Titre : Adrénaline (2 heures à chercher pour finalement tomber sur ça… Je me désole… T.T)
Auteur : Super-Courgette (Eh ouais…)
Résumé : ''Dis-moi au revoir… Parce que nous dansons avec le Diable ce soir.''
Disclaimer : Rien n'est à moi, comme la fois dernière, et la fois d'avant et la fois encore d'avant. Mais qui sait, peut-être que la fois prochaine…
Musique : Leave out all the Rest de Linkin Park et Dance with the Devil de Breaking Benjamin (dont j'ai d'ailleurs presque piqué impunément les paroles (que j'ai traduites en Français quand même) dans mon résumé ))
Note : Pour comprendre ce qui est arrivé à cette histoire, rendez-vous sur le profil de Supra-Courgette où il y a une note explicative.

Pour ceux qui tombent sur cette histoire pour la première fois, sachez déjà que je ne suis pas une fan de Twilight, hélas… (Aïe ! Qui m'a lancé cette pierre ?) mais il se trouve qu'une amie en est totalement gaga et m'avait suppliée à genoux de faire une fiction sur Naruto version dents pointues et chauves-souris. J'ai accepté (oui, je sais, je suis faible…).

Je sais ce que vous allez, vous dire : « Oh nan, encore une fic de vampire toute naze comme toutes celles qui foisonnent sur le site depuis la sortie de Twilight ! » Mais je vous réponds : « Je sais, j'aurais pensé pareille mais ne vous fiez pas aux premières apparences (moi) et venez jeter un coup d'œil. »

De plus, j'ai cru apercevoir un SasuNaru dans le cahier des charges de cette histoire… Génial.

MAIS ! Je veux vraiment m'investir pour faire plaisir à cette amie et à vous aussi j'espère ^^

Donc sur ce, très bonne lecture à tous !

Journée Banale, ou presque…

« Merde, je savais bien que j'avais oublié quelque chose.

-Qu'est-ce que t'as à marmonner ?

-J'ai oublié de demander les cours de ce matin à Ino.

-Ouais bah maintenant c'est trop tard, elle doit déjà être en route.

-Merde… » Le jeune blond soupira en passant une main dans les épis dorés qui retombaient en pics désordonnés sur son regard céruléen. Regard qui se tourna discrètement vers la silhouette qui s'activait tranquillement derrière le bar du café encore vide. « Kiba-

-Non.

-Mais tu sais même pas ce que j'allais te demander !

-Oh que si je sais ce que tu vas me demander Naruto, et il est hors de question que je retourne chez moi à quinze minutes de la fin des cours où tout le monde va débarquer pour te rapporter des cours où t'as pas été fichu de mettre les pieds pour paresser dans ton lit.

-T'exagères là ! Hier j'ai fais la fermeture et j'ai dû me taper tout le nettoyage jusqu'à une heure pas possible !

-Comme moi 'y a deux jours et pourtant j'étais au lycée le lendemain.

-Mais Kibaaa ! »

Le susnommé n'accorda pas la moindre attention au ton et aux yeux larmoyants de son ami et continua de ranger les quelques verres posés sur le comptoir. Le regard du jeune homme ne cessa néanmoins pas de peser sur ses épaules malgré son ignorance et une lueur victorieuse l'éclaira lorsque les gestes du second garçon se suspendirent.

Le châtain poussa un profond soupir irrité qui résonna dans la vaste salle déserte alors qu'un sourire radieux se peignait sur les traits du petit blond.

« Tu me gonfles… » Siffla le premier en fronçant nettement de fins sourcils clairs.

Il se dirigea en grommelant jusqu'au porte-manteau de bois qui trônait près de l'entrée et plongea sa main dans une des vestes pour en ressortir un trousseau de clefs. Lorsqu'il se retourna, son comparse se trouvait déjà à un pas de lui, les yeux brillants.

« Tu y vas et tu fais gaffe à pas foutre le bordel. Mon classeur doit se trouver sur mon bureau. »

Le blond déposa un baiser sonore sur la joue de son ami qui grimaça, attrapa les clefs et un coupe-vent rouge et ouvrit la porte à la volée pour s'engouffrer dehors dans un retentissant ''MERCI !''.

« Et grouille-toi ! »

Kiba soupira et malgré le sourire discret qui tentait d'étirer les traits doux de son visage, il s'en empêcha et repartit derrière le comptoir en marmonnant nombre d'insultes à l'égard de son impétueux collègue.


Sous le ciel habituellement gris, et offert au vent glacial qui balayait les rues peu animées de la petite ville aux quelques milliers d'habitants, Naruto resserra plus par habitude que par réel besoin les pans de sa veste et leva son menton pour remonter sa fermeture.

Il trottina jusqu'à la vieille Ford qui avait dû être blanche dans une autre vie, garée à quelques mètres du café qu'il venait de quitter et dont la petite enseigne indiquait : ''Café Akimichi''. La portière du véhicule grinça lorsque le jeune homme l'ouvrit et au démarrage, le rugissement du moteur fit l'effet d'un coup de tonnerre dans la petite ruelle. Le vacarme laissa néanmoins place à un lourd grondement ininterrompu qui poursuivit la vieille voiture le long des grandes routes qui serpentaient les flancs de la montagne et qui séparaient la petite ville des quelques habitations disposées à l'écart.

Ces routes-là étaient désertes la moitié du temps et il n'était pas rare que les quelques chauffeurs qui s'y aventuraient ne dépassent de plusieurs km/h la vitesse autorisée. Néanmoins, Naruto avait toujours mis un point d'honneur à toujours respecter les limitations. A vrai dire, s'il avait pu, il serait même passé sous.

