Disclaimer : Harry Potter, ses personnages et son monde appartiennent (Allez, un effort, vous le savez pourtant !) à JK Rowling, ne lui en déplaise, je suppose...
Quand à la sublime histoire, elle est le fruit de l'imagination d'ArielGobuss (Le lien est sur mon profil) qui m'ont gentiment autorisé à traduire leur fiction en français.
L'histoire originale est en polonais.

Note : Hello !

ça faisait un moment que j'en parlais, voici la traduction de Desiderium Intimum. C'est une fiction assez sombre et assez torturée, le premier chapitre en donne un bon aperçu. J'espère avoir réussi à retranscrire au mieux l'univers sinueux qu'elles ont créée !

Bonne lecture !

Béta-Lecteur / Correcteur : Marxiss


1. I must be dreaming

It's only in my mind
Not in real life
No, I must be dreaming
*


Quand Harry Potter, un étudiant de sixième année à l'école de Sorcellerie et de Magie Poudlard se réveilla en ce matin pluvieux d'automne, il n'avait pas idée que ce jour serait le pire de toute sa vie. Pourtant sa conscience magique sentait que quelque chose n'allait pas. Quelque chose grondait, comme un écho des sombres événements qui allaient le poursuivre et essayer de pénétrer son subconscient, le tout accompagné d'un sentiment de peur et de nervosité. Peut-être était-ce la raison qui rendait le simple fait de sortir du lit si difficile. Il sentait que s'il essayait de se lever, les portes de l'enfer s'ouvriraient sous ses pieds.

Mais il le fit. Il se leva en se tenant prêt à ce qu'il allait advenir.

Cependant, il ne s'attendait pas à ce que 'ça' arriverait si rapidement et soudainement.

Alors qu'il quittait le dortoir l'esprit embrumé, il glissa dans les escaliers et s'écrasa sur le tapis de la Salle Commune. Quelques Gryffondor le regardèrent avec surprise. Maugréant et frottant sa main endolorie, il se releva et les Gryffondor qui s'aperçurent qu'il allait bien ne firent plus attention à lui.

'Génial, juste génial.' songea Harry alors qu'il ramassait ses lunettes cassées sur le tapis. Rouge de honte, il s'empressa de les remettre sur son nez et voulu disparaître du regard amusé de ses camarades de chambre. Il se souvint ensuite qu'il avait oublié de prendre ses livres et dût revenir sur ses pas, dans les dortoirs. Mais avant qu'il n'aie eu le temps de se retourner pour gagner les escaliers, ses amis Ron et Hermione arrivèrent devant lui.

Ron essayait de garder la mine sérieuse mais c'était presque impossible.

« Ça va vieux ? » Demanda-t-il, sur le point d'exploser de rire. Harry grinça des dents. Enfin bon, que pouvait-il attendre d'autre venant de lui ?

« Ron, comment peux-tu agir comme ça ? Tu vois pas que Harry s'est presque tué ! »

Hermione regarda Harry d'un air inquiet. « Tu t'es fais mal ? Quelque chose de grave ? Pourquoi ne pas aller demander à Promfresh de jeter un coup d'œil ? »

Harry gémit intérieurement.

« Non Hermione. Il n'y a vraiment pas besoin.

« Bon... Ok alors. »

Hermione n'avait certainement pas l'air convaincue mais au moins elle avait arrêté de l'emmerder.

Elle pointa ses lunettes. « Tu les as encore cassées. » Elle se recula alors qu'elle levait sa baguette. « Oculus Repa... ARGH ! »

Le sortilège se transforma en cri de surprise et un grognement de peine quand Pattenrond sauta sur son dos et tenta de grimper vers ses épaules. La baguette s'alluma et Harry sentit que quelque chose perçait sa peau sur ses joues. Il cria de surprise à son tour quand il sentit quelque chose de long, mince et flexible commencer à pousser sur son visage.

« Oh non ! » Hermione se couvrit la bouche avec ses mains et le rire de Ron redoubla alors qu'il essayait de reprendre son souffle.

« Je suis tellement désolée Harry ! » Dit-elle quand son ami la poussa de côté et traversa la pièce. Harry se regarda dans le miroir et vit deux longues moustaches de chat sur ses joues. Il ferma ses yeux et se répéta comme un mantra : 'Pas de panique, ne t'inquiète pas... Inspire, expire, ce sont tes amis et ils voulaient juste t'aider à-'

« Je pense que maintenant, Harry, tu devrais vraiment aller à l'infirmerie... » Déclara Hermione, visiblement embarrassée.

