La nuit était sombre. Quelques étoiles parsemaient le ciel, mais la lune restait cachée. C'était bien plus terrifiant qu'une nuit de pleine lune. Les phares de la voiture perçait l'obscurité, et la conductrice luttait pour ne pas s'endormir. Ses yeux noisette se fermaient contre sa volonté. La fête avait duré si longtemps que la jeune femme ne savait plus l'heure qu'il était. Même si elle n'avait pas bu, il aurait été plus judicieux de rester dormir sur place. Malheureusement, elle avait choisis de prendre sa voiture pour rentrer chez elle. Elle resserra ses doigts sur le volant en plissant les yeux.
– Allez Lucy, s'encouragea-t-elle, tu peux le faire !
Elle n'était plus très loin. D'un geste, elle dégagea une de ses mèches blonde qui gênait sa vision, et se remis droite dans son siège. Ses muscles alanguis protestèrent, mais Lucy ne les écouta pas. Il lui restait encore une dizaine de minutes de route, et elle devait se concentrer. Autour d'elle, c'était le décor de « Massacre à la tronçonneuse ». Elle s'attendait à voir Leatherface débarquer depuis le talus en brandissant son arme ronronnante. Des arbres défilaient le long de la route, silhouette sombre et déformées qui avaient quelque chose de terrifiant.
Les phares éclairaient la route de loin en loin, montrant une colline qui grimpait. Un panneau illuminé fit plisser les yeux de Lucy. Elle soupira, et commença à se détendre imperceptiblement. Elle freina brusquement, le cœur battant à tout rompre. La voiture pila, mais avança encore de quelques mètres. La jeune femme retint un hurlement. Le pare-choc s'arrêta à quelques centimètres de l'écorce. Un tronc d'arbre était couché au beau milieu de la route. La conductrice ferma les yeux pour apaiser les battements de son cœur.
Elle ne comprenait pas ce qui s'était passé. La nuit était sombre, mais claire. Il n'y avait aucun orage à l'horizon, et cet arbre ne pouvait pas être tombé tout seul. Leatherface l'attendait-il réellement de l'autre côté ? Un sourire ironique se dessina sur le visage de Lucy.
– T'es vraiment bête, soupira-t-elle pour elle.
Se parler la rassurait. Elle enclencha la marche arrière et recula pour se garer sur le bas-côté. Sans couper le contact, elle ouvrit la portière. Un frisson lui parcourut l'échine, et la chair de poule remonta le long de son bras nu. Il faisait frais, et la peur s'insinuait dans ses veines.
– Tout va bien.
Elle descendit, en équilibre précaire sur ses talons. Pourquoi n'avait-elle pas mise des chaussures plates ? Quelle était cette idée reçues comme quoi les talons représentaient l'élégance, et qu'il fallait au moins ça pour être présentable à une soirée ? En cet instant, la jeune femme détestait sa robe trop courte et moulante, et ses escarpins immenses. Elle regrettait de ne pas avoir de vêtements de rechange. À la lumière de ses phares, elle s'approcha de l'arbre tombé en travers de la route. Du bout des doigts, elle caressa l'écorce fine.
– Qu'est-ce que tu fais là ?
Elle regarda autour d'elle, mais il n'y avait rien ni personne pour l'aider. Elle ne pouvait pas le bouger avec son véhicule. Elle n'était pas loin de chez-elle, et la route était déserte. Il lui faudrait finir le chemin à pied, et venir chercher sa voiture le lendemain. Rapidement, elle revint à sa voiture pour couper le contact et récupérer son sac à main. À la lueur de son téléphone portable, elle s'approcha de l'arbre.
En expirant pour se donner un peu de courage, elle enjamba l'énorme tronc. Sa robe remonta le long de ses cuisses, dévoilant son string en dentelle. Aussitôt passée de l'autre côté, Lucy remit en place son vêtement et avança sur la route, éclairée par son smartphone. Elle n'en prit pas conscience, mais quiconque serait passé à ce moment-là l'aurait vu disparaître sans raison.