Depuis tout petit, il souffrait d'une peur bleue de la vitesse, vestige d'une chute en balançoire mémorable qui lui avait valu à l'époque près d'une semaine d'hôpital. Néanmoins, il avait pris l'habitude de se déplacer en voiture car, n'ayant pu trouver un logement à même la ville, il avait dû se résoudre à rester dans la maison familiale située plus haut sur la montagne qui surplombait la minuscule cité qui tenait en réalité plus du village moderne que d'une ville à proprement parler.

C'est en partie pour cela qu'il arriva un quart d'heure plus tard face à une petite bâtisse semblable à toutes celles qu'il avait pu croiser sur la route, entourée de verdure qui, si elle n'avait pas parue si blême et pâle sous le brouillard habituel et humide, aurait pu rendre la petite maison coquette.

La vieille guimbarde se gara dans la petite place qui bordait la modeste demeure. Celle-ci était jalonnée par la vaste flore vert pâle et marron qui englobait toute la montagne et cachait presque les maisons sous de larges branches de pins peu touffues.

Les pas de Naruto grésillèrent sur les gravillons de la petite allée menant à l'entrée jusqu'à ce qu'il ne grimpe les deux marches en haut desquelles trônait une petite porte de bois.

Contrairement du froid humide et mordant de l'extérieur, Naruto sentit immédiatement la douce chaleur de la maisonnette délasser les articulations transies par le froid de ses mains lorsqu'il entra et le jeune serveur s'accorda même le temps de se réchauffer un peu.

L'intérieur était somme toute assez banal. Le sol de terre cuite roux s'accordait harmonieusement avec le bois des meubles au style un peu ancien et tout était propre.

Malgré l'heure qui n'annonçait que le début de la fin d'après-midi, l'entrée, comme toutes les autres pièces, était sombre mais Naruto ne s'attarda pas à allumer quelconque lumière et se hâta d'avaler deux par deux les marches de l'escalier de bois grinçant jusqu'à l'étage.

Première porte à droite et il se retrouvait dans une petite chambre calme et rangée où seuls les ronronnements discrets de la boule de poils noire pelotonnée sur le lit défait, résonnaient. Il sourit et s'approcha du petit animal pour le gratifier d'une caresse câline entre les oreilles pointues qui s'agitèrent de contentement.

« Au moins, toi, ton maître te laisse dormir... »

Akamaru était une petite chatte noire aux yeux tanguant étrangement entre le marron et le rouge, d'où le nom qu'elle portait, d'ailleurs. Naruto sourit en la voyant faire le dos rond pour s'étirer en baillant largement.

Cet animal, depuis la mort de la mère de Kiba, il y avait de cela trois ans à la suite d'un accident tragique en voiture, était sans aucun doute la chose la plus précieuse aux yeux de son meilleur ami après sa sœur, Hana.

C'était une jeune femme à la gentillesse sans pareille qui s'était admirablement occupé de son cadet après la disparition de sa génitrice et ce durant deux ans. Dès qu'il avait eu dix-huit ans, Kiba l'avait poussé à partir à l'aventure, comme elle en rêvait depuis sa plus tendre enfance et vivait seul depuis ce temps.

Du moins, quand son envahisseur de meilleur ami ne venait pas s'incruster chez lui pour profiter de ces talents de cuisinier – certes un peu limités mais toujours meilleurs que les siens – et de sa charité. Néanmoins, il avait dit un jour lui en être reconnaissant avant de changer promptement de sujet, clairement gêné même s'il ne l'avouerait jamais sous la torture.

Naruto soupira en souriant. Se dirigeant rapidement vers le bureau, il ne tarda pas à y trouver le classeur en question. Il l'empoigna pour le ranger à la hâte dans le sac en bandoulière qui reposait sur sa hanche et fit demi-tour.

Néanmoins, arrivé au rez-de-chaussée, un doute affreux lui fit froncer les sourcils quand un courant d'air chatouilla ses chevilles. La porte était restée entrouverte et il avait beau tendre l'oreille, il n'entendait plus aucun ronronnement.

« Eh merde ! »

Se précipitant à toute allure dehors, il eut juste le temps de voir une tache noire bondir dans les maigres feuillages et les troncs serrés et emmêlés des flancs escarpés de la montagne.

« Merde, Akamaru ! Reviens ici ! » S'écria-t-il en se lançant à sa poursuite, grimpant sur les bords de terre où s'agglutinaient les troncs et les pierres.

Protégeant son visage d'un bras, il écartait péniblement les branchages bas qui égratignaient ses poignets et menaçaient de déchirer sa veste. Face à lui, il vit la petite chatte bondir souplement et disparaître plus haut. Il jura, incapable d'accélérer mais bientôt, il déboucha sur la route bétonnée qui continuait de s'enrouler autour des flancs de la montagne.

Traversant rapidement la voie, Akamaru reprit sa course à travers les arbres sous les yeux horrifiés de Naruto.

« Eh merde, merde, merde ! »

Resserrant à nouveau les pans de son coupe-vent, Naruto entreprit de continuer sa montée sur le bord de la route.

Il ne pouvait pas abandonner cette saleté d'animal ou Kiba lui en voudrait pour le restant de ses jours. Néanmoins, dès qu'il aurait remis la main dessus, ce chat de malheur allait lui payer ce parcours du combattant.


Une heure qu'il continuait à trottiner sur la route, les dents claquantes alors que le vent de plus en plus froid s'engouffrait dans ses manches pour griffer sa peau. Il commençait à fatiguer et s'apprêtait à abandonner et à dire adieu à sa belle amitié avec Kiba quand une tâche noire et familière bondit d'un bosquet pour traverser à nouveau la route et disparaître entre des fougères.

« Non mais je rêve… » Grinça Naruto en serrant les dents.

Décidément aujourd'hui, on lui en voulait.

Dire qu'il avait déjà dépassé sa propre maison depuis une bonne demi-heure et qu'il se trouvait maintenant quasiment au sommet de cette foutue montagne.