Harry ne put que soupirer.

Oh oui, les portes de l'enfer s'étaient ouvertes sous lui, lui intimant d'en franchir leur seuil.

Madame Pomfresh crispa ses mains lorsqu'elle vit Harry. Cependant, en voyant l'air désespéré du Gryffondor, elle essaya de se calmer en lui expliquant qu'elle pouvait le guérir assez rapidement mais que ce serait un procédé douloureux.

Et ça l'était.

Après une heure de torture, durant laquelle il était couché en attendant que les racines de ses moustaches brûlent suffisamment pour que les retirer soit le moins douloureux possible. Et après le processus du 'retirage', il n'avait qu'une envie, retourner au lit et dormir jusqu'à ce que la journée cauchemardesque prenne fin. Quand il arriva enfin en classe de Divination, il s'avéra que pendant qu'il avait souffert le martyr, ses camarades de classe se détendaient et se reposaient. Firenze, le Centaure, leur avaient donné une heure de relaxation ce jour-là durant laquelle ils s'étaient couchés dans de l'herbe moelleuse sous un soleil chaud – Illusion créée par leur professeur – et écoutaient le chant des oiseaux et le crissement des criquets, utilisant ce temps pour faire une sieste.

Harry serra les poings, espérant que son cauchemar prendrait bientôt fin.

Il avait tord.

En Métamorphose, pour la première fois de sa vie, il prouva qu'il était pire que Ron. Au lieu de transformer une tortue en ballon, il fit de la pauvre créature une tortue gonflée volante avec un air stupide. Pire encore, quand il tenta d'inverser le sort, la tortue éclata et se mit à voler à travers la classe, heurtant tout ce qui était sur son chemin, jusqu'à ce que le professeur McGonagall rétablisse l'ordre et punisse Harry en enlevant dix points à Gryffondor.

Après cette leçon, Harry était encore plus déprimé qu'avant, et tout ce que Ron ou Hermione avaient tenté de faire pour lui remonter le moral avait échoué. Il commençait vraiment à se demander si on ne lui avait pas lancé un sortilège. En plus il était très affamé puisqu'il avait manqué le petit déjeuner, étant à l'infirmerie à ce moment-là. Quand le dîner arriva enfin, il se sentit véritablement revivre. Mais c'était une bien courte vie puisque deux heures de Potions avec Snape l'attendaient après cela, et c'était bien assez pour sapper l'appétit du plus affamé des Gryffondor.

Heureusement, c'était le dernier cours de la journée.

En se repassant les événements de la journée en tête, il était certain que cette leçon serait le plat principal de son cauchemar. Pas que la classe de Potions soit ne serait-ce que plaisante la plupart du temps, mais aujourd'hui elle paraissait d'autant pire. Il espérait que d'une façon ou d'une autre il arriverait à traverser cette rude épreuve. Snape allait peut-être oublier de l'humilier avec de la chance ! Il décida, alors qu'il dînait, de réviser ses leçons, juste au cas où Snape décide de faire un examen surprise comme il le faisait toujours. Mais quand Harry regarda dans son sac il gémit avec horreur.

Il avait oublié son livre de potions !

« Harry qu'est-ce - » Questionna Hermione, surprise de l'empressement de Harry et de sa course vers la porte.

« Plus tard ! » Cria-t-il par-dessus son épaule en courant vers les dortoirs.

Quand il atteignit l'entrée de la Salle Commune de Gryffondor, épuisé et transpirant, il trouva la Grosse Dame paisiblement endormie dans son cadre. C'est à cet instant qu'il se souvint que c'était ce jour-ci que le mot de passe changeait et qu'il avait oublié de le demander à Ron et Hermione.

Merde !

Avec un grognement bruyant, il retourna vers la Grande Salle. Quand il passa la porte, passablement essoufflé, la première chose qu'il entendit fût la voie moqueuse de Draco Malfoy, qui était assit à la table des Serpentards.

« Qu'est-ce qui se passe Potter ? Tu cherches ton cerveau ? »

Les Serpentards éclatèrent de rire.

Harry ferma les yeux en soupirant, exaspéré. Dans son esprit vint une vision très excitante dans laquelle il tuait Malfoy de ses propres mains. Mais il n'en avait pas le temps maintenant ! Il l'assassinerait donc plus tard.

