Résumé complet :

Leur mariage arrangé a tout d'une tragédie. Harry se marie pour changer le monde. Draco, en partie fée, se résout à l'épouser pour apaiser son instinct et survivre. Et pourtant ils furent heureux et eurent plein de féenoux. Voici comment, dans les méandres du système sociopolitique sorcier, Harry devint un family man réformateur et Draco un papa et époux tour à tour tendre et irascible, mais toujours comblé.

pour info:

AU, slash, mpreg, creature.

Draco-creature OOC / Draco In Character = il y aura fusion progressive des deux.

Attention, le narateur change à chaque chapitre. Je trouvais ça drôle de voir l'histoire à travers les yeux de tous personnages qui observe les phénomènes se dérouler. Donc pas que Harry et Draco.


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DRACO


Ce matin le soleil se lève, et pourtant la lune reste résolument ancré dans le ciel.

N'est-ce donc pas étrange ? Je me sens comme à cinq ans, fébrile et envouté par ce simple constat que je savoure comme un trésor. La nuit est close et pourtant la lune résiste discrètement. Il y a comme un enseignement philosophico-mystique à cette incongruité, une affirmation que l'on peut narguer le destin. Même après tant d'hivers, je ne me lasse pas de cette magie là. C'est saugrenu, illogique… aberrant… jubilatoire ! Pourquoi s'en privé ? Cela fait partie des petits trésors d'émerveillement que je m'autorise discrètement. Tant que je ne les affiche pas de façon ostentatoire, mon père feint de ne pas les remarquer. Que voulez-vous, même Lucius Malfoy a ses petits faibles. Et moi, son enfant, j'en suis probablement l'incarnation.

Je le concède, il s'en défend bien, le bougre, mais je sais y faire.

Je suis un serpentard après tout.

Lui et ma mère cultive en publique la froideur attentionnée. Que dis-je, l'adoration glacée. Personne ne verra jamais un regard attendri ou un sourire indulgent éclairer leurs visages; ceserait tout bonnement inconvenant.

Ne vous y fiez pas. Mère me borde encore, tous les soirs, dans mon baldaquin du manoir… malgré mes protestations et mes presque dix-huit ans. Et ma scolarité à Poudlard n'est-elle pas due à son inquiétude toute maternelle ? Après tout, « c'est insensé ! Qu'irait faire son petit prince au pays des mines de sels et des hivers sibériens ? Et comment lui ferrait-elle parvenir ses gourmandises chocolatées préférées ? »

Quant à Père, il a pris l'habitude de m'intégrer, l'air de rien, à ses complots dans les plus hautes sphères du ministère. Entre les conversassions de salon, les suggestions d'amendement chuchotées à demi-mot et les gros sabots dorés de ses affirmations publics, il dessine là-bas, par petite touche, le décor grandiose de mon avenir. Il en est très fier, même si cet orgueil semble couvert de givre à la plèbe. Cette austérité apparente d'affection ne l'empêche pas de m'obtenir chacun de mes caprices, avec une indulgence fort peu caractéristique.

N'avais vous donc pas remarqué comme il se trouve toujours un sujet qui requiert son attention la plus totale, lorsque j'exhibe crânement le fruit fantaisiste de mes accès de colère, de bouderie et de manipulation. Cette heureuse, et permanente, coïncidence m'a permis d'échapper à nombre de sermon public, qui sont normalement de mise, dans mon milieu, face à ce genre de comportement déplacé.

Mais rassurez-vous, Lucius Malfoy grince tout de même des dents… quand je m'émerveille niaisement de la soie de qualité dont est paré Mrs Hobsberry. Il attend alors que nous nous rendions - entre hommes - au fumoir pour le Brandy, et me glisse discrètement à l'oreille : « Draco, que diable ! Un peu de tenu ! Tu es un gentleman, pas une cousette ! ». Mais est-ce ma faute si ce tissu miroite à la lueur du chandelier ?

Malgré tout il ne fait aucun doute, que si je me prenais d'une aversion définitive pour la noblesse britannique, mes vénérables parents renieraient tout deux jusqu'à leur sang. Mais, noblesse oblige, tout cela, amour et tendresse, se fait avec distinction. La première des élégances étant la discrétion, la famille Malfoy pousse par conséquent l'affection familiale jusqu'au paroxysme le plus confidentiel.

Moi et ma distinction sommes donc installés à la table du petit déjeuner, fortement occupé à rêvasser. Entre la corbeille de croissants au beurre tout chauds sortis du four et le compotier de marmelade pomme-poire-rhubarbe, mon regard hère avec délectation sur la finesse de la porcelaine. La délicatesse des formes et du cisellement du service éclipse la nourriture et me plonge dans une contemplation songeuse. Je m'embrume mais lutte…

Je tente de fixer les mets contenus dans les ramequins de confiture rose-framboise, citron-gingembre ou dans celui de clotted cream, mais le cristal dont ils sont faits scintille. Il capte la lumière de cette pièce sombre, la piège dans le spath et la restitue coloré des teintes translucides de leur contenant. La lueur qui en résulte éclaire la nappe d'arabesque lumineuse opalescente, dorées ou roses… il faut que je me focalise sur autre chose… où est mon petit déjeuner favori ? Œufs brouillés et saucisses au jus réduit. Etrange comme ce met m'indiffère ces temps ci, moi qui … Diantre, même leurs plats sont ouvragés. Cette incrustation de filament de nacre dans l'argent, c'est exceptionnel, une pièce de maitre. Comment pourrai-je résister : je suis assis à la table de Gargantua et tout ce que je remarque c'est l'ouvrage de l'argenterie. S'en est risible.

