Coucou, les Aventuriers. J'espère que vous allez bien! Voici un petit OS sorti un peu de nulle part. A la base, je voulais écrire un petit OS sur du Théthalzar mais... je crois que j'ai "légèrement" dévié de mon idée initiale. Malgré le côté un peu saugrenu et pas très joyeux(enfin, au début), j'espère qu'il vous plaira.

Disclaimer: l'univers d'Aventures appartient à Mahyar, Krayn, Bob, Fred et Seb.

Enjoy~

La place de Mirage avait des allures de fête quand le soleil arriva au zénith, faisant briller les rares pans de neige qui subsistaient sur les toits des maisons. Le froid hivernal qui s'était abattu sur la région depuis plusieurs semaines déjà semblait s'être calmé aujourd'hui alors que les nuages sombres qui avaient occupaient le ciel pendant des jours durant se dirigeaient vers la région d'à côté, permettant à Mirage de profiter pleinement de l'astre solaire. Les quelques oiseaux qui n'avaient pas lâchement fui la région pour rejoindre des lieux plus chauds profitèrent de la douceur du temps pour se poser sur les branches des arbres, gazouillant gaiement en attendant la prochaine pluie. Une petite bise soufflait sur la place, ramenant un peu de fraîcheur tout en faisant bouger les drapeaux jaunes frappés du blason de l'église de la Lumière qui avaient envahi le lieu, mettant un peu de couleur à la place, tandis que paladins et prêtres allaient et venaient sur la place sous le regard bienveillant du chef de l'église de la ville. Installé sur la structure en bois qui avait été dressé pour l'occasion, le vieil homme ne put s'empêcher de lever les yeux vers le soleil, souriant en sentant sa chaleur caresser sa peau fripée, avant de soupirer de contentement.

Quelle journée idéale pour une exécution.

Remettant ses vêtements en place pour rester impeccable, le prêtre arrêta tout mouvement quand le son d'une cloche résonna au loin, son sourire s'agrandissant légèrement. Se tournant vers l'un des paladins qui se tenaient près de lui, il lui fit signe de commencer les préparatifs avant de faire un pas en avant pour entamer son discours. Curieux par cette soudaine prise de parole, les passants s'arrêtèrent et commencèrent à s'approcher, écoutant ce que le prêtre disait, tandis que le paladin continua à suivre les ordres de son supérieur. Faisant signe à ses collègues, il se dirigea vers le donjon pour guider le cortège funèbre qui entama une marche lente à travers les rues de la ville. Les futurs paladins avançaient avec le torse bombée, extrêmement honoré d'avoir reçu ce devoir malgré leur inexpérience, tandis qu'au milieu d'eux, les prisonniers avançaient difficilement, leurs pieds lourds pataugeant difficilement dans la boue. Le dos courbé sous le poids de la fatigue, certains avait leur regard hagard rivé sur la place dont ils se rapprochaient, voulant que tout se termine rapidement, alors que d'autres avaient la tête baissée, continuant à proclamer leur innocence ou de s'apitoyer sur leur sort. La foule s'écarta à leur passage, restant silencieuse devant les condamnés plus par mépris que par respect, permettant aux futurs exécutés d'atteindre plus rapidement que prévu le prêtre qui les attendait sur l'échafaud, un sourire faussement bienveillant aux lèvres. Les paladins plus expérimentés firent signe à leurs cadets de partir et entreprirent de mettre les prisonniers en ligne. D'ailleurs, après avoir jeté un rapide coup d'œil aux personnes en attente du bourreau, l'un des paladins ne put s'empêcher de froncer les sourcils en remarquant que l'un d'eux, un jeune homme d'une vingtaine d'années environ, lui rappelait étrangement quelqu'un, l'obligeant à interroger un de ses collègues plus âgé.

-Bah, j'espère qu'il te rappelle quelqu'un, répliqua son camarade avec un air agacé. C'est le fils d'un de ces aventuriers de mes deux qui ont foutu la merde dans tout le Cratère pendant des décennies.

-Ceux qui ont amené un troupeau de trolls sur la ville de Morne ? Demanda le paladin curieux.

-Hum, peut-être. Ils ont fait tellement de conneries que ça ne m'étonnerait pas. Mais, je pensais plutôt à la montagne qui s'est effondrée ou à leur trahison lors du consensus des églises. On a perdu des membres à cause de toutes leurs conneries.