Il courra vers Ron et Hermione et glapit entre deux respirations douloureuses :

« Mot de passe... Changé... Dites-moi... »

« Le mot de passe ? Tu aimerais savoir le mot de passe de la Salle Commune ? Vif d'Or. » Répondit-elle. « Mais Harry, qu'est-ce qui se passe ? »

« Pas maintenant ! » Il se retourna et se mit à courir vers la Salle Commune pour la seconde fois. Quand il arriva enfin devant l'entrée, il avait l'impression qu'il avait perdu ses poumons quelque part en chemin. Pantelant, il dit le mot de passe à la Grosse Dame, attendit le temps qu'elle finisse de se plaindre sur le fait qu'il avait interrompu sa sieste, et se mit à courir à travers la Salle Commune, puis vers les dortoirs. Ses livres étaient sur le dessus de sa malle. Quand il mit la main dessus, il réalisa que le temps de midi était terminé et que les cours allaient bientôt recommencer. Donc, après avoir maudit Snape, le cours de Potions, les escaliers, la Grosse Dame, et sa malle, il quitta la Salle Commune et se mit encore une fois à courir vers les escaliers qui rejoignaient les cachots.

A l'étage du dessous, il se retrouva coincé dans une partie du château qui ne menait nulle part à cause des escaliers qui avaient pris la mauvaise direction. Horrifié à l'idée d'être en retard pour les cours, il arpenta les couloirs le plus rapidement possible, essayant de trouver une issue. Finalement il descendit par un escalier fin et sinueux quelconque qui le mena dans une autre aile du château qu'il ne connaissait pas du tout.

Alors qu'il déambulait dans ces couloirs inconnus, la peur grandissait dans sa poitrine et il songea qu'il ne voulait même pas imaginer ce que son professeur de Potions pourrait lui infliger. Il connaissait Snape. Ce n'était absolument pas permis d'arriver en retard à ses cours, même pour quelques secondes. Harry ferma ses yeux et maudit toutes les choses qu'il n'avait pas déjà maudites.

Il trouva en fin de compte son chemin dans les escaliers et en priant pour que rien d'autre ne lui arrive, il atteignit la porte de la classe de Potions. Le Gryffondor respira plusieurs fois, essayant d'amener le calme en lui et de trouver une respiration convenable. Il mordit ses lèvres nerveusement et toucha la poignée de la porte mais avant de l'ouvrir, un scénario très pessimiste de ce qu'il pourrait se passer dans cette pièce émergea dans son esprit. Il avait la curieuse impression que s'il ouvrait cette satané porte, ce serait l'équivalent d'ouvrir les portes de l'enfer.

Bon examinons les faits... Ce jour a été un très, très grand désastre. Si je vais aux cours de Snape, ça va finir encore pire. Peut-être que je devrais retourner voir Madame Pomfresh et essayer de me faire dispenser ? Mais connaissant Snape, si je ne me montre pas à sa leçon, il me trouvera même dans les recoins les plus profonds du château et me ramènera par la peau des fesses.

Il était évident qu'il n'avait pas d'autre choix. Il soupira encore une fois et tourna la poignée.

Très vite, ceci s'affirma avoir été une très mauvaise décision.

Au moment où il entrait dans la salle de classe, la voix puissante de Snape se fit entendre :

« Ah, Monsieur Potter nous fait l'honneur de sa présence. Comme nous en sommes reconnaissants. »

Harry ferma les yeux un instant, sentant la peur mélangée à la rage bouillir en lui le poussant dans les nuages épais de la nervosité, mais son visage resta détendu. Il savait que ce n'était que le début. Que Snape allait devenir pire. Bien, bien pire.

« Qu'est-ce qui était si important pour retenir notre célébrité et l'empêcher d'arriver à l'heure à mon cours ? »

Harry pensa qu'il préférait encore mourir que d'admettre devant Snape qu'il avait oublié ses livres de Potions. Il avait déjà commencé à façonner une excuse convaincante quand soudainement la voie doucereuse de Draco Malfoy s'éleva :

« Professeur, je peux expliquer le retard de Potter. » Ces yeux brillaient d'une lueur malicieuse. « Potter n'as pas été capable d'être à l'heure parce qu'il courrait partout dans le château à la recherche de son cerveau. »

Encore une fois, les Serpentards éclatèrent de rire.

Harry pouvait à peine retenir les insultes, mais quand il vit l'ombre d'un sourire se profiler sur les lèvres de Snape, il ne put contenir sa rage plus longtemps.

« Ferme-la ! » Siffla-t-il à Malfoy, presque incapable d'arrêter de serrer les poings.

