Bonjour à tous !

Je vous présente une nouvelle fic, qui se situe au temps de la première guerre contre Voldemort. Elle sera en trois partie, et la première (qui comporte 20 chapitres) raconte la dernière année de James, Lily, Sirius, Rémus, Peter et les autres à Poudlard.

J'ai rajouté un Monde de mon invention, à côté du monde magique et du monde moldu : le monde des Originels, qui sont des hommes qui ont décidé de se séparer des autres hommes il y a très longtemps, pour vivre une vie plus simple, sans technologie et proche de la nature. Mais ils n'apparaîtront pas beaucoup, j'en avais juste besoin pour deux ou trois détails et ça me faisait plaisir de m'exercer à les écrire, car ils sont le centre d'une autre histoire que j'écris (et qui n'est pas une fanfiction !)...

Je mets dès maintenant un rating M, car sur les 18 chapitres déjà écrits, il y a quelques scènes de sexe et de violence. Et puis mes personnages ne parlent pas toujours avec des mots du dictionnaire... Que voulez-vous, c'est la guerre !

Donc, cette fic n'est pas une romance ou un PWP, ce n'est pas une darkfic, ce n'est pas de l'humour, de l'aventure... mais c'est un peu tout ça à la fois.

Je vais essayer de tenir un rythme de publication hebdomadaire ou bi-mensuel, ça ne devrait pas poser de problèmes pour cette première partie qui est de toutes façons presque entièrement écrite.

Ah et aussi... Vous savez à qui appartiennent les personnages et la meilleure partie de l'histoire ? Un indice : pas à moi... (et merci à elle !)


Chapitre I : Une Indésirable est née, finalement.

(4 juillet 1977)

Le petit bonhomme gris attendait patiemment aux grilles de Poudlard, raide et digne dans sa simple tunique de toile. Sur le chemin du château apparut très vite la haute silhouette d'Albus Dumbledore qui avançait à grand pas dans sa direction. Le directeur n'avait pas beaucoup changé depuis trente-deux ans, pensa-t-il, toujours ce même goût douteux pour les tenues tape-à-l'œil et les associations de couleur qui agressent la rétine. Violet. Orange. Vert. Des motifs d'argent qui brillent. Trop loin pour les discerner. Combien ? Une bonne trentaine. Comment ces sorciers peuvent-ils perdre autant de temps dans ces futilités ? Leur sens des priorités étaient décidément fort différents, entre leurs deux mondes. Cette pensée n'était pas une marque de mépris, c'était une simple constatation. Non, Racine du Peeblesshire ne ressentait pas de mépris, ou tout autre sentiment inutile : il se contentait d'engranger les informations et de les organiser, pour les restituer dans le bon ordre lorsque le besoin s'en fera sentir. Les informations : récolte, tri, restitution. C'était sa place et sa fonction en tant que Sage. Même si, comme on le découvrira par la suite, Racine du Peeblesshire était un Sage qui présentait bien des particularités inquiétantes pour sa communauté.

Albus Dumbledore, pendant ce temps, avait atteint le portail, et après avoir levé d'un geste les enchantements qui protégeaient l'école de sorcellerie, il ouvrit la grille. Lorsque Racine leva la tête vers ce visage aussi ridé que le sien, vers ces yeux lumineux qu'il n'avait plus vus depuis le 27 mars 1945, il ne put s'empêcher de ressentir une vague... sensation... au creux de l'estomac. Après avoir compté les nouvelles rides de Dumbledore et noté qu'il avait perdu à peu près 1,7 centimètres depuis leur dernière rencontre. Oui, Racine du Peeblesshire était un Sage d'un genre un peu particulier. Et c'était pour cela que le directeur de Poudlard l'appréciait sincèrement.

« - Mon cher ami ! » s'exclama-t-il en ouvrant ses bras, malicieusement. Il savait parfaitement que les Sages ne donnent pas l'accolade.

« - Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore. Ordre de Merlin, première classe. Enchanteur-en-chef. Directeur de l'école de sorcellerie Poudlard. 1 : nous nous connaissons bien. 2 : vous m'ouvrez les bras. 1-1 : vous savez que je ne vous embrasserai pas. 2-1 : vous voulez me témoigner de la sympathie. 1-2 : je sais que vous aimez taquiner les gens que vous appelez vos amis. 2-2 : je vous témoigne ma sympathie par cette visite.