-Mais, c'est aussi eux qui nous ont aidé quand les Intendants ont voulu récupéré le pouvoir, non ?

Son locuteur eut une mine peu convaincue, ayant visiblement une piètre opinion des aventuriers qui l'empêchait de reconnaître objectivement que les églises leur devaient une fière chandelle.

-Mouais, peut-être, répliqua t-il avec une mauvaise foi déconcertante. Enfin, c'est du passé maintenant vu qu'ils ont pris leur retraite. Heureusement d'ailleurs. Parce que sinon, je te raconte pas le merdier que ça serait encore.

Ayant écouté la conversation après avoir compris que c'était à cause lui qu'elle avait commencé, le jeune prisonnier tourna la tête, ses yeux vides se posant sur les deux membres de l'église de la Lumière, avant de reporter son attention sur le prêtre, écoutant sans chercher à comprendre le discours du vieil homme. De toute façon, c'était sûrement un truc à propos de leur mission sacrée qui leur permettait de justifier toutes ces morts et toutes leurs actions ainsi que leur propre existence et il n'avait guère envie d'entendre ce genre d'âneries. Observant lentement la foule qui s'était rapproché de l'échafaud, le jeune homme ne put s'empêcher de chercher sa mère au milieu de tous ces visages haineux avant d'abandonner, sachant que si elle était là, elle serait au premier rang avec un grand sourire aux lèvres. Quant à son père, ce dernier ne savait même pas qu'il existait donc, le chercher dans toute cette foule était futile. Balayant les gens d'un regard fatigué, ses yeux finirent tout de même par s'accrocher à une silhouette qui semblait le fixer intensément, captant ainsi l'attention du prisonnier qui la détailla. Située légèrement en retrait de la foule, la personne dont les formes qu'elle possédait permit au jeune homme de conclure que c'était une femme avait le regard rivé sur l'échafaud, une expression sombre sur le visage. Elle ne semblait pas partagé le même engouement que les autres personnes présentes pour ce genre de spectacle, restant bien loin des personnes qui hurlaient tout en pointant du doigt les prisonniers, et se contentait de regarder la scène avec beaucoup d'attention, donnant l'impression de préparer quelque chose.

Un projectile atterrit en pleine tête du prisonnier qui serra les dents sous l'effet de la douleur, gardant la tête baissée pendant quelques secondes au cas où quelqu'un s'amuserait à réitérer l'expérience. Puis, quand l'atmosphère sembla se calmer un peu, le jeune homme releva la tête, constatant avec surprise que la demoiselle de tout à l'heure avait disparu. Sentant ses épaules s'affaissaient brusquement, il se décida finalement à fixer bêtement ses pieds, préférant éviter que son cerveau effrayé ait la bonne idée de lui faire imaginer des choses. Il fallait qu'il se rende à l'évidence, personne viendra le sauver. Que ce soit sa mère, son père, une connaissance ou une parfaite inconnue. Tel était le destin d'une erreur de parcours issue d'une relation d'une nuit entre deux êtres qui n'avaient jamais souhaité de recevoir un gamin au bout du chemin.

Après avoir excité les habitants avec un long et grand discours, le prêtre fit signe à un autre gradé de son église d'approcher, permettant ainsi à l'exécution de commencer. Ayant eu de nombreuses mauvaises surprises par le passé avec les différentes hérésies qui peuplaient le Cratère, l'église de la Lumière avait opté depuis quelques années pour la pendaison et, étant donné que la méthode n'avait pas changé, n'avait pas dû encore avoir de problèmes avec cette façon de procéder. La procédure était d'ailleurs à l'image de l'église : concise, rapide et surtout efficace. Le haut-gradé lisait le nom. La personne avançait. Le bourreau lui mettait la corde au cou. Le prêtre disait quelques mots. Abaissement du levier. Et la boucle reprenait, la file diminuant drastiquement au fil des grincements de levier. Continuant à regarder ses pieds, le jeune homme sentait son cœur se serrer alors que les personnes en face de lui continuer à avancer, appréhendant avec difficulté le moment où...

-Octave Lennon.

