dans le même désert, vivants dans des maisons de tôles. L'argent ne servait plus à rien. La criminalité avait augmenté. Nous passions notre temps assis par terre, à regarder le ciel en attendant que le soleil nous tue. Certains préféraient prendre les devants.

L'électricité ne servait plus qu'aux scientifiques, car ils menaient les expériences pour nous sauver. Les militaires parquaient les malades dans des zones de quarantaines, comme des animaux. Les riches n'étaient pas plus riches, mais plus confortablement installés, et nous, les pauvres, nous mangions le sable en attendant notre heure, à voir nos proches nous êtres arrachés quand la maladie les prenait.

Il y a longtemps, la science avait trouvé le remède contre la mort. Il s'était répandu sur toute la surface de la Terre, créant une Humanité forte, immortelle, mais surtout égoïste. Nous n'avions plus rien à craindre, alors nous avons grillé toutes nos cartouches, avant de comprendre que nous n'étions pas invulnérables. Nous avions vidé les océans, tués tous les animaux, brûlés la végétation, avant de voir nos proches mourir de faim, et la planète périr. Nous étions immortels, pas invulnérables, et nous l'avions appris à nos dépends.

Je m'appelle Gajil Redfox, et je suis né sur une Terre morte.