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Lothiriel, Lothiriel, s'en allait galoper
Au premier jour de mai de sa vingtième année.
Fille Gondorienne, à la tresse couleur de jais
A Dol Amroth passait et jusque dans les prés.
Promise à un jeune roi jamais encore rencontré,
De son père le prince telle était la volonté
Et maudissant le sort elle dut bien s'y plier
Ainsi profitait-elle de son dernier été.
De son cheval blanc, sur les rênes elle a tiré
L'arrêtant dans une ombre d'un haut chêne isolé.
A la rivière bruissante elle a ses pieds trempés,
L'eau coulant sur sa peau comme averse tombée.
De s'en venir du Nord, trois Hommes, trois cavaliers
Droit à la citadelle s'en allant chevaucher,
A Dol Amroth la grande, sur la côte dressée.
Et Lothiriel d'entendre le héraut la héler.
Le premier des cavaliers, l'étendard dressé
S'arrêta devant la belle dont les pieds séchaient
« A Dol Amroth, belle demoiselle, je me rendais
Pourriez-vous nous guider » mais il n'eut achevé
Que Lothiriel de la poussière s'est nettoyée
Et tout au bord de l'eau s'est déjà relevée.
« J'en viens moi-même chevalier » et sa tête d'hocher
Désignant à l'horizon l'ombre de la cité.
Sabots remuant la terre, le second cavalier
Et épée dégainée son tour de s'approcher
Son regard perçant les chairs, sur elle a posé
De sa seule présence l'intimidant d'emblée
Et elle le trouva beau, mystérieux chevalier
De sentir en son sein tout son cœur s'emballer
A sa haute stature elle ne sut résister
Et d'autant son destin en revient la hanter.
« De mon roi, demoiselle, je suis le messager
De ses remerciements soyez donc assurée.
La princesse Lothiriel nous en allant trouver
Sur la route, retard ne saurait tolérer »
A ces mots la pucelle ne put que s'incliner
Ne voulant d'aussi tôt dire son identité.
Des nouveaux sentiments encore paralysée,
A son mariage futur ne voulant point penser.
Le troisième des cavaliers resté en retrait
De sa monture soudain fit d'un bond avancer
« Monseigneur maintenant, il nous faut y aller
Car déjà dans le ciel le soleil disparait »
D'un regard attristé il se vit attribué
Son seigneur épuisé ne voulant la laisser
Car l'amour dans son cœur lui aussi était né,
Réussite qu'aucune femme n'avait encore achevée.
« Oserais-je, demoiselle, oserais-je demander
Que là sur mon cheval, vous puissiez monter
Pour à la capitale nous accompagner
Et tout à notre tête le chemin nous montrer »
Lothiriel à ces mots ne sut point refuser,
De la main ainsi tendue elle dut s'emparer
Montant à son devant, de ses bras enlacée
Laissant son blanc cheval suivre la chevauchée.
Parcourant la longue route ils se mirent à parler
Et rapidement ainsi de connaissance furent liés
Il venait du Rohan, pays des cavaliers
Sur ordre de son roi qu'il n'en voulut parler.
Il avait combattu, à la Noire Porte blessé
Aux côtés de grands seigneurs et du blanc sorcier
Imrahil connaissait, sa vie avait sauvée
De la belle l'amour ne fit lors qu'augmenter.
Présenta ses compagnons comme lui guerriers
Partholan de l'Ouest et Gamelin l'Archer
Reconnaissant ce nom, la princesse de frissonner
Devant elle une légende elle voyait galoper
Maréchal du Rohan, du roi conseiller
Théoden le Grand il avait côtoyé
Au Gouffre de Helm contre vents et marées
Et au Pelenor les Haradrims chassés.
Et Partholan le jeune l'armure rouge reflétait
Les derniers rayons qui au loin faiblissaient.
Tout nouveau chevalier à la barbe rasée
De sa fougue il faisait une escorte douée.
Mais de son propre nom le cavalier taisait
Laissant Lothiriel aux murs le lui demander
Par un sourire triste en battant les pavés
« Puis-je vous faire confiance, il ne faut répéter
Je suis Eomer, des Rohirrims couronné
Et lors, las, ma promise qu'il me faut rencontrer
Je ne puis, ô malheur, seul mon cœur écouter
Sinon quoi belle dame, je vous épouserais »
A ces mots sur la selle, de Lothiriel flancher
Dans ces bras chauds et forts elle vint s'échouer.
« Que vous arrive-t-il, vous aurais-je offensée ? »
Car vint pour le jeune roi le tour de s'inquiéter.
Ainsi donc il venait en secret l'épier ?
Mais à son propre jeu il allait donc goûter.
« A l'amour que j'éprouve je suis donc condamnée
Partez donc, mon seigneur, votre princesse trouver »
Et soudain du cheval, de la princesse sauter
S'enfuyant dans les rues pour le château relier.
Connaissant les chemins maintes fois détournés,
Aux grands Halls bien avant Eomer fut menée.
Tôt fait à son père elle eut tout exposé,
Racontant son histoire dont il rit, sitôt fait.
Tout en haut, dans sa chambre, elle partit se changer
Au derrière d'une teinture elle alla se cacher.
Et d'Eomer d'entrer, inconscient du danger
De la jeune pucelle qui sous cape riait.
A Imrahil parla de sa venue l'objet,
Et au prince souriant de sa fille appeler.
Et surgissant d'un bond ! Dans une robe nouée
Et ses cheveux corbeaux d'un diadème couronnés !
Et au prince de blanchir soudainement muet !
Et l'amour dans son cœur au galop revenait !
« Eomer mon aimé, vous voilà arrivé
J'espère que le voyage pour vous s'est bien passé.
D'une paysanne votre cœur s'est amouraché
Mais me voilà princesse et prête à me marier »
Et au printemps suivant le mariage annoncé,
Il eut lieu sous les fleurs et les gerbes de blé.
Elessar lui-même, l'union de célébrer
Bénissant le destin pour les deux concernés.
Ainsi s'achève le chant de Lothiriel l'aimée,
Grande reine du Rohan dont les temps ont passé.
Par ses descendants nous sommes gouvernés,
Pour des générations nous pouvons célébrer !
A Estelle, puisses-tu reposer en paix.