Déglutissant difficilement à l'entente de son nom, le dénommé finit par relever la tête, faisant les deux derniers pas de toute sa vie. Un silence de mort s'était installé sur toute l'assistance, le nom de famille et la ressemblance avec l'un des prénoms d'un certain pyromage n'échappant à personne. Après tout, malgré les années qui avaient passé après la fin de leur voyage, tout le monde avait entendu parler de Grunlek von Krayn, Théo de Silverberg, Shinddha Kory et Balthazar Octavius Barnabé Lennon. De ces quatre aventuriers intrépides qui avaient vécu de folles aventures avant de décider d'ouvrir une auberge pour trois d'entre eux et de finir tué dans des ruines dans des conditions mystérieuses pour le dernier. De ceux qui avaient sauvé le Cratère à de nombreuses reprises et qui avaient donné une nouvelle image à la classe des Aventuriers. Bien sûr que tout le monde en avait entendu parler avec tous ces bardes qui chantaient leurs exploits chaque soir à la taverne. Mais, personne n'avait entendu parler d'Octave Lennon, fils d'un demi-diable qui essayait d'oublier sa part démoniaque en faisant la cour à toutes les demoiselles qu'il rencontrait et qui, suite à une soirée un peu trop arrosée, avait été conçu pour vivre une existence misérable entre une mère qui le rejetait et un père qui ignorait tout de lui. Enfin, c'était qu'un détail maintenant.

Vu que c'était son dernier jour aujourd'hui.

Écoutant le vieux prêtre qui récitait d'une voix monotone de longues prières pour que la Lumière ait pitié de son âme en peine, Octave reposa son regard sur la foule qui s'agitait de nouveau, la stupeur étant passé pour laisser place à une cruauté effrayante. Bien qu'aucun projectile fut envoyé sur le jeune homme, les quelques prisonniers qui attendaient la mort en reçurent plein, les cailloux, fruits pourris et autres objets tombant en pluie sur l'échafaud. Baissant légèrement la tête, le futur mort sentit sa gorge se nouer alors qu'une horrible solitude commençait à l'étreindre. Jamais il ne s'était senti aussi seul de toute sa vie que maintenant. Enfin, presque seul comme le lui rappela la présence dans son esprit qui le suppliait de le laisser faire. Des images de massacres et de bâtiments brûlés commencèrent à se déverser dans sa tête alors qu'il continuait à fixer la foule, son regard vide de vie semblant chercher un quelconque signe réconfortant. Et, alors que le prêtre termina sa prière et que le bourreau se rapprocha du levier, Octave la vit.

Se glissant à travers la foule tel un serpent, la jeune fille de tout à l'heure se rapprochait de l'échafaud. Sa capuche rabattue sur ses cheveux, elle avait le regard posée sur le jeune homme tandis qu'un petit sourire rassurant flottait sur ses lèvres. Comprenant que c'était pour lui qu'elle souriait, le jeune homme ne put s'empêcher de la remercier d'un hochement de tête et finit par fermer les yeux, attendant patiemment que le grincement du levier résonne de nouveau. Un dernier ordre de la part du prêtre, un grognement étouffé de la part du bourreau. Le levier qui grince...

Mais, pas de sommeil éternel.

Bien qu'il ait senti le sol se dérober sous ses pieds suite à l'abaissement du levier, Octave ne ressentit aucune douleur à la base du cou, sentant juste ses fesses se réceptionner sur quelque chose de relativement mou. Une odeur de mort lui monta au nez alors que des ordres étaient hurlés au-dessus de lui. Comprenant qu'il y avait un problème, le jeune homme se décida à ouvrir un œil alors qu'une ombre se dessina devant lui.

-Tu... commença t-il alors qu'il reconnut la demoiselle de tout à l'heure qui se tenait le dos courbé devant lui.

Lui attrapant le bras, elle le tira vers elle pour le remette debout avant de le pousser brusquement sur le côté quand une lance manqua d'embrocher le jeune homme, se plantant dans l'un des corps des pendus qui gisaient sur le sol. De la trappe encore ouverte résonna un juron alors que le visage du prêtre apparut pendant quelques secondes, vociférant d'autres ordres à l'attention de ses soldats.

-Qu'est-ce que... S'écria t-il alors que des cris commencèrent à résonner derrière eux, venant de la foule cette fois.

Tirant sur son bras, la jeune fille l'obligea à se remettre en marche, lui déclarant d'une voix qui ne laissait place à aucun commentaire.

-Plus-tard les explications. Il faut fuir maintenant.