- Conclusion ? s'amusa Dumbledore.

- Nous concluons donc que vous êtes content de me revoir. Ergo je suis désolé que le but de ma visite soit si sombre.

- Ce qui signifie que vous aussi êtes content de me revoir, non ? »

Racine grommela quelques paroles indistinctes et s'avança sur le chemin :

« - On va aller dans votre bureau. » Ce n'était pas un ordre. Le pétillement caractéristique des yeux de Dumbledore s'intensifia :

« - Je me demande pourquoi vous avez pris la peine de vous déplacer, puisque vous connaissez déjà l'issue de cette rencontre... »

« - Ne vous faites pas plus bête que vous ne l'êtes, Albus, l'issue de cette rencontre n'adviendra que si nous nous rencontrons. »

« - Je sais bien, mais ce n'est que lorsque je parviens à vous faire énoncer des évidences que vous perdez cette habitude de parler par équations », s'amusa le vieux sorcier. « Cela vous va si mal... »

« - C'est pourtant une manière bien plus rationnelle de communiquer que les énigmes, sous-entendus et autres litotes dans lesquels vous excellez. »

Tout en échangeant ces paroles, ils étaient parvenus au château, désert en ce début du mois de juillet. Par politesse, Racine se laissa guider jusqu'au bureau du directeur, bien qu'il connaisse parfaitement le chemin. Dumbledore s'effaça sur le seuil pour laisser son visiteur pénétrer le premier dans ses quartiers.

« - Personne n'entendra cette conversation. »

« - Si c'est une question, je peux vous assurer que l'école est complètement vide. Notre garde-chasse est en mission, et même ce bon Rusard a accepté de prendre quelques jours de vacances. »

« - Je voulais simplement vous informer que personne n'entendra cette conversation, pourquoi essayez vous toujours de chercher un sens caché derrière mes propos ? »

Le Sage s'assit près de la cheminée dans le fauteuil que Dumbledore allait lui proposer. Il prit également un bonbon dans la vasque sur une petite table à portée de main.

« - Asseyez-vous donc, Albus. »

« - Je ne cherche pas de sens caché », reprit Dumbledore en s'exécutant de bonne grâce. « Je sais simplement qu'il y a toujours plus dans vos paroles que ce que vous me dites. »

Racine leva un sourcil en signe d'intérêt.

« - Par exemple, lorsque nous nous sommes quittés après la chute de Grindelwald, vous m'avez salué comme à votre habitude, me donnant mes prénoms et titres complets. Pourtant, vous avez rajouté Président-Sorcier du Magenmagot. »

« - Ah ! vous aviez noté cela ! »

Dumbledore, qui allait continuer son explication, s'arrêta net, le sourire aux lèvres :

« - De l'ironie, Racine ? De l'ironie ! »

Une ombre de sourire plana au coin de la bouche du vieil homme en gris assis en face de lui :

« - Vous savez, les mauvaises fréquentations... Mais poursuivez, je crois que vous étiez en train de développer un raisonnement. »

Et il reprit une sucrerie. Dumbledore sourit de plus belle :

« - Alors, je me suis dit – pardonnez à un vieil homme ses accès de vanité – : chouette, une promotion ! Bien évidement, vous savez que cette promotion, je l'attends toujours... » Il fit une pause. « Mais tout à l'heure devant les grilles, vous n'avez plus mentionné cette distinction... »

« - Et donc, votre conclusion ? »

« - Elle est très simple. Avec vous mon cher ami, il faut certes prendre en compte vos paroles, mais également considérer le pourquoi vous parlez. Pourquoi vous choisissez de dire telle chose à tel moment à telle personne. Voilà le sens caché auquel il faut être attentif lorsqu'on vous écoute. »

Racine resta silencieux quelques secondes. Il fixait les flammes. Son visage glabre était pensif. Son interlocuteur respecta ce silence, car il savait que le vieux Sage était en train de calculer. Il passait en revue les futurs nœuds possibles de l'histoire, et ce qu'il devait dire pour que l'histoire advienne. Cela pouvait prendre parfois plusieurs minutes, lorsque le dénouement était particulièrement lointain. Mais l'autre reprit la parole assez vite :

