Note de l'auteur : Rien ne m'appartient, et j'écris seulement pour le plaisir.

Me revoilà donc de nouveau pour une fiction Merlin. L'écriture est déjà terminée, et cette histoire fera 9 chapitres pour un total d'environ 45000 mots.

Voilà un petit résumé de la chose :

Résumé : Il voulait simplement se perdre dans ses rêves, tout oublier de sa vie et se plonger dans un vide sans fin. Léon ne vit que pour l'imaginaire qui lui permet d'oublier sa fade réalité. Mais lorsqu'il rencontre un jour Gwaine, celui-ci vient bousculer toutes ses certitudes... Léon/Gwaine Morgana/Mithian.

Il y aura donc une mention (plus ou moins détaillée) de relations entre deux hommes, mais également entre deux femmes. Le tout étant classé M (pour le yaoi comme le yuri). C'est la première fois que j'écris de manière aussi détaillée une romance entre deux femmes. Donc j'espère que ça restera à peu près cohérent (mais vous verrez cela seulement après quelques chapitres).

Je remercie par ailleurs ma merveilleuse Beta : Daiky ! Qui me corrige mes chapitres avec une efficacité exceptionnelle. Merci encore pour ton aide précieuse ! :D


Voilà donc pour ce que j'avais à dire.

Je vous souhaite une bonne lecture !


À l'encre de tes yeux


Chapitre 1


« Et ce fut ainsi que se termina la quête de cet érudit en attente du bonheur. Ayant cheminé par monts et par vaux, sous un ciel éclatant comme sous les larmes du firmament, il avait parcouru mille et un paysages plus fantasques et plus colorés que sa propre terre. Il avait croisé la route de personnages mirobolants, dansant et évoluant tels des oiseaux rieurs dans cet acte trépidant qu'avait été sa route. Il s'était endormi sous des trainées d'étoiles, rêvant que l'une d'elles l'emportait au loin. Ses yeux avaient pu contempler des merveilles que nul autre ne pouvait imaginer. Il avait éclaté de rire, mais également versé des larmes à l'écoute des légendes envoûtantes qu'on lui avait narrées.

Et malgré tout, malgré le fourmillement incessant de ces contrées lointaines, malgré leurs richesses scintillantes, il ne pouvait souhaiter être à un endroit bien différent. Sa route avait pris fin ici, devant cette bâtisse qu'il n'aurait jamais pensé pouvoir contempler de nouveau, et qu'il caressait désormais sans trop y croire.

Il y était.

Chez lui.

Dans ces collines qu'il avait voulu quitter pour découvrir le monde.

Mais il était maintenant sûr d'une chose : son bonheur, il l'avait trouvé. Et il le possédait depuis bien longtemps déjà. Son bonheur était là, sous ses yeux, dans ces paysages calmes et verdoyants, peuplés de multitudes de nuages cotonneux. Car le seul bonheur véritable est celui que nous possédons déjà tous. Un bonheur simple mais profond. Une maison, un pays…

La contemplation et la paix intérieure.

Mais avant tout, nous possédons la capacité incroyable d'apprécier et d'admirer une chose étonnamment simple :

Le silence. »

Soupirant sereinement, Léon caressa avec révérence le dernier mot de l'ouvrage. Respirant les pages jaunies, il repoussa les quelques boucles dorées venues se perdre devant ses yeux clairs. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire calme, alors que son esprit rechignait encore à regagner ce monde qui était le sien. Le jeune homme était perdu au loin, habitant encore ce monde merveilleux et coloré que cet ouvrage faisait exister d'une manière si particulière.

Attrapant la tasse de thé désormais froide reposant devant lui, il termina d'une gorgée son contenu, puis finit par se lever enfin, abandonnant avec regret la fraicheur agréable de ce coin de fenêtre donnant sur la mer. Se débarrassant de son gilet beige, il étira ensuite les bras, appréciant cette brise fraiche et iodée sur ses bras nus.

Au loin, les flots brillaient d'un éclat presque éblouissant sous ce soleil d'août. Le temps était radieux. Un ciel d'un bleu incroyable colorait la ville depuis de nombreux jours, donnant à tous l'envie d'oublier leurs obligations professionnelles pour profiter du sable chaud.

Mais Léon n'était pas de ceux-là.

Passant une main dans ses boucles brillant sous cette lumière naturelle, il abandonna son gilet et son livre sur l'étagère toute proche, non sans jeter un dernier coup d'œil à la couverture claire caractéristique de cet ouvrage. D'un bleu tirant vers le gris, cela lui rappelait sans cesse la teinte étonnante que prenaient les flots par temps d'orage. Un coloris vivant et unique qui le fascinait plus que tout. Une couleur qui l'emmenait chaque fois dans un monde que lui seul connaissait. Un monde où l'imaginaire était roi. Un monde qu'il aimait tant rejoindre quand il le pouvait.

Mais pour l'heure, c'était cette réalité beaucoup moins trépidante qu'il se devait de faire vivre.

S'arrachant à la contemplation de la couverture, il finit par abandonner le livre une seconde fois, avant de prendre la direction du rez-de-chaussée. Une main dans la poche arrière de son jean gris clair, ses mèches dorées se soulevant au rythme de ses pas, il dévala avec souplesse les quelques marches le menant à sa vie, son sanctuaire.