Marchant le dos baissé, les deux fugitifs finirent par quitter les dessous de l'échafaud, se mettant à courir à travers les rues de Mirage sous les cris des paladins qui les avaient pris en chasse. Toujours tenu par le bras, Octave suivait comme il pouvait la demoiselle, ne pouvant s'empêcher de jeter des coups d'oeil aux hommes en armure dorée qui les suivaient en leur ordonnant de s'arrêter. Il en profita aussi pour observer les points en hauteur avant de remarquer les silhouettes qui envahissaient les toits.

-Des archers ! cria t-il à l'attention de la demoiselle.

Acquiesçant à la remarque, la jeune fille jeta un bref coup d'œil dans les environs avant de tourner brusquement, s'engouffrant dans une ruelle à l'abri des flèches. Toutefois, les paladins restaient sur leurs talons. La course-poursuite continua, la demoiselle n'arrêtant pas de tourner dans tous les sens en fonction des rues qui se présentaient à elle, espérant ainsi que leurs poursuivants les perdent de vue. Mais, rien à faire. Les paladins restaient sur leurs talons, leur nombre semblant augmenter à chaque coin de rue. Et, alors que les jeunes s'essoufflaient, les hommes d'église gagnaient du terrain, se rapprochant dangereusement d'eux.

Tournant de nouveau, les deux fugitifs se retrouvèrent acculés alors qu'un mur leur barrait la route. Essayant de l'escalader, l'arrivée des paladins finit par leur couper l'envie alors que les lances dorés furent pointées dans leur direction, prêtes à être lancées au moindre geste suspect. Levant légèrement la tête, Octave remarqua la présence d'archers qui étaient prêts à les clouer au sol si jamais ils cherchaient à monter sur le mur. Reprenant son souffle avec difficulté, le jeune homme sentit la peur le prendre devant cette situation désastreuse et ne put s'empêcher de jeter un regard effrayé à la jeune fille qui fit un pas en avant. Se mettant devant lui, elle garda le dos bien droit, dévisageant avec un air fier les paladins qui la regardait avec circonspection.

-Rendez-vous ! Hurla l'un d'eux d'une voix autoritaire. Et, il ne vous sera fait aucun mal.

-Et pourquoi je devrais vous écouter, paladin ? S'enquit la demoiselle qui gardait un sang-froid exemplaire malgré leur situation précaire.

Abaissant sa lance, le paladin qui s'était adressé à eux sortit du lot, se mettant devant ses collègues qui restaient en position de défense. Faisant un pas en direction de la jeune fille, il fit briller le métal blanc de son armure et de son arme tout en bombant le torse, toisant sa locutrice d'un air supérieur.

-Vous venez d'aider un condamné à échapper à la corde et avait tenté de l'aider à fuir la ville. Sachez que ce type de faute est considéré comme..

-Comme un acte d'impolitesse auprès du dieu de la Lumière et que ce genre d'actes mène à la potence, continua t-elle sur un ton froid. Merci de la leçon, paladin de la Lumière, mais je la connais déjà.

L'homme plissa des yeux à la remarque, répliquant d'une voix sévère.

-Au vu de la façon dont vous répondez, je doute que vous ayez vraiment assimilé cette leçon. On dirait même que vous n'avez pas compris dans quel merdier vous vous êtes fourrés tous les deux.

Tirant son épée, il se rapprocha de la demoiselle, la pointe de l'arme pointée vers sa gorge alors qu'il ajouta, un sourire triomphant naissant sur ses lèvres.

-Enfin, ce n'est pas grave si vous n'avez pas compris. Après tout, votre course se termine ici.

Alors que l'homme se rapprochait d'eux, Octave ne put s'empêcher de déglutir difficilement. Non. Maintenant qu'il avait réussi à échapper à la corde, il refusait catégoriquement d'y retourner. Même s'il était terrifié à l'idée d'être entouré par autant de monde, même si quelques instants auparavant, il avait plus ou moins accepté sa mort, le jeune homme se rendit rapidement compte qu'il préférait se battre plutôt que de devoir faire face de nouveau au bourreau. Serrant légèrement le poing, il sentit sa peur muter en une émotion qui lui était inconnue jusqu'ici sous l'effet de son instinct de survie qui venait de se réveiller. Fermant les yeux, il rassembla toutes les forces qui lui restaient pour se concentrer. Et, alors qu'il continuait à bander sa volonté, le paladin continuait de menacer la demoiselle qui fut obligée de faire un pas en arrière alors que la pointe de l'épée se posa sur sa gorge.