Je dois me concentrer…

… prudence !

Si je pose le coude qui soutient ma tête dans mon assiette de toasts beurrés, je ne pense pas que Père pourra feindre l'ignorance plus longtemps. Cette réflexion matinale était jusqu'ici un exploit de persévérance. Mais mes pensés ne m'obéissent pas. Cela fait plusieurs jours déjà qu'elles n'en font qu'à leur guise. Elles s'étirent, s'enchevêtrent et se dissipent aléatoirement sous mon crâne comme des arabesques de fumé. Rien ne fixe mon attention plus de quelques secondes : ni le monde extérieur, ni mes propres idées. Embrumé, je passe ces temps ci de la fée au dragon sans m'en apercevoir. Je remarque tout de même que mes parents s'inquiètent en silence.

Il est évident que mon père est en cet instant tout à la foi anxieux et irrité de mon comportement. C'est drôle comme ses cernes et ses rides d'inquiétude contrastent avec l'illusion que son cerveau s'est changé en cocotte minute dont la vapeur manque de s'échapper par les oreilles. Je sens que je recommence à divaguer. Le nuage qui a élu domicile entre mes deux oreilles m'empêche de me préoccuper pour mes parents, ou ma propre personne. Tout n'est que légèreté et vanité… et brume.

Ohhh ! Ça brille.

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LUCIUS


La robe de Narcissa vient d'attirer son regard. Et s'est plus qu'il n'en faut pour s'alarmer. Il est assis là, les yeux écarquillés, les pupilles légèrement dilatées, la cornée un peu brillante. Comme fiévreux. L'or chatoyant de la soie miroite contre ses iris et il semble atteindre une sorte de transe extatique.

Mais quel est donc ce mal qui l'habite. Le début s'est fait insidieux : quelques troubles de l'attention, puis l'installation de cet état de rêvasserie permanente. Et depuis trois jours, cette sorte de fascination émerveillée pour tout ce qui luit, chatoie, miroite, scintille, étincelle, brille, flamboie et que sais-je encore. Et croyez moi, ce manoir en recèle des merveilles.

Certes, il a toujours eu un gout certain pour les belles choses, et plus particulièrement pour tout ce qui irradie. Sa mère était pareille, une escarbille d'étoile campée fièrement dans le ciel sombre des Black. Je n'ai jamais su lui résister, ce qu'elle a transmis de façon éhontée à notre enfant.

Mais il est des moments où il faut se faire ferme, pour le besoin même de ceux que l'on aime. Et cette situation est l'une d'entre elles. Même Narcissa, qui partage la dévotion de notre fils pour l'éclat, s'émeu de cet état. Dans le secret de la couche conjugale, où distinction et discrétion ne sont plus de mise, elle a qualifié son mal de narcose. Au sens figuré, bien entendu, notre fils ne s'adonne pas à l'absinthe. Mais, je pense que Draco n'est pas loin des effets qui en résulteraient. Le magnétisme qu'ont sur lui toutes ces jolies choses le plonge dans une forme de dépendance léthargique. Avec le temps elle semble même s'accentuer vers la catalepsie.

Il est temps de faire quelque chose. Si je reste inactif, Narcissa ne me le pardonnera pas et tentera de s'en charger seule. Notre conversation privée était son dernier avertissement. «Elle ne laissera pas son bébé sombrer !». J'ai beau lui expliquer que notre dragon est par essence parfait, c'est un Malfoy, que Diable. Rien ni fait.

Si je conteste l'utilité d'une investigation du problème, elle passera outre, en toute discrétion, bien sur. Et, luttant contre ma mauvaise fois héréditaire, force m'est de constater que problème il y a. Trop effrayer que j'étais à l'idée de le perdre, J'ai nié jusqu'à aujourd'hui que notre fils présentait des troubles. Il me faut bien avouer maintenant que Draco n'est pas dans son état normal.

Malgré mon déni encore affiché, hier soir en secret, j'ai jeté furtivement un charme de « détection de sort », sur notre enfant endormi. Rien n'a été mis en lumière. Le test d'empoisonnement effectué sur les résidus de salives de son verre du repas n'a rien révélé non plus. Vraisemblablement le danger vient donc de l'intérieur.

Reste deux hypothèses : l'indisposition médicale ou l'héritage. Même si je refuse l'idée que mon enfant soit atteint d'une affection grave, la convocation du médicomage a été postée à l'aube, pour calmer mon insomnie matinale. Quant à l'héritage magique, l'unique moyens de le démasqué m'oblige à réclamer la levé bilatérale des Conseils des Anciens. Je n'ai que trop tardé dans mes responsabilités paternelles. Il est temps que je réunisse le Consortium Malfoy afin de résoudre, en famille, l'atteinte de mon fils.

Reste à trouver un moyen élégant, de notifier à Narcissa de rassembler le Conciliabule Black. (Ce n'est pas parce qu'elle est ma femme, qu'elle a le droit d'avoir raison quand j'ai tord ! boucle d'or.)

Nous trouverons bien dans nos deux familles, un fauteur de trouble capable de nous renseigner sur l'héritage magique de notre enfant. Notre sang est certes pur de toute mésalliance, mais rien n'indiquera jamais que notre magie le soit.

Après tout, toutes les familles de sang-pures comportent leur part de pécheurs et de Créatures magiques, discrètement camouflées le long des gigantesques arbres généalogiques.

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merci pour reviews

prochain chapitre: Phinéas BLACK

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