Dualité

(Saint Seiya)

Bonjour à tous !

C'est avec un certain plaisir que je publie enfin ma première fiction sur Saint Seiya. C'est un univers que j'apprécie beaucoup mais sur lequel j'ai du mal à écrire.

Voilà pourquoi même si cette fiction est loin d'être parfaite (par exemple je ne suis pas très satisfaite du dialogue entre Ikki et Shun), je suis quand même contente de la publier ici. Et j'espère qu'elle vous offrira une lecture agréable.

Je précise quand même que vous découvrez ici une "version courte" de l'histoire prévue à la base. Normalement, l'histoire devait être bien plus longue et développer plus de couples. Finalement, comme je ne m'en sortais pas, j'ai préféré recentrer mon récit. Je fais tout de même référence à quelques couples.

Je finis en m'excusant pour les fautes d'orthographe et en vous souhaitant une bonne lecture.

Disclamer : Les personnages et l'univers appartiennent à Masami Kurumada.


Chapitre 1 : Un corps, deux âmes

Tout était calme au manoir Kido, voilà quelques mois que la Guerre Sainte contre Hadès avait pris fin. Quelques mois qu'une partie des chevaliers enlevés par la mort, qu'ils soient de bronze, d'argent, ou d'or, d'Asgard ou même des Océans, avaient miraculeusement retrouvé la vie. Tel un tribut payé par le vaincu au vainqueur. Athéna elle-même avait libéré quelques âmes de spectres qu'elle retenait, prix d'une paix trop provisoire encore à son goût. Néanmoins, pour le moment, l'heure n'était plus aux combats, il fallait panser les plaies de chacun. Et les cinq bronzes, sauveurs du monde, se reposaient au manoir Kido, tentant de se reconstruire.

Certains avaient des buts bien précis en tête. Ainsi, Shiryu avait décidé de vivre auprès de Shunrei. Celle-ci était en ce moment même au manoir, passant du temps avec son aimé, qu'elle avait eu si peur de perdre à jamais. Dans quelques semaines, quelques mois peut-être, ils prépareraient leur départ pour les Cinq Pics. Là-bas, sur la terre où ils avaient grandis ensemble, ils s'installeraient dans la tranquillité, tant que cela leur serait possible. Et chacun de leurs amis priait silencieusement, pour que cette paix leur soit durable. Pour le moment, Shiryu et Shunrei étaient attablés dans le salon, et jouaient au Go en papotant discrètement. Un peu plus loin, dans le fauteuil, Shun lisait. Il s'était récemment mis dans la tête de s'inscrire en fac de médecine, il étudiait donc un peu le programme. Cette lubie lui était venue peu après son réveil. Si elle avait d'abord surpris ses compagnons d'armes, ils avaient fini par accepter l'idée, plus ou moins facilement. Et de façon surprenante, ce fut Ikki qui comprit le plus vite les motivations de son frère. Le Phénix était d'ailleurs assis sur un autre fauteuil, les yeux perdus sur les flammes qui crépitaient dans la cheminée. Il faisait partie de ceux qui ne parlaient pas d'avenir. Il restait simplement là, auprès de son frère. Et les mauvaises langues cancanaient volontiers que c'était bien la première fois que l'oiseau de feu restait aussi longtemps dans un endroit sans combat. Et surtout que cela ne durerait pas.

Sur le canapé, Seiya regardait distraitement un match de boxe à la télé, le son en sourdine pour ne pas briser la tranquillité de cet instant, les pieds sur la table basse, détendu. Maintenant que la guerre était finie ses envies étaient excessivement simples. Il avait simplement choisi de rester auprès de Saori, mais aussi de sa sœur, dans leur ville natale. Ainsi, il partageait ses journées entre tranquillité, vie au manoir et surtout l'orphelinat. Là-bas, il aidait souvent Miho en compagnie de Seika. Tout comme Ikki, ainsi que chacun d'entre eux, Seiya était partagé entre le bonheur que les combats soient terminés, la peur qu'ils recommencent, et le vide qu'ils leur laissaient. Chacun d'entre eux n'avait été élevé que pour la guerre, maintenant qu'elle était fini, il leur faudrait à tous du temps pour passer à autre chose. Saori posa un regard bienveillant sur chacun de ses chevaliers. Ils leur faudrait du temps, mais désormais ils l'avaient devant eux. Les combats, même s'ils reprenaient, ne seraient plus jamais aussi violents, ou aussi longs. Désormais, il était de son devoir de les guider doucement dans une vie plus tranquille et plus simple, une vie que chacun aura choisie.