« Vingt points en moins pour Gryffondor pour votre insolence, Potter ! » Les yeux de Snape brillaient vindicativement. « Et vingt de plus pour votre retard ! Maintenant prenez place si vous ne voulez pas que votre maison en perde d'avantage ! »

Le regard de Harry s'assombrit. Il se retint de dire quoique ce soit de plus, sentant sa langue le démanger avec quelques répliques cinglantes, et se dirigea vers le fond de la classe, le plus loin qu'il pouvait être de Snape. Il lança un regard furieux à Malfoy, s'acharnant à le fusiller des yeux alors qu'il se laissait tomber lourdement sur la chaise, sortant ses livres de son sac.

« Comme j'étais en train de vous dire avant que Mr. Potter ne nous interrompe » Le regard perçant de Snape s'arrêta sur Harry. « Vous allez préparer aujourd'hui un élixir rare et extrêmement difficile appelé Desiderium Intimum. Est-ce que quelqu'un connait les propriétés de cette potion ? »

La main d'Hermione se leva instantanément. Snape parcouru la classe du regard pour être certain que personne d'autre ne se proposait, et gronda froidement:

« Oui, Miss Granger ? »

Hermione prit une grande inspiration :

« L'Elixir Desiderium Intimum est connu comme étant l'Elixir du Désir Profond. C'est un elixir très ancien qui était banni jusqu'à récemment. Il s'agit d'une potion qu'on utilise pour révéler le Désir le plus Profond de quelqu'un. La personne qui la boit cesse de remarquer quoi que ce soit d'autre et devient l'esclave de son plus grand désir. Personne ne peut y résister. » Elle acheva son explication sur un ton particulièrement suggestif.

Snape ignora superbement la réponse, mais cela provoqua un frisson parmi les étudiants.

« Les effets principaux de cet élixir sont l'évocation, la révélation et, par ailleurs, l'activation des désirs les plus profonds d'une personne. Parfois, la personne sous ses effets ne réalise même pas quels sont ses désirs. » Dit Snape d'une voix sombre.

Des murmures d'enthousiasme grondèrent dans la salle de classe.

« Sur le tableau, » Snape leva sa baguette. « Sont écrits les ingrédients ainsi que la méthode nécessaires à sa préparation. Vous avez jusqu'à la fin de la leçon. Commencez. »

Snape retourna ensuite à son bureau où il se mit à corriger des copies. Harry eut le désagréable sentiment que les yeux sombres restèrent braqués sur lui plus longtemps que d'ordinaire. Il balança ce sentiment désagréable en enfer et regarda le tableau noir en soupirant de lassitude.

Le bon côté était que Snape ne leur avait pas fait d'interro surprise aujourd'hui.

Harry se leva et se dirigea vers les ingrédients. Il n'aimait pas la façon dont le professeur le regardait de temps à autres. Il avait l'air de cacher quelque chose. Comme s'il était en train de planifier quelque chose...

Harry n'avait jamais été doué en Potions. Et cette journée cauchemardesque le déconcentrait d'autant plus, ne lui laissant pas l'occasion de se fixer sur sa tâche. Alors, à la fin de la leçon, la potion, au lieu d'avoir une couleur rouge sang, était rose bonbon. Harry regarda autour de lui dans la classe, voulant savoir si les autres s'en étaient mieux sortis que lui et constata avec soulagement que presque personne n'avait réussi à atteindre la couleur désirée.

« Fin du temps imparti ! » La voie tranchante de Snape brisa le silence qui s'était installé sur la classe, faisant sursauter Harry qui désormais se tortillait sur sa chaise.

Le professeur se leva de son bureau et commença à marcher lentement dans la salle de classe, commentant poliment les potions des Serpentards regardant celles des Gryffondors avec un sourire sarcastique accompagné de commentaires virulents.

Harry se figea quand Snape s'arrêta devant son chaudron et fit entendre sa voie cynique :

« Eh bien eh bien... Qu'avons-nous là ? » Snape tourna autour du chaudron alors que Harry retenait inconsciemment sa respiration. « A ce que je vois, Mr. Potter doit s'inquiéter beaucoup trop pour ses désirs puisqu'il a réalisé la pire potion d'entre tous. Il a même fait en sorte battre Longdubat, et c'est un grand exploit. » Le professeur sourit sournoisement et des rires étaient perceptibles depuis la table des Serpentards. « Peut-être devrions-nous l'aider à découvrir ses désirs ? »

Les yeux de Harry s'agrandirent avec horreur.

Qu'est-ce que c'était sensé vouloir dire ? Snape voulait... Mais qu'est-ce qu'il voulait au juste ?

Non, c'est impossible !

