Titre : Something – comme la chanson des Beatles (Georges Harrison, sur « Abbey Road »). Tout au long de l'écriture de cette fic (qui m'a pris un tout petit peu moins d'un an), j'ai écouté les Beatles. Un jour, en écoutant ce titre, ça m'est apparu comme une évidence.
Volume : 26 chapitres, déjà écrits. Je pense poster hebdomadairement, en début de semaine. L'histoire comporte 4 parties qui se démarquent par des ellipses temporelles. Enfin, vous verrez.
Disclamer : Seule la trame de l'histoire m'appartient. Torchwood et ses personnages sont à la BBC et à Russell T. Davies, je suppose.
Pairing : Jack Harkness et Ianto Jones
Rating : M
Avertissements : Que vous dire ? Cette histoire est un UA. Et sinon, je citerai juste Kurt Cobain « I'm not gay, although I wish I were, just to piss off homophobes ».
Notes : Plutôt que d'adopter la méthode classique du renvoi en note de bas de page qui peut vite devenir soûlant, je vous mets les notes ici. Pas besoin de renvois, vous ferez la connexion par vous-même.
1) Heavy metal : pour faire simple, c'est un dérivé plutôt dur du rock'n'roll qui se caractérise par un son de guitare saturé. Quelques groupes phares de heavy : Iron Maiden (j'adore leur Fear of the dark), Black Sabbath ou Judas Priest.
2) Un tapping : c'est une technique de guitariste qui consiste à tapoter les cordes au lieu de les pincer ou les gratter. L'exemple classique est Eruption de Van Halen. Il paraît que c'est assez difficile à faire.
PARTIE 1 : TORCHWOOD RECRUTE
CHAPITRE 1
« Vois-tu je suis de ceux que la foule rassure
On ne peut être rien que parmi des milliers
"Has been" avant d'avoir été, c'est un peu dur
Ma vie, tout le monde aurait si bien pu s'en passer
Je te dis pas les peurs, les lueurs et les flammes
Je te dis pas le sang qui fait cogner le cœur
Je te dis pas ces moments si froids et si pâles
Et son visage qui justifiait mes heures »
[Parler de ma vie - Jean-Jacques Goldman]
« Torchwood recrute ! »
C'est par ce titre se voulant gentiment humoristique que le Western Mail changea radicalement la vie de Ianto.
En dessous du titre, un bref article retraçait l'histoire du célèbre groupe dont la popularité avait atteint de tels sommets que certains avaient même été jusqu'à les comparer aux Beatles.
Peut-être une « légère exagération » avait ironisé l'auteur.
L'article insistait surtout sur le départ en fanfare de la guitariste soliste, Suzie Costello, au cours d'une scène presque surréaliste où elle avait hurlé devant trente témoins que son départ sonnerait la fin de Torchwood. Déclaration à laquelle Jack Harkness, le célèbre chanteur et leader avait répondu par un grand éclat de rire « typiquement harknessien », avait estimé le journaliste.
Il expliquait que plutôt que de s'employer à recruter par les voies habituelles (ce qui consistait en fait à s'arranger pour débaucher le guitariste d'un autre groupe en lui promettant monts et merveilles – technique qui avait largement fait ses preuves avec les années), les membres restant de Torchwood avaient décidé d'organiser un casting géant où ils donneraient leur chance à d'illustres inconnus. Un élan de générosité qui cachait un coup de pub savamment orchestré, selon Thomas Wiggings, journaliste au Western Mail donc.
Un casting serait ainsi organisé à Londres où résidait habituellement le groupe, un autre à Glasgow d'où était originaire Owen Harper, le batteur, un autre encore à Cardiff d'où venait Gwen Cooper, la bassiste et où avait longtemps vécu le grand Jack Harkness et enfin, un dernier à Dublin, pour ne pas qu'on puisse soupçonner le groupe d'avoir quelque chose contre les irlandais. Apparemment, les origines de Toshiko Sato avaient pudiquement été mises de côté, raillait le journaliste, puisqu'aucun casting n'avait été organisé où que ce soit au Japon.
Réflexion qui démontrait son total manque de sérieux, qui tenait presque de la mauvaise foi. En effet, un simple passage sur wikipédia aurait suffit pour lui apprendre que Toshiko, bien qu'ayant vécu une grande partie de sa jeunesse au Japon, était née à Londres.