-Pour quelqu'un qui ne devait pas nous faire de mal, je trouve que vos méthodes vont à l'encontre de ce que vous promettez. Enfin, cela m'étonne guère d'un paladin de la Lumière. Rares sont ceux qui tiennent leur parole de nos jours.

-Tenir parole ? Répéta l'homme avec un sourire carnassier. Sachez, mademoiselle, que je tiens toujours parole. Mais pas auprès des hérétiques comme vous.

Serrant les dents à l'appellation, la jeune fille s'apprêta à répondre quand deux mains se tendirent devant elle alors que son compagnon de fuite se rapprocha, lui intimant de ne pas bouger. Acquiesçant légèrement de la tête, la demoiselle ne put s'empêcher de soupirer quand la pointe froide sur sa gorge disparut alors que le paladin eut un mouvement de recul, se préparant à crier des ordres aux archers.

Avant qu'une gerbe de flammes le fasse taire.

Octave ne put s'empêcher d'arborer un petit sourire satisfait alors qu'il rouvrit enfin les yeux, contemplant le feu qui se dégageait de ses mains pour venir lécher l'armure des paladins et les habitations aux alentours. Une odeur de brûlé commença à se répandre dans l'air, excitant le jeune homme qui en profita pour s'en prendre aux archers qui furent obligés de reculer pour ne pas être pris dans les flammes. Son démon intérieur qu'il avait si longtemps tenté d'ignorer s'agita un peu plus dans son esprit alors que son hôte continuait de puiser dans sa part démoniaque. Cependant, un coup de coude bien placé dans les côtes finirent par le ramener à la dure réalité, l'obligeant à se reprendre. Gardant son sort pendant quelques secondes supplémentaires, il lui fallut beaucoup de volonté pour mettre éteindre les flammes présentes dans ses mains. Il jeta un rapide coup d'œil au carnage qu'il avait causé, observant ses ennemis qui étaient toujours en proie avec le feu, avant d'attraper le bras de la demoiselle.

-Allons-y, cria t-il d'une voix un peu trop grave tout en se remettant à courir.

Reprenant leur course, Octave tira la demoiselle à travers les rues de Mirage, continuant à chercher une échappatoire. A cause de l'incendie et la panique qu'il causait, les gens étaient plus préoccupés par la possible destruction de leur foyer que par les deux fugitifs et ne purent prévenir les paladins qui commençaient à les chercher à l'aveugle, permettant aux deux jeunes de s'éloigner de la place tout en prenant soin à ne pas croiser les paladins. Ralentissant un peu la cadence, ils finirent par s'arrêter dans un coin désert des bas quartiers pour reprendre leur souffle, restant malgré tout à l'affût de tout bruit.

-Tu...

Faisant un mouvement brusque pour dégager son bras de la prise du jeune homme, la demoiselle fut obligée de s'interrompre pour tousser alors qu'elle fixait avec un air indéchiffrable son compagnon de fuite. Ce dernier la dévisagea d'un air honteux, sachant très bien ce que les gens avaient l'habitude de penser quand il utilisait sa partie sombre. Baissant la tête, il se mordit la lèvre alors qu'il entreprit de calmer son démon.

-Je sais, dit-il d'une voix emplie de honte. Je suis un...

-Tu es complètement timbré!

La remarque eut pour effet de faire écarquiller les yeux du concerné qui dévisagea la jeune fille. Un immense sourire était apparu sur ses lèvres alors qu'elle semblait avoir du mal à contenir un fou rire, ses nerfs étant visiblement en train de lâcher. Se collant contre le mur, elle se laissa glisser alors que ses épaules commençaient à trembler sous l'effet de son éclat de rire qu'elle essayait d'étouffer du mieux possible. Un peu surpris par sa réaction, Octave la dévisagea avec de grands yeux, finissant par esquisser un sourire timide alors que l'euphorie de sa partenaire de fuite commença à le contaminer. Finissant par émettre un petit rire, il ne put s'empêcher d'être surpris par le son de son propre rire. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas ri qu'il en avait presque oublié à quoi ça ressemblait. Et malgré l'épée de Damoclès qui se trouvait au-dessus de lui, il ne put s'arrêter, continuant à pouffer le plus discrète possible en compagnie de la jeune fille qui se calma un peu, s'essuyant les yeux du revers de la manche.