« Je pense que Mr. Potter devrait essayer l'élixir pour tester ses effets. » Les mots que prononcèrent Snape confirma les soupçons de Harry, le conformant dans sa peur muette. Sa rage crépita sous ses joues. Il se sentait comme s'il bouillonnait de rage à l'intérieur et se congelait de peur en même temps. Harry implanta son regard dans celui plus sombre de Snape où une lueur malsaine brillait, l'épinglant. Le Gryffondor retint sa respiration, essayant de ne pas regarder ailleurs ou de cligner des yeux.

C'était donc ça ! Snape avait planifié ça depuis le début !

Et Harry le détestait tellement pour cela !

Les Serpentards souriaient avec délice alors que les Gryffondor grimaçaient d'indignation.

« Mais professeur, » Commença Hermione. « C'est interdit d'utiliser des potions sur des étudiants ! »

« Est-ce que je vous ai demandé votre avis ? » Gronda Snape en la regardant dédaigneusement. « Dix points en moins pour Gryffondor pour avoir répondu sans permission. »

'Je ne me laisserai pas impressionner.' pensa Harry alors qu'il essayait de trouver un quelconque échappatoire. Puis une pensée très rassurante lui vint à l'esprit : 'Heureusement, j'ai complètement foiré la potion, alors rien de très grave ne peut m'arriver si je la bois. Tout au plus je deviendrai chauve. Si j'ai de la chance.'

Un sentiment de victoire filtra en lui l'espace d'un bref sourire, mais Snape l'avait déjà remarqué. Ses yeux rétrécirent dangereusement.

« Mais si Miss Granger a préparé sa potion correctement, nous l'essayerons donc sur Mr. Potter. »

Harry se figea. Il sentait que quelque chose de froid coulait sur son échine, lui procurant des frissons désagréables.

Il regarda Hermione désespérément, priant pour qu'une fois elle ait loupé sa potion mais quand son chaudron flotta vers les mains de Snape, il constata avec horreur ce qu'il voyait sur le dessus était du rouge sang. Hermione se tourna vers lui, le visage rempli d'excuses.

Harry déglutit difficilement.

« Je ne le boirai pas ! » Dit-il un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu.

« Potter. » Dit Snape doucement en posant ses mains sur le bords de son bureau. Ses yeux noirs rétrécis, comme des puits sans fonds, plongés dans ceux de Harry en le remplissant d'un sentiment de crainte intense. « Je ne peux pas vous forcer à la boire. Mais j'ai une suggestion. Si vous ne buvez pas cette potion, nous allons tous rester assis là jusqu'à-ce que vous le fassiez, et toutes les cinq minutes je retirerai cinquante points à Gryffondor pour insubordination et non respect des ordres de votre professeur. »

Harry sentit une vague glacée congeler son cœur. Son regard se perdit dans le vide avant de fixer Snape avec incrédulité. Celui-ci sourit malicieusement. Il garda son regard implanté sur Harry un moment, comme s'il essayait de pénétrer l'esprit du jeune garçon. Puis il se retourna et avança vers son bureau puis s'avança vers la table de Harry, y déposant la potion.

« Ne vous pressez pas Potter. Nous avons tout notre temps. » Insinua Snape avec acrimonie. Il retourna ensuite calmement à son bureau, reprenant les copies qu'il corrigeait tout à l'heure.

Tous les regards étaient braqués sur lui. Les Gryffondors avec effroi, les Serpentards avec intérêt.

Quand Harry parvint enfin à passer par dessus le premier choc, il ferma les yeux et prit une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de son coeur.

Il ouvrit lentement ses yeux et regarda la potion rouge sang. Le jeune homme sentait que ses pensées coulaient inexorablement vers la panique et qu'il ne faudrait que peu de temps avant qu'il ne devienne complètement fou. En essayant de contrôler le chaos qui l'habitait, il songea : 'Qu'est-ce qui se passera si je bois cette potion ? Tout le monde saura mon désir le plus profond. Okay, mais c'est quoi mon désir le plus profond ? J'en ai aucune idée. Peut-être mon désir le plus profond est de devenir le meilleur Attrapeur du monde. Je pourrais m'en tenir à ça. Mais si ce n'est pas ça, qu'est-ce que ça pourrait être ? Et si je désirais autre chose ? Et qu'est-ce qu'il adviendrait si mon désir le plus profond s'avérait être de tuer Malfoy ? Hmmm... Ce serait plutôt intéressant, mais le problème est qu'une fois que j'aurai bu cette potion, je le tuerai, ils m'enverront à Azkaban pour mes actions, ou peut-être ils seraient indulgents puisque j'aurais agi sous l'influence de la potion et non sous mon contrôle et que -'

« Cinquante point en moins pou Gryffondor. » La voix de Snape sortit de nulle part et le ramena directement à la réalité.

