~Sigma~

~A propos de l'histoire~

Disclaimer : Non, je ne possède pas Harry Potter, son univers et ses personnages, je ne suis ni une femme, ni anglais, ni même J.K. Rowling, je ne touche pas le moindre argent, quel qu'il soit, en écrivant cette histoire.
Seuls les personnages rajoutés à l'univers sont de moi, vous les reconnaîtrez de toute façon facilement.

Canon : Tous les livres, du Tome 1 au Tome 7, et normalement toutes les informations données par JK au cours de ses interviews, ou via Pottermore (du moins, jusqu'à aujourd'hui date de parution du premier chapitre, le 31 août 2013)

Résumé : 19 ans après la chute de Voldemort, le fils aîné de Harry coule des jours paisibles à Poudlard en compagnie de ses amis. Mais quand sa petite vie tranquille fut chamboulée, James S. Potter était loin de se douter que des temps obscurs allaient alors planer sur le monde de la sorcellerie britannique. Quand l'ombre renaît, elle vient parfois de l'intérieur.

Époque : Nouvelle génération, 19 ans plus tard

Rating du chapitre : K+


~Aide et correction~

Pour cette histoire, je dispose des avis complets de Ryu et Grenat sur mes chapitres, qui sont des aides précieuses afin de réaliser des chapitres de qualité optimale avec leurs visions différentes mais complémentaires. La correction en revanche est assurée par Grenat seule. Merci à elles pour leur aide et pour le travail effectué.

Pour ce premier chapitre, je remercierais aussi les quelques personnes supplémentaire qui m'ont donné un avis de prépublication, à savoir Sushiclub, Xabab et Crahlo. Merci à vous les gars, vous m'avez permis de confirmer la voie dans laquelle je compte m'engouffrer.


~Petit préambule de Niva~

Bonjours à tous !

Je me présente donc, Nivarea, auteur de cette fanfiction. Ceux qui me suivent seront peut être un peu surpris de me voir (re)venir à du Harry Potter et donc de ne pas écrire une nouvelle fic Pokémon. Mais le fait est que le désir d'écrire une histoire dans ce fandom, à propos de la nouvelle génération, est un vœu de longue date et je n'en suis pas à mon premier essai (les autres ayant été avortés).

Cependant, j'arrive aujourd'hui avec Sigma, projet enfin abouti et jugé de qualité suffisante, dont le scénario est pensé et posé sur papier. Sachez d'ores et déjà que plusieurs chapitres sont écrit, afin 'avoir un peu d'avance et voir venir. J'ai tâché de coller le plus possible au canon et si jamais vous repérez de petits détails qui en sortent, il s'agit soit d'un élément dont je n'ai pas connaissance (cela arrive), soit d'une erreur d'inattention, donc n'hésitez pas à les signaler, afin que je corrige cela si ça n'entre pas en conflit avec d'autres éléments importants.

Je ne vais cependant pas vous gaver plus que ça et vais vous laisser à la découverte du texte. Ne soyez pas découragés par la taille, je travaille sur des coupes plus petites que ce que j'avais prévu à la base.

Merci à vous et bonne lecture !

oooOOOooo

PS : Si James S. Potter vous parait légèrement insupportable, sachez que c'est tout à fait normal. X)


~Sigma~

Chapitre 1 : Son Altesse James Potter

Les wagons tremblaient doucement et le paysage devenait de plus en plus flou au fur et à mesure que la locomotive qui tirait tout le convoi gagnait en vitesse. Londres, lentement, s'éloignait derrière ce long serpent écarlate et laissait les enfants s'éloigner de leurs parents, pour cette nouvelle année scolaire qui commencerait à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie. Pourtant, les jeunes sorciers venant de toute la Grande-Bretagne semblaient loin d'être peinés de cette séparation. Non, l'humeur générale était plutôt à l'excitation de retrouver le vieux château et les retrouvailles entre amis après deux mois d'éloignement. À part peut-être pour les première années, rendus anxieux par ce monde nouveau qui s'ouvrait à eux.

Mais dire que les wagons du Poudlard Express débordaient d'animation était un euphémisme. Les rires résonnaient dans les longs couloirs du train et il n'était pas rare qu'un chat ou autre animal à poils ou à plumes ne surgisse à travers la porte mal fermée d'un compartiment. Ces derniers étaient d'ailleurs souvent suivis, peu de temps après, par leur propriétaire, hurlant pour qu'ils reviennent par ici, accompagné par les rires de ses camarades restés dans leur cabine. Oui, c'était ça la bonne ambiance du Poudlard Express un premier septembre, des élèves surexcités dans un train vieillissant, mais ô combien chaleureux.

James Potter remontait le couloir du Poudlard Express, un sourire malicieux aux lèvres. Son frère, Albus, était définitivement bien crédule, c'était tellement drôle de lui faire peur en lui faisant croire qu'il allait être réparti à Serpentard. De l'avis du jeune garçon, c'était bien peu probable. Non, Albus n'était pas un Serpentard dans l'âme. Mais ça restait drôle ! Rigolant de sa bonne blague, James se planta devant la porte d'un compartiment et l'ouvrit à la volée.

« Alors, comment se sent ton frère ? l'interrogea un garçon aux cheveux châtains lui tombant devant les yeux.
— Il flippe à mort ! répondit James sans se dépareiller de son sourire. Il est mort de trouille à l'idée d'être réparti à Serpentard. »

Le jeune Potter enjamba les pieds de ses amis et se laissa nonchalamment tomber sur la banquette moelleuse et confortable du Poudlard Express, à côté de la fenêtre. Le garçon qui lui avait parlé avait laissé échapper un petit rire moqueur, repris en plus bruyant et exubérant par la rouquine assise en face de lui. Seul le quatrième occupant du compartiment, un blond aux cheveux coupés courts, gardait un air sérieux. Il avait détaché son regard de son livre et fixait James d'un regard réprobateur.

« Ce n'est pas très sympa de ta part James... T'étais pas mieux l'année dernière dans mes souvenirs.
— Oh, ferme-la Eliot ! »

Touché.