« - Vous avez raison bien sûr, Albus. Je ne vous ferai pas l'insulte de vous complimenter sur votre intelligence. Vous allez être Président-Sorcier du Magenmagot et si je ne l'ai pas mentionné tout à l'heure c'était simplement pour vérifier que vous l'aviez toujours en tête. Pardonnez-moi. »

« - Je comprends parfaitement », soupira Dumbledore. Il regarda en direction des flammes lui aussi. « En savoir beaucoup, et un savoir que les autres doivent absolument découvrir par eux-mêmes. Vouloir les aider tout en leur laissant prendre leurs propres décisions. Une position délicate. »

« - Juste un conseil : travaillez cette position Albus, vous allez en avoir besoin. »

Le vieux sorcier se redressa imperceptiblement dans son fauteuil. Racine du Peeblesshire avait beau être avec lui plus disert que n'importe quel Sage qu'il eut jamais rencontré, il n'avait pas pour habitude de donner des informations aussi directement. Le visiteur sembla avoir remarqué la tension chez son hôte. Ou peut-être le savait-il avant même de venir.

« - Il faut que je vous dise ça, mon... ami. » Les yeux de Dumbledore cessèrent de pétiller lorsqu'il entendit le dernier mot. Il ne l'avait jamais appelé ainsi, ni n'avait eu ce regard affectueux que Racine posait à l'instant sur le visage ridé du directeur de Poudlard. « Les temps qui s'annoncent sont durs. L'heure est grave et la communauté sorcière va faire face, encore, à un grave danger. »

Le sorcier s'enfonça dans son fauteuil. La guerre était déjà aux portes de Poudlard. Il lança, un peu amer :

« - Et cette fois-ci, les Originels, que vont-ils faire ? Se battre à nos côtés ? »

Racine détourna les yeux, pour les reposer sur le feu.

« - Les Originels ne sont toujours pas concernés. Pour ce que nous avons pu nouer comme fils jusqu'ici, le pouvoir sombre qui se lève par chez vous ne nous menace pas. Ne nous concerne pas. Ne commencez pas à discuter ceci Albus Dumbledore, vous savez que ce genre de décision ne m'appartient pas. »

« - On en reparlera pourtant. Je vous le garantis. »

Les deux hommes restèrent un moment silencieux, Dumbledore méditant sur les prédictions – ou plutôt sur les calculs, que son ami venait de lui exposer. Dans leur communauté, les Sages ont pour fonction de récolter toutes les informations disponibles, de les trier et de les organiser sous forme de quipu, de fils noués qui, lorsqu'on sait les lire, expliquent les événements à venir, simples enchaînements de causes et de conséquences. Chaque Marmite (l'équivalent d'une juridiction, en somme) était chargée de collecter les informations de leur secteur, puis les Sages nouaient, roulaient en nouant, puis déroulaient en lisant les conclusions. Comme de l'Arithmancie, mais en beaucoup plus précis... Un résultat aussi vague que « les temps vont être durs » ne peut alors être mis en doute. Les Sages en savent certainement beaucoup plus, notamment à la Marmite centrale chargée de collecter les informations de tous les secteurs, mais cette tonalité générale est la seule qu'ils s'autorisent à fournir, pour éviter de devoir recommencer des heures et des heures de tissage. Et d'aboutir à un résultat bien pire. Au bout de dix bonnes minutes, le vieux sorcier commençait à s'étonner que son visiteur ne fasse pas le geste de partir. Après tout, le message a été délivré, et même si ce Sage-là avait la particularité d'agir parfois selon son cœur et non selon ses calculs, Racine n'avait pas l'habitude de s'attarder dans les conversations de courtoisie :

« - Vous avez donc autre chose à me dire. »

« - Oh oui. »

Le vieux Sage inspira profondément :

« - Une nouvelle Indésirable est née. »

Dumbledore accusa le coup. Il avait vu de ses propres yeux la seule encore en vie.