Harry ferma les yeux à nouveau, sentant ses mots se cogner contre un mur de résistance. S'il ne buvait pas cette potion, Snape ne prendrait pas uniquement sa revanche sur lui, mais sur tous les Gryffondors également. Et même si Harry rapportait ces événements à Dumbledore, Snape trouverait le moyen d'avoir le dernier mot dans l'affaire. Son professeur de Potions passait vraiment Maître dans l'art de faire de sa vie un enfer.

Il ouvrit donc les yeux et avec une main tremblante, il prit le petit flacon avec la potion. Il fixa le professeur, qui était toujours aussi calmement assis à son bureau, avec un regard empli de haine. Snape releva sa tête et leurs regard se fixèrent l'un à l'autre. Ceux sombres et sans fonds de Snape implantés dans ceux brillants et verts de Harry, et il sentit sa résistance, son courage, sa confiance en lui éclater, faisant une certitude que l'homme avait gagné. Harry ne pouvait plus supporter cet échange et il regarda ailleurs en sentant son corps trembler.

Il posa ses yeux sur la petite fiole dans sa main. Sa vie allait complètement changer. L'Elixir donnait l'impression d'être du sang – son propre sang. Et Harry détestait la vue du sang.

Il ferma les yeux machinalement, sentant qu'il pourrait vomir à tous moments rien qu'à la pensée de ce qu'il allait faire.

L'image de Gryffondor en dernière place à la compétition de la coupe des maisons apparut soudainement dans son esprit. Il vit les regards remplis de remords de ses camarades. Il regarda toutes les conséquences désastreuses qui en résultait à cause de lui.

Il n'avait pas d'autre choix.

Il devait le faire.

Une dernière fois, il ferma les yeux et but le contenu de la bouteille d'une seule gorgée.

Le goût acide étant passé, un surprenant liquide doux et sucré se répandit dans son corps comme une vague extrêmement chaude, parcourant toutes les parties de son corps en le réchauffant. Harry ouvrit lentement les yeux, ayant peur de ce qu'il pourrait voir. Mais tout était exactement pareil qu'avant. Une trentaine de paire d'yeux qui continuaient de le regarder avec attention et appréhension. Harry se tenait au centre de la salle de classe, se sentant vraiment très idiot. Il baissa sa tête avec soulagement malgré tout puisque visiblement Hermione n'avait pas tout à fait réussi sa potion. Cependant à cet instant ses pensées s'interrompirent alors que l'élixir faisait son œuvre, comme si quelqu'un avait coupé au ciseau son esprit. Quelque chose d'étrange était en train de se produire dans ses yeux. Puis il sentit une impulsion à l'intérieur de son cœur, comme si quelqu'un venait d'allumer un brasier en lui.

La classe qu'il regardait jusqu'à présent se troublait. Il retira ses lunettes rapidement, mais rien n'y changea. Les étudiants et les tables se déplacèrent loin de lui, et tout s'assombrit. Il sentait que quelque chose le séparait de tout ce qu'il avait connu. Le silence dérangeant faisait siffler ses oreilles, sa respiration chaotique et les battements de son cœur n'étaient plus reliés à lui. C'est comme si son propre corps s'était fondu dans cette obscurité pour que seul en réchappe son esprit embrumé.

Il avait été laissé seul dans le silence et le vide alentour. Puis il sentit à nouveau cette chaleur incandescente en lui, le ranimant et le faisant vivre, enfin. Il n'aurait pas pu le nommer ni le décrire, mais c'était... Agréable.

Harry regarda droit devant lui et vit une silhouette au loin, éclairée par de la lumière. Mais la lumière ne semblait pas être extérieure. C'est comme si elle émanait de la silhouette pour la mettre en valeur.

Donc il n'était pas seul ici...

La lumière que diffusait la silhouette montra son visage et commanda à Harry de venir la rejoindre. La flamme dans son cœur grandit et le fit bouger sans même qu'il n'aie à y penser. Comme si cette flamme décidait de son sort.

Alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres de sa cible, la silhouette illuminée se retourna et la magie à l'intérieur de Harry implosa. Le Gryffondor crut qu'il était en train de brûler. Il sentait tout son corps s'embraser et lui carboniser les joues avec des picotements étrangement chauds. Quelque chose d'humide coula le long de ses joues.

Mais il n'en avait cure.