Il leva la tête et un frisson lui traversa l'échine.

Non, il ne pouvait quand même pas…

Il déglutit péniblement.

Plus haut, le paysage commençait à devenir blanc sous la neige des hauteurs et la route n'était plus praticable, se transformant en sentier bosselé et étroit qui faisait la joie des randonneurs jusqu'à un certain point.

Et ce certain point, il le connaissait. C'était une vieille cabane à deux étages qui avait dû servir de refuge il y avait des années pour les voyageurs. Aujourd'hui, il n'avait plus de refuge que le nom et les habitants, comme les randonneurs préféraient rester à l'écart. C'était une sorte de limite à ne pas dépasser.

En effet, elle marquait en réalité une séparation entre le monde ''normal'' et la grande bâtisse située encore plus haut. C'était un pensionnat connu, où, paraissait-il, toutes les plus grandes familles du monde à la recherche d'un peu de calme, inscrivaient leurs enfants.

Pour le commun des mortels vivant à proximité, cette espèce de grand bâtiment aux allures nobles et bourgeoises était presque de l'ordre d'une autre dimension car ils avaient beau tous connaître ce fameux pensionnat, personne n'osait s'y aventurer d'assez près pour le voir vraiment ou même connaître la moindre personne qui pouvait y résider.

C'était une sorte d'Olympe et Naruto n'avait vraiment pas envie d'aller jouer les Hercules.

Non, il n'avait vraiment pas envie de s'approcher de la fameuse ''Lune Rouge''.

Il soupira.

« J'ai pas trop le choix de toute façon… »


« Mince, Akamaru, mais où est-ce que t'es bon sang ! »

Avançant difficilement dans la poudreuse dans laquelle il s'enfonçait jusqu'à mi-mollets, les bras serrés autour de son torse pour tenter de réchauffer un peu ses mains gelées, Naruto grognait dans sa barbe inexistante, observant les alentours d'un air bourru pour tenter de retrouver sa fugitive.

Il souffla, exhalant un petit nuage opaque, et releva la tête.

D'un air très peu convaincu, il regarda la vieille maisonnette en bois qui tombait en ruines au fil des années, anxieux, avant de se résigner à continuer sa périlleuse traversée.

Comme dans un vieux film d'épouvante, la porte grinça lorsqu'il la poussa avec hésitation, dévoilant un intérieur poussiéreux et renfermé qui avait dû être un jour une taverne, s'il se fiait aux tables couvertes de poussière, aux vieilles chaises dont certaines étaient même renversées au sol et où les toiles d'araignées foisonnaient, ainsi qu'au vieux comptoir de pierre fissuré sur lequel de vieilles bouteilles avaient été abandonnées.

Il soupira, avançant à pas feutrés sur le vieux parquet. La curiosité le forçait à observait chaque recoin de l'endroit qu'il n'avait vu qu'une seule fois déjà, lorsqu'il était plus petit, à l'occasion d'une de ses nombreuses fugues de l'école aux côtés d'un Kiba qui n'avait déjà de cesse de le sermonner, arguant que c'était injuste qu'il se fasse punir lui aussi pour le suivre dans ses bêtises.

C'était d'ailleurs à cause de lui que Kiba avait gagné sa réputation de mauvais élève alors qu'il était en réalité plus mature que la moitié des gens qui le disait ''voyou''. Heureusement pour lui, ses résultats n'avaient tout de même rien à voir avec ceux de Naruto.

Perdu dans sa contemplation et dans ses pensées, le jeune serveur manqua de trébucher et instinctivement, se rattrapa au dossier d'une chaise qui bascula. Ce brouhaha fit bondir la boule de poils noirs cachée sous une table.

Vif comme l'éclair, Naruto parvint cette fois-ci à empoigner l'encolure du félin avant qu'il ne s'échappe à nouveau, dans un ''je t'ai eu !'' vainqueur. Akamaru se recroquevilla en baissant les oreilles, ouvrant de grands yeux implorants alors que Naruto la soulevait à hauteur de son visage pour la fusiller d'un regard noir.

« Saleté de bestiole, tu m'échapperas plus… » Siffla-t-il, menaçant.

Néanmoins, des murmures attirèrent son attention. Entre ses doigts, Akamaru sembla tressaillir alors que les poils de son dos se hérissaient. Elle s'échappa de la prise de son bourreau mais avant même que celui-ci n'ait pu pousser quelconque exclamation, elle vint se calfeutrer au creux de ses bras, le museau froissé et l'air agressif.

Naruto fronça de fins sourcils blonds et, intrigué, commença à monter les vieux escaliers grinçants qui menaient au second étage. Second étage qui menait lui-même à la sortie du refuge conduisant au sommet de la montagne et donc, à la ''Lune Rouge''.

Plus il montait, plus les murmures se faisaient distincts et bientôt, il se retrouva à entrouvrir la porte discrètement.

Un peu plus haut, trois silhouettes se dessinèrent dans le paysage blanc. Naruto fronça les sourcils pour tenter de mieux les discerner mais ce simple mouvement, ce geste à peine perceptible sembla alerter les trois inconnus.

L'espion amateur vit avec frayeur trois regards converger vers lui. Immédiatement, Akamaru feula et dans sa panique, Naruto bascula en arrière, s'empêtrant dans les vieux draps abandonnés au pied des lits contre lesquels ses jambes butèrent et il ne tarda pas à continuer ses cabrioles, s'étalant au sol de tout son long.

Il gémit de douleur et se redressa en grimaçant, massant ses reins douloureux. Néanmoins ses paupières se rouvrirent brusquement et il manqua de se déboiter une vertèbre tant il releva la tête rapidement.