Oui, c'était vrai, même si James ne l'admettrait jamais, il avait été mort de trouille l'année dernière à propos de la répartition. Il avait été terrifié de ne pas être envoyé à Gryffondor comme ses parents ! Qu'auraient-ils dit s'il avait été à Serpentard ? Il était un Potter ! Mais il s'était inquiété pour rien. Le Choixpeau n'avait pas hésité bien longtemps... Il se souvenait de ses paroles comme si c'était hier :

« Oh oh ! avait fait la petite voix fluette du Choixpeau. Mais voilà un garçon bien sûr de lui ! Beaucoup de fierté et d'orgueil se cachent en toi mon garçon. Ce n'est pas toujours une bonne chose. Du courage, de l'ambition… beaucoup de gentillesse aussi, même si tu ne le montres pas. Mon cher, le choix pour toi est simple. Gryffondor ! »

James avait été troublé par ces paroles, mais pour le moment, rien de mal ne lui était jamais arrivé. Pourtant, Merlin savait que James Potter, tout comme son père, attirait les ennuis. Comme tout Potter avait-il un jour entendu le Professeur Londubat soupirer.

« Tu es parfois tellement idiot, soupira Eliot.
— C'est bon, c'est juste pour rire, intervint la rouquine avec son accent irlandais. C'est pas comme si monsieur Potter ici présent se préparait à soudoyer le Choixpeau pour qu'il l'envoie à Serpentard.
— Hey, c'est une idée ! s'exclama James. Mais comment on fait pour soudoyer un chapeau ?
— Euh… commença le garçon aux cheveux châtains. On lui promet de le faire reprendre par un grand couturier magique ? »

James et la rouquine éclatèrent à nouveau de rire, pendant qu'Eliot soupirait de désespoir, sans pour autant pouvoir réprimer le sourire qui avait pris place sur son visage. La bonne humeur de ses amis était contagieuse, c'était sûrement pour ça qu'un garçon aussi sérieux que lui avait rejoint leur petit groupe de perturbateurs. Et c'était à lui qu'incombait la tâche de tenter de les rendre sérieux quand il y avait besoin qu'ils le soient. Une tâche ardue, à laquelle il échouait bien souvent, se laissant généralement emporter par la bonne humeur générale.

Oui, c'était avec eux, ses amis, que James se sentait bien. Eliot était le fils d'un ami de son père, le gardien de l'équipe nationale de Quidditch d'Angleterre et du Club de Flaquemare, Olivier Dubois. Ils s'étaient déjà croisés de temps à autres avant Poudlard, mais le jeune Potter ne lui avait jamais vraiment parlé. Trop calme et timide sûrement. Avec ses cheveux couleur paille, son nez un peu aplati, ses traits raides et ses yeux noirs, Eliot avait pourtant un air sympathique et calme qui amenait n'importe qui à lui faire confiance. La rouquine était pour sa part elle aussi la fille d'un ami de son père. Une crinière rousse désordonnée et un sourire carnassier fixé sur un visage rond parsemé de quelques rares tâches de rousseur, c'était généralement ce qu'on retenait de Bloom Finnigan. Parfois, certains parvenaient à retenir ses deux grands yeux bleus très expressifs, souvent pétillants de joie par ailleurs. Mais on se souvenait aussi et surtout d'une certaine passion pour le Quidditch. C'était la seule fille de leur cercle proche, mais elle n'en souffrait guère. James devait l'avouer, elle avait beaucoup de côtés garçon manqué. Pourtant, elle restait jolie, malgré sa petite taille. Enfin, le dernier occupant du compartiment n'était autre que le meilleur ami de James, Gabriel Madder. Ils s'étaient rencontrés l'année dernière, dans le train et étaient devenus inséparables. Le garçon aux cheveux châtains peut-être un peu longs car tombant souvent devant son regard gris et aux traits un peu trop carrés pour son âge complétait James dans toutes ses frasques.

« Tu penses que ton frère nous rejoindra à Gryffondor ? demanda finalement Gabriel, redevenant sérieux.
— Non, répondit sincèrement James. C'est un trouillard.
— Pourtant, un Potter hors de Gryffondor, ça me paraît impossible ! » s'exclama Bloom.

James haussa les épaules, sans savoir comment mieux répondre. Son frère, Albus, n'avait jamais été comme lui. À l'image d'un Eliot, il était calme et timide. Et contrairement à Eliot, il n'avait pas cette once de courage ardente en lui, c'était plutôt une lopette même. Non, pour James, c'était sûr, il n'irait pas à Gryffondor.

« Hé ! se rappela alors James. Vous ne savez pas la dernière ?
— Non, mais tu vas nous le dire, sourit Eliot.
— Victoire et Teddy ! Ils se sont embrassés ! »

À la grande surprise de James, il vit l'air curieux et enthousiaste de ses amis fondre sur leur visage, pour laisser place à ce qui semblait être de l'ennui. Pas un seul ne sembla stupéfait. Ce fut à peine si Bloom n'avait pas poussé un soupir d'exaspération. James sentit le rouge lui monter aux joues.

« Vous comprenez ce que j'ai dit ?
— Oui oui James, soupira Gabriel.
— Et ça vous fait rien ?
— Voyons, ça se voyait comme le nez en plein milieu de la figure que Teddy et Victoire étaient dingues l'un de l'autre, répondit nonchalamment Eliot. Désolé de te décevoir James, mais ce n'est pas un scoop. »

Hein ?

« Mais… mais… ils n'arrêtaient pas de se disputer !
— T'es vraiment pas doué pour les sentiments James, sourit Bloom. C'est justement pour ça qu'on savait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.
— Ça s'appelle la jalousie », continua Gabriel, moqueur.

James était bouillonnant. Lui, pas doué pour les sentiments ? Il était vexé et pourtant, au fond de lui, devant la réaction loin d'être surprise de ses amis, il devait avouer que c'était sûrement vrai. Mais pas question de l'avouer, oh non ! Foi de Potter, il prouverait le contraire.

« Enfin, c'est toujours une bonne nouvelle qu'ils se soient enfin mis ensemble, termina Eliot.
— Mais, je…
— Au fait James, le coupa Gabriel, tu comptes bien te présenter pour les sélections de l'équipe de Quidditch cette année, non ? »

En une fraction de seconde, tout air maussade disparut du visage de James, pour laisser place à un air excité, accompagné d'un sourire carnassier. Le Quidditch... Ah oui, ça il n'allait pas passer à côté cette année. Il avait été vexé de ne pouvoir entrer dans l'équipe l'année dernière, du fait de son âge. Pourtant son père avait réussi à l'intégrer en première année, il ne comprenait pas pourquoi lui n'avait pas réussi ! Il était un Potter quoi ! Il se passa un instant la main dans ses cheveux d'une éclatante couleur bronze, afin de se donner son air de joueur de Quidditch.