« - Et... en quoi ça me concerne ? »

Racine avait l'air légèrement mal à l'aise. Il se tortillait de plus en plus sur son siège, puis explosa :

« - Personne ne comprend comment c'est arrivé ! D'habitude, on les repère bien avant leur conception, et on s'arrange pour qu'elles ne voient jamais le jour ! »

Son visage d'ordinaire calme et terne était singulièrement animé, et une légère rougeur se devinait sur ses joues. Qu'un événement comme la naissance d'une Indésirable ait pu leur échapper semblait assez important pour le faire sortir de ses gonds. En tout cas plus qu'une grave menace qui pèse sur le Monde Magique, songea Dumbledore avec un peu d'amertume. Mais l'autre poursuivait :

« - Et celle-ci nous a échappé ! Elle a 17 ans, nom d'un atome ! On a retrouvé sa trace dans les nœuds seulement le mois dernier ! »

« - Et qu'allez-vous faire d'elle ? »

Racine se calma aussitôt, et repris son ton froid :

« - 1- Nous tuons toutes les Indésirables que nous n'avons pas pu empêcher de naître... »

« - Racine, je t'en prie ! » le coupa Dumbledore. « Ne recommence pas à me parler sur ce ton. Et de plus, tu sais très bien ce que je pense de cette politique absurde. » L'emploi soudain du tutoiement sembla avoir l'effet désiré. Racine repris plus doucement :

« - Nous avons trop souffert avec Ullicia. Elle a fait trop de mal pour que nous puissions prendre le risque d'en laisser une autre vivre. Enfin, ce qui s'appelle vivre... je crois que vous avez eu la chance de rencontrer Allia ? »

Le sorcier grinça entre ses dents :

« - Vous ne cherchez aucune solution à son problème. Vous vous contentez de la droguer pour la rendre inoffensive et la laissez petit à petit se diluer lentement dans son environnement. C'est criminel. »

Racine éleva la voix, fermement :

« - C'est qu'il n'y a pas de solution aux Indésirables. Elle sont condamnées à se diluer, et à faire beaucoup de dégâts avant cela. C'est ainsi. D'autres ont essayé. C'est cela qu'il faut que vous compreniez. »

« - Qu'il faut que je comprenne ? Je commence à avoir du mal à vous suivre. »

Son visiteur baissa la voix et se rencogna dans son fauteuil pour poursuivre :

« - C'est que vous ne savez pas tout. Nous n'avons pas réussi à mettre la main sur elle. C'est vous qui l'avez. »

« - Comment cela ? »

« - Eh bien, pas maintenant. Mais c'est noué, et nous ne pouvons rien y faire. Elle sera auprès de vous. Ici, à Poudlard. Et vous nous interdirez de la récupérer, fou que vous êtes. »

Bien sûr que je l'interdirai, pensa Dumbledore immédiatement. Mais les implications de ces deux révélations coup sur coup lui faisaient... peut-être pas froid dans le dos, mais il ne pouvait s'empêcher de regarder déjà avec nostalgie les années tranquilles qui le séparaient de son dernier combat. Et de plus, il y avait quelque chose qu'il ne comprenait pas :

« - Si vous savez déjà que je ne vous la livrerai pas, Racine mon vieil ami, que faites-vous ici ? »

Son ton était doux et il avait posé une main amicale sur le genou du petit homme assis dans le fauteuil à côté du sien. Ce dernier se rencogna encore plus, si c'était possible :

« - Ma visite n'est pas vraiment... désirée. »

« - Elle va au contraire de vos fameux nœuds ? »

Racine se redressa :

« - Non, quelle idée ! Non ! Bien sûr que non ! »

Se laissant retomber, il poursuivit :

« - Mais les autres Sages pensent qu'elle est vaine... »

Dumbledore le regarda avec attention :

« - Et vous... n'avez pas suivi leur avis. Vous n'avez pas suivi les nœuds »

Réponse indistincte de son interlocuteur.

« - Mais enfin, mon cher Racine, cela veut dire que vous croyez en mon libre arbitre ! »

Cette fois-ci, l'autre répondit :

« - Le libre arbitre n'existe pas ! Mais j'ai... tendance à penser parfois qu'un homme tel que vous... Eh bien... n'est peut-être pas nouable. »

Dumbledore triomphait. Une vieille guerre théorique, et il était en train de la gagner. Il eut la victoire modeste :

« - C'est ce que j'appelle du libre-arbitre, mais passons. Il va falloir m'en dire plus, Racine. Déjà, vous ne vous seriez pas présenté à moi contre l'avis de votre communauté si vous n'aviez pas d'arguments plus forts que vos beaux yeux implorants à me proposer... »

« - Albus, je vous en prie... »

« - Donc, parlez, je me tais. »

S'asseyant sur le bord du fauteuil, le Sage fit face au Sorcier :

« - Mes propos seront elliptiques. Vous comprenez et me pardonnez. »

Dumbledore n'eut même pas besoin d'acquiescer. Cela relevait de l'évidence.