Il tomba sur deux paires d'yeux noirs et une autre étrangement blanche qui le jaugeaient de toute leur hauteur et il se sentit soudain comme cloué par ses regards profondément troublants. Sa respiration se bloqua lorsque ses propres yeux commencèrent à couler sur les visages étonnement pâles des trois jeunes hommes. Leurs traits fins avaient quelque chose de noble, à tel point que pendant une seconde, Naruto crut détailler un tableau digne de Raphael.

Tout en eux semblait parfait. De la courbure élégante du nez droit au dessin harmonieux des lèvres blanches en passant par les angles doux de leurs visages. Ils dégageaient tous cette aura froide, presque impérieuse qui donnait l'impression au pauvre serveur de rétrécir lamentablement, écrasé par cette prestance et ce charisme incomparables.

Il déglutit en quittant sa contemplation et sursauta légèrement en voyant la grande et fine main blanche que l'un d'eux lui tendait. Il serra le poing dans la vaine tentative de calmer ses tremblements et accepta avec hésitation cette aide inopinée. Il eut un mouvement de recul qu'il réprima aussitôt en sentant la peau de l'inconnu toucher la sienne.

Elle était glaciale. A côté, sa main lui paraissait tout d'un coup beaucoup plus chaude.

Avec une aisance étonnante, le jeune homme l'aida à se hisser sur ses jambes tremblantes comme s'il n'avait été qu'une vulgaire poupée de chiffon. Une fois face à eux, il peina à déglutir avant d'ouvrir la bouche tout en priant pour que tout son vocabulaire ne se soit pas fait la malle.

« Euh… Je… Je suis désolé, je ne… enfin j'ai… entendu du bruit alors je… enfin je suis monté pour voir et… v-vous m'avez surpris… » Bégaya-t-il, rouge de confusion.

- Vous êtes blessé ? » S'enquit le brun qui l'avait aidé à se relever, sans montrer la moindre once d'émotion.

-N-Non… je… non…

-Vous vous êtes perdu ?

-En fait je…

-Je peux vous ramener.

-Ah euh… c'est-à-dire que…

-Vu votre état je suppose que vous êtes venu à pieds jusqu'ici et redescendre en voiture serait sûrement la meilleure chose à faire si vous ne voulez pas finir totalement gelé. »

Naruto rougit de gêne et de honte. Pour qu'il ait pu le deviner si facilement, il devait vraiment être dans un sale état. Et qu'est-ce qu'il lui prenait à bégayer comme une midinette et à accepter tout ce que ce garçon lui disait, lui qui était toujours le premier à imposer fièrement sa présence ?

« Ma voiture est garée un peu plus bas. » Continua l'autre, impassible.

Il dépassa Naruto et commença à descendre les escaliers mais s'arrêta à quelques marches pour tourner ses yeux glaciaux vers le petit serveur qui se sentit tressaillir.

« Comment est-ce que tu t'appelles ?

-Euh… N-Naruto…

-Naruto ?

-Oui… Naruto Uzumaki… »

Le jeune serveur vit l'inconnu froncer imperceptiblement ses fins sourcils noirs. A cet instant, il aurait voulu disparaître, se faire minuscule pour partir s'enfoncer dans un trou de souris pour ne plus en sortir et calmer les battements frénétiques de son cœur.

Un grondement mauvais retentit entre ses bras et il fut prêt à oublier toute sa rancœur envers Akamaru pour l'embrasser pour avoir réussi à détourner l'attention de plus en plus gênante de ce sombre regard. L'inconnu observa la petite chatte montrer les dents un instant, plissa les yeux et sans plus s'en occuper, fit volte-face.

« Sasuke Uchiwa. » Lâcha-t-il avant de disparaître dans le couloir de l'étage inférieur.

Naruto le regarda partir et tourna soudain son regard vers les deux autres garçons qui observaient jusqu'ici sans rien dire.

« Euh... je…

-Appelle-moi Shikamaru. » Soupira le plus à droite en lui tendant tout de même une main polie.

Serrant le corps d'Akamaru qui se remit à gronder, Naruto tenta péniblement de calmer les tremblements de sa main avant de serrer celle qu'on lui tendait. Il hocha timidement la tête, luttant pour ne pas prendre ses jambes à son cou alors qu'une peur étrange et anormale le prenait au ventre. Il tourna son regard inquiet vers le troisième garçon qui observait encore la jeune chatte.

Naruto aurait d'ailleurs souhaité qu'il continue lorsqu'il releva un regard encore plus incroyable que ceux de ses camarades. Blancs comme neige, ils n'étaient, à l'inverse des deux autres, pas totalement dénués d'émotion et une lueur légèrement hautaine donnait d'autant plus envie à Naruto de détaler comme un lapin.

« Neji Hyūga. » Fit-il de but en blanc alors que le jeune serveur avait soudain l'impression de se désintégrer sous ce regard pénétrant.

Encore une fois, il ne put que hocher la tête, persuadé que s'il ouvrait la bouche, sa voix monterait dangereusement dans les aigus et il se sentait déjà assez ridicule comme ça.

C'est à ce moment qu'Akamaru qui n'appréciait résolument pas les trois inconnus, s'échappa à nouveau des bras du jeune serveur qui se précipita à sa suite alors qu'elle filait à toute allure sur les marches de bois craquant.

Au pas des escaliers, deux yeux noirs le suivirent un instant.

« Il lui ressemble beaucoup.

-Ouais. »

Puis sans plus rien ajouter, les deux garçons descendirent à leur tour.


Naruto, qui avait tout d'abord vu dans la nouvelle fuite d'Akamaru son propre salut, vit soudain avec horreur les images de longues heures de recherches dans le froid s'imprimer dans son esprit quand la chatte disparut dans l'entrebâillement de la porte.