Ses yeux étaient fixés sur Severus Snape, qui se tenait dans toute sa prestance devant lui, le regardant de ses yeux ébènes sans fonds où le dédain, le méprit et la moquerie s'y lisaient facilement. Harry fit courir son regard sur les rides brutes et légères qui faisait de son visage le plus beau qu'il ait jamais vu. Il régnait une atmosphère omniprésente autour de Snape, pleine d'effroi que Harry percevait avec anxiété et peur, émanant de la posture fière du Maitre des Potions. Son œil perçant fixait le corps de Harry qui tremblait sans qu'il puisse le contrôler.

Harry remarqua la façon dont les robes de velours noir enroulait la longue, mince et splendide silhouette. Soudainement il réalisa que le noir était une couleur extraordinaire. Comment n'avait-il pu le constater plus tôt ? Il soupira profondément, alors qu'il songeait qu'il n'avait jamais vu quelque chose d'aussi magnifique auparavant, et son regard continuait son exploration, le conformant dans cette idée. Il gémit, sentant une irrésistible envie de toucher tout ce noir qui appartenait à son professeur. Snape émettait une attirance sexuelle sinistre, sombre et agressive qui semblait l'appeler, lui hurler de venir à elle.

Harry pensa que s'il ne le touchait pas maintenant, il en mourrait.

En trébuchant sur quelques objets invisibles, il commença à aller vers lui, parce que le seul qui était capable d'éteindre le brasier qui faisait rage en lui était Snape. Snape, tout ce qui le constituait, ses lèvres pincées et ses mains aux articulations gracieuses. Avec un effort surhumain, il parvint à passer au travers de la dense obscurité qui le retenait, ne lui permettant pas d'atteindre son but.

Il atteignit enfin l'endroit. Il était déjà si proche, juste à un pas de son objectif. Mais soudainement, il fut arrêté, incapable d'aller plus loin, comme si quelque chose était en travers de son chemin. Il pouvait voir Snape si précisément désormais. Ce visage, entouré de cheveux de velours noir, ces sourcils froncés au milieu desquels une ride plus profonde s'était installée avec les années de constante persécution. Ces yeux sombres qui paraissaient encore plus obscurs que d'ordinaire, plus profonds, et faisaient presque perdre à Harry tout contrôle sur lui-même. Et cette bouche... Ces lèvres qui étaient tintées d'une fine ligne claire, et lui donnait envie de les ouvrir avec sa langue, et lécher la chaleur de la bouche de Snape, la gouter, la sentir. Il imaginait les mains de l'homme sur son corps, ses doigts dans ses cheveux, sa langue dans sa bouche, la sensation d'une érection chaude et brûlante à l'intérieur de lui...

Sa tête commençait à lui tourner. Ses mains et ses genoux tremblaient tellement qu'il tenait à peine debout. Son corps vibrait de convulsions d'excitation, sentant des vagues de chaleur s'écraser contre les parois de son corps, et dans son pantalon se trouvait quelque chose de chaud et collant.

« Severus... » Gémit-il en s'appuyant sur la barrière invisible pour se rapprocher de l'homme.

Il avait des difficultés à parler. Pour respirer et se tenir debout également. Il mourrait s'il ne touchait pas Snape, il brûlerait vif, ensuite il disparaîtrait. Il exploserait, se volatiliserait, se changerait en poussière dans l'air et envoyé au loin... Il se désintégrerait en milliers de morceaux et ne pourrait jamais se reconstituer comme un tout. Cependant, quelque chose le stoppait. Quelque chose ne lui permettait pas de se rapprocher de son désir le plus profond. Un énorme désespoir envahit son cœur subitement alors qu'il se débattait pour avancer, pour atteindre les robes ou cheveux noir, n'importe quoi. A bout de souffle, incapable de bouger pour le moment alors que ses yeux étaient fixés dans les orbites noires qui le regardaient. Elles l'absorbaient, l'emportaient dans un long tunnel noir dans lequel il n'y avait pas d'issue et pas de moyen de revenir en arrière. Il pouvait juste espérer que la lumière au fond l'aiderait à se sentir mieux.

« Tu as les yeux les plus magnifiques et les plus fascinants du monde » Les mots passaient à travers sa bouche, incontrôlables. « Je veux me noyer en eux pendant que tu me prends. »

La vision qu'il venait d'évoquer provoquait en Harry le même sentiment que si son cœur s'était arrêté de battre. Comme si quelque chose tintait en lui et empêchait les battements. Il sentit une douleur dans sa poitrine. La douleur du désir.

