Prompt : J'ai tenté de m'enfuir.


As de cœur.

Otis avait tenté de s'enfuir. Pas de chez lui, pas du lycée, juste de lui-même. Il avait seize ans, sa mère était thérapeute du sexe – et aussi une croqueuse d'hommes – et voilà que lui-même donnait des conseils aux lycéens à ce sujet. Il faisait des recherches, étudiait, matait des pornos de façon clinique, il avait l'impression qu'entre les cours, sa vie ne concernait que le sexe. Alors que lui-même était comme un iceberg quand il y pensait.

Il avait fait une crise d'angoisse quand Lily l'avait touché d'un peu trop prêt. Il avait envie de vomir quand il tentait de se masturber. Rien que l'idée le mettait mal à l'aise et pourtant il aurait voulu être simplement comme tout le monde, se laisser aller, coucher avec quelqu'un, et qu'on n'en parle plus.

Quelle ironie que celui qui donne des conseils sur le sexe autour de lui, n'ait même jamais touché personne. N'en avait même pas vraiment l'envie.

Pourtant que ce soit à la télé, dans les bouquins, et même dans la musique, le sexe était partout. À entendre Eric, c'était vraiment Otis qui avait un problème, à écouter son père, ça viendrait à Otis comme à tout le monde. Il fallait juste qu'il se jette à l'eau.

Et Otis en avait mal au bide.

Il se sentait effroyablement seul.

Et comment pourrait-il tomber amoureux ? Avoir une petite-amie ? Alors qu'il était incapable de coucher ? Il ne pourrait pas, il finirait seul.

Il se sentait cassé, abîmé et stupide.

Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il fallait que ça tombe sur lui, pourquoi il ne pouvait pas juste être normal comme toutes les personnes de son âge.

Et puis, il y eut une demande au lycée. Un peu spécial. Une fille qui expliquait qu'elle n'avait pas d'envie particulière concernant le sexe, et qui ne savait pas comment faire pour coucher avec son copain, alors que ça la rebutait. C'était un peu comme parler à un miroir, tout à coup, Otis comprenait si bien cette fille, qu'il avait envie de la prendre dans ses bras et de lui dire « merci, je ne suis pas seul au monde », il se contenta de promettre de faire des recherches. Et il se demandait pourquoi il n'en avait pas fait plus tôt.

Il aurait fallu un Otis pour Otis.

À force de recherche, Otis tomba sur le terme qui pourrait bien lui sauver la vie. Asexuel. Peut-être que c'était ça.

Cette fille était asexuelle.

Il était asexuel.

Et ce n'était pas anormal. C'était juste différent.

C'était comme s'arracher un poids de la poitrine.

Otis n'avait plus besoin de s'enfuir. Il pouvait juste être lui-même.

Fin.

L'autatrice : c'est mon interprétation bien sûr, mais en regardant la série et étant ace moi-même, je me suis pas mal identifié à Otis. J'ai vraiment regretté que le terme ne soit pas du tout abordé, donc j'ai voulu écrire cette fic.