Il ouvrit le battant à la volée, avec sur le bout de la langue un retentissant ''Akamaru !'' qu'il dut néanmoins ravaler lorsqu'il se retrouva nez à nez avec l'inconnu aux yeux noirs qui tenait du bout des doigts une Akamaru hystérique et toutes griffes dehors. L'animal feulait et poussait des miaulements sauvages en tentant vainement de sauter au visage de son agresseur. Agresseur qui se contenta de tendre calmement la boule de poils surexcitée à Naruto dont la bouche menaçait de se décrocher.

Reprenant pied à la réalité, il attrapa précautionneusement l'animal qui se blottit entre ses bras, les oreilles couchées vers l'arrière et le regard menaçant. Naruto la regarda avec surprise et quand il releva son regard vers Sasuke dans l'idée de le remercier, le jeune homme se trouvait déjà à plusieurs mètres de là, ouvrant tranquillement la portière de sa voiture. Il fronça les sourcils, se demandant comment diable il avait pu se retrouver si loin en quelques secondes.

« Tu comptes rester planter là longtemps ? »

Naruto manqua de faire un bond de plusieurs mètres à l'entente de cette voix soudain très proche et se retourna prestement pour faire face à l'étrange jeune homme aux yeux blancs qui l'observait, un sourcil dignement levé. L'Uzumaki qui, en temps normal, aurait déjà poliment proposé au jeune homme d'aller se faire voir ailleurs, se contenta de bafouiller misérablement et se dépêcha de rejoindre le véhicule.

Il s'arrêta néanmoins à quelques pas de l'engin pour l'observer d'un air stupéfait.

« Qu'est-ce que c'est que ce truc ? » Murmura-t-il.

Plongé dans sa contemplation ahurie, il ne vit pas l'ombre du sourire fier et peut-être imperceptiblement méprisant du propriétaire qui releva discrètement le coin de ses lèvres avant de s'évanouir aussi vite qu'il était apparu.

« Ce truc c'est une Saleen S7 Twin Turbo. »

Naruto releva un regard mitigé entre la curiosité et l'inquiétude.

« Et c'est, euh… enfin… rapide ?

-C'est sûrement une des voitures actuelles les plus rapides. » Fit la voix altière de Neji.

Cette fois-ci, Naruto ne pensa même pas à sursauter, absorbé par la voiture qu'il fixait d'un air tout sauf rassuré. Pourquoi avait-il accepté qu'ils le raccompagnent déjà ? Il ne s'en souvenait plus mais à cet instant, il avait vaguement envie de se taper la tête contre le mur le plus proche.

« Ne t'inquiète pas. Si la vitesse te gêne je n'appuierai pas sur l'accélérateur. » Soupira Sasuke en disparaissant dans la superbe voiture gris métallisé.

Ses deux comparses toujours postés derrière Naruto, dépassèrent celui-ci et prirent place à l'arrière. L'Uzumaki, malgré la peur croissante qui lui tordait les entrailles, ne put s'empêcher d'admirer la démarche leste et souple des deux garçons.

Il déglutit, poussa un soupir et après une dernière prière à tous les dieux susceptibles de le faire sortir vivant de cette voiture qu'il détestait déjà, se dirigea comme un condamné à l'échafaud vers l'auto pour s'assoir aux côtés de Sasuke.

La clef tourna et Naruto, habitué au tapage sourd que faisait le moteur de sa vieille Ford, fut surpris de n'entendre qu'un ronronnement discret qui aurait presque pu être apaisant s'il ne s'était pas trouvé dans cet engin de la mort qui pouvait aisément dépasser les 300 km/h.

Encore une fois, il adressa une prière muette à toutes les divinités qu'il connaissait et enfin, la voiture démarra, s'engageant sur une pente rocailleuse avec la même aisance que si elle s'était trouvée sur une route plate.


Il retirait ce qu'il avait dit, ou plutôt, pensé.

La descente de cette pente n'avait absolument rien à voir avec la course que la voiture menait sur une route plate et praticable.

Serrant Akamaru contre lui jusqu'à risquer de l'étouffer, Naruto n'avait définitivement plus de souffle et même son cœur paraissait vouloir sortir de la voiture à tout prix, en commençant pour cela par sortir de sa poitrine.

L'Uzumaki était à peu près sûr que Sasuke tentait à cet instant de dépasser le mur du son et s'il avait pu faire un geste, il lui aurait certainement déjà sauté à la gorge pour le secouer comme un prunier en lui rappelant à grands renforts de hurlements qu'il lui avait dit qu'il n'appuierait pas sur l'accélérateur.

« Ça ne va pas ? » Intervint soudain le fou du volant.

Naruto peina à déglutir et se força à desserrer les dents sans parvenir à quitter la route qui défilait dangereusement vite des yeux.

« J'ai pas l'air d'aller ? » Grinça-t-il.

Il manqua le haussement de sourcils de son conducteur mais sentit enfin ses neurones reprendre à peu près une place normale dans sa tête lorsque la voiture ralentit enfin.

« Désolé, je ne pensais pas aller trop vite. » Fit calmement l'Uchiwa sans pourtant paraître le moins désolé du monde.

Naruto tourna un regard noir et courroucé vers lui.

« Trop vite ? On aurait pu dépasser un train à l'allure où on allait ! » S'exclama le serveur.

Il sentit son sang ne faire qu'un tour quand il aperçut le rictus moqueur de l'Uchiwa qui ne le regardait plus, fixant la route sans plus se préoccuper de ses protestations. Naruto fronça ses sourcils et reporta à son tour son regard sur le paysage qui défilait plus lentement à sa fenêtre.

« Est-ce que tu as un frère ? »

Surpris, l'Uzumaki regarda Sasuke, un sourcil levé sans remarquer le tutoiement qu'avait adopté son interlocuteur. Ce dernier était redevenu parfaitement impassible, le regard peut-être légèrement plus dur néanmoins.

« Pourquoi vous me posez cette question ?