Les rangées de livres furent la première chose qu'il distingua lorsqu'il atteignit enfin le rez-de-chaussée. Des livres par centaines, classés avec précaution par lui et par Gwen, sa sœur adoptive.

- Léon ! On vient de recevoir le nouvel arrivage. Pourrais-tu aller y jeter un œil pendant que je tiens la caisse ?

Faisant volteface, le jeune homme eut tout juste le temps d'apercevoir les boucles brunes de Gwen avant que cette dernière ne disparaisse derrière une pile de livres.

- Avec plaisir !

Gwen - Guenièvre de son vrai nom – avait été adopté par les Ettons peu après que ces derniers eurent découvert qu'ils ne pouvaient plus avoir d'enfants. Léon avait alors quatre ans, et commençait déjà à déchiffrer quelques lettres et mots sur ses cahiers colorés d'enfants. Il avait aussitôt accueilli avec joie cette nouvelle camarade de jeux, l'incluant dès leur plus jeune âge dans ses découvertes littéraires et dans son imaginaire presque trop développé. Car Léon avait été un enfant distrait, presque déconnecté d'une réalité qui ne l'intéressait que peu. Les Ettons, libraires depuis des générations, avaient mis cela sur le compte de l'excès de lecture et ne s'en étaient pas inquiétés davantage. Léon n'avait, après tout, pas à se soucier de son futur. Sa personnalité allait parfaitement à l'environnement de cette petite librairie. Et tout alla donc à peu près pour le mieux...Ou presque.

Poussant doucement la porte de la réserve, le jeune homme sourit en découvrant les deux énormes cartons qui l'y attendaient déjà. Certains auraient vu cela comme une corvée particulière. Mais les arrivages comme celui-ci étaient quelque chose que Léon attendait toujours avec impatience. Il ne pouvait que s'extasier à l'idée des merveilleux ouvrages l'attendant sagement dans ces boîtes ternes.

Il souffla sur la couche de sable s'étant formée à la surface du premier contenant, souriant alors que les multiples particules s'élevaient dans l'atmosphère paisible de la réserve. S'égarant dans la lueur projetée par le soleil, elles brillèrent un instant d'un éclat soudain, telles des poussières d'étoiles. Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent, et il se perdit bien vite dans la contemplation de ce phénomène qui ne fut malheureusement que trop court. La magie disparut lorsque les grains de sable retombèrent sans un bruit sur le parquet de la pièce.

Secouant la tête, Léon fit de son mieux pour se concentrer de nouveau sur la tâche qui l'attendait. Voilà quel était l'un de ses nombreux défauts. Malgré son caractère calme et sérieux, il ne pouvait que régulièrement se perdre dans la beauté des simples phénomènes naturels. Tout était prétexte à la rêverie. Que ce soit le ballet soudain de particules de lumière, ou encore les doux rayons du matin illuminant la chevelure d'un inconnu. Encore maintenant, il ressentait une profonde quiétude alors que la tendre lueur de cette fin d'après-midi créait déjà une atmosphère propice au rêve et à la relaxation. Une quiétude à laquelle était toujours mêlée une angoisse particulière qui ne le quittait jamais…

Le matériau de ces boîtes prenait une tout autre teinte, leur donnant des siècles de plus, comme si le jeune homme s'apprêtait à découvrir un trésor.

La sonnerie signalant l'arrivée d'un client le sortit de sa contemplation muette, et il se décida enfin à ouvrir le premier carton.

Un sourire franc éclaira son visage lorsqu'il aperçut enfin le type d'ouvrages qui s'y trouvaient. Attrapant le premier de la pile, il rit légèrement à la lecture du résumé avant de s'amuser de la douceur de la couverture. La librairie Ettons avait toujours été réputée pour fournir des ouvrages originaux, différents des best-sellers peuplant les autres enseignes. Ici, peu d'auteurs étaient connus. Mais chaque ouvrage était soigneusement sélectionné et bénéficiait de l'accord des deux Ettons. Ils avaient par ailleurs lu une bonne partie de cette collection particulière, et étaient parfaitement capables de répondre aux questions et requêtes de leur clientèle.

Le livre que Léon tenait entre ses mains était toutefois différent et visait un public tout autre. C'était Gwen qui avait en premier lieu émis l'idée d'inclure un rayon enfants, arguant que cela leur permettrait de s'ouvrir à davantage de personnes.

Léon soupçonnait toutefois que la jeune femme, récemment fiancée à Lancelot , le garagiste installé de l'autre côté de la rue, pensait en premier lieu à sa future descendance, et au fait de leur inculquer dès le plus jeune âge le goût de la lecture. Mais il n'avait pas protesté. L'idée était à vrai dire excellente et ils s'étaient bien vite mis en quête de quelques œuvres leur permettant de constituer leur première collection.

Mais bientôt, ce nouveau rayon fut victime de son succès, et il fut temps pour eux d'en commander de nouveaux. Une toute nouvelle étagère avait été installée et les livres contenus dans ces cartons la rempliraient bientôt de toutes leurs couleurs.