« Eh bien, je compte bien faire ravaler à mon stupide cousin Dominique son refus de l'année dernière. Il sera bien obligé de me prendre dans son équipe quand il me verra voler mieux que tout le monde !
— Il te l'a déjà dit ça, qu'il te prendrait quand tu aurais l'âge, ricana Bloom. De toute façon, on sait tous qu'un Potter sur un balai, c'est toujours un bon joueur.
— Tu comptes aussi te présenter Bloom ? l'interrogea Eliot.
— Oui, évidemment, tu sais très bien que j'adore le Quidditch.
— Et j'imagine que tu as donc emmené ta batte cette année. »

En réponse à l'assertion de Gabriel, le sourire de la jeune fille s'élargit. Si Bloom mettait autant d'entrain à frapper les cognards qu'à tourner en bourrique Miss Teigne junior, ils n'avaient pas de soucis à se faire songea James, satisfait. Non, vraiment, il n'y avait pas de raison que cette année Dominique lui refuse son poste de Poursuiveur. Il l'avait déjà vu jouer bon sang ! Il savait qu'il était bon. Non, qu'il était le meilleur !

James soupira. Il était pressé d'être aux sélections et de montrer à tous qu'il n'était pas un Potter pour rien. Mr Busard, le Professeur de Vol sur Balai et responsable du Quidditch à Poudlard, avait été vraiment impressionné par ses talents, James s'en souvenait très bien.

« D'ailleurs, ta mère a obtenu des places pour aller voir le match des Harpies contre Flaquemare à Noël ? reprit Gabriel.
— Oui ! On pourra tous les quatre y assister, dans les loges réservées aux invités d'honneur. Je vous avais dit que ma mère pourrait avoir des billets sans problèmes.
— Avec des parents comme les tiens, tu peux tout avoir, soupira Bloom. J'aimerais avoir cette chance, mon père est loin d'être comme ça.
— N'en profite pas trop pour autant James, prévint Eliot.
— S'ils sont célèbres, autant en profiter. Je ne vais pas faire comme si toute cette gloire n'existait pas. »

Eliot haussa les épaules peu convaincu et replongea dans la lecture de son livre. Toujours moralisateur le Eliot… Pourtant, si de ses amis l'un d'eux devait comprendre, c'était bien Eliot, qui lui aussi avait un père connu. Mais d'un côté, Eliot n'avait jamais été féru de Quidditch, malgré son lien de parenté avec Olivier Dubois, bien qu'il s'y connaisse forcément. À dire vrai, ça avait vraiment surpris James, le garçon souffrait de vertige et avait horreur de monter sur un balai. C'était peut-être pour ça…

Quelques instants plus tard, la discussion autour du Quidditch qui s'était installée dans le compartiment fut interrompue par un tapotement contre la porte. Cette dernière s'ouvrit, laissant apparaître une silhouette longiligne avec une crinière de feu. James retint une grimace en reconnaissant Victoire, qui avait sur son joli visage une moue qui n'augurait rien de bon. Ses yeux couleur ambre lançaient par ailleurs des éclairs furieux.

« Tiens, salut cousine ! tenta-t-il en imitant son meilleur air enjoué. Qu'est-ce qui t'amène dans notre royaume ?
— James, arrête tes gamineries, tu sais très bien pourquoi je suis là. »

Son ton était posé mais cassant. Ce qui était sûrement le moyen le plus efficace pour décourager le jeune Potter de jouer à l'imbécile avec elle. Il perdit aussitôt son sourire fallacieux, pour laisser place à une mine bien plus inquiète.

« Pour tout à l'heure, je suis désolé, je t'assure ! Je savais pas que Teddy et toi vous…
— Si encore tu n'avais rien dit, ça passerait, soupira Victoire en secouant la tête. Mais non, il fallait évidemment que de tous mes cousins et mes cousines, ce soit toi, l'indiscret James Potter, qui nous surprenne, Teddy et moi.
— Mais je ne l'ai dit à personne ! protesta vivement James.
— Euh… tu nous l'as dit à nous, James, fit remarquer Bloom.
— Et à tes parents et ceux de Rose selon elle et Albus, à Rita Harper d'après mes amis qui l'ont appris d'elle, à Steven Hopkins, j'en passe et des meilleures… Bref, toute l'école est au courant !
— Euh… désolé… ? J'imagine…
— James, quand grandiras-tu un peu ! »

Grandir ? James se sentit outré, les joues rouges.

« Mais je suis déjà grand ! J'ai douze ans je te rappelle !
— Ah lala… Si tu savais comment moi aussi à ton âge je me sentais grande, ironisa Victoire. Enfin, ce n'est pas que pour ça que je viens te voir. Rose m'a signalé qu'Albus était mort de trouille. Tu es fier de toi, hein ? »

À dire vrai, oui James était fier de lui. Il eut d'ailleurs beaucoup de mal à se retenir d'afficher un sourire des plus satisfaits. Et au regard que lui lançait Gabriel, il savait qu'il se retenait et il pouvait constater que ça l'amusait beaucoup. Il n'y avait pas à dire, en un an à peine, Gabriel était capable de lire en lui comme un livre ouvert.

« Désolé », mentit effrontément un James qui n'était pas désolé du tout.

Victoire lui fit un de ses regards noirs dont elle avait le secret, montrant qu'elle n'était pas dupe. Mais James le soutint comme si de rien n'était. Il avait grandi sous les cris de Ginny Potter, ce n'était pas Victoire Weasley qui allait lui faire peur.

« Des fois, je me dis qu'oncle Harry a vraiment été trop tendre avec toi. Par pitié James, cette année, tiens-toi bien ! Tu as bien failli nous faire perdre la coupe l'année dernière ! Et puis, tu dois montrer l'exemple à ton frère.
— Oh, c'est bon, t'es pas ma mère ! Tu as fini ? Tu nous gênes là. »

Victoire ne rajouta aucun mot et referma la porte, non sans un dernier regard empli de remontrances.