« - Il y aura des temps sombres. Peut-être les temps les plus sombres que la communauté sorcière ait vécus depuis votre Sécession d'avec les Moldus. De la terreur, des morts. Une guerre qui recommence. Et puis il y aura un garçon. Vous le reconnaîtrez. Il vivra au milieu des morts car tout le monde mourra autour de lui. Et, retenez bien mes propos, Albus Dumbledore, il le faut. Les personnes qu'il aime doivent mourir. Alors, et alors seulement, le monde magique aura une petite chance de s'en sortir. »

Un silence. Il reprit :

« - Et c'est là que vous ne pouvez vous permettre de laisser agir cette Indésirable. Il y a une fourche dans les nœuds. Il y a une possibilité, petite mais non négligeable, qu'elle empêche les personnes autour de ce garçon de mourir. Par sa seule présence, ou par ses actions. Si elle ne laisse pas faire la mort de ces personnes, alors le monde magique ne se relèvera pas. Vous comprenez ce que ça implique, Albus ? »

Le directeur de Poudlard semblait retenir sa colère à grand'peine. Seule sa profonde connaissance du monde des Sages, et de leurs différences de conception, le retenait d'empoigner Racine du Peeblesshire par le col de sa tunique grise. Vouloir sacrifier une vie parce qu'elle pourrait en sauver d'autres ! Sur la base de calculs, de moins en moins précis, décider de la vie ou de la mort d'une personne sur la base de ses supposées actions avant même qu'elle n'ait eu la chance de vivre, de décider par elle-même ! Tant de cynisme... Albus savait que lui-même avait fait l'objet de semblables débats, au moment de sa naissance. Enfin, au moment de sa naissance... Plutôt avant même que ses parents ne se rencontrent, mais passons... Les Originels sont un monde de froussards, qui veulent tout contrôler et s'affolent dès qu'un événement sort un peu du quotidien. Pour cela, et pour d'autres choses, Dumbledore s'appliquait avec une remarquable constance à ne jamais suivre leurs ordres.

« - Que dites-vous, Albus ? »

Il prit un temps avant de répondre.

« - J'en dis que vos calculs sont trop vagues. Il y a une chance que ce garçon... Il y a une chance que cette Indésirable... Ce n'est pas assez. Racine, vous savez comme moi que les Originels sont en train de disparaître. Les Sages n'ont plus assez de matière pour nouer, les Observateurs ne vous rapportent que des informations tronquées auxquelles ils ne comprennent rien car le monde a changé depuis la Grande Séparation et vous refusez de le suivre. Alors je commence à en avoir assez de ce qui n'est plus, excusez-moi Racine mais je sais que tout au fond vous êtes d'accord avec moi, de ce qui n'est plus que des prédictions, et par-dessus tout j'en ai assez de l'arrogance de la Marmite anglaise lorsqu'elle me communique ses ordres. Vous aviez raison au départ : je recueillerai cette fille, je l'aiderai et la protégerai. Je trouverai le moyen de la protéger de ses pouvoirs. »

« - Il n'y a pas de - »

« - Vous dites ça parce que personne n'a jamais essayé. Vous les avez toujours traitées comme des pestiférées. »

Racine se leva brusquement.

« - Vous comprenez donc ce que ça implique, Monsieur le Directeur ? »

Dumbledore fit de même.

« - Je crois, oui, mon ami. Peut-être serons-nous amenés à nous revoir, c'est ça ? »

« - Nous allons nouer particulièrement autour du monde de la Magie les années à venir. Si jamais cette Indésirable parvenait à détruire votre seule chance de salut, le monde Moldu sera aussi menacé. Et si jamais... Si jamais nous nous retrouvions en danger, même à longue échéance, Albus... »

Ils se regardaient dans les yeux, sans aménité mais avec une grande lassitude, tous les deux, dans leurs regards et dans leurs attitudes.

« - Les Originels partiront en guerre contre vous. »

Il sortit à pas lents, et Dumbledore ne le raccompagna pas.