Il fut un instant distrait par des voix provenant de la boutique. Un timbre grave se mélangeait à l'aiguë caractéristique de Gwen. Un timbre qui éclata en un rire profond, suite à une remarque de la jeune femme.

- Vous perdez votre temps, elle est fiancée, chantonna Léon à mi-voix avant de sortir une pile de livres du premier carton.

Il n'était en effet pas rare que des clients de passage tentent de séduire la jeune sœur de Léon. Gwen était belle, souriante, très accueillante. Il n'était pas incompréhensible qu'une multitude d'hommes tombe sous son charme. Si seulement ils savaient que cela ne servait à rien…

Léon soupira tout en continuant d'examiner les livres. Gwen avait apparemment trouvé l'âme sœur en la personne de Lancelot, un jeune homme charmant possédant le garage juste en face de leur librairie. Les deux jeunes gens étaient visiblement fous amoureux, au point de donner à Léon des nausées lorsqu'ils se perdaient dans les yeux l'un de l'autre pour la centième fois de la journée.

Il sourit en découvrant un conte narrant l'histoire d'une jeune princesse à la recherche de son prince charmant.

Son prince, Léon ne l'avait pas encore trouvé. Son attirance manifeste pour les hommes ne lui avait à vrai dire pas porté chance lors de ses jeunes années. Il s'était senti perdu, anormal de ne parvenir à ressentir le moindre désir pour les représentantes de la gent féminine. Il avait pourtant essayé, allant même jusqu'à accepter les avances de certaines filles pour faire comme ses rares amis. Mais rien n'y fit. Et il avait dû bientôt accepter sa différence.

Il n'avait pas eu beaucoup de relations depuis cette étrange découverte. Quelques aventures d'un soir, deux ou trois relations n'allant pas bien loin. La plupart du temps, ils s'étaient simplement servis de lui puis l'avaient rejeté le lendemain.

Le jeune homme commençait à se questionner sur sa capacité à attirer les hommes. Peut-être n'était-il, après tout, pas fait pour vivre en couple. Sa destinée était-elle de finir solitaire ?

Chassant ces sombres pensées de son esprit, il termina le déballage du premier carton, puis se releva avec la ferme intention de s'intéresser au deuxième paquet. Mais il n'alla pas jusque-là.

- …vais vous laisser avec mon frère. Nous venons de recevoir des nouveautés pour enfants. Vous y trouverez peut-être ce que vous cherchez.

Sursautant presque, Léon fit volte-face, alors que la voix de sa sœur retentissait derrière son dos. Respirant profondément, il fut tout d'abord surpris par l'agréable odeur d'after-shave ayant envahi la pièce. Cette senteur étonnante avait un goût iodé, mêlée à la touche particulière de la lourdeur de l'air juste avant un orage d'été. Et Léon adorait cela. Mais il ne s'arrêta pas sur cette appréciation passagère. Jetant un coup d'œil à Gwen, il tomba ensuite dans deux prunelles brunes le dévisageant avec un questionnement non dissimulé. Deux prunelles dont la teinte à la fois banale et tellement différente le firent frissonner. Le regard sombre de l'étranger se mariait parfaitement avec sa chevelure indisciplinée retombant juste au-dessus de ses épaules en une cascade fluide et souple. Des lèvres pâles, encadrées d'une barbe de plusieurs jours, souriaient avec assurance, et Léon sut à cet instant qu'il venait à nouveau de se perdre.

La respiration rapide, le cœur battant, il ne pouvait détacher son regard de la vision magnifique de l'homme se tenant face à lui. Mesurant à peine une tête de plus que Gwen, l'inconnu se tenait fièrement dans l'angle de la porte, son visage éclairé par un rayon lumineux s'échappant de la fenêtre entrouverte de la pièce. Une veste en cuir ocre reposait sur des épaules puissantes, et l'on pouvait aisément distinguer les muscles dissimulés par ce fin t-shirt immaculé.

Léon ferma la bouche et tenta de se reprendre. Les contes de fées reposant près de lui l'avaient visiblement beaucoup trop influencé. Il ne pouvait se perdre dans l'observation d'un homme qu'il rencontrait pour la première fois. Même si ces cheveux n'attiraient que trop bien la lumière. Et tant pis si cette lueur dans ces prunelles sombres le touchait d'une manière si particulière. Il ne pouvait se laisser pénétrer par ce regard perçant, et il ne devait en aucun cas afficher son trouble.

Léon lâcha soudainement le livre qu'il tenait, rougissant alors que l'ouvrage percutait le sol en un bruit sourd.

- Hum…

Il se tut presque aussitôt alors qu'il songeait à la marche à suivre. Il n'avait à vrai dire aucune idée de la manière avec laquelle il était censé se comporter devant cet étranger au charme certain. Devait-il s'excuser pour son comportement ? Mais l'homme avait-il seulement remarqué ? Ou peut-être était-il déjà choqué, voir dégouté, que Léon puisse le trouver attirant. Ledit Léon se gifla intérieurement, maudissant son imagination hyperactive. Il réfléchissait trop, comme d'habitude. Il ne s'était passé qu'une poignée de secondes depuis l'entrée de Gwen et de l'étranger dans la réserve. Son hésitation pouvait parfaitement passer pour une maladresse naturelle.