« Même pas à Poudlard et déjà la préfète-en-chef vient nous engueuler, fit remarquer Gabriel. Je crois qu'on commence bien l'année…
— Elle n'a pas tort, commença Bloom. Tu vas peut-être un peu trop loin, James…
— Hey, tu vas pas t'y mettre non-plus ! »

Bloom ne répondit pas, mais ses yeux bleus clairs montraient qu'elle n'en pensait pas moins. James soupira, échangeant un regard avec Gabriel. Et il tomba de haut. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, Gabriel lui envoyait de ses yeux gris un regard exprimant son désaccord.

« Toi aussi ?
— Albus c'était drôle au début, mais apparemment tu y as été trop fort vu qu'il est encore mort de peur, expliqua Gabriel. Désolé, mais je rejoins Bloom sur ce point.
— Lâcheur !
— James, Gabriel sait juste être raisonnable parfois. Tu as tort, tu dois l'admettre. »

Le jeune Potter tira vivement la langue à Eliot et croisa les bras contre sa poitrine, sentant la colère bouillir en lui. Que Victoire le réprimande, c'était une chose. Mais que ses amis l'abandonnent dans ce combat, c'en était une autre. Ils étaient amis quoi, mince ! Et les amis étaient censés vous soutenir, surtout dans les moments difficiles.

James ne dit mot pendant une bonne demie-heure, laissant les autres lui lancer des regards inquiets. Qu'ils culpabilisent tiens ! Il n'était pas question qu'il les laisse s'en tirer à si bon compte. Gabriel ne cessait de lui envoyer son regard désolé, mais James, à chaque fois, tournait la tête vers la fenêtre, faisant mine de regarder le paysage.

Mais au fond, James s'en voulait un peu. Gabriel, Bloom, Eliot… Ils restaient ses amis. Et s'ils s'étaient opposés à lui, peut-être y avait-il une raison ? Peut-être avait-il vraiment tort ? James n'eut pas le temps de tergiverser plus sur le sujet, car la porte du compartiment s'ouvrit à nouveau, laissant apparaître le sourire accueillant de la vendeuse de friandises – sûrement une étudiante dans les études supérieures qui avait grandement besoin d'argent.

« Vous désirez quelque chose ?
— Je suis affamée ! s'écria Bloom en bondissant devant le chariot de friandise. Haut les mains, ceci est un hold-up !
— Laisse-nous en un peu, Bloom, on sait que t'es une ogre, mais quand même, rigola Gabriel en fouillant dans ses poches à la recherche d'argent. »

James, observant la scène, planta quelques instants son regard sur sa bourse pleine. Il releva ensuite la tête vers la vendeuse et ses amis occupés à choisir parmi toutes les friandises du chariot.

« Laissez, je vais payer, déclara-t-il en se levant à son tour.
— Ah, tu as fini de bouder ? lança Eliot d'un ton moqueur.
— Ce n'est pas digne d'un Potter ! Allez, choisissez, avant que je ne change d'avis.
— Si c'est monsieur qui invite, je peux me permettre quelques folies », sourit Gabriel.

James lui répondit par un sourire. C'était sa manière de se rattraper et d'oublier cette dispute stupide. Oui, il valait mieux l'oublier, il ne voulait pas que sa première dispute avec Gabriel soit sur un sujet aussi futile. Et puis, il ne voulait pas non plus en tenir rigueur à Eliot et Bloom. Il savait à quel point ces deux là l'appréciaient. Il déposa le Gallion, les deux Mornilles et les neuf Noises que lui demandait la sorcière sur le chariot et retourna s'asseoir avec son propre butin. Ça, c'était le vrai plaisir du Poudlard Express, pouvoir se gaver non-stop de friandises ! Avec délectation, il ouvrit son premier paquet de Chocogrenouille et attrapa la friandise à pleine main, avant de la décapiter à coup de dents. Il sentit avec délectation le goût onctueux du chocolat emplir sa bouche, lui faisant pousser un petit gémissement de contentement.

« Y a pas à dire, ça c'est la belle vie, soupira James.
— Profites-en, je te rappelle que dès lundi on reprend les cours, ricana Eliot en mâchonnant sa baguette à la réglisse.
— Oh, on ne peut pas oublier ça un peu ? gémit Bloom. En plus, on a le week-end avant !
— Je tenais à vous faire garder les pieds sur terre.
— Merci, mais tu sais très bien qu'à Poudlard, notre activité favorite ne sont pas les cours mais l'exploration du château, soupira Gabriel. D'ailleurs James, tu l'as récupérée ? »

James se fendit d'un sourire malin et posa en toute hâte sa pile de friandises à côté de lui. Il monta sur la banquette, pour atteindre sa malle et l'ouvrit afin de fouiller dedans. Il en sortit alors, sous les exclamations excitées de ses amis, un vieux morceau de parchemin.

« Parfait ! sourit Bloom en se penchant sur l'objet. Avec ça, plus rien ne va nous résister.
— On évitera les retenues, c'est ma mère qui va être contente, ironisa avec humour Eliot.
— Ça n'a pas été trop dur de la voler à ton père ?
— Impossible n'est pas Potter ! Tu sous-estimes largement mes compétences d'infiltration, Gabriel. »

Avec une immense satisfaction, James déplia la vieille carte avec une délicatesse et un respect qu'il était rare d'observer chez le jeune Potter. Ses trois amis s'étaient rapprochés pour mieux observer le spectacle, chacun ayant une expression d'avidité sur le visage. James sortit ensuite sa baguette en bois de sorbier de sa veste, jeta un coup d'œil vers l'entrée de la cabine au cas où, puis pointa le morceau de parchemin avec sa fidèle compagne.

« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises ! »

Ce fut un véritable plaisir de voir la carte se mettre en marche, prendre vie. Avec fascination, pourtant ce n'était pas pour lui la première fois qu'il l'activait, James observa les traits d'encre verte émeraude se dessiner petit à petit sur le papier jauni, se croisant et se recroisant. James lisait dans les yeux d'Eliot la véritable admiration pour ce tour de force. Gabriel avait un sourire allant d'une oreille à une autre, heureux d'enfin posséder l'arme ultime pour déambuler dans le château. Bloom enfin, attira leur attention sur le haut de la carte où une inscription était apparue.

