Prologue relu et corrigé par JustD. Merci à elle, c'était vraiment un carnage sinon.
Vérifier les pièces, bloquer toutes les issues, reprendre son souffle, attendre que le groupe de morts passe à autre chose, courir jusqu'à Lou.
Non, non non. Se trouver une arme, et ensuite faire ça.
Oui.
C'est ça.
Rapide coup d'œil sur le porche.
Rien.
Pas même un nain de jardin.
Des râles un peu plus loin. Ils ne vont pas tarder à débouler au coin de sa rue, attirés comme des mouches à merde par son odeur.
Tant pis pour l'arme.
Elle ouvre la porte et s'engouffre à l'intérieur avant de la refermer avec un peu trop d'empressement, le sang battant ses tempes. La maison est propre, si on exclut la poussière bien présente. Mais rien n'est brisé, renversé. Pas de trace de sang ou de lutte. Comme si le temps s'était suspendu. Mais ça ne veut pas dire grand chose. Elle a déjà vu d'autres maisons comme celle là, y était entrée pleine de confiance, avant de trouver une famille entière dans une des chambres. Alors elle attrape un parapluie qui traîne dans le coin de la porte, le tenant comme un pied de biche, et s'avance à petits pas plus avant dans le couloir.
Quand elle était gosse, son rêve, c'était de devenir agent secret. Elle pouvait passer des heures à arpenter sa maison en tentant de ne pas se faire repérer. Seulement, pas une seule fois elle n'y était parvenue sans faire tomber un truc. Mais à l'époque, la pire des sentences, c'était de devoir ramasser un vase brisé avant que sa mère ne débarque. Aujourd'hui, elle aurait tout donné pour voir sa mère débouler devant elle, armée d'une spatule en bois, criant que bordel, fallait qu'elle arrête maintenant de tout casser dans la baraque ! Mais elle continue d'avancer, même si son corps lutte pour faire demi tour, que son esprit lui hurle de rester près de la porte, en boule, en attendant que le danger passe.
Mais elle continue.
Parce que c'est ce qu'il faut faire.
Pas vrai ?
Le salon est vide, de même que la cuisine donnant sur la salle à manger. Elle monte les escalier, et fait grincer une marche (...et une marche grince). Le bruit se répercute aux quatre coins de la maison. et (supprimer et) Elle jure à demi-mot. Elle s'arrête et tend l'oreille, mais rien ne vient. Pas de griffure, pas de claquement de dents. Juste les râles des morts qui passent devant le porche, se cognant aux murs et aux voitures dans la rue. Alors elle continue, ouvre une porte, puis une deuxième (seconde... sachant qu'il n'y en a pas une troisième).
La maison est vide. Définitivement. Elle redescend, pousse un meuble par là (ci) , un autre par ici (là), le plus lentement du monde, le plus silencieusement possible.
Les draps des chambres recouvrent les fenêtres.
Les placards et tiroirs sont vidés, à la recherche d'armes et opte pour un grand couteau de cuisine.
Elle soupire.
Il n'y a plus rien a faire.
Juste attendre.
Cette inaction la tue. Parce qu'elle doit retrouver Lou. Elle doit faire quelque chose. Mais tant que la horde ne sera pas passée, elle sera bloquée ici.
Alors elle se laisse glisser contre la porte d'entrée, et elle attend.
Une heure, deux, trois, cinq heures, et plus encore.
La nuit tombe. Les morts, eux, sont toujours là, mais plus pour longtemps, il en arrive de moins en moins. Alors elle se relève, fébrilement. Elle n'a pas fermé l'œil. Impossible avec cette menace, là dehors.
Elle récupère le couteau de cuisine, range dans un sac le peu de vivres qu'elle a pu trouver, et quitte la maison par une des fenêtres donnant sur l'arrière de la baraque.
Puis elle court.
Parce que tout ne tient qu'à ça maintenant.
Courir pour mettre toujours plus d'espace entre elle et la mort, pour tenir encore un peu, même juste une minute de plus.
Courir encore et toujours.
Elle parcourt ce qui lui semble des kilomètres. Comme si le trajet jusqu'à la vieille cabane s'était étiré à l'infini. Le sol est jonché de restes humains, les morts, dans leur marche funèbre, se percutant les uns les autres, ont perdu quelques morceaux en chemin. Des bras, des lambeaux de chair et autres organes. De quoi nourrir la nature et les corbeaux qui s'attroupent déjà. Eux au moins n'ont plus à craindre la faim. C'est buffet à volonté chaque jour qui passe.
Ce doit être le milieu de la nuit.
Elle est trempée de sueur, ses cheveux lui collent au visage. Elle ignore comment elle peut même encore avancer avec ses poumons au bord de l'explosion. Mais la cabane est là. Intacte. Et sans réfléchir elle s'engouffre dedans. Parce qu'elle a besoin de voir Lou, de savoir qu'elle est en vie, en sécurité.
Mais Lou n'est pas la. La cabane est vide de toute vie.
Lou n'a que 12 ans et elle a disparu.