- Bonjour, balbutia-t-il en se relevant. Que…que puis-je faire pour vous ?

Pestant contre le tremblement incontrôlé de sa voix, il sentit ses lèvres s'étirer en un sourire involontaire et timide, alors que le séduisant étranger s'avançait vers lui.

- Bonjour, monsieur Ettons.

- Je vous en prie, appelez-moi Léon, le coupa aussitôt le jeune libraire avant de rougir suite à cette tirade imprévue.

Il ne savait décidément plus que faire. Son corps et sa voix lui étaient comme étrangers, alors qu'ils réagissaient d'une manière si particulière à cette présence soudaine et imprévue. L'homme face à lui ne sembla cependant pas s'offusquer de cela. Et ce fut avec un large sourire qu'il ne présenta à son tour.

- Alors, appelez-moi Gwaine .

Gwaine…

Son corps fonctionnait comme par automatisme, il serra la main tendue devant lui, s'étonnant de la fermeté de cette paume qu'il imaginait déjà caresser son torse. Se giflant mentalement pour la seconde fois, il se concentra sur ce timbre grave, résonnant profondément en lui alors que les mots se liaient les uns aux autres, formant des propos auxquels Léon s'accrocha maladroitement, tentant de sortir de cet état second.

- …à la recherche d'un livre pour une petite fille de cinq ans.

Une petite fille ? L'homme était-il marié ? Le regard de Léon glissa discrètement vers la main gauche de Gwaine et il fut soulagé de ne pas y trouver d'alliance. Il décida tout de même d'en avoir le cœur net.

- Quels sont les goûts de votre fille ? demanda-t-il innocemment. Nous venons de recevoir de nombreux ouvrages pour enfants. Nous pourrions peut-être regarder ensemble lesquels seraient susceptibles de l'intéresser.

Gwaine le fixa un instant.

- Ma….Oh non !

Il éclata d'un rire grave qui fit frissonner Léon.

- Ce n'est pas ma fille. C'est pour la fille d'un ami. Ma nièce en quelque sort. Je n'ai pas d'enfants. Je suis gay.

Oh…OH !

Le cerveau de Léon ne manqua pas une seconde, archivant cette déclaration avec les informations capitales à ne surtout pas oublier. Le jeune homme fit quant à lui tout son possible pour dissimuler le large sourire naissant déjà sur ses lèvres. Cela était une bonne nouvelle. Une excellente nouvelle, même. Mais il ne devait pas se faire trop d'illusions sur ses chances de réussite. Il venait tout juste de rencontrer l'homme. Il ne pouvait lui sauter dessus. Cela n'était pas convenable. Et son caractère réservé le gardait bien de toute démarche illusoire. De plus, il refusait de se laisser à nouveau succomber pour un Casanova en recherche d'une simple nuit de débauche.

- Je vois, sourit-il toutefois. Voyons donc ce que nous pourrions trouver pour cette jeune fille.

S'agenouillant à nouveau pour étaler les ouvrages présents, Léon croisa un instant le regard visiblement amusé de Gwen. Il haussa brièvement les sourcils, mais elle lui répondit par un simple clin d'œil avant de s'éclipser sans un bruit.

Reportant son attention vers Gwaine, Léon lui sourit timidement, notant au passage que l'homme s'était à son tour agenouillé et observait avec curiosité les livres au sol.

- Quel type de livre cherchez-vous ? fit doucement Léon. J'ai quelques ouvrages éducatifs, où l'enfant apprend par exemple les chiffres en s'amusant. Je peux également vous proposer des histoires plus traditionnelles.

Il lui tendit un livre où l'on pouvait distinguer sur la couverture une princesse vêtue d'une robe rose fluo. Le brun rit légèrement, avant de s'intéresser un instant au contenu.

- Cela est-il trop rose pour vous ? se moqua gentiment Léon. Je peux vous proposer des livres aux couleurs plus neutres, si vous préférez.

Mais l'homme secoua la tête, alors qu'un sourire toujours amusé ne quittait pas ses lèvres. Ce mouvement pourtant anodin attira le regard du jeune libraire sur un élément qu'il n'avait jusqu'à présent pas remarqué chez son interlocuteur. Pendant superbement au cou de cet homme, une faucille argentée brillait d'un éclat vif et clair sous les rayons bénis de l'astre solaire. Le pendentif était magnifiquement ciselé, garni d'une multitude de symboles que Léon ne comprenait pas, mais qui attisait chez lui une curiosité nouvelle et tenace. Que signifiaient ces inscriptions ? D'où provenait ce bijou ? Comment un simple morceau de métal parvenait-il à attirer ainsi la lumière du jour. Perdu dans sa contemplation, il ne remarqua qu'un peu tardivement que Gwaine avait repris la parole. Il ne semblait, par chance, n'avoir manqué que peu d'éléments de la tirade du brun.

- …autres histoires de princesse ? termina l'homme en le fixant avec un amusement décidément non dissimulé.