« Tiens, regardez ! « Messieurs Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue spécialistes en assistance aux Maniganceurs de Mauvais Coups sont fiers de vous présenter la Carte du Maraudeur. » Lequel c'est ton grand-père, James ?
— James Potter premier du nom c'est Cornedrue. Sirius Black, dont mon second prénom est tiré, c'est Patmol. Lunard enfin, c'est le père de Teddy.
— Et Queudver ? demanda Eliot, relevant la tête. »

James haussa les épaules. Il avait déjà posé cette question à son père, quand lorsqu'il était plus jeune, il lui avait raconté l'histoire des Maraudeurs. Mais la seule réponse qu'il avait pu obtenir était un regard triste, accompagné du commentaire « Une pauvre âme perdue ». James n'avait pas essayé d'en tirer plus de son père, il avait bien remarqué qu'il ne voulait pas en parler. Et au fond, ce n'était pas très important, non ? Quoi qu'il en soit, James s'était débrouillé durant l'été pour se faufiler dans le bureau de son père et trouver la carte. Il était très fier de lui, surtout que son père n'avait rien remarqué. Duper l'Auror Harry Potter restait un exploit qui n'était pas des plus aisés à réaliser. James s'en gonflait d'orgueil.

« Donc c'est le plan complet de Poudlard, fit remarquer Bloom. Pourtant, je ne vois Rusard nulle part.
— D'après mon père, justement, il n'est pas totalement complet.
— Reste que je ne vois pas Rusard. Tu le trouves quelque part toi, Gabriel ? »

Le jeune Madder secoua la tête de droite à gauche, avant de replacer l'une de ses longues mèches sur le côté. Eliot avait froncé les sourcils.

« Tous les Professeurs sont présents à s'affairer un peu partout, indiqua-t-il. Regardez, Crivey est dans l'Aile des Enchantements. Et Flitwick doit sûrement être occupé à décorer la Grande Salle pour le banquet de début d'année. Mais comme le dit Bloom…
— Pas de Rusard. Par contre, regardez ce nom-là ! »

Gabriel montrait deux petits points du côté du stade de Quidditch. Les trois autres suivirent son doigt. James put d'abord lire le premier nom, celui de Rubeus Hagrid, le Garde Chasse. Mais il fronça les sourcils au second, qui lui était totalement inconnu. Un certain Julian Keepood. A priori, s'il était en compagnie d'Hagrid, ce n'était pas un intrus. Mais à la connaissance de James, aucun nouveau Professeur n'était à prévoir pour cette année.

« Julian Keepood… Vous pensez qu'il est là pour une occasion particulière ? demanda Bloom, troublée.
— Tu crois qu'on a la réponse ? s'agaça un peu James. J'aimerais aussi savoir ce que fiche ce type à Poudlard.
— Ça ne peut pas être le tournoi des trois sorciers, reprit Eliot, la main sur le menton. Le tournoi a eu lieu l'année dernière à Durmstrang et de toute façon, ce sera Beauxbatons qui accueillera le prochain tournoi, dans quatre ans.
— On le sait ça, je te rappelle que les tâches étaient diffusées par Vision Nuage [1] », répondit Gabriel.

Ça, même James s'en souvenait. Les tâches avaient été vraiment impressionnantes et même si le champion de Poudlard, Jensen Stark, n'avait pas gagné, il était loin d'avoir démérité ! James aurait adoré pouvoir y participer. La prochaine fois qu'il serait organisé, il serait en sixième année. Il pourrait alors se présenter, même s'il n'avait pas dix-sept ans, les règles autorisant les septième et les sixième années sans restriction d'âge à se proposer. Mais c'était encore loin et il lui faudrait déjà montrer à tout Poudlard qu'il était le meilleur.

« J'imagine qu'on en saura plus ce soir, soupira Eliot. Évitons de trop nous en faire, il est avec Hagrid, c'est bon signe non ?
— S'il n'est pas vendeur de créatures magiques, oui. »

Tous frissonnèrent en songeant à cette lubie qu'avait le vieux et immense garde-chasse avec les créatures dangereuses. L'année dernière, il avait failli mettre le feu à sa cabane après avoir tenté de dresser toute une colonie de Crabes de Feu comme animaux de compagnie. James doutait avoir vu un jour l'actuel directeur de Poudlard, Edward Harvey, aussi en colère que celui-là. Heureusement qu'Hagrid n'enseignait plus, depuis quelques années, les Soins aux Créatures Magiques, car James n'était pas certain qu'il parvienne, à son âge, à maîtriser toutes les créatures qui passaient sous son autorité. En tout cas, avec pourtant tout le respect que James avait envers ce vieil ami de son père, il n'avait sûrement plus toute sa tête.

Le jeune Potter pointa finalement à nouveau sa baguette sur la carte et déclara :

« Méfait accompli. »

La carte redevint vierge, sous le regard de ses amis, songeurs. James frappa alors dans les mains, un nouveau sourire prenant place sur ses lèvres.

« Bon, qui ouvre le paquet de Dragées surprises ? »

Le début d'après-midi fut plutôt calme. Tout en se goinfrant de bonbons en tout genre, les quatre amis s'étaient occupés en jouant à la bataille explosive, un jeu dans lequel Bloom excellait. Il ne servait à rien de dire qu'elle avait gagné trois parties à la suite sur les cinq qu'ils avaient faites. Ce fut une nouvelle visite dans leur compartiment qui les sortit de leur torpeur.

« Salut les quatre mousquetaires ! fit la voix joyeuse d'un garçon de quatrième année.
— Oh ! Frank, Fred ! s'exclama James tout joyeux. Comment vous allez ? »

Fred Weasley était le cousin de James et le fils de son oncle George. Comme presque tous les Weasley, il avait les cheveux roux, même si sa peau était un peu plus mate, par sa mère. Il était toujours accompagné du fils du Professeur Londubat, Frank, un garçon solide au visage un peu lunaire et aux pics châtains.

Gabriel, Eliot, Bloom et James adoraient les deux garçons. Ils s'étaient autoproclamés farceurs-en-chef de Poudlard et à dire vrai, personne ne venait essayer de leur voler le titre, qu'ils possédaient de façon incontestée. James avait toujours admiré son cousin, qui avait grandi dans les farces et attrapes et qui en était devenu un spécialiste assez effrayant.