Soudain, un claquement sec résonna dans le silence tranquille du lieu, et se répercuta sur les murs du manoir. Chacun tourna les yeux vers l'origine du bruit, et tous furent étonnés par ce qu'ils voyaient. Shun, levé, la main encore haute, les yeux chargés d'une sourde colère, toisait Hyôga de toute la hauteur dont il était capable. Le Cygne, debout face à lui, avait encore la tête légèrement penchée, une expression de surprise sur le visage. Sa main était posée sur sa joue qui rougissait doucement, témoignant de la violence du coup porté. Shun qui frappe avec force et volontairement ? Aucune des personnes présentes n'osa bouger, trop estomaquées de voir le chevalier le plus doux qu'ils connaissaient avec une telle colère sur le visage. Seul Ikki amorça un mouvement pour se rapprocher de son frère. Mais la voix de ce dernier s'éleva, grondante :

_ Ça suffit Hyôga ! Je ne suis pas un jouet, bon sang !

_ Mais Shun, je croyais que...

_ Tais-toi ! Je t'ai posé la question à de nombreuses reprises. Avant la guerre, tu me répondais que tu ne savais pas. Il y a quelques mois, quand nous sommes revenue à la vie, tu m'as répété que tu me préférais comme un ami. Puis tu t'es empressé d'aller retrouver Flamme. Et maintenant que celle-ci t'a congédié parce qu'elle a déjà du mal à choisir entre Hagen et Siegfried, tu reviens vers moi ! Mais je suis quoi pour toi ? La troisième roue du carrosse ?

_ J'avais besoin de réfléchir... Plaida Hyôga encore choqué par l'attitude agressive de Shun. Je t'apprécie beaucoup tu sais... Je...

Un claquement de langue plus qu'autoritaire de la part du chevalier d'Andromède le fit taire.

_ Il fallait y penser avant de me repousser pour la énième fois ! J'en ai assez de t'attendre ! Amis, ça me va très bien moi !

Cette dernière phrase ne laissait absolument pas la place à la moindre objection. Shun tourna ensuite les talons sans un regard de plus pour les occupants de la pièce, et alla se réfugier dans sa chambre. Seul Ikki, et Shiryu peut être, remarquèrent que le chevalier aux cheveux émeraude serrait ses poings jusqu'au sang en montant rapidement les marches de bois, qui craquèrent sous ses pas. Dans le silence lourd qui suivit la scène, Ikki fronça les sourcils, mais il décida de s'occuper des choses dans l'ordre. Aussi il s'approcha d'abord de Hyôga, croisant les bras avec une expression sévère sur le visage.

_ Tu as bien agacé mon frère on dirait ?

Le Cygne baissa à demi le regard pour éviter de devoir soutenir celui de braise de son homologue chevalier.

_ J'aimerais te dire que ça ne te concerne pas, Ikki. Lança Hyôga un peu amer.

_ Malheureusement si, c'est mon frère...

_ Tu vas le couver encore longtemps ? Demanda Hyôga avec une certaine colère. Je n'ai pas de compte à te rendre, Phénix !

Ikki haussa les épaules.

_ Je ne t'ai rien demandé. Je n'apprécie pas que l'on joue avec les sentiments de mon frère, et saches que tu auras affaire à moi si ça va trop loin. Mais en soit tu as raison, c'est entre lui et toi.

Les autres occupants de la pièce étaient vraiment surpris. Que Shun frappe Hyôga, visiblement pour une sombre histoire de cœur dont tout le monde se doutait sans y prêter attention, était déjà particulièrement dérangeant. Mais que Ikki décrète qu'il n'avait pas à s'en mêler plus que nécessaire, et surtout qu'il ne veuille pas démembrer le Cygne après ça ? Leurs camarades commençaient sérieusement à se demander si les deux frères n'étaient pas grippés... En réalité, Ikki riait sous cape. Pourquoi donner une correction à Hyôga alors qu'il venait de se faire gifler par Shun lui-même ? Ce geste était bien plus fort et humiliant que toutes les tortures que Ikki aurait pu imaginer. Mais il en garda tout de même une ou deux en tête, au cas où il viendrait au Cygne l'idée de recommencer... Le Phénix prit ensuite tranquillement la direction de la chambre de son frère, il fallait qu'il se laisse le temps pour envisager toutes les possibilités. Retrouverait-il Shun dans une colère noire ou bien en pleure sur son lit ? Ou les deux ?

Pendant que Ikki finissait de mettre Hyôga mal à l'aise, Shun entra dans sa chambre et jeta, plus violemment que voulu, son livre d'anatomie sur son bureau. L'ouvrage glissa et tomba de l'autre côté du meuble de bois clair. Shun fixa un moment l'endroit où le livre aurait dû arrêter sa course.

_ Qu'est-ce qui m'arrive ? Murmura Shun pour lui-même. Je viens de me mettre en colère, de frapper un ami... Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Répéta-t-il un peu plus fort.

Seul le silence de la chambre lui répondit, mais il lui sembla entendre un ricanement au fond de son âme. Alors Shun se mordit violemment la lèvre et son poing alla heurter le mur avec force. Les larmes perlaient au coin de ses yeux, cachés par ses cheveux d'émeraude.

_ C'est encore toi qui joues avec moi ? N'est-ce pas ? Murmura le chevalier d'Andromède, la voix chargée de détresse.

Et ce fut à ce moment de faiblesse que quelqu'un toqua à la porte de sa chambre. Ravalant un sanglot, Shun répondit d'une voix forte :

_ Je ne veux voir personne !

Mais l'inquisiteur ouvrit tout de même la porte, apparemment sans prêter la moindre attention au souhait d'Andromède. Agacé, ce dernier saisit le premier magasine qui lui tomba sous la main pour le lancer sur l'imprudent, sans prendre le temps de chercher à le reconnaître

_ Personne ! Réitéra Shun avec violence.

Ikki réceptionna le magasin et haussa un sourcil en posant les yeux sur la couverture : un recueil de mangas boyslove. Il leva sur son frère un regard interrogateur, le cadet lui, détourna son visage qui se paraît déjà de ses plus belles nuances de rouge. Ikki sourit d'amusement en entrant dans la pièce pour déposer le livre sur le bureau, en gratifiant son frère d'un :

_ Tu lis ce que tu veux.

Après tout, les préférences de Shun n'étaient pas vraiment un secret d'état.

_ Désolé, j'ai cru que c'était Hyôga. Murmura Shun.

Son frère lui sourit avec tendresse, en posant une main sur son épaule.

_ Tu veux en parler ? Demanda-t-il.

Shun regarda par la fenêtre où un beau soleil illuminait les jardins qui entouraient le manoir Kido. Il répondit à son frère, mais sur un tout autre sujet.

_ Il t'arrive de penser à demain ? A la semaine prochaine ? Aux mois prochains ?

Ikki arqua un sourcil à la question de Shun, se demandant où son cadet voulait en venir. Ce dernier s'écarta de son frère pour se poster à la fenêtre, puis il expliqua sa pensée.

_ Nous avons toujours été entraînés pour la guerre... Maintenant qu'elle est finie... Shiryu va vivre avec Shunrei, Seiya semble vouloir rattraper les années passées loin de sa sœur. Et toi Ikki ? Que vas-tu faire ?

L'intéressé s'approcha un peu de son frère, avant de répondre.

_ Je vais rester auprès de toi, te soutenir dans tes projets.

De là où il était, Ikki pu voir un rictus déformer les lèvres de Shun, si bien qu'il demanda.

_ Tu ne veux plus devenir médecin ?

Shun tourna vers son aîné un regard triste.

_ Je ne sais pas... J'ai du mal à tourner la page je pense...

Le chevalier d'Andromède posa ses yeux sur le coffre sacré de son armure, situé dans un coin de la chambre.

_ Ça me manque de l'avoir sur le dos... Murmura-t-il. Pas que j'aimais combattre ! Loin de là ! Mais on dirait qu'elle fait partie de moi maintenant... Et je reste un chevalier, qui n'a d'autres préoccupations que de poursuivre l'idéale pour lequel on l'a formé... Shun laissa échapper un profond soupir. Dire que je déteste ce rôle...

Ikki posa ses mains sur les épaules de son frère, il ne comprenait que trop bien ce qu'il ressentait. Ce poids du devoir, qui devait encore plus s'exprimer chez son frère, héritier de l'armure du sacrifice. Que ce soit Shiryu, Seiya, ou lui-même, ils avaient été incapables de laisser leurs armures dans un coin de leurs armoires. Ils continuaient de s'entraîner ensemble régulièrement, et Hyôga se joignait parfois à eux, même si le Cygne préférait s'exercer seul. Shun savait que ses compagnons d'armes continuaient de s'échanger des coups, mais il avait toujours refusé de participer à ces entraînements. Il considérait son armure comme la matérialisation de son mal-être, de ces combats sanglants, de ces morts qui le hantaient. Il pensait donc que passer définitivement à autre chose le soulagerait. Mais visiblement, le changement avait été trop brusque.

_ On poursuit tous notre idéal à notre manière. Répondit finalement Ikki. Shiryu veut partager sa vie avec Shunrei, mais aussi aider les populations des Cinq Pics. Seiya est sans doute celui d'entre nous qui a le moins décroché de son rôle de chevalier, il continue à vouer une servitude profonde à Athéna. Mais il veut aussi protéger sa sœur, Miho et les enfants de l'orphelinat. Je ne te cache pas que je retournerais certainement parcourir le monde pour punir le crime à ma manière, comme je l'ai déjà fait. Et enfin, je suppose que Hyôga est dans le même cas, il espérait sans doute pouvoir partager sa vie avec Flamme.

_ Il voulait faire d'elle sa nouvelle raison de combattre, tout comme Shiryu avec Shunrei, ou Seiya avec sa sœur et Miho. Conclut Shun.

Était-ce là la solution ? Trouver d'autres raisons de combattre... Combattre, combattre, encore combattre, Shun détestait ça. Mais qu'est-ce qui l'avait maintenu debout durant toutes ces années de bataille ? L'envie de protéger le monde ? Son amitié pour ses frères d'armes ? Un peu de tout cela. Mais alors, devait-il continuer à s'entraîner dans l'idée qu'il devait se tenir prêt à affronter un nouvel ennemi ? C'était, au final, ce qui paraissait le plus logique au chevalier d'Andromède. Pourtant, il aurait voulu passer à autre chose maintenant que la guerre n'était plus. Semblant deviner les pensées qui tourmentaient son cadet, Ikki continua.

_ Il y a d'autres façons de poursuivre l'idéal pour lequel on s'est battu durant toutes ces années, Shun. Devenir médecin n'était pas une mauvaise idée, mais si tu ne te sens pas près pour un si grand changement, on trouvera autre chose.

Pour t'occuper, rajouta Ikki en pensée. Car visiblement c'était de cela dont son cadet manquait : d'occupations qui pourraient remplir ses journées, le faire songer à autre chose qu'à cette guerre sanglante encore trop présente dans son esprit. Le changement... Voilà bien ce qui effrayait Shun. Lui, jeune homme de près de vingt ans dont l'enfance avait été volée, tout comme celle de ses compagnons d'armes. Il cherchait tant bien que mal à se construire un quotidien stable et rassurant. Mais il lui manquait invariablement quelque chose. Il voulait également profiter de cette vie qu'il pouvait maintenant découvrir autrement que par la violence. Mais il ne savait pas comment faire, et la moindre nouvelle expérience le terrorisait. Ses amis étaient-ils dans le même cas ? Sans doute un peu.

Shun secoua brutalement la tête. Et puis il y avait cette présence qui s'agitait au fond de lui, qui lui rappelait sans cesse les horreurs de la guerre. Il était sûr que ses cauchemars étaient dus à cette voix malsaine dans son esprit. Tout cela ne l'aidait vraiment pas à aller de l'avant.

_ Shun ?

La voix doucement inquiète de son frère ramena Shun à la réalité. Il devait le lui dire, il le faudrait bien...

_ Ikki je... Il prit une grande inspiration, cherchant ses mots. Je ne suis plus moi-même... Hadès... est toujours en moi...

Une expression de terreur pure passa sur le visage du chevalier Phénix. Néanmoins, il tenta de rester aussi calme que possible.

_ C'est impossible, Shun ! Tu as chassé l'âme d'Hadès, aidé par le sang d'Athéna elle-même. Ça ne se peut pas ! Conclut Ikki plus violemment que voulu.

Shun se mordit la lèvre, il devait s'expliquer mieux que cela s'il ne voulait pas que son frère panique.

_ Ce n'est pas vraiment Hadès lui-même ! Mais plutôt un reste de sa présence... Une voix maléfique qui me murmure des horreurs... Parfois je ne me reconnais plus ! Je m'énerve, je perds le contrôle...

_ Comme quand tu as frappé Hyôga tout à l'heure. Comprit brusquement le Phénix.

Shun hocha piteusement la tête, et Ikki dut se rendre à l'évidence : voilà qui expliquait nombre de comportements étranges qu'avait eu son frère dernièrement et que lui et ses amis avaient simplement attribué aux traumatismes des derniers combats. Ils avaient vraisemblablement manqué de vigilance... Il avait manqué de vigilance, lui le frère protecteur, et cette idée déplaisait particulièrement au chevalier Phénix

_ Nous devons en parler à Athéna. Décida l'aîné. Puis, si tu le veux et avec son accord, nous partirons pour Sanctuaire.

Shun regarda son frère avec incompréhension avant que ce dernier n'explicite sa pensée.

_ Si Athéna n'a pas la solution au problème, Shion, Mu ou Shaka l'auront peut-être. De plus, être là-bas, entouré de nos frères d'armes qui tentent eux aussi de reprendre une vie normale, te fera peut-être du bien. Qu'en penses-tu ?

Shun souri, heureux, son frère avait toujours été là pour lui, et il venait de lui prouver une fois de plus que cela serait toujours le cas. L'idée lui paraissait intéressante, et puis revoir les ors lui ferait plaisir.

Les choses furent faites comme elles avaient été dites. Athéna n'avait pas de réponses claires à fournir aux deux frères, elle n'avait pu que constater une présence maléfique dans le cosmos du chevalier d'Andromède. Bien sûr, elle ne s'était pas opposée à leur départ pour le Sanctuaire, et avait même encouragé l'initiative. Shiryu, Shunrei et Hyôga choisirent alors d'accompagner les deux frères, voulant revoir leurs maîtres respectifs. Seiya quand à lui, préféra rester au Japon, auprès de Seika. Même si Marine lui manquait, Athéna serait amenée à faire des visites régulières au Sanctuaire, il se déplacerait à ce moment-là.

Arrivés au Sanctuaire, Shun et Ikki furent reçus par Shion qui exerçait à nouveau le rôle de grand Pope. L'ancien chevalier du Bélier, avait accepté cette nouvelle vie donnée par les Dieux comme un ultime cadeau. Il avait décidé d'aider ce Sanctuaire qu'il considérait comme sa maison à se reconstruire, il voulait aussi épauler les autres chevaliers dans la recherche d'une vie plus sereine. En effet, il se sentait responsable de ces chevaliers qu'il avait vu grandir, un peu comme un père le serait de ses enfants. De plus, libérer du poids de devoir préparer la prochaine Guerre Sainte, qui serait la préoccupation de la prochaine génération, il pouvait enfin profiter un peu de la vie. Tout comme Doko, qui n'avait plus à veiller jour et nuit sur le sceau qui retenait les spectres d'Hadès. Shion était accoudé sur le côté du trône de la salle du Pope, s'il portait bien la toge, habit traditionnel du Pope dont la couleur sombre mettait la blondeur de ses cheveux en valeur. Il se refusait en revanche à porter le masque, il n'aimait pas cacher son visage et surtout voir le monde au travers des yeux rouges et étrécis de l'artefact. Shion venait de régler une affaire mineur avec un garde et laissait ses pensées dérivées sur son homologue du signe de la Balance, quand les deux chevaliers Divins entrèrent.

Finalement, l'entrevue n'apporta pas beaucoup plus de réponses aux deux frères. La présence d'Hadès était là, tapie au fond du cosmos de Shun, parasitant son âme et son esprit. Néanmoins, Shion entraîna le jeune chevalier Andromède à part, l'amenant sur le balcon qui surplombait les douze maisons du Zodiaque. Ce qui allait être dit ne concernait que Shun lui-même, et Shion considérait qu'il devait laisser le choix au jeune homme de répéter ou non cela à son frère. Même si le Pope se doutait bien qu'il n'y avait que peu de secret entre ces deux là.

_ Shun, ce que je vais te dire, tu t'en doutes certainement déjà. Soit sûr tout d'abord que la présence laissée par Hadès est bel et bien une entité à part et non un fantôme créé par ton propre esprit.

Ça, Shun le savait en effet, mais dans un certain sens, cela le rassurait que Shion le lui confirme. Ainsi il était assuré de ne pas être devenu fou au point de s'inventer des chimères.

_ Cette présence, tu l'as peut-être ressentie, tire sa force de tes doutes et de tes souffrances. Continua le Pope. Cela pose un véritable problème. Car plus tu doutes, plus elle gagne en puissance et plus elle peut te faire douter en retour, pour en avoir davantage. Shion avait parlé d'une voix grave, lourde de sens.

Shun prit un instant, observant le Sanctuaire, pour bien saisir tout ce que cela impliquait. Même s'il s'en était douté, le fait que Shion le lui formule à voix haute faisait paraître la chose plus terrible encore. Il était pris dans un cercle vicieux qui semblait alors impossible à briser.

_ Et, avant que tu me le demande, je n'ai pas de solution à t'apporter. Avoua péniblement Shion. Mais je vais faire quelques recherches dans les archives du Sanctuaire, je trouverais peut-être quelque chose. En réalité il en doutait fortement, mais il devait trouver un moyen de rassurer le jeune chevalier. Sache que ton frère et toi, comme tout chevalier, serez toujours les bienvenues au Sanctuaire. Tu peux rester ici, parmi tes semblables, le temps que tu le souhaites.

Alors que les deux chevaliers Divins sortaient de la salle du Pope après avoir remercié Shion, Saga en franchit également le seuil. Il avait repris le titre de chevalier des Gémeaux à leur retour à la vie, et lui et son frère vivaient maintenant au Sanctuaire. Cela n'était pas sans poser problème après les trahisons de chacun. Et même si les deux chevaliers avaient prouvé lors de la dernier Guerre Sainte leur dévotion envers Athéna, même si Saga était possédé lorsqu'il avait pris le contrôle du Sanctuaire, des tensions subsistaient. Entre le Gémeaux et les frères Aioros et Aiolia notamment, même si le Sagittaire, plus sage, semblait plus enclin au pardon que son frère plus impulsif. Shura aussi, avait encore du mal à accepter la réhabilitation de Saga parmi les ors. En revanche Shion, trop conscient de ce qui s'était passé dans l'âme de son chevalier, conscient aussi des souffrances que cela lui causait encore aujourd'hui, avait accordé son pardon. Néanmoins, Saga voulait expier ses fautes envers l'ancien Bélier, et il avait alors trouvé cohérent de l'aider dans sa tâche de Grand Pope, puisqu'il avait lui-même été entraîné à occuper cette fonction. Une aide que Shion acceptait volontiers, et au final, les deux hommes se partageaient plutôt bien le travail. Mais quand il croisa le regard de Shun, dont la détresse profonde contrastait tellement avec le sourire poli que le jeune homme affichait, Saga sentit quelque chose de familier mais aussi d'extrêmement désagréable s'agiter au fond de lui. Il s'empressa de détourner le regard, se promettant de tirer cela aux claires plus tard, ne sachant pas que Shun avait lui aussi ressentit un tiraillement dans son âme.


Merci de m'avoir lu !

J'espère que ce premier chapitre de mise en situation vous a plu. Le prochain sera plus porté sur l'action, je le publierais dimanche soir.