« Prends-moi Severus ! » Le dernier mot mua en un grognement rauque, parce qu'il ne pouvait plus contrôler ces flammes incandescentes qui les consumaient, lui causant une douleur sans pareille.

Il fit son ultime effort en levant sa main, essayant désespérément d'aller le plus loin qu'il pouvait, essayant de toucher le velour des cheveux et essayer de mettre un terme à cette peine qui brisait son corps et faisait fondre son cœur petit à petit.

Puis il vit les lèvres de Snape bouger et former des mots incompréhensibles. Harry fut aveuglé par le flash de la baguette magique de Snape et tout disparu brutalement.

Harry ferma les yeux, et quand il les ouvrit à nouveau, il réalisa qu'il était presque couché sur le bureau de Snape, ses mains tendues vers le professeur et une énorme érection dans son pantalon, des larmes encore humides sur ses joues.

Dans la salle de classe régnait un silence de mort.

Snape le regardait fixement, la mine profondément choquée, comme si c'était la première fois de sa vie qu'il voyait Harry. Ce dernier n'avait jamais vu un tel étonnement sur le visage de l'homme qui habituellement reflétait plutôt de la moquerie ou du dédain. C'était comme si le Maître des Potions avait vu quelque chose de tellement improbable qu'il s'était figé.

Puis les souvenirs revint à l'esprit de Harry avec la brutalité du Saule Cogneur et tout le sang de son visage le quitta.

Oh, Merlin, non.

Il se remit sur ses pieds, plus pâle que la mort. Il essaya de reprendre sa respiration pendant un moment, parce que ses poumons refusaient de fonctionner.

Dans son esprit régnait un incommensurable chaos.

Qu'est-ce que c'était que cette putain de connerie ! Qu'est-ce que j'ai fais ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Que... Qu'est-ce que c'était !

Il ferma violemment les yeux, essayant d'effacer les images et les souvenir de sa mémoire. Tellement improbable, tellement... Terrifiant.

Comment ça se peut ? Moi ? Snape ? C'est... C'est complètement impossible ! Non, c'est jamais arrivé ! Ça n'a pas pu arriver !

Ses entrailles se tordirent douloureusement alors que son esprit se souvenait de ses propres mots :

Prends-moi... Severus !

Il se sentit misérable.

Je n'ai pas pu faire ça ! Pas... Pas Snape ! C'est impossible ! Ce... Ce doit forcément être une blague malsaine... Je peux pas y croire ! Merde, je peux pas y croire !

Le Gryffondor releva la tête et regarda son professeur qui semblait autant choqué que lui. A l'instant où les yeux verts croisèrent les pupilles sombres, Harry sentit que son visage s'enflammait de honte et d'embarras sous sa peau, comme si quelqu'un lui avait lancé de l'huile bouillante sur le visage. Il avait mal et ses paupières le brûlaient.

Il baissa son regard, examinant le sol et sentant que son coeur allait exploser de peur. Il avait juste envie de partir très loin, se cacher où personne ne le retrouverait jamais. Harry voyait tout ce qu'il croyait connaître de lui-même s'écrouler comme un château de cartes, emportant avec lui son honneur et sa dignité. Prenant avec lui également tout son courage, le laissant dans cette peur qui lui retournait les méninges, griffait son coeur et écrasait son corps, le rendant pantelant et instable sur ses pieds.

Le jeune homme souhaita que la terre s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse à jamais. Ici et maintenant.

Il était humilié. Pour toujours. Tout ce qui était à l'intérieur de lui était brûlé, ravagé, cassé.

Harry se tourna vers la classe, regardant le visage traumatisé de ses camarades. Hermione, les yeux vides et secouant la tête, avait la main devant la bouche. Ron le regardait avec dégout et incompréhension. Harry sentit tout d'un coup qu'il s'était transformé en quelqu'un d'autre. Un parfait étranger.

Il savait que s'il ne quittait pas cette pièce immédiatement, il s'effondrerait devant tout le monde. Et c'était la dernière chose qu'il souhaitait, désormais.

Tremblant et pantelant, il se dirigea vers la porte de la salle de classe, comme un somnambule. Et si quelqu'un lui demandait plus tard comment il avait fait pour sortir sans s'effonder ou pleurer, il n'aurait pas d'explications à lui donner.

Personne ne pipa mot lorsque la porte se referma en claquant bruyamment.


Voilà j'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à donner votre avis si certaines expressions sont trop anglophones ou autres. Si vous avez vraiment beaucoup aimé, n'oubliez pas d'aller le dire aux auteurs originales. ;-)

Merci d'avoir lu jusque là !

*I must be dreaming d'Evanescence