« Paraît que Victoire vous a déjà brossé un sacré portrait, lança joyeusement Frank. Elle tient vraiment à cœur son rôle de préfète-en-chef.
— Mais je dois vous rappeler qu'il vaut mieux éviter de se les mettre à dos. Parole de farceur.
— Elle nous…
— Nous ? ricana Eliot.
— Elle m'en veut, corrigea James, pour l'avoir surprise à l'embrasser avec Teddy.
— Et l'avoir dit à tout le monde dans le train, acheva Fred. Pour le coup James, je ne lui donne pas tort, tu es un effroyable sans-gêne parfois. »

James piqua un fard. Ce n'était pas deux farceurs qui allaient lui faire la morale quand même !

« Vous avez prévu quelque chose pour le banquet ? demanda James pour dévier le sujet.
— Non, pas ce soir, dit Frank en balayant l'idée de la main. Il ne faudrait pas gâcher la première soirée à Poudlard de nos amis les première années.
— Règle numéro cinq du farceur : les blagues doivent être drôles, pas traumatisantes.
— Oui, je ne suis pas certain que le soir de ma répartition j'aurais apprécié de me retrouver pris dans une machination de farceurs, commenta Eliot.
— C'est tout à votre honneur, convint Bloom. J'étais terrifiée l'année dernière.
— Comme tout le monde, sourit Gabriel. James n'en menait pas bien large non plus.
— T'as fini de me le rappeler ? grommela le jeune Potter.
— Oh, non, je compte bien te le rappeler jusqu'à la fin de tes jours. »

Un véritable éclat de rire général prit place dans le compartiment. James qui bougonnait un peu au début, se laissa prendre dans l'hilarité générale. Ce n'était qu'une pique après tout.

« Quand même, reprit ce dernier l'air rêveur, j'aurais adoré qu'Al' subisse une farce. »

Frank et Fred échangèrent un regard. Un regard qui était soucieux. Le bleu océan de Frank et le marron très foncé de Fred laissaient entrevoir tout leur état d'esprit comme la page d'un grimoire.

« Tu sais James, dit alors Fred, on est passés voir Al' et Rose juste avant et Al' est mort de trouille.
— Encore ? s'étonna Bloom. Toujours pour cette histoire de maison ?
— En partie, confirma Frank. Mais il a aussi peur de se faire manger par les sombrals. Je sais pas ce que tu lui as raconté James, mais ce n'était pas sympa de ta part. »

James n'écoutait déjà plus, trop occupé à rire. Bon sang, Albus était tellement peureux des fois ! Mais d'un autre côté, il avait surtout raconté ça à Albus car lui-même n'était pas à l'aise et que ça lui permettait de passer son stress sur quelqu'un d'autre. Plus tard dans la soirée, ils devraient prendre les calèches. Et James allait à nouveau voir les sombrals, comme à la fin de l'année dernière et aux vacances. Oui, James pouvait voir les sombrals. Il s'arrêta de rire à cette pensée et dut retenir un frisson, caressant son bras gauche qui le picotait toujours quand ce souvenir remontait.

« Les sombrals ? s'interrogea Gabriel ignorant son meilleur ami. Qu'est-ce que c'est ?
— Des créatures magiques qui tirent les calèches de Poudlard, répondit Frank.
— Elles ne sont pas tirées par magie ? s'étonna Bloom. Pourtant il n'y a pas une seule créature harnachée aux calèches.
— Seuls ceux qui ont vu la mort peuvent voir les sombrals, récita Eliot. Tous ceux qui se sont battus durant la Guerre des Ténèbres peuvent les voir à ce qui paraît. Mais nous, nous sommes la nouvelle génération, celle qui a grandi dans la paix.
— Comment tu sais tout ça à propos des sombrals Eliot ? s'étonna Fred. Normalement on ne les étudie qu'en cinquième année…
— Je pourrais te retourner la question, tu n'es qu'en quatrième année », indiqua sournoisement James.

Fred et Frank échangèrent un regard mal à l'aise. En son for intérieur, James jubila. Voir les deux farceurs dans cet état indiquait sans doute possible une histoire où ils se trouvaient là où ils n'avaient pas le droit d'être.

« Il… se pourrait qu'ils nous aient sauvé la mise avec Hagrid, dit prudemment Frank. Vous n'obtiendrez rien de plus.
— Et toi Eliot, comment tu sais ça ? »

Le visage d'Eliot prit une teinte doucement cramoisie.

« Je… j'ai toujours adoré les créatures magiques », avoua-t-il.

Pour preuve, il tendit le livre qu'il lisait, un bouquin traitant des différentes espèces de dragons dans le monde. James remonta ses lunettes sur son nez… Il savait déjà qu'Eliot voulait travailler avec les créatures magiques plus tard, mais il ignorait qu'il était passionné à ce point.

« C'est Hagrid qui m'a prêté ce livre, je lui ai promis de lui rendre à la rentrée.
— Tu sais, James et moi avons un oncle qui s'occupe des dragons en Roumanie, sourit Fred. Si tu veux, pendant les vacances quand il viendra nous voir, on pourra essayer de te le présenter.
— Ce serait génial ! » s'exclama Eliot, les yeux brillants.

Fred lui rendit son livre avec un sourire, puis avec Frank, ils se dirigèrent vers la sortie.

« Bon, on va vous laisser, il paraît que Phillip MacMillan a une fouine de compagnie ! s'exclama joyeusement Frank.
— Et James, prends soin de ton frère, je suis sûr qu'il va avoir besoin de ton soutien pour s'habituer au poids de son nom.
— Ce n'est pas un gros problème ça, répondit le jeune Potter en fronçant les sourcils.
— Pour toi peut-être, informa Gabriel, mais je ne suis pas certain que ton petit frère vive aussi bien les murmures qui le suivront et le fait qu'il deviendra le centre d'attention de Poudlard.
— Oui, Albus semble beaucoup plus sensible que toi, fit remarquer Bloom.
— Okay, okay… Je ferai ce que je pourrais. »

Fred et Frank leur firent un dernier signe de la main, avant de partir en courant dans le couloir. James était un peu déboussolé. Il n'avait vraiment pas l'habitude que Fred, pourtant farceur de première catégorie et briseur de règles expérimenté, lui fasse la morale. Il comprenait de moins en moins le monde autour de lui et avait l'impression que tout le monde lui reprochait milles et un torts ! Mais il ne faisait rien de mal, non ?