Lorsqu'il y repensait, Ianto ne gardait que des souvenirs flous de ce casting. L'impression qu'une force presque extérieure à lui-même l'avait poussé à agir, à sortir de chez lui et à se confronter au regard et au jugement de tous ces étrangers. Lui, le pauvre type timide et dépressif qui n'avait presque jamais joué devant qui que ce soit jusqu'alors. Il ne se souvenait pas du trajet jusqu'à cette salle, dans un ancien cinéma en plein Cardiff, où le casting avait lieu. Il avait sûrement dû attendre des heures avant de passer mais il ne s'en rappelait pas non plus.
Par contre, ce qui était resté gravé dans sa mémoire, c'était le regard. SON regard. D'un bleu électrique, séducteur, rieur et traversé par une lueur d'amusement presque enfantine. C'était la première chose qu'il avait vu lorsqu'il était entré dans la pièce, tenant à la main sa Gibson Les Paul Custom 1985 blanche de loin, la chose qu'il aimait le plus au monde, plus que la plupart des gens. Que tous les gens, en fait.
-Salut, l'avait accueillit Jack Harkness d'une voix douce. Qui es-tu ?
-Jones, Ianto Jones, avait bredouillé Ianto.
Il était tellement concentré sur le choix de ce nom de famille à la place de l'autre, qu'il avait jailli avant le reste.
Harkness l'avait gratifié de son incroyable sourire qui était en grande partie responsable de sa réputation d'homme follement charismatique.
-Eh bien, Jones Ianto Jones, met à contribution cette magnifique guitare que tu as là pour nous montrer ce que tu sais faire.
Ianto se souvenait qu'il ne s'était pas senti vexé par le fait qu'Harkness se moque de la manière un peu mal-habile dont il s'était présenté. Par contre, tout le reste redevenait flou. Il avait joué, ça c'est sur. Mais c'était ce qu'il faisait à peu près 80 % de son temps. Il ne se souvenait pas de ce qu'il avait joué, ni combien de temps. Il se souvenait juste que Harkness avait chanté à plusieurs reprises et qu'entendre sa voix se marier avec les accords qu'il produisait lui avait paru terriblement agréable.
Puis il était repartit chez lui. Il se souvenait d'avoir téléphoné à sa sœur qui avait poussé des cris hystériques en apprenant qu'il avait parlé à Jack Harkness et qu'il s'était trouvé dans la même pièce que lui pendant un temps plus au moins long. Ianto lui avait rétorqué qu'il s'était aussi trouvé dans la même pièce que les autres membres de Torchwood dont il se souvenait vaguement de la présence : une brune aux dents du bonheur assise à côté d'Harkness, un homme à l'air boudeur débout dans un coin et une jolie asiatique à l'air timide assise dans un autre coin, un ordinateur portable sur les genoux. Mais apparemment, ils étaient quantité négligeable pour Rhiannon. Alors que Jack Harkness... ça oui, c'était quelque chose, on l'avait compris.
Ianto ne savait pas trop pourquoi il s'était présenté à ce casting, ni s'il avait vraiment envie de faire partie de ce groupe, ou d'un groupe tout court, d'ailleurs.
Il était solitaire, asocial même si on en croyait son crétin de beau-frère. Il n'avait pas d'amis, plus de petite amie. Il vivait seul dans un tout petit appart dans les bas quartiers de Cardiff. Il parvenait à en payer le loyer grâce à un boulot d'agent de sécurité qu'il exerçait de nuit, dans un musée. Une vie minable, pour un type minable, c'est sûrement ce que disait Lisa quand on l'interrogeait ce qu'il était devenu.
Il y avait comme une sensation de vide à l'intérieur de lui. Elle était déjà là avant mais s'était largement accentuée depuis que Lisa l'avait littéralement jeté dehors, comme on dépose aux ordures un objet de déco plus si joli que ça, finalement. Les seuls moments où il arrivait à se sentir vivant, c'était lorsqu'il jouait, oubliant cet appart minuscule, ce quartier pourri, ce job routinier et ennuyeux, cette vie désespérante. Oubliant même qui il était. Le bonheur à l'état pur dans l'évasion.
C'est sûrement pour ça qu'il y avait été. Au casting. Parce que devenir un musicien professionnel, gagner sa vie grâce à sa guitare, c'était un peu l'image qu'il se faisait du paradis. Mais en même temps, il voyait mal ce groupe ultra populaire l'engager lui, drôle de type un peu lunaire qui ne savait même pas dire son nom correctement. Et il voyait mal comment il pourrait s'intégrer parmi eux, prendre la place de la belle et caractérielle Suzie Costello...