Rougissant sous ce regard, Léon sentit sa gorge s'assécher et dut faire appel à toute la volonté qu'il pouvait posséder pour se racler ensuite la gorge et parvenir à reprendre la parole.

- Des histoires de princesse ? J'ai quelques livres à ce sujet. Ils devraient pour la plupart se trouver dans le second carton.

Se relevant maladroitement, Léon se déplaça jusqu'au deuxième contenant et le souleva jusqu'à le déposer sur la table la plus proche. Il l'ouvrit avec des gestes peu assurés, sentant le regard du brun sur lui. Bien que cette compagnie fût terriblement agréable, Léon était mal à l'aise. Transpirant sous son t-shirt pourtant fin, il ne savait comment se comporter face à cet homme qui l'attirait presque irrésistiblement. Cette maladresse et cette inattention furent les déclencheurs de l'incident qui survint ensuite. Trop occupé à songer au magnifique brun se tenant maintenant à sa droite, Léon ne fit pas attention à la proximité des ciseaux pointus et de ses doigts. Il jura lorsque la lame glissa sur sa peau, formant une coupure de laquelle du sang s'échappait déjà.

Portant aussitôt son doit blessé à sa bouche, il fut coupé dans son élan lorsqu'une poigne ferme lui captura le poignet.

- Vous devriez avant tout nettoyer la blessure, sinon vous risquez de mettre du sang sur vos vêtements.

Frissonnant à l'entente de ce timbre si proche, Léon ne put qu'apprécier la chaleur de ces doigts en contact avec sa peau. La poigne de l'homme le serrait fermement, sans pour autant le faire souffrir. Le jeune libraire avant presque tout oublier de la douleur, tant la proximité de ce corps magnifique le troublait. Il gémit presque lorsqu'une main rugueuse effleura la sienne, pansant sa peau blessée d'un mouchoir blanc, lequel se para très vite de quelques taches de sang.

- Ça ira, ce n'est qu'une coupure, balbutia Léon malgré lui.

Il tenta de retirer le tissu entourant sa main, mais Gwaine lui maintint fermement.

- Gardez-le. Je ne voudrais surtout pas que ces merveilleux contes de fées soient tachés, déclara-t-il avec un clin d'œil.

Léon rosit presque à cela. Et, détournant le regard, il bénit un instant ses boucles dorées lui tombant sur le front. Terminant l'opération délicate qu'était l'ouverture de ce contenant, le jeune libraire sortit ensuite un par un les ouvrages, prenant bien garde à ne pas les tacher. La découverte de nouveaux livres était toujours un moment particulier pour Léon, et il ne put masquer son large sourire alors qu'il manipulait avec précaution les couvertures colorées en caressant certaines, respirant l'odeur merveilleuse du papier neuf et de l'encre.

- Vous adorez cela, n'est-ce pas ?

Sursautant, Léon faillit lâcher l'ouvrage qu'il tenait entre ses mains.

- Q…quoi ? bafouilla-t-il.

- Votre métier. Vous manipulez les livres comme des objets de grande valeur. Je suis certain que, si je n'étais pas là, vous auriez plongé votre nez dans l'un d'eux pour sentir ses pages.

Embarrassé de s'être fait surprendre de cette manière, Léon eut un rire gêné, passant sa main blessée dans ses mèches dorées. Il ne pouvait nier ces accusations. Mais il était surtout terriblement flatté que cet homme soit parvenu à le décrypter en à peine quelques minutes passées en sa compagnie. Était-il si transparent ? Ou Gwaine ne l'avait-il pas lâché du regard ? Léon valida sa première hypothèse. On lui avait souvent fait remarquer que sa manière d'être était calquée sur son métier. Et cela était entièrement vrai. Il avait toujours préféré la compagnie des livres à celle de son entourage.

- J'ai raison, n'est-ce pas ? reprit Gwaine.

Ce fut, cette fois, un rire gorgé d'amusement qui s'échappa des lèvres du plus âgé. La moue que faisait son interlocuteur lui rappelait l'air anxieux de tout enfant attendant de voir si une réponse juste lui apporterait une image. Mais ce n'était pas une image que Léon souhaitait lui offrir. Mais quelque chose de bien différent, et de beaucoup plus agréable.

- Vous m'avez démasqué, sourit-il simplement en mettant de côté ses pensées impures.

Il passa les minutes suivantes à comparer avec Gwaine les différents livres narrant des histoires de princesses. Le jeune brun s'avéra doué d'un sens de l'humour particulièrement amusant alors qu'il narrait à Léon ses déboires en tant que prince désigné de la petite Ellie, qui venait tout juste d'avoir cinq ans. Le jeune libraire apprit, entre autres, que la petite fille avait pour parents deux amis proches de Gwaine, rencontrés apparemment à l'université.

Le brun semblait en tout cas complètement sous le charme de sa petite nièce, comme il aimait l'appeler. Et Léon ne pouvait qu'admirer ce visage s'éclairant sensiblement à la mention de la fillette. Gwaine en était complètement gaga.

- Je parle trop, hein ? finit par déclarer le jeune homme après lui avoir narré une énorme aventure, durant laquelle il avait cette fois joué le rôle d'un fier chevalier.

Léon ouvrit la bouche, mais le brun continua sur sa lancée.