La seconde partie de l'après-midi fut rythmée principalement par les doux ronflements d'un Gabriel qui avait entamé une petite sieste allongé sur la banquette. James devait avouer qu'il apprécia moyennement quand les pieds de son meilleur ami étaient venus, durant son sommeil, se poser sur ses genoux. Il les avait dégagé sans ménagement, le réveillant sur le coup. C'était certes son meilleur ami, mais il y avait des limites à sa patience ! Gabriel lui adressa un regard d'excuse, puis changea de position, avant de retomber, presque instantanément, dans un profond sommeil. James, un peu irrité par ce contretemps, retourna malgré tout à ses occupation, qui consistaient à lire le dernier numéro de Balai Magazine et à échanger quelques anecdotes de Quidditch avec Bloom. Puis, alors que le soleil commençait doucement à se parer de rouge, Eliot et Gabriel, réveillé pour de bon cette fois, disputèrent une partie d'échecs. Le niveau des deux joueurs n'était cependant en rien extraordinaire, ce qui rendait la partie très drôle à regarder au goût de James.

« Al' est très doué aux échecs, dit-il rêveur en observant la tour noire de Eliot prendre un Cavalier blanc appartenant à Gabriel. Oncle Ron aime bien jouer contre lui. Al' perd tout le temps, mais à chaque fois Ron dit qu'il s'améliore.
— Tu penses que ton frère pourrait battre Léo ? » demanda Bloom.

« Léo », de son véritable nom Léopold Kepler, était l'un de leurs camarades de Gryffondor qui partageait son dortoir avec les garçons. De tous les Gryffondor de leur année et sûrement tous les élèves toutes maisons confondues d'ailleurs, Léo était le plus fort aux échecs. James n'avait joué que trois fois contre lui, ce qui lui avait suffi pour savoir qu'il ne devrait plus jamais s'y frotter. Mais le garçon devait avouer qu'aux échecs, sa stratégie relevait plus du plan kamikaze qu'à de la véritable tactique.

« Je ne pense pas quand même. Mais avec de l'entraînement, qui sait ?
— Échec », déclara tranquillement Gabriel.

Bloom et James se mirent alors à observer minutieusement le visage d'Eliot. Il se faisait soucieux et ses yeux passaient très rapidement en revue toutes les pièces posées sur l'échiquier afin de déterminer toutes les solutions possibles. Il se caressait doucement le menton, signe évident de concentration chez le garçon. Gabriel avait un petit sourire en coin, qui devait sûrement ajouter à la pression qu'Eliot devait ressentir. Pourtant, un petit sourire prit peu à peu place sur ses lèvres. Il annonça alors à son dernier Cavalier de se déplacer de manière à couper le chemin de la pièce menaçante. Ce n'était pourtant pas la combinaison qui semblait optimale.

« Attention à ton prochain coup Gabriel, prévint Eliot. Échec.
— J'avais pas pensé à ça », avoua le garçon, devenu d'un seul coup beaucoup plus soucieux.

Il hésita un bon moment, commençant à énoncer la combinaison où devrait s'avancer telle ou telle pièce, observant la réaction de son adversaire. Mais Eliot gardait en toutes circonstances son petit sourire tranquille et exaspérant, ce qui poussait le châtain à toujours revenir sur sa décision. James constatait avec un immense amusement le trouble de son meilleur ami.

Finalement, avec peu de conviction dans la voix, Gabriel ordonna à sa Reine de se déplacer derrière le groupe formé par les pièces noires, prenant un pion adverse au passage, afin de préparer un encerclement du Roi noir de ses pièces. Le sourire d'Eliot se fit alors immense.

« Échec et Mat ! »

Il fit déplacer un Pion isolé à l'avant dernière ligne de l'échiquier, qui effectua alors une promotion au stade de Cavalier. Dès lors, dans la configuration actuelle, le Roi blanc de Gabriel n'avait aucune chance de sortie, si bien que la pièce, rageuse, jeta sa couronne de bois et alla aussi sec retrouver le bord de l'échiquier.

Gabriel fit une petite grimace, avant de frapper sa main dans celle tendue par Eliot, beau joueur. Ce geste sembla coïncider avec l'ouverture de la porte du compartiment. La tête des quatre amis se tourna comme d'un seul homme vers le nouvel arrivant.

« Viridian ? s'étonna Bloom. Qu'est ce qui nous vaut ta visite, on a fait quelque chose de mal ? »

Liam Viridian se tenait en effet dans l'embrasure de la porte. Son badge de préfet-en-chef était épinglé bien en évidence sur sa robe, afin de montrer son rôle. James devait avouer que malgré son poste, il aimait bien Viridian. Même si c'était un Serpentard. Ce qui n'avait au final qu'assez peu d'importance, les Serpentard étaient devenus bien plus conviviaux qu'à l'époque du père de James. Enfin, il restait toujours des idiots, qui ne se concentraient cependant pas qu'à Serpentard.

Quoi qu'il en soit, Viridian se trouvait là, ses traits androgynes – qui constituait un sujet de potins de filles assez populaire à Poudlard avait un jour fait remarquer Frank aux quatre ex-première année – tirés.

« Je passais juste voir comment allaient nos terreurs. »

Il détendit alors ses traits, grattant un instant ses cheveux blonds et brillants. Les quatre Gryffondor se détendirent. Pour une fois qu'un préfet ne venait pas pour les réprimander.