Non, ça avait été une sorte d'impulsion irréfléchie, une idée stupide. De toute façon, il n'en entendrait sûrement plus jamais parler. Le seul problème était que chacune des auditions avait été filmée, et Ianto espérait qu'ils n'allaient pas sortir une compilations « des inoubliables » (sous-entendu inoubliablement nuls) comme on y avait le droit dans chaque télé-crochet télévisé. Cette pratique lui donnait envie de vomir. Des gens avaient fait la queue pendant parfois des journées entières, avaient donné de leur personne, avaient laissé sortir un peu de leurs espoirs et de leurs rêves, tout ça pour être traînés en pâture et être la risée de la ménagère derrière son poste de télé. C'était si révoltant, si écœurant...
Ce genre de pratique n'avait pas l'air d'être dans le style de Torchwood mais on ne savait jamais. Il aurait dû y réfléchir avant. Il se maudit.
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Une semaine avait passé depuis que Ianto et sa Gibson avaient pris le bus pour passer une audition et rencontrer Jack Harkness, réalisant par intermédiaire le fantasme de Rhiannon.
Il était 14 heures. Ianto avait travaillé la nuit dernière, il n'était levé que depuis une demi-heure. Il buvait un café tout en grattant distraitement les cordes de sa guitare de sa main gauche, quand une sonnerie le fit sursauter.
Il mit quelques secondes avant de reconnaître le bruit de la sonnette de sa porte d'entrée. Il était si rare qu'il reçoive des visites qu'il n'avait pas souvent l'occasion de l'entendre. Il n'avait même jamais eu de voisin venant se plaindre du bruit, ce qui ne manquait pas d'ailleurs de l'étonner.
Il fallut faire un choix entre poser la guitare ou le café. Après une légère hésitation, il abandonna le café et se leva pour ouvrir, sa guitare toujours sanglée autour de lui, pendant à l'envers dans son dos.
En découvrant Jack Harkness sur le pas de sa porte, sa surprise fut telle qu'il faillit lui claquer la porte au nez. Il réussit cependant à ne pas commettre ce geste malheureux mais resta planté comme un idiot, à regarder la gravure de mode qui se tenait sur son paillasson, tout sourire.
Pas de doutes, c'était bien le chanteur de Torchwood : yeux bleus vifs, toujours aussi séducteurs et rieurs, dents blanches presque éblouissantes, cheveux noirs coupés courts et savamment décoiffés et surtout, ce long manteau bleu de la Royal Air Force, qu'il portait presque en permanence depuis le deuxième album de Torchwood et qui avait largement contribué à le rendre célèbre.
-Jones, Ianto Jones ! s'exclama le visiteur d'un ton extrêmement enjoué. Vous ne vous quittez jamais elle et toi ? Demanda-t-il en regardant la Gibson dont le manche dépassait du dos de Ianto.
-Lui et vous, non plus, répliqua Ianto en désignant le manteau dont était vêtu son visiteur.
Ianto fut le premier surpris de sa répartie.
Harkness le gratifia d'un immense sourire.
-Chacun ses armes, mon cher Ianto ! Dit-il en passant devant son hôte pour rentrer dans l'appartement sans y avoir été invité.
Son regard fit l'inventaire des lieux mais il s'abstient de tout commentaire.
-Un café ? Proposa Ianto pour se donner une contenance. Je viens de le faire.
-Avec grand plaisir, répondit Jack en s'installant dans le vieux canapé en cuir défoncé qui constituait le seul meuble du salon de Ianto.
Une télé et un vieux lecteur dvd étaient posés à même le sol, ainsi qu'un ordinateur portable qui avait été mis en charge dans un coin. Deux amplis et plusieurs pédales de modulation du son accompagnés d'innombrables fils encombraient la pièce, ainsi que le trépied de la guitare. Le seul élément d'embellissement était un poster en noir et blanc des Beatles, accroché derrière la TV. Les quatre garçons de Liverpool semblaient avoir été photographiés à leur insu : aucun ne regardaient l'objectif et ils arboraient tous un air grave.
Le regard de Jack s'attarda sur George Harrison qui était particulièrement à son avantage sur la photo.