- C'est en général à ce moment-là que les personnes avec qui je discute se décident à effectuer une retraite stratégique. Je vous ennuie, n'est-ce pas ?

Mais Léon éclata de rire.

- Vous ne m'ennuyez absolument pas, lui assura-t-il. Votre attachement pour Ellie est adorable.

Il rougit soudainement à l'entente du dernier mot et tenta aussitôt de se reprendre.

- Enfin, ce que je veux dire.

Mais ses bafouillements hésitants furent coupés par le rire soudain de Gwaine. Un rire qui résonna en lui comme la plus belle des musiques et qui le réchauffa tout entier.

- Adorable, hein ? sourit le brun. Je dois avouer que c'est la première fois que j'ai droit à cela. Et je suis ravi que ce soit vous qui le pensiez.

Le jeune libraire se perdit un instant dans le regard brillant de son interlocuteur. Il pouvait bien sûr y lire de l'amusement, mais également une étincelle particulière qu'il ne savait identifier et qui le réchauffait au plus profond de son être. Il y eut un silence de plusieurs longues secondes, avant que Léon ne baisse soudainement les yeux, tombant sur la couverture d'un ouvrage le faisant aussitôt sourire.

- Je crois que ceci serait parfait, fit-il en tendant le livre au brun.

Observant avec attention les réactions de l'homme, Léon fut ravi de le voir éclater de rire à la lecture du titre.

- Mon chevalier et moi, lut Gwaine quelques secondes plus tard.

Il le feuilleta quelques instants, avant de fixer à nouveau la couverture.

- C'est effectivement parfait, déclara-t-il. C'est exactement ce qu'il me faut.

Il releva ensuite les yeux vers Léon, le dévisageant d'un air que le jeune libraire ne parvint pas à identifier. Gêné de ce regard semblant - le transpercer, il s'apprêta à baisser les yeux. Mais la voix de Gwaine le força à reporter son attention sur le visage de l'homme.

- Je ne lis pas beaucoup, murmura le brun. Je lis même très peu. Mais peut-être pourriez-vous me conseiller un livre en particulier ? Un ouvrage qui vous tient à cœur, une histoire qui vous a touché…

Surpris par cette requête, Léon resta interdit quelques instants, comme si son esprit prenait son temps pour traiter cette information inattendue. Mais, finalement, il sourit soudainement et posa une main sur le bras de Gwaine.

- Suivez-moi !

Menant le brun de nouveau dans la boutique, il le guida jusqu'à une étagère perdue au milieu de toutes les autres. Une étagère qui regroupait toutefois tous les ouvrages pour lesquels son cœur battait. Il retira d'une main tremblante un petit volume qui aurait pu aisément passer inaperçu, mais dont la couleur bleu-gris attirait inexorablement son regard. Caressant brièvement l'ouvrage, il le déposa dans la paume de Gwaine. Ce dernier l'examina un instant, tentant visiblement de comprendre ce choix en particulier. Léon frissonna en voyant ces mains effleurer la couverture, se glisser sur la tranche et sur certaines pages.

- Tony Stobber ? murmura-t-il. Est-il bon ?

- Ce sera à vous de le découvrir, sourit mystérieusement Léon.

Acquiesçant, le brun fronça les sourcils en retournant l'ouvrage.

- Il n'y a pas de résumé, fit-il en relevant le regard.

Léon secoua la tête avec affection, non sans lâcher des yeux les prunelles interrogatives du brun.

- Ce sera à vous de le construire. Chaque personne vit cet ouvrage d'une manière différente. Quelques lignes ne sauraient le résumer comme il se doit.

- Voilà qui est bien mystérieux, rit soudainement Gwaine. Mais ça m'intrigue. Je vais le prendre.

Son rire s'intensifia un instant.

- Cela doit faire au moins six mois que je n'ai pas ouvert de livre pour mon propre plaisir. La plupart du temps, je lis pour Ellie.

Il se rapprocha soudainement de Léon.

- Sa mère est un vrai rat de bibliothèque et veut à tout prix transmettre cela à la petite. La pauvre !

Troublé par cette proximité soudaine, Léon ne put que rire maladroitement, alors que ses sens étaient tournés vers ce corps dont la chaleur l'attirait irrésistiblement.

Perturbé par cet homme, Léon ne sut durant quelques secondes que faire. Gwaine avait, semblait-il, terminé ses achats. Et il était donc de son devoir de l'accompagner jusqu'à la caisse où Gwen les attendait sûrement déjà. Mais serait-il assez courageux pour lui avouer qu'il souhaitait le revoir ? Hésitant, Léon finit toutefois par choisir la voie la plus aisée.

- Vous fallait-il autre chose ? s'enquit-il maladroitement.

Gwaine sembla hésiter quelques secondes, et Léon eut un instant l'espoir que le brun fasse le premier pas. Mais cette espérance fut très vite réduire à néant lorsque l'homme secoua la tête.

- Non. Mais je vous remercie pour votre aide. J'ai hâte de lire les deux ouvrages. Enfin, surtout le second.