« Victoire m'a envoyé à sa place pour vous dire de mettre vos robes, indiqua-t-il. Sinon, il paraît qu'elle aurait fait un meurtre. Quand je dis que les Gryffondor ne savent pas maîtriser leurs pulsions…
— Les Serpentard sont bien des mauvaises langues, eux, répondit innocemment Eliot.
— Ce n'est pas faux, concéda le Préfet-en-Chef. Mais attention à vous, les professeurs vous ont à l'œil.
— On était au courant, soupira Gabriel. En même temps, avec cette tornade sur pattes qu'est James.
— Tu peux parler tiens, je te rappelle que tu as autant de retenues que moi, rétorqua James.
— Seulement parce que j'ai pitié de toi et que donc je t'offre gentiment ma compagnie. »

Les deux garçons éclatèrent de rire, sous le regard amusé de leurs amis. Viridian ne dit rien, mais gardait son sourire bienveillant et ses yeux qui rappelaient la couleur de la terre, brillaient d'amusement. C'était un fait assez rare pour être noté, mais le préfet-en-chef, malgré sa maison qui bien souvent gardait toujours un préjugé à ce sujet, était un très grand partisan des nés-moldus, qu'il essayait toujours d'aider du mieux qu'il pouvait. C'était peut-être pour ça qu'au final tout le monde l'appréciait à Poudlard. Enfin, en plus de ses notes excellentes dans toute les matières et des éloges des professeurs sur son talent à la pratique de la magie.

« La répartition de ce soir va être un peu spéciale, prévint alors le Serpentard.
— Pourquoi ça ?
— Je vais vous laisser la surprise, mais je crois que ça ne s'est encore jamais vu à Poudlard avant. Allez, mettez vos robes, on arrive, moi je vais terminer de faire le tour des compartiments. »

Il leur fit un signe de la main et sortit alors, se dirigeant vers la fin du wagon. Suivant son conseil, les quatre Gryffondor se levèrent et sortirent leurs robes de leurs valises. Bloom leur fit un sourire, avant de sortir du compartiment et partir se changer avec les autres filles de Gryffondor qui étaient apparemment quelques compartiments plus loin. Les garçons, en silence, commencèrent à se changer à la lumière mouvante du lustre du compartiment qui sautillait au rythme du train.

« Mince, elle commence à devenir courte cette robe, grommela Gabriel. Faudra que je dise à ma mère de m'en racheter une nouvelle.
— Tu en avais pas déjà racheté une avant l'été ? s'étonna Eliot en ajustant son col.
— Si, justement, c'est ça le problème. Je grandis trop vite en ce moment…
— Au moins, James n'a pas ce problème lui. »

Le garçon tira la langue à Eliot, bien qu'il ne soit pas blessé par le commentaire. Il avait beau dos de dire ça, lui qui avait été le plus petit d'entre eux au début de leur première année. Oui, il était maintenant le plus petit de ses amis, mais c'était apparemment normal pour les Potter et son père était de toute façon d'une taille plus que convenable. James observa un instant sa robe, guettant les faux-plis, puis mit sa baguette dans la poche intérieure. Peu à peu, ils sentirent la locomotive ralentir. Dehors, le soleil avait disparu à l'horizon et la lumière du jour déclinait de plus en plus rapidement sur les vallées d'Écosse.

Bloom les rejoignit habillée de sa propre robe, un peu dépareillée comme à son habitude. Ils attendirent quelques minutes, avant de distinguer les lumières de Pré-Au-Lard et se diriger enfin dans le couloir, désormais bondé d'élèves. James sentait son cœur se mettre à battre un peu plus fort alors qu'il voyait par la fenêtre, malgré la pénombre, le paysage typique dans lequel Poudlard et Pré-Au-Lard étaient installés. Ils étaient enfin de retour ! Le train ralentissait de plus en plus, jusqu'à s'immobiliser totalement. Puis, enfin, les portes s'ouvrirent.

~Fin du chapitre~

[1] La Vision Nuage, comme son nom l'indique, est une sorte de nuage de magie servant à rediffuser des images d'un autre lieu. L'invention est récente et remplace la télévision des moldus, bien qu'elle ne soit utilisée que pour de grandes occasions.


Les premières bases sont donc posées, vous connaissez désormais un peu quels seront une partie des personnages principaux et/ou récurrents, ainsi que le contexte de cette histoire. J'ose espérer que vous n'aurez pas trouvé cela trop long, mais j'estimais nécessaire de poser tout cela d'une traite, sans couper le chapitre en deux. Selon vos retours, si c'est le cas, je me résoudrais cependant à le faire. (Edit : au final, je l'ai donc coupé en deux)

Concernant le titre de ce chapitre : Son Altesse James Potter. Il faut savoir que de façon un brin ironique et comique, j'avais surnommé ce chapitre "Potter, Potter, Potter and Potter. Oh, and his f*cking ego", soit en bon français "Potter, Potter, Potter et Potter. Oh et son fichu égo". Cela désignait évidemment le caractère orgueilleux et fier de James, un peu beaucoup égoïste sur les bords et peut-être même parfois insupportable. L'idée est restée la même, puisque Son Altesse James Potter désigne James sous la mention "Altesse", qui est le titre utilisé pour s'adresser aux Princes. Ceci est donc forcément une référence au fait que James est le fils de Harry, le « Roi » de l'univers Harry Potter et qu'il en est fier. Le titre est donc très ironique, indiquant que James a la grosse tête.

Pour ce qui est du titre même de la Fic, Sigma, sachez que je ne répondrais pas à la question de sa signification. Il en a bien une, qui vous sera révélé en temps voullu.

Comme vous l'aurez aussi remarqué, je prends directement la suite de la fin du Tome 7. Mais rassurez-vous, je ne compte pas écrire toutes les années d'études de James, car ce serait trop long, remplis de passages à vide et pas intéressant d'un point de vue personnel. Vous découvrirez ce qu'il en est dans les prochains chapitres.

Je crains aussi devoir enfin signaler que je suis malheureusement de ces auteurs qui sont fâchés avec les temps de publication réguliers. Je ne peux donc vous donner une date pour le prochain chapitre. Néanmoins, j'ai décidé de publier mes chapitres pour cette fiction toujours les samedis, ce qui vous offre déjà un repère. Néanmoins, je dois avouer que le deuxième chapitre ne devrait pas tarder, étant déjà écrit, donc d'ici deux à trois semaines normalement.

Bien entendu, si vous avez quoi que ce soit à dire, de positif ou non, j'attends avec grand plaisir vos reviews pour vous répondre. Sachez que même si vous ne possédez pas de compte , vos reviews sont acceptées. Les réponses à ces dernières seront par ailleurs données via un Google Documents, que vous pourrez trouver sur mon profil. ^^ N'hésitez pas à aller y jeter un œil, peut-être trouverez-vous une réponse à l'une de vos propres questions.

Voilà, ce sera tout, merci encore de votre lecture.

Niv'