Ianto abandonna sa chère Gibson sur son trépied et se dirigea vers le coin cuisine pour remplir une tasse pour Jack, l'esprit fourmillant tellement de questions qu'il craignait qu'il ne se mette à fumer comme un café bien chaud.
-Tu as deviné pourquoi je suis là, lui dit la star quand Ianto lui tendit sa tasse. C'est toi, ajouta-t-il simplement. On veut que ce soit toi le nouveau lead guitare de Torchwood.
Ianto en resta sans voix, tout simplement paralysé par l'énormité de ce qu'il venait d'entendre.
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Au cours des castings, ils s'étaient tous mis d'accord pour une sorte de « classification » des candidats, à la suggestion de Gwen.
A la fin de chaque prestation, chaque membre de Torchwood attribuait une évaluation au candidat. C'était soit « à garder », soit « peut-être », soit « non ».
Cette classification était certes un peu expéditive mais il fallait bien faire le tri.
A partir du moment où il y avait un seul « non », c'était fini pour le candidat objet du vote. S'il y avait égalité entre les « à garder » et les « peut-être », et le groupe se limitant désormais à 4 membres, l'égalité pouvait s'avérer fréquente, les « peut-être » l'emportaient. Le but étant bien sûr d'opérer le choix final parmi les « à garder » et de revenir éventuellement aux « peut-être » si finalement aucun « à garder » ne faisait finalement l'affaire.
C'était Tosh qui s'était chargée de classer les vidéo des prestations dans la catégorie dans laquelle le vote venait de placer le candidat.
Owen avait été le plus pénible, comme d'habitude. En 8 jours de casting, il n'avait pas attribué le moindre « à garder ». Pas une seule fois. Et en plus de ça, il s'était montré chauvin : votant 5 fois « peut-être » à Glasgow, sa ville d'origine mais seulement une seule fois à Londres et à Cardiff et pas une seule à Dublin.
Une engueulade mémorable avait d'ailleurs eu lieu à Londres entre lui et Gwen, à propos d'une jeune guitariste métisse pour qui Gwen avait eu un coup de cœur. Il avait presque fallu qu'elle en vienne aux mains avec le batteur pour qu'il accepte de changer son vote et de lâcher un « peut-être » du bout des lèvres.
Ni Tosh et ni Jack n'étaient intervenus dans la dispute.
Tosh parce qu'elle savait qu'Owen était presque capable de mordre dans ces moments là et surtout parce que tous savaient que Gwen et Owen avaient été amants et qu'elle sentait des réminiscences de cette « relation » poindre dans chaque non-dits de chacune de leurs disputes, ce qui la mettait affreusement mal à l'aise.
Jack, de son côté, s'était tu pour mieux apprécier le spectacle. Il trouvait ça follement drôle de les voir se bouffer le nez. Au moins, Owen s'exprimait dans ces moments-là, lui à qui il était parfois si dur d'arracher une parole.
Et puis la tension sexuelle qui émanait d'eux lorsqu'ils se mettaient à se hurler des injures à la figure était tout simplement délectable. C'était ce qu'il avait dit à Toshiko, une fois qu'ils s'étaient retrouvés seuls après que Owen, puis Gwen soient partis, pour l'un bouder dans son coin et pour l'autre évacuer sa frustration.
Toshiko avait rougi jusqu'à la racine des cheveux et balbutié qu'avec Jack, on ne savait jamais où s'arrêtait le sérieux et où commençait la blague.
C'était parce qu'il passait son temps à entremêler les deux. Avec un certain talent d'ailleurs.
En vertu de la règle du « non » éliminatoire, la sélection avait été assez vite faite en réalité, une fois les castings terminés.
Il n'y avait que 4 « à garder » : la londonienne, un gallois et deux écossais, Gwen s'étant fait un malin plaisir de voter « non » pour les trois autres ayant été retenus par Owen.
Utilisant un mur blanc dans une des salles de réunion d'un hôtel de Dublin où ils logeaient après les dernières auditions, Toshiko avait projeté les vidéos des 4 « finalistes ».
Deux favoris se dégagèrent, défendus respectivement par Jack et Gwen. Owen était encore entrain de bouder et Tosh n'osait pas intervenir sans y avoir été invitée.
Gwen défendait bec et ongles la jolie Loïs Habiba, la jeune métisse pour laquelle elle avait déjà failli se battre avec Owen. Elle avait un style plutôt original, aux influences folks. Une façon de jouer parfois douce, presque romantique et d'autres fois au contraire, pleine d'une énergie joyeuse et communicative.