Souriant à cette remarque, Léon l'entraina jusqu'à la caisse, s'appuyant contre cette dernière alors que Gwen mettait déjà les deux livres dans un sachet plastique. Hypnotisé par cet homme qu'il ne reverrait sans doute plus jamais, Léon ne lâchait pas des yeux cette silhouette élancée, ces mains se glissant dans cette veste en cuir pour en sortir quelques billets, ce sourire se dessinant aisément sur ces lèvres pâles.

- C'était un plaisir de vous rencontrer, Léon, fit finalement le brun en le fixant avec intensité. Je reviendrai vous dire ce que j'ai pensé du livre lorsque je l'aurai terminé.

- Ce sera avec plaisir ! s'exclama aussitôt le libraire avec enthousiasme.

Cet enthousiasme fut par ailleurs peut-être trop prononcé, car sa sœur éclata de rire alors que Gwaine quittait la boutique. Lui jetant un bref regard noir, Léon observa le brun monter sur une moto rouge vif avant de s'en aller au loin.

- Ne t'inquiète pas, je lui ai glissé ton numéro, lui souffla aussitôt Gwen.

Les yeux écarquillés, Léon la fixa soudainement, choqué.

- Tu as fait quoi ? balbutia-t-il en palissant soudainement.

À quoi Gwen pensait-elle donc ? Et si Gwaine n'appréciait pas ce geste ? Après tout, rien ne laissait entendre que son attirance manifeste était réciproque. Léon gémit, maudissant les idées soi-disant brillantes de sa sœur. Ce n'était pas la première fois qu'elle tentait de le caser avec un client de passage. Les tentatives précédentes avaient par ailleurs échoué lamentablement. Mais cette fois, malgré son embarras profond, Léon ne pouvait que ressentir de l'espoir. L'espoir de revoir un jour cet homme magnifique. L'espoir qu'il serait peut-être différent…et qu'il le traiterait comme une personne, et non comme un simple objet usagé après une nuit de passion.

Ignorant le côté dramatique peut-être un peu exagéré de son frère, Gwen ferma soigneusement la caisse, puis se déplaça jusqu'à la porte de la libraire pour remplacer l'écriteau « OUVERT » par un « FERMÉ » en lettres rouges.

Leur journée de travail venait de se finir et les rues commençaient déjà à se remplir de travailleurs rentrant chez eux pour la soirée.

Léon hocha la tête en direction d'un de leur client régulier, qui passait sur le trottoir.

- Tu devrais me remercier, reprit Gwen avec une satisfaction évidente. Vous étiez là à vous dévisager, comme deux malheureux en manque d'amour. Il te plait, Léon, ne dis pas le contraire.

Le jeune homme ouvrit la bouche pour protester faiblement, mais sa sœur ne lui laissa pas cette chance.

- Tu as encore son mouchoir enroulé autour de ta main. Il aurait voulu le récupérer s'il ne s'était pas intéressé à toi.

Baissant les yeux sur sa main blessée, Léon nota en effet que le morceau de tissu se trouvait toujours sur sa peau, noué en une étreinte qui était tant agréable et naturelle. Dénouant délicatement l'objet, il vérifia que sa blessure ne saignait plus, avant d'examiner plus attentivement ce dernier. D'un blanc autrefois immaculé, le mouchoir était désormais tâché de sang à de nombreux endroits. Des initiales en lettres rouges étaient toutefois encore parfaitement visibles.

G.W

- Gwaine W. ? fit Gwen. Eh bien, maintenant tu vas pouvoir lui demander son nom de famille. Je suis certain qu'il sera ravi de répondre à cela lors de votre premier rendez-vous.

- Notre premier…Gwen !

- Léon a un rendez-vous ?

Cette question avait été formulée par un timbre typiquement masculin que le jeune libraire ne reconnut que trop bien. Levant les yeux au ciel, il s'attela au remplissage du nouveau rayon pour enfants tandis que Gwen embrassait son fiancé.

- Pas encore, lui indiqua-t-elle. Mais un certain Gwaine lui a tapé dans l'œil. Et je suis presque sûre que c'est réciproque.

- Gwaine ? Gwaine Wilkins ?

Léon releva aussitôt la tête pour dévisager Lancelot avec surprise.

- Tu le connais ?

Le brun acquiesça aussitôt.

- C'est l'un de mes meilleurs clients. Il me demande régulièrement de chouchouter sa moto. C'est moi qui lui ai conseillé votre librairie.

Léon hésita un instant entre remercier chaleureusement Lancelot ou l'étrangler en prévision des combines sournoises que Gwen et lui allaient inventer avec pour objectif de les mettre ensemble. Il savait qu'il ne devrait pas s'en plaindre, mais leurs idées étaient très souvent bancales , et Léon ne comptait plus les occasions où il avait souhaité tout simplement disparaître. Les liens entre Gwaine et Lancelot lui seraient toutefois particulièrement utiles s'il souhaitait avoir plus d'informations sur l'homme. Cela traversa visiblement aussi l'esprit de Gwen, car elle s'empressa d'interroger son fiancé.

- Tu dois tout nous dire, Lance ! Je veux savoir quel âge il a, ce qu'il fait comme métier, où il habite, s'il a déjà quelqu'un dans sa vie et tout ce que tu peux nous dire d'autre sur lui.