-Pour que tu me répondes. »

Naruto soupira.

« Non. Je n'ai ni frère ni sœur. » Répondit-il d'une voix étrangement calme, presque mélancolique alors qu'il tournait un regard terne vers la vitre.

Il ne vit pas Sasuke lui lancer un regard en coin surpris, les sourcils froncés.

« Et vous ?

-Moi quoi ?

-Vous avez un frère ? »

Cette fois il ne rêvait pas. Le visage de l'Uchiwa s'était fait dur et les traits de son visage s'étaient imperceptiblement crispés. Il vit avec une part d'inquiétude les mains du conducteur se serrer autour du volant.

Il sentait derrière lui les regards fixes et prudents des deux autres passagers silencieux depuis le début du voyage. Néanmoins, ce n'était pas sur lui qu'ils pesaient mais sur les épaules de leur compagnon.

Sasuke inspira silencieusement et ses mains se relâchèrent un peu alors que son visage redevenait aussi froid que possible.

« J'ai effectivement un frère. » Répondit-il d'un ton placide, comme si ces quelques dernières secondes n'avaient jamais existées.

Pour Naruto en revanche, ces secondes qui lui avaient parues aussi longues que des heures avaient bel et bien existaient et il sentait son cœur repartir douloureusement, comme s'il s'était arrêté net durant plusieurs minutes.

Il ravala difficilement sa salive alors que son esprit marchait à toute allure à la recherche d'un autre sujet. N'importe lequel pourvu qu'il ne dissipe cette ambiance qui commençait à peser lourd sur sa tête.

A ses côtés les arbres défilaient rapidement et il remarqua qu'ils étaient redevenus verts depuis un certain moment déjà. Ce détail lui fit cligner brusquement les yeux.

« D'où est-ce que vous venez ? » Demanda-t-il sans pouvoir s'en empêcher.

Sasuke haussa un sourcil et il se prit à rougir violemment en s'apercevant du ton plutôt abrupte de sa question.

« Euh... je veux dire… enfin, quand je vous ai vu en haut… » Murmura-t-il, les yeux fixés sur ses chaussures qui représentaient à cet instant le sujet d 'étude le plus passionnant que cette Terre ait jamais porté.

-On prenait l'air. » Lâcha simplement Sasuke.

Prendre l'air ? Nan mais il se fichait de lui ? Qui aurait l'idée aussi saugrenue d'aller prendre l'air aussi près de…

« Vous êtes des élèves du pensionnat ? »

Les trois garçons eurent tous le même petit sourire en coin, amusé par la réaction soudaine du jeune serveur.

« Ca t'étonne ? »

Quoi ? Ca avait l'air de l'étonner ?

« A votre avis ? »

L'Uchiwa ne parut pas vexé du ton qu'avait employé son passager.

« J'y crois pas… Je suis dans la voiture des élèves de la Lune Rouge. » Murmura Naruto en se laissant aller sur son dossier, clairement abasourdi.

-Et qu'est-ce que ça a de si incroyable ?

-Eh ben… Ça va sûrement vous paraître idiot mais par ici, la Lune Rouge c'est un peu une sorte de… enfin… une sorte d'endroit inaccessible pour le commun des mortels. »

Naruto qui s'attendait déjà à une moquerie bien sentie, eut la surprise de voir le visage de son vis-à-vis perdre toute trace d'amusement, même léger, et redevenir froid. Glacial même.

« Ça n'a rien d'idiot. »

L'Uzumaki fronça les sourcils, passant inconsciemment une main apaisante sur le pelage doux d'Akamaru qui s'était roulée en boule près de lui et dormait d'un œil, le sens aux aguets.

Ces types étaient décidément vraiment étranges.


Passablement irrité, Kiba était occupé à enfoncer les clés de la grille fermant le café désormais vide, dans la serrure quand un poids étrange bondit sur son épaule.

« Akamaru ? » S'étonna-t-il en attrapant la petite chatte entre ses bras.

-Kiba !

-Naruto ? On peut savoir où t'étais passé ? Ça fait trois heures que t'es parti et on a dû s'occuper de tout le café tous seuls avec Ino ! Et qu'est-ce qu'Akamaru fait ici ? »

Penaud, Naruto le regarda d'un air fautif et désolé, cherchant à l'attendrir un minimum avant de prendre l'initiative de parler et de lui raconter sa petite… promenade avec Akamaru. Oui vraiment, il fallait préparer le terrain.

« Alors ? Je te préviens, t'as intérêt à avoir une bonne excuse ! »

Ah oui, il avait oublié ce léger détail. Kiba ne se laissait jamais attendrir.

Il poussa un soupir à mi-chemin avec une plainte désespérée.

Ce type n'avait pas de cœur.

« Écoute, je suis vraiment, oui vraiment désolé mais c'est une très longue histoire et-

-Excusez-moi ? »

Naruto se tourna vers Sasuke qui s'approchait de Kiba d'un air calme. Le pauvre, il ne savait pas dans quoi il se jetait et il allait vite le regretter.

Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques pas de l'Inuzuka, la petit chatte qui s'était nichée au creux des bras rassurants de son maître feula et bondit sur le sol pour pénétrer rapidement dans le café dont la porte était restée entrouverte.

Kiba fronça les sourcils en la regardant s'enfuir sous une table et lorsqu'il tourna la tête vers Naruto, il ne tomba pas sur le petit blond mais sur un grand brun qui le fixait de son regard indéchiffrable. Il fronça les sourcils, méfiants.

« Qui êtes-vous ?

-Sasuke Uchiwa. Enchanté. » Fit le jeune homme d'une voix suave et envoutante en attrapant délicatement une des fines mains de l'Inuzuka pour la mener à ses lèvres avec toute la galanterie possible.