Quant à Jack, il ne cachait pas qu'il était sûr d'avoir trouvé le remplaçant de Suzie depuis que celui-ci avait mis les pieds dans cette jolie salle de Cardiff (un ancien cinéma, à ce qu'on lui avait dit, plein de charme) où ils avaient auditionné. Ce Jones, Ianto Jones comme il s'amusait facétieusement à l'appeler, avait comme une présence, un petit quelque chose qu'il avait ressenti dès qu'il s'était mis à jouer, plongeant dans une sorte de transe.
-C'est une sorte de Jimi Hendrix blanc, soutient-il en regardant Gwen droit dans les yeux. Ne me dit pas que tu n'as pas perçu son charisme.
Owen ricana.
-Son « charisme », répéta-t-il, moqueur. Son joli petit cul, ouais. J'espère au moins que tu te rends compte que tu n'as pas besoin de le prendre de le groupe pour le baiser, il se roulera à tes pieds sur un simplement claquement de doigt, ô toi, le grand Jack Harkness !
-Ce n'est pas du tout ça la question, Owen, rétorqua Jack, agacé.
-C'est TOUJOURS la question avec toi, Jack ! Et ça a TOUJOURS été comme ça !
Jack jeta à Owen un regard menaçant dont l'intéressé comprit parfaitement la signification.
-Qui, ici, à quelque chose à se reprocher vis à vis d'histoire de baise avec un autre membre du groupe ? Ne me force pas à devenir désagréable, Owen !
Ce dernier lui jeta un regard qui aurait fait trembler quiconque n'était pas Jack Harkness. Tosh qui était pourtant totalement hors de la dispute, sentit un désagréable frisson la parcourir. Jack soutient un long moment le regard assassin de son ami batteur, puis son visage repris l'expression rieuse qui était devenu son naturel.
Gwen de son côté, se faisait toute petite, ce qui ne l'empêchait pas de jubiler intérieurement : si Owen se prononçait contre le favori de Jack, c'était la victoire assurée pour sa favorite à elle.
Mais Owen reprit la parole, déconcertant totalement Gwen.
-Futur toy boy ou non, je vote pour le gallois. Il a un style heavy metal, une putain d'énergie et une totale maîtrise, c'est parfaitement ce qu'il nous faut.
La mâchoire de Gwen faillit s'en décrocher d'indignation.
-Tu plaisantes ?! Depuis quand est-ce qu'on est un putain de groupe de heavy ?! Explosa-t-elle. Non, parce qu'il aurait fallu tout de même me prévenir, bordel ! A moins que le glissement ce soit fait de manière si subtile que je ne m'en sois pas aperçue ? Parce qu'aux dernières nouvelles, on était un groupe de foutu pop rock ! Mais après tout, c'est toi le spécialiste en genres musicaux, Monsieur le grand Owen Harper. Éclaire-nous donc grâce à tes divines connaissances sur le sujet!
Elle eut le droit à son tour au regard assassin, qu'elle géra presque avec le même aplomb que Jack.
-Si tu n'étais pas si obtuse, lui jeta-t-il à la figure, tu comprendrais que les frontières entre les genres musicaux ne sont pas hermétiques, et dieu merci ! Et si je dis que ce type a un style metal, c'est parce qu'il en a la technique et l'endurance. Non mais tu n'étais pas là quand il a fait ce tapping de folie ? Suzie n'avait pas un dixième du talent de ce Ianto.
Cette déclaration provoqua la stupéfaction chez les trois autres, qui s'entre-regardèrent, interdits.
L'étrange relation d'amour-haine que Owen et Suzie avaient entretenue justifiait cet étonnement.
-Quant à ta Loïs, reprit Owen en ignorant superbement l'attitude de ses amis, je reconnais qu'elle est mignonne et qu'elle a du style mais sérieusement tu la vois tenir le choc pendant deux heures de concert ? Attends, c'est une vrai brindille, si tout le premier rang se met à souffler, elle va s'envoler ! Non, je la vois plutôt en solo, assise sur un tabouret à chanter des chansons d'amour avec l'air mélancolique de circonstance.
-Je suis d'accord, Gwen, dit Jack d'une voix douce. Loïs est très talentueuse mais elle n'a pas le profil du lead guitar d'un groupe de rock, reconnais-le.
-Ton taux d'objectivité est à zéro, Jack, protesta la bassiste.