Le rire que laissa ensuite échapper le jeune homme exprima à la fois sa surprise et un étonnement face à cet enthousiasme dont faisait preuve sa fiancée. Il devait pourtant y être habitué, songea Léon. Gwen et lui étaient passés maîtres dans les plans tordus de ce type. Il s'étonnait par ailleurs toujours qu'un homme calme comme Lancelot puisse être entrainé dans de telles galères par l'extravagance de Gwen. Les deux jeunes gens allaient pourtant étonnamment bien ensemble. D'une carrure athlétique, Lancelot DuLac possédait de fins cheveux bruns coupés très courts et de très beaux yeux ne lâchant presque jamais Gwen du regard. Son sourire magnifique avait dû briser bien des cœurs – dont celui de Léon avant que le jeune libraire ne se rende compte que le garagiste préférait les femmes. Décidant de laisser le couple dans leurs combines, il reprit le classement des ouvrages, non sans prêter une oreille attentive à la réponse du jeune homme.

- Je ne sais pas son âge exact, mais je parierais pour environ trente ans. Il travaille comme informaticien chez Pendragon & Co , à quelques kilomètres d'ici. Je suppose qu'il vit dans les environs. Et je peux affirmer qu'il n'a personne en ce moment et qu'il aime les hommes.

- Tu as entendu Léon ? cria aussitôt Gwen.

Le jeune homme gémit faiblement.

- Comment aurais-je pu ne pas l'entendre ? marmonna-t-il à mi-voix.

Les informations avaient cependant été soigneusement archivées dans son esprit, et un espoir de plus en plus vivace croissait en son cœur, pourtant habitué aux déceptions amoureuses.

Gwen ne sembla pas tenir compte de l'absence de réponse de son frère et était déjà partie dans des élaborations utopistes, incluant les futures entrevues entre les deux hommes.

Soupirant face à cet enthousiasme un peu trop marqué, Léon continua sans un mot son classement, échangeant toutefois quelques regards blasés avec Lancelot, lequel semblait tout aussi dépassé.


Un ciel bleu dont l'horizon se parait déjà de teintes rougeâtres, quelques nuages soufflés par le vent, la mer qui coulait en un mouvement continu. Voilà quel était le paysage que contemplait Léon. Un paysage superbe dans ses teintes fantasques caractéristiques du terme de la course de l'astre solaire dans le ciel azur. Couleurs fantasques mais éclatantes, transformant ce paysage changeant en une peinture multicolore à la gloire de la nature.

Léon appuya un peu plus sur son vélo, délaissant la rambarde sur laquelle l'objet était posé pour enclencher lentement les pédales et continuer sa promenade quotidienne. Filant sur ce chemin étroit simplement éclairé par ce soleil couchant et par la lueur faiblarde des lampadaires, il sourit sereinement, une paix profonde l'habitant peu à peu. Tout son être était reposé, repu.

Un vent chaud soulevait ses cheveux dorés, s'infiltrant entre ces derniers, massant agréablement son cuir chevelu. Cette brise iodée se glissait sous ses vêtements, caressant d'un souffle tiède son ventre et ses jambes, lui donnant l'impression fugace d'être en communion parfaite avec la nature. Oui, c'était cela le paradis.

C'était cet instant béni qu'il attendait avec impatience lorsque ses journées de travail donnaient parfois l'impression de ne pas vouloir se terminer. C'était dans ces instants précis qu'il se sentait vivant, revigoré par ces vagues semblant l'accompagner dans sa course, le hélant de leur va-et-vient incessant, lui criant de venir les rejoindre et de les laisser l'engloutir.

Atteignant finalement la plage, le jeune homme abandonna un instant sa bicyclette, délaissant également ses chaussures, alors que ses pas s'enfonçaient dans le sable chaud. Ses bras nus accueillirent avec joie cette brise dansant avec les flots, tandis que ses jambes s'humidifiaient au rythme des vagues. Fermant les yeux, il laissa le calme de son esprit se transformer en une certaine trépidation alors que le remous de la mer se faisait plus intense. La marée montait lentement, et le jeune homme eut bientôt de l'eau jusqu'aux genoux.

Il savait qu'il ne devait pas rester en cet endroit, que ces flots à la fois superbes et meurtriers risquaient de mêler le réel à l'imaginaire, ses rêves à sa dure réalité.

Un rire clair s'échappa de ses lèvres lorsqu'une vague soudaine fouetta ses jambes nues, le déséquilibrant presque. Et il sut alors qu'il était temps pour lui de se retirer, de laisser la nature reprendre possession de ce lieu tant violé par l'homme. La nuit était désormais propriétaire de cet endroit. Et il en serait ainsi jusqu'à l'éclat nouveau de l'aurore. Alors qu'il s'éloignait au loin, le jeune libraire ne vit pas le regard pensif d'un homme installé sur une moto rouge vif. Un homme qui, de sa position particulière, n'avait rien raté de cette scène inhabituelle. Un homme qui serra avec un sourire fier un petit morceau de papier où était inscrit un simple nom, suivi d'une série de chiffres…

Fin du chapitre 1


Voilà pour ce premier chapitres !

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