Néanmoins, s'il entendit distinctement la mâchoire de Naruto s'écraser sur le sol, il ne vit aucune subjugation ni aucune rougeur sur le visage de l'Inuzuka qui se contentait de le regarder avec toujours cette même irconspection.

Pas démonté pour si peu, il se redressa et plongea son regard dans celui de son vis-à-vis.

« Veuillez excuser son retard, c'est entièrement de ma faute et j'en prends l'entière responsabilité. »

L'Inuzuka ne répondit pas, le regardant d'un air étrange sans pour autant paraître le moins sensible du monde au charme ténébreux de l'Uchiwa. Il quitta sa contemplation en secouant la tête, s'accorda un soupir et retira sa main que tenait toujours celle de Sasuke.

« Je sens que tout ça va me donner une migraine d'enfer… » Marmonna-t-il mais alors que les yeux de Naruto s'illuminaient déjà à la perspective d'échapper aux explications, le regard noir de Kiba brisa tous ses beaux espoirs lorsqu'il le fixa par-dessus son épaule, l'air de dire très clairement : ''Toi mon coco, tu vas y passer''.

L'Inuzuka rouvrit la porte du café et invita les trois autres à le suivre sans se retourner.

Naruto soupira.

Non vraiment, on lui en voulait aujourd'hui…


« Pardon ? La Lune Rouge ? » S'exclama Kiba, assis à une des tables du café désert. « Nan mais tu peux me dire ce que tu fichais là-bas ? »

Naruto se ratatina sur sa chaise, tentant vainement d'imiter le papier-peint sans succès.

« En réalité, nous descendions en voiture quand un des pneus s'est dégonflé. » Intervint calmement Sasuke, impassible. « Je suis descendu et j'ai croisé Naruto avec votre chat. Comme vous avez pu le remarquer, il ne m'apprécie pas beaucoup et il s'est échappé. Nous avons donc dû partir à sa recherche. Je vous l'ai dit, c'est entièrement de ma faute et je tiens encore à m'excuser. » Conclut l'Uchiwa en plongeant ses yeux dans ceux de l'Inuzuka pour le fixer intensément.

Néanmoins, aucune rougeur ni aucun embarras ne vint troubler le doux visage du serveur qui soutenait sans peine son regard perçant, clairement septique face à son récit. Pour le coup, Sasuke haussa les sourcils, surpris. Visiblement, il n'était pas habitué à ce qu'on lui résiste ainsi et bien qu'il ne l'aurait jamais avoué sous la torture, quelle qu'elle soit, Naruto pouvait le comprendre. Après tout, l'Uchiwa était tout bonnement magnifique et il hésitait entre s'inquiéter de l'insensibilité de son meilleur ami et lui tirer son chapeau.

Il soupira en se rappelant de sa propre réaction quelques heures plus tôt lorsqu'il avait vu pour la première fois les trois garçons. C'était pathétique.

Il fronça soudain les sourcils et releva un regard discret vers les deux autres jeunes hommes encore et toujours silencieux. Néanmoins, ce qui le fit tiquer furent les regards étranges des deux jeunes bruns qui ne quittaient plus son ami. C'était assez discret pour ne pas être embarrassant pour Kiba – l'aurait-il seulement été ? – mais leur attention ne déviait pas, entièrement absorbée par l'Inuzuka.

Néanmoins, ils ne le regardaient pas de la même façon, remarqua l'Uzumaki. Celui de Shikamaru – s'il se rappelait bien – restait insondable et indéfinissable. Dans celui de Neji, cette petite lueur de fierté s'était transformée en véritable orgueil et il ne semblait pas apprécier du tout l'indifférence de Kiba face à leur charme qui devait en temps normal être dévastateur, Naruto était bien placé pour le savoir. Pourtant, derrière cette irritation, l'Uzumaki discerna encore autre chose. Une sorte de fascination étrange.

Il fallait avouer que Kiba était tout sauf un laideron. Malgré son caractère irascible, son physique se dessinait tout en douceur. Des traits fins de son visage et peut-être même légèrement féminins au niveau des yeux en amandes, en passant par les courbes délicates de ses formes, à ses expressions et ses mimiques souvent adorables – lorsqu'on n'était pas la cible de son mécontentement –, Kiba avait vraiment tout pour plaire.

Puis, malgré les apparences qu'il se donnait pour conserver son ego si précieux, il avait hérité d'une grande sensibilité. A tel point d'ailleurs que Naruto s'était souvent demandé s'il n'avait pas une certaine empathie pour réussir à cerner si bien les gens et leurs sentiments.

« Naruto, tu m'écoutes, oui ? »

Tiré de ses pensées, il sursauta et tourna son regard vers Kiba qui l'observait d'un œil irrité.

« Quoi ? »

Kiba soupira.

« Rien ! Laisse tomber… »

L'Inuzuka se releva et marcha jusqu'au comptoir au pied duquel s'était réfugiée Akamaru. Il la prit dans ses bras et se retourna vers l'horloge qui indiquait près de 21 h 30.

« Bon, même si je ne crois pas une seconde en ton absolue innocence dans toute cette histoire, Naruto, » Commença-t-il en tournant son regard vers son ami qui baissa piteusement la tête. « …je n'ai pas envie d'y passer la nuit alors ça ira comme ça. Mais je te préviens, la prochaine fois que tu me fais un coup comme ça, » Menaça-t-il en pointant la tête blonde d'un doigt accusateur. « … tu ne t'en sortiras pas si facilement. Et je tiens à te prévenir que tu vas devoir t'expliquer auprès d'Ino. »

L'Uzumaki, à l'entente de ce nom, tressaillit alors que son visage se décomposait. Il déglutit péniblement et poussa une plainte de désespoir, laissant sa tête retomber sur la table.

Il avait oublié ce léger détail. Il avait survécu à Kiba mais là c'était sûr, il allait mourir.

« Eh Naruto. »

Il releva la tête vers le second serveur qui avait croisé les bras et le toisait de ses yeux perçants.

« Oui ? » Tenta-t-il d'une petite voix.

-Où est la voiture ?

-La voi- Oh merde ! J'l'ai oubliée devant chez toi ! »

Le sourcil gauche du jeune Inuzuka fut pris d'un tic nerveux qui donna subitement envie à l'Uzumaki de prendre ses jambes à son cou tandis que la sueur perlait déjà sur son épine dorsale.

« A- Ah ah ah ! Écoute, je suis désolé mais… O- on va pas en faire toute une histoire hein ? Ça nous fera marcher un peu ! » Fit-il d'une voix chevrotante en tentant vainement de calmer ses tremblements.

-Naruto, tu-

-On peut vous raccompagner. »

Kiba tourna son regard vers les trois bruns, surpris. Ce n'était pas Sasuke qui venait de parler mais un grand jeune homme à la queue de cheval ébouriffée qui le fixait étrangement. Il fronça les sourcils, septique.

« C'est vrai ? » S'enthousiasma Naruto, les yeux brillant déjà de gratitude.

Shikamaru haussa les épaules.

« Oh allez, Kiba ! » S'exclama l'Uzumaki, implorant, en se tournant vers son meilleur ami toujours très méfiant.

Les yeux de ce dernier croisèrent ceux de Naruto alors qu'il trépignait comme un petit garçon face à un magasin de jouets. L'Inuzuka avait vaguement l'impression de jouer le rôle de la mère mais il chassa bien vite cette pensée un peu trop mièvre de son esprit en soupirant, irrité.

« Merci ! » Comme plus tôt, Naruto le gratifia d'un baiser sur la joue et sortit à la hâte.

Derrière lui, Sasuke avait haussé un sourcil amusé et surpris face à cet échange et secouait maintenant la tête en prenant la porte à son tour. Toujours dans le café, Kiba récupéra l'animal qui couvait toujours les trois garçons d'un regard hostile, et se tourna vers la grande vitre pour observer Naruto qui semblait discuter d'un point particulièrement important avec l'Uchiwa, ajoutant à son discours de grands gestes.

Sentant un regard peser sur sa nuque, l'Inuzuka tourna le sien vers Shikamaru.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Demanda-t-il, pas impressionné pour deux sous par la silhouette du jeune homme qui devait le dépasser d'une bonne tête, tout comme ses comparses d'ailleurs.

Shikamaru l'observa encore une brève seconde et lâcha un simple ''rien'' avant d'ouvrir la porte à l'Inuzuka pour l'inviter poliment à sortir. Kiba plissa les yeux mais sortit en le remerciant du bout des lèvres pour rejoindre son meilleur ami qui monologuait seul sur les fous du volants, la vitesse beaucoup trop dangereuse et les risques inconsidérés.

A quelques pas, toujours un peu en retrait, Shikamaru le regarda s'éloigner et haussa les sourcils en tournant la tête vers son troisième compagnon qui le regardait avec une sorte de mépris et de colère muette.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Demanda-t-il de sa voix trainante.

-On peut savoir ce qui te prend ?

-Ce qui me prend ?

-C'est quoi ce numéro ? »

Le Nara soupira, déjà fatigué par la suite des évènements.

« Quel numéro ? » Continua-t-il patiemment.

-Avec ce gosse. »

Cette fois, Shikamaru haussa un sourcil surpris. Un sourire légèrement méprisant releva le coin de ses lèvres.

« Et c'est toi qui parles ? Tu me prends pour un con ou quoi ? Tu crois que je n'ai pas remarqué la manière dont tu le fixais aussi ? »

Neji renifla avec dédain.

« Je ne le fixais pas.

-Bien sûr. » Ricana Shikamaru. « Et moi je suis la Reine d'Angleterre. Vraiment Hyūga, ta mauvaise fois m'étonnera toujours. »

Puis sans laisser le temps au jeune homme de rétorquer quoique ce soit, le Nara, plongea ses mains dans ses poches et s'éloigna vers la voiture sous les yeux rutilants de Neji qui bouillonnait, les dents serrées.

Il fit claquer sa langue sur son palais et rejoignit à son tour la voiture.

A suivre…


Et voilà ! ^^

Alors, pour les points un peu étranges dans ce premier chapitre :

Akamaru est une chatte, t'as fumé quoi ?

Tout simplement parce que je trouve que Kiba se rapproche plus du chat que du chien. Beaucoup vont trouver ça complètement stupide et je peux les comprendre (mais c'est mon opinion, na !). Donc, pour vous expliquer ça rapidement, je vais vous donner quelques exemples simples :

- pour commencer, ses yeux. Les yeux en fentes, je trouve ça plus félin que canin, personnellement.

- En plus (et là ça se complique), la fourrure sur son manteau, vous savez le truc marron et horrible qu'il a autour de la tête quand il met sa capuche, ça me fait penser à une crinière de lion et qui dit lion dit félin et qui dit félin dit chat. Logique.

- Pour finir, la fameuse scène de Kiba et de sa brique de lait…

Ensuite, c'est vraiment un SasuNaru ton truc ?

Oui ! Pour la scène avec Kiba, ça ne veut rien dire, mon mamour ne finira pas avec notre cher Uchiwa (pas dans cette histoire en tout cas… ahem…).

Cette scène visait juste à montrer la différence entre Kiba et Naruto et leurs réactions face à nos beaux bruns ténébreux, rien de plus ^.^

Sinon, je suppose qu'il y a encore quelques questions que vous vous posez mais celles-ci, vous les découvrirez dans la suite de l'histoire )

Sur ce…

Bye,

Super-Courgette.

PS : Je poste les quatre premiers chapitres en même temps, afin de passer directement au cinquième à la prochaine publication !