-Mais non, pourquoi ? J'ai dis que je la trouvais tout à fait à mon goût, ta petite protégée. Bien, si tu veux, je reconnais que notre ami Jones m'a largement plus tapé dans l'œil, c'est vrai. Enfin, tu l'as vu avec son costard ? Qui vient à une audition pour un groupe de rock en costume ? Mais c'était un choix judicieux, il le porte vraiment ... Enfin, je m'égare. Je pense vraiment qu'il a plus le profil et qu'il a du talent à revendre.
-Je vote pour le toy boy en costard, trancha Owen. Pour la simple et bonne raison que si on donne gain de cause à Gwen elle va devenir encore plus insupportable et que je refuse que les femmes soient à nouveau majoritaires dans ce putain de groupe dont je vous rappelle que JE suis le putain de co-fondateur.
-Parle pour toi, Owen, se désolidarisa Jack. En temps qu'autre co-fondateur, je dois dire que j'adore être entouré de femmes.
Il adressa un clin d'œil à Toshiko.
-Ta gueule, Owen ! S'écria dans le même temps une Gwen scandalisée par ce grand déballage de mauvaise foi et de sexisme.
Toshiko restait toujours aussi silencieuse, pourtant, peu à peu, ce fut vers elle que tous les regards se tournèrent.
-C'est à toi de trancher, Tosh, l'enjoignit gaiement Jack.
-Je suis désolée Gwen … commença la jeune femme après avoir pris une grande inspiration.
Elle fut interrompue par un bruyant soupir de sa collègue.
-... mais je trouve qu'Owen et Jack ont raison. Ianto a vraiment plus le profil que Loïs. Il est absolument excellent, il a une vrai présence et vous avez remarqué le feeling qu'il y avait entre Jack et lui quand Jack s'est mis à chanter ? C'était presque aussi naturel que s'ils avaient déjà bossé ensembles des dizaines de fois. Je ne sais pas, je le sens bien, j'ai l'intuition qu'il va bien s'intégrer parmi nous, qu'il nous apportera des choses positives, une nouvelle harmonie.
-En tout cas, c'est sûr que c'est en Jack qu'il va bien s'intégrer, ricana Owen.
-Oh la ferme, toi ! S'écria Gwen, furieuse.
Toshiko devint toute rouge, affreusement mal à l'aise pour Jack. Ce dernier fut étrangement le seul à goûter à la plaisanterie et pouffa de rire.
-Qui te dit que c'est moi qui fait la femme dans ce genre de situations, mon vieux ?
Tosh donna l'impression de vouloir disparaître, ce qui était effectivement le cas dès que Jack et Owen se mettaient à faire des plaisanteries à forte connotation sexuelle.
-Rien, rétorqua Owen. Sauf que j'ai des intuitions moi aussi, tu vois. Et là, j'en ai une qui me dit qu'il va falloir que tu donnes de ta personnes pour convertir ce qui m'avait bien l'air d'être un fervent petit hétéro bien coincé.
-Tu sais bien que le défit me stimule, dit Jack avec un clin d'œil.
-Épargne-nous les détails, Harkness.
-Je te rappelle que c'est toi qui a commencé !
-C'est bientôt fini les blagues de cour de récré ?! S'impatienta Gwen, mécontente.
Les allusions à la bisexualité affichée et parfaitement assumée de Jack la mettaient toujours de très mauvaise humeur.
-Demain, direction Cardiff ! Annonça Jack. On récupère notre nouvelle Suzie et on commence à le roder.
-Évite de parler de lui comme d'une nouvelle Suzie, c'est vachement inapproprié et carrément péjoratif pour lui, dit Owen.
-Tu as raison, je retire ce que j'ai dis. On va chercher notre Jones, Ianto Jones.
-Putain, tu deviens lourd avec ça !
-Tu as tes règles Owen, ou quoi ?! Bougonna Gwen.
-Oh, ça te va bien de dire ça, madame « je deviens une folle hystérique une semaine tous les mois » !
-Owen ! S'exclamèrent Gwen et Tosh, dans un même élan scandalisé.
-C'est bon, c'est bon ! Dit l'accusé en levant les bras aux ciels et en quittant la pièce.
Jack le suivit du regard avec un petit haussement de sourcils ironique.
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Voilà, voilà...
Des questions, un commentaire, un encouragement (soyons fou!) ? Je réponds à tout et à tous.
A la semaine prochaine !
