Il n'y a aucune mention de personnage dans cet OS simplement car chaque camp, chaque combattant peut être concerné. Je l'ai publié ici car je l'ai écrit en pensant à cet univers.
Bonne lecture
Il ne faut pas penser. Surtout pas.
Il faut avancer, mettre un pied devant l'autre sans regarder autour. Surtout pas
Parce qu'autour tout est noir de fumée et rouge de sang. Parce qu'autour il y a des corps et qu'on risque de les reconnaître.
Si on reconnaît quelqu'un c'est la fin.
On s'agenouille près de lui et on lui ferme les yeux, les mains tremblantes. Notre vision se trouble et on pleure pour lui, pour nous qui ne sommes pas avec lui, pour les souvenirs.
Finalement on essaye de se relever. Car il faut avertir quelqu'un, ne pas le laisser là. Alors on inspire profondément, en quête de courage, mais la fumée emplit nos poumons et l'odeur nous saisit à la gorge, nous donne la nausée.
Si on arrive à se remettre debout on a encore une chance. On ne s'est pas laissé submergé, on peut recommencer à avancer.
Sauf que.
Sauf que pendant qu'on se redresse nos yeux se posent sur un autre corps. Et on le reconnaît aussi. Et celui d'à côté. Et peut-être un autre un peu plus loin.
Alors on ne peut plus se cacher. La réalité nous rattrape, nous frappe en traître , par derrière. Elle nous fonce dessus et nous fait vaciller.
On ne peut pas se relever, c'est fini. Ils sont morts, on ne les reverra plus mais on ne les oubliera jamais. Ils resteront gravés dans notre esprit, derrière nos paupières chaque fois qu'on fermera les yeux.
Alors on reste encore un peu là, avec eux, une dernière fois. Et, comme tous ceux qui ont regardé, on attend qu'un vivant nous prenne par la main et nous entraîne loin du noir et du rouge.