-Ah, bordel, finit-elle par dire d'une voix étranglée. Aldo ne me croira pas quand je lui dirai qu'il y a plus timbré que moi dans ce monde.

-Pour quelqu'un qui vient de se mettre dans un merdier en sauvant un parfait inconnu, je pense être plus sain d'esprit que toi.

Alors qu'Octave fit cette remarque tout en essayant de reprendre son sérieux, il finit par se remettre à pouffer quand la demoiselle lui donna une tape sur l'épaule avec un petit rire, peu agacée par ce qu'il venait de dire. Au contraire, elle semblait être d'accord avec lui. Se remettant debout, elle donna quelques petites tapes sur sa cape pour enlever la poussière avant de dire comme pour se défendre.

-J'ai fait ce qui me semblait juste. Être ou ne pas être sain d'esprit n'a rien à voir avec ça.

Octave eut un petit sourire amusée à la réponse de la demoiselle qui fit tomber sa capuche sur ses épaules pour ramener sa longue tresse sur son épaule, en profitant pour remettre le long ruban jaune qui entourait ses cheveux en place. La regardant faire, le jeune homme la détailla un long moment avant de reprendre la parole, avec sérieux cette fois.

-Merci... de m'avoir sauvé.

Se grattant la tête d'un air un peu ennuyé, le jeune homme observa pendant quelques secondes le sol avant de reprendre d'une voix légèrement plus faible.

-Je ne sais pas exactement pourquoi tu m'as aidé à m'échapper mais si tu n'avais pas été là, je ne serai pas là à te parler. Bon, je ne serais pas aussi en fuite avec la garde d'une ville et d'une église à ma recherche mais... je... Enfin, vraiment merci.

La demoiselle eut un petit sourire alors qu'elle laissa sa tresse tranquille. Le dévisageant longuement, elle finit par secouer la tête, répliquant gentiment.

-Attends qu'on soit sorti d'affaires pour me remercier, Octave.

Le dénommé hocha doucement la tête avant de se rendre compte qu'elle venait de l'appeler par son prénom. Puis, au moment où il s'apprêta à lui demander comment elle savait ça, il finit par se rappeler que son nom avait été crié à la foule quand ce fut son tour d'être pendu. Et, étant donné qu'elle était là, le fait que la demoiselle ait entendu son prénom n'avait rien de surprenant. Esquissant un petit sourire, il finit par faire un pas vers elle et de croiser les bras, lui demandant avec un ton amical qu'il n'avait presque jamais employé auparavant.

-Dans ce cas, puis-je connaître le nom de celle qui m'a fichu dans un merdier pas possible après m'avoir aidé à fuir le bourreau ?

La question fut accueilli par un silence alors qu'une expression hésitante apparut sur le visage de la jeune fille qui dévisagea le jeune homme. Ses yeux couleur émeraude plongés dans ceux ambrés de son compagnon d'infortune, elle sembla sonder son expression tout en pesant les conséquences de sa réponse à cette question extrêmement simple. Puis, après une longue réflexion, elle finit par soupirer.

-Séléné.

La réponse un peu courte eut pour effet d'intriguer Octave qui ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Il avait l'impression que cette présentation était incomplète et attendit en vain qu'elle lui donne un nom de famille ou le nom de son clan. Mais, elle se cantonna à son prénom (qui était peut-être un faux, qui sait). Cependant, malgré la curiosité qui le titillait, le jeune homme préféra ne faire aucune remarque. Après tout, bien qu'ils aient vécu une journée un peu chaotique tous les deux, ils restaient de parfaits inconnus et ils pouvaient comprendre qu'elle veuille garder ses secrets pour elle. Acquiesçant à la réponse, il finit par lui adresser un petit sourire avant de lui tendre la main, mimant ce fameux geste que l'on faisait quand on rencontrait quelqu'un.

-Enchanté, Séléné.

La dénommée observa la main tendue vers elle avec une certaine méfiance, son regard allant de la paume à son propriétaire à plusieurs reprises. Puis, après quelques secondes de flottement, elle finit par hocher la tête alors qu'un petit sourire apparut sur ses lèvres. Et, avec une expression plus sûre d'elle, elle attrapa la main tendue, scellant ainsi cette première rencontre qui marqua le début de leur amitié.

Mais surtout le début de